Publié le 11 mai 2022

Mis à jour le 27 juin 2023

Penser la forêt française de demain

  • Forêt

La forêt française est la 4e plus grande d’Europe. La forêt et les usages du bois jouent un rôle croissant au cœur de nombreuses politiques de la transition écologique : pour décarboner le secteur de la construction, développer les énergies renouvelables, préserver la biodiversité, ou encore relocaliser une industrie biosourcée et souveraine.

La forêt française : état des lieux et chiffres clés

La forêt française est la 4e plus grande forêt d’Europe. En métropole, elle s’étend sur près de 17 millions d’hectares, soit près d’un tiers du territoire hexagonal. C’est deux fois plus qu’il y a 200 ans. Passant de 1,8 à 2,8 milliards de mètres cubes entre 1985 et aujourd’hui, les volumes de bois de nos forêts ont aussi fortement progressé depuis 30 ans. Elle est riche en biodiversité, avec 190 espèces d’arbres se répartissant en 67% de feuillus, 21% de résineux et 12% de forêts mixtes. 

En plus d’abriter une riche biodiversité, les forêts françaises contribuent à améliorer la qualité de l’eau et de l’air, participent à la qualité des paysages, fournissent du bois et de l’énergie, stockent du carbone et permettent la pratique d’activités de loisirs.

Les indicateurs de gestion durable donnent un aperçu de l’état des forêts françaises et des activités qui lui sont liées.

MAA

Transcription de l'image : Infographie : la forêt française

LA FORÊT FRANÇAISE

4e forêt européenne

  • 31 % du territoire métropolitain
  • 17 millions d'hectares en 20210
  • (9.5 millions d'hectares en 1830)

A qui appartiennent les forêts ?

  • 75 % privée
  • 16 % publique (collectivités)
  • 9 % domaniale (Etat)

Dans les départements d'outre-mer (hectares)

  • Guyane : 8 003 000
  • La Réunion : 98 000
  • Guadeloupe : 72 000
  • Martinique : 52 000
  • Mayotte : 14 000

Riche en biodiversité

  • 190 espèces d'arbres
  • Les principales espèces : chêne, hêtre, pin, épicéa, sapin, châtaignier, charme, frêne, Douglas, érable, peuplier…
  • 67% feuillus, 21% résineux, 12 % mixtes

LES ATOUTS DU BOIS

  • Résistant au feu : le bois se consume progressivement et de façon identifiée, en gardant ses propriétés mécaniques sur le volume non dégradé. Les calculs permettent donc d'assurer la stabilité réglementaire.
  • Polyvalent : les performances mécaniques des diverses qualités de bois couvrent toutes les utilisations en construction. Les bois d'ingénierie recomposés permettent de grandes portées et des constructions en grande hauteur.
  • Léger et modulaire : le bois facilite les surélévations et optimise les fondations. Il permet la préfabrication d'éléments de grande dimension en filière sèche, limitant le temps de chantier comme la consommation d'eau.

Le bénéfice environnemental

  • 1 m³ de bois stocke 1 tonne de CO2 (sur la durée de vie du matériau).
  • 1 m³ de bois utilisé comme matériau évite 1 tonne de CO2 fossile émise pour la fabrication et l’emploi d’un autre matériau. (Valeurs moyennes).
  • Aujourd'hui, seule la moitié du bois que la forêt produit naturellement est récoltée.

Les forêts des outre-mer, points chauds de biodiversité

Les forêts de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et La Réunion représentent plus de 8,2 millions d'hectares, soit plus d'un tiers de la forêt française. La Guyane à elle seule est boisée à 99 %, avec près de 8 millions d’hectares de forêt. 

Des mangroves des littoraux antillais et mahorais aux immenses forêts primaires de Guyane en passant par les forêts de la montagne réunionnaise, les forêts d'outre-mer présentent une biodiversité exceptionnelle. La France est l'un des seuls pays européens à détenir des forêts tropicales et porte ainsi une responsabilité d'exemplarité de leur protection et gestion durable.

La gestion des forêts en France

Les enjeux

Les défis auxquels la forêt doit faire face sont multiples : adaptation aux effets du changement climatique, protection de la biodiversité, consolidation de sa fonction d’atténuation du changement climatique et captation des émissions carbone, réponse à une demande croissante en produits issus du bois, développement de chaleur renouvelable, compétitivité et développement capacitaire des industries françaises du bois pour gagner en souveraineté, etc.

La forêt et les usages du bois sont donc à la croisée de nombreux enjeux aux intérêts à concilier et au cœur de stratégies de long terme pour notre société :

  • stratégie climatique ;
  • stratégie en faveur de la biodiversité ;
  • stratégie industrielle.
MTE

Transcription de l'image : Infographie : les feux de forêt

Contexte

  • Surfaces boisées (en 2020) : 17 millions d'hectares, en augmentation depuis 1985.
  • Température de l'air en métropole (en 2020) : + 2.3°, d’écart à la normale des températures moyennes (1961-1990) en France  métropolitaine
  • Conditions météorologiques propices aux départs de feux (en 2020) : 80% du territoire métropolitain concerné.

Impacts

  • Surface forestière brûlée  par des grands feux : 17 077 hectares en 2020, supérieure à la moyenne  sur la période 2009-2019 (12 000 ha)

Actions

  • Élargissement de la campagne  interministérielle de communication pour la  prévention des feux de forêt à tous les départements  métropolitains et à tous les types de végétaux
  • 2020 : Adoption d’une stratégie conjointe d’adaptation et d’atténuation pour les forêts et la filière forêt-bois

Afin de répondre à ces défis, un délégué ministériel forêt-bois a été nommé fin 2020. 

En 2021, la loi Climat et résilience a permis de mettre en avant la place de la biodiversité pour la résilience du puits de carbone forestier et de souligner l’importance du secteur forêt-bois.  

La gestion de toutes les forêts françaises, publiques comme privées, est encadrée par le Code forestier

Les politiques publiques du ministère concernant la forêt

La vision du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires sur les enjeux de la forêt est à la croisée de nombreuses politiques publiques :

  • la lutte contre le changement climatique notamment avec la stratégie nationale bas-carbone, le label bas-carbone et ses méthodes forestières, la mise en œuvre et le suivi du règlement européen relatif à l'utilisation des terres, le changement d'affectation des terres et la foresterie (UTCATF) dans le cadre européen énergie-climat ;
  • le développement des énergies renouvelables en particulier è travers le fonds chaleur porté par l’Ademe dans le cadre environnemental de la durabilité des bioénergies défini par la directive européenne dite RED II de 2018 et transposé dans le code de l'énergie ;
  • l’adaptation des forêts au changement climatique, notamment avec le plan national d’adaptation au changement climatique publié en 2018 et la feuille de route pour l’adaptation des forêts au changement climatique publiée en 2020 ;
  • la ville et la construction durable, notamment à travers les mesures de France 2030 et du quatrième programme d’investissements d’avenir. Cette stratégie comporte 3 axes : accélérer la transition des villes par une approche intégrée, agir sur le bâti pour la sobriété, accompagner le développement des filières ; 
  • la biodiversité et les paysages, avec notamment deux stratégies nationales : 
    • la stratégie nationale pour les aires protégées dont le premier plan d’actions national fixe des actions structurantes pour la préservation des forêts, avec en la mise sous protection forte d’ici 2022 de 250 000 ha de forêts (180 000 ha en Guyane par la création de 2 réserves biologiques et 70 000 ha en métropole) ;
    • la stratégie nationale biodiversité 2030 qui intègre les enjeux de protection des forêts primaires et subnaturelles, le lancement d’un plan national d'action vieux bois et forêts subnaturelles et d’un plan pour la protection des sols forestiers. Les objectifs de la SNB en matière d’accompagnement de la filière forêt-bois et de préservation de la biodiversité dans les milieux forestiers s’articulent avec le plan d’action interministériel forêt-bois ;
    • par ailleurs, le ministère assure le financement de missions d'intérêt général auprès de l'Office national des forêts, son opérateur unique des forêts publiques. Ces missions visent à assurer la réalisation d'actions allant au-delà du régime forestier en faveur de la biodiversité, de la surveillance des territoires ultra-marins et le suivi à long termes des écosystèmes forestiers ;
    • mais aussi des actions ciblées sur des territoires à enjeux : le parc national de forêts, 11e parc national français créé en 2019 suite à une dizaine d’années de concertation, est dédié à la connaissance, la préservation et la valorisation des forêts feuillues de plaine. Situé sur les régions Bourgogne-Franche-Comté et Grand-Est, le parc national de forêts s’étend sur 241 000 hectares, dont plus de 56 000 hectares classés en zone cœur, et présente une réserve intégrale ; 
  • la préservation et valorisation du patrimoine naturel, notamment avec la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial qui permet d'inscrire sur la liste du patrimoine mondial des forêts au titre de leur valeur universelle et exceptionnelle. Par exemple, trois hêtraies françaises ont ainsi été inscrites en 2021 ;
  • la prévention des incendies de forêt et végétation par des campagnes de communication pour promouvoir les bons gestes, et par l'aménagement du territoire (plans de prévention des risques incendies de forêt) encadrant l’urbanisation dans et en lisière de forêt ;
  • le règlement bois de l'Union européenne qui vise à écarter du marché communautaire le bois et les produits dérivés issus d’une récolte illégale.

Les acteurs 

  • L’Office national des forêts (ONF) est le gestionnaire de la forêt publique. Il est chargé de mettre en œuvre le plan de gestion et la réalisation des travaux des forêts de l’État et de la majorité des collectivités publiques.
  • L’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), observateur de la forêt, est chargé de décrire la forêt publique comme privée pour mieux la connaître. Il est notamment en charge de l’inventaire forestier.
  • L'ADEME, Agence de la transition écologique, est l’opérateur unique de gestion des aides publiques pour le secteur forêt-bois.
  • L’INRAE développe de nombreux programmes de recherche en appuis aux politiques publiques sur la forêt, la biodiversité, les risques et les interactions avec la société en particulier dans le cadre des projets développés par le département EcoDiv, mais aussi le département EcoSocio.
  • Météo-France élabore des cartes expertisées de dangers météorologiques d'incendie et contribue à évaluer l’impact du changement climatique sur le risque incendie de forêt.
  • Le réseau mixe technologique pour l'adaptation des forêts au changement climatique (RMT AFORCE) qui accompagne les forestiers dans l'adaptation des forêts aux changements climatiques.
  • Le Citepa quantifie, identifie, expertise et communique des données d’émissions, et satisfait aux obligations de rapportage des émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre de la France, dont celles portant sur les milieux forestiers.
  • Le Centre national de la propriété forestière (CNPF) est l’établissement public en charge du développement de la gestion durable des forêts privées.