Publié le 30 juin 2023

Mis à jour le 21 octobre 2025

Temps de lecture : 9 minutes

Mécanisme d'Ajustement Carbone aux Frontières (MACF)

  • Prix du carbone

Le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF), également connu sous l’acronyme anglais CBAM (Carbon Border Adjustment Mechanism) est un instrument règlementaire européen qui vise à soumettre les produits importés dans le territoire douanier de l’Union Européenne à une tarification du carbone équivalente à celle appliquée aux industriels européens fabriquant ces produits. L’objectif premier de ce dispositif est de lutter contre les fuites de carbone, dans un contexte de renforcement de l’ambition climatique au niveau européen.

Nouvel outil - Calculatrice estimation coût MACF

La Direction Générale de l'Energie et du Climat (DGEC) a développé un nouvel outil afin d'aider les importateurs et déclarants autorisés à estimer les montants qu'ils devront payer au titre du MACF à compter du 1er janvier 2026.

Les valeurs, notamment d'intensité carbone, utilisées dans l'outil ne sauraient préjuger des valeurs par défaut et autres paramètres de calcul structurants applicables dans la période effective, qui ont vocation à être fixés via la législation secondaire prévue par le règlement MACF.

Actualité - Mailing list MACF

Afin de vous tenir informés des dernières actualités et prochains webinaires MACF, la DGEC tient désormais une mailing list MACF.

Lien d'inscription à la mailing list MACF

Actualité - Rediffusion webinaire MACF n°6 - 16/10/25

Le jeudi 16 octobre, la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) et la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) ont organisé un webinaire MACF dédié aux questions suivantes: 

  • comment bien se préparer au début de la phase effective du MACF, au 1er janvier 2026
  • les conséquences concrètes de la révision du règlement MACF (Omnibus Simplification)
  • comment estimer et anticiper le surcoût MACF, avec des explications sur la calculatrice MACF
Cliquez ici pour accéder à l'enregistrement du webinaire (début vers 9'30)

Candidature au statut de "déclarant MACF autorisé"

A partir du 1er janvier 2026, le statut de "déclarant MACF autorisé" deviendra obligatoire pour pouvoir importer des marchandises. 

La Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) et la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) ont organisé un webinaire le mardi 13 mai 2025 à ce sujet. 

Vous trouverez ci-joint :

Pour en savoir plus sur les modalités d'accès au registre MACF 2.0, Cliquez ici.

Le 26 février 2025, la Commission Européenne a publié sa proposition pour simplifier le MACF. Les autorités françaises reviennent sur les principales évolutions envisagées et les conséquences en matière de délivrance des autorisations, dans une note d'information aux opérateurs

Qui est concerné ?

Le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières créé de nouvelles obligations règlementaires pour les importateurs, c'est-à-dire les acteurs économiques (identifiés par leur numéro EORI) responsables de la mise en libre pratique des produits listés à l'annexe I du règlement MACF (identifiés par leur codes CN) dans le territoire douanier de l’Union Européenne.

Le MACF s’applique, dans un premier temps, uniquement à certaines marchandises dites « simples » fortement exposés au risque de fuite de carbone :

  • Acier
  • Ciment
  • Aluminium
  • Engrais azotés
  • Hydrogène
  • Importations d'électricité

Ces secteurs représentent en cumulé environ la moitié des émissions industrielles dans l’UE.

L’objectif affiché de la Commission est d’élargir progressivement ce périmètre de marchandises à d’autres secteurs de l’industrie, notamment le raffinage et la chimie, ainsi qu’à certains produits de l’aval afin de limiter les risques de contournement par l’aval proche, via l’importation de produits semi-transformés qui tombent en dehors du champ d’application du MACF.

Le 26 février 2025, la Commission Européenne a publié sa proposition pour simplifier le MACF. Elle prévoit, entre autres, d'exempter les opérateurs dont les importations cumulées de marchandises appartenant aux familles acier, aluminium, ciment et engrais azotés ne dépassent pas 50 tonnes (massiques) sur l'année de toute obligation relative au MACF.

Le MACF en pratique

Nous vous invitons à consulter le guide pratique à destination des importateurs;, qui devrait répondre à la majorité des questions que vous pouvez vous poser au sujet du MACF. Ce guide est régulièrement mis à jour pour vous fournir les meilleures informations possibles.

Pour une présentation générale du MACF et des enjeux de la période de transition, vous pouvez consulter l'enregistrement du webinaire MACF (qui débute vers 31:00) du 19 septembre 2023.

En complément, pensez à consulter le site de la Commission Européenne ou encore la FAQ des douanes françaises sur le sujet.

Pour savoir comment accéder au registre MACF 1.0. (période transitoire), veuillez suivre scrupuleusement la notice détaillée de connexion

Pour savoir comment accéder au registre MACF 2.0. (demande d'autorisation et période effective), veuillez suivre scrupuleusement les informations renseignées dans la page dédiée.

 

Deux phases dans la mise en œuvre du MACF

Période transitoire - du 1er octobre 2023 au 31 décembre 2025

  • L'article 35 du règlement MACF prévoit une obligation pour les importateurs de marchandises couvertes par le MACF d'établir un rapport trimestriel de leurs émissions importées.
  • Les informations demandées aux importateurs de marchandises MACF et les éléments de méthodologie pour le calcul des émissions importées ont été précisées dans un règlement d’exécution adopté le 17 août 2023 ainsi qu'un ensemble de documents explicatifs, préparés par la Commission européenne.
  • La Commission met notamment à disposition un tableur Excel visant à faciliter la communication entre les importateurs soumis au MACF et leurs fournisseurs.
  • Le registre MACF permettra par ailleurs un téléversement semi-automatisé de déclarations, sur la base d'un document XML préformaté.
  • Des valeurs par défaut, permettant de simplifier le calcul des émissions, ont été publiées fin décembre 2023.
  • Nous vous invitons à consulter la rediffusion du webinaire du 18 avril 2024 dédié à la détermination des émissions intrinsèques des marchandises importées.
  • Des pénalités financières pourront être appliquées en cas de manquements répétés ou calculés à cette obligation.

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  • En prévision des obligations qui s’appliqueront aux importateurs à partir du 1er janvier 2026, les acteurs concernés devront demander le statut de « Déclarant MACF autorisé », dossier justificatif à l’appui, à partir d'avril 2025.
  • Voir le document ci-joint vous proposant un pas-à-pas afin de vous aider dans vos démarches pour candidater au statut de "déclarant MACF autorisé".

Période effective - à partir du 1er janvier 2026

  • A partir du 1er janvier 2026, les autorités douanières vérifieront que les opérateurs qui demandent la mise en libre pratique de marchandises couvertes par le MACF disposent du statut de "Déclarant MACF autorisé"
  • Le règlement MACF prévoit une obligation pour les "Déclarants MACF autorisés" de faire une déclaration MACF annuelle, détaillant leurs émissions importées.
  • La première déclaration annuelle, décrivant les émissions importées sur l’année 2026, devra être déposé via la plateforme MACF avant le 31 mai 2027.
  • Le calcul des émissions importées devra faire l’objet d’une vérification par un organisme indépendant
  • En parallèle du dépôt de la déclaration MACF annuelle, les déclarants MACF autorisés devront restituer un nombre de certificats MACF équivalent à leurs émissions importées.
  • Les certificats MACF pourront être achetés sur la plateforme MACF, à un prix équivalent à celui des quotas ETS
  • Des pénalités financières seront appliquées en cas de restitution insuffisante de certificats MACF
  • Le règlement MACF prévoit une obligation pour les déclarants MACF autorisés de détenir, à la fin de chaque trimestre, un stock de certificats MACF correspondant à 80 % de leurs émissions importées à date.

Que désigne-t-on par "fuites de carbone" ?

L’effet de compétitivité 

La tarification carbone provoque un surcoût pour la production européenne et une perte de compétitivité face à la concurrence extra-Européenne. Cela provoquerait alors un déplacement de la production de l'Europe vers des pays moins-disant du point de vue du climat, et où l’intensité carbone de la production est d’ailleurs potentiellement plus élevée.

L’effet du prix des énergies

La tarification du carbone renchérit l'utilisation des énergies fossiles en Europe et baisse donc la demande pour ces produits. Cette baisse de la demande en Europe provoquerait une baisse de leur prix au niveau mondial, qui encouragerait alors une consommation plus importante d’énergies fossiles – et ainsi des émissions de GES – dans le reste du monde.

L’effet de retombées technologiques

Le déploiement de nouvelles technologies de décarbonation dans l’UE, rendues compétitives sur le marché européen grâce à la tarification carbone, permet une baisse durable des coûts de ces solutions de décarbonation, favorisant leur déploiement, y compris dans le reste du monde. Ceci implique que les baisses d'émissions en Europe s'accompagnent de baisses d'émissions en dehors de l'Europe. On parle alors de fuites de carbone négatives.

Les études économiques existantes suggèrent que, de manière agrégée, les risques de fuites de carbone sont relativement modérés (de l’ordre de 20% i.e. une baisse des émissions de 1 tCO2eq dans une région induit 0,2tCO2eq d’émissions supplémentaires dans le reste du monde). Néanmoins, ces études considèrent généralement un prix du carbone relativement faible (autour de 20-30 €/tCO2). Par ailleurs, il s’agit d’un chiffre global qui masque des disparités par secteurs , où certains produits exposés à la concurrence internationale et pour lesquels les procédés de production sont très émetteurs de GES, seraient particulièrement à risque.

Et pour l'Union Européenne ?

Pour l’Union Européenne, la problématique des fuites de carbone est donc double. Du point de vue climatique, les fuites de carbone minent les efforts européens pour réduire les émissions de GES au niveau mondial. Du point de vue de la souveraineté industrielle, du maintien de l'activité économique et des emplois, l’existence de fuites de carbone reflète un traitement inégal des producteurs européens et extra-européens, qui accentue les problématiques de délocalisation et de désindustrialisation.

Une pièce du paquet législatif européen "Fit for 55"

Historiquement, l’allocation de quotas gratuits dans le cadre du marché carbone européen a été la solution pour limiter les risques de fuites de carbone. Ce système a progressivement révélé plusieurs limites. En particulier, l’allocation de quotas gratuits dégrade fortement le signal-prix moyen de la tonne de carbone. En effet, si on alloue gratuitement 85% des quotas, par exemple, comme a longtemps été le cas pour le ciment ou encore l’aluminium, un prix du quota de 100€/tCO2eq est ressenti comme étant de seulement 15€/tCO2eq. Cette limitation de la tarification effective du carbone explique en partie que les réductions d’émissions ont été plus faibles pour les secteurs industriels que pour le secteur de la production d’électricité, surtout avant 2022 où le prix du carbone était inférieur à 30€/tCO2.

La montée en charge du MACF est donc indissociable de la disparition progressive des quotas gratuits dans le SEQE-UE (i.e. le marché carbone européen). C’est pour cette raison que le règlement MACF et la révision de la directive ETS ont dû être négociés conjointement au niveau européen.