Publié le 24 juin 2025

Mis à jour le 06 août 2025

Temps de lecture : 6 minutes

Feuille de route ingénierie et génie écologiques horizon 2030

  • Biodiversité et paysages

Travaux de restauration
Marie-Paule Mignon, ©Office français de la biodiversité - Travaux de restauration

La deuxième feuille de route ingénierie et génie écologiques horizon 2030 a été lancée. Son ambition est double : rendre quasi systématique le recours des porteurs de projets (gestionnaires d’espaces, aménageurs, industriels, logisticiens) aux compétences et outils de l’ingénierie et du génie écologiques et homogénéiser la qualité de l’accompagnement des projets.

Une politique ambitieuse en faveur de la biodiversité

La deuxième feuille de route ingénierie et génie écologiques horizon 2030 pose les bases d’une politique publique ambitieuse en faveur de la biodiversité en métropole et dans les territoires ultra-marins. Elle propose des mesures concrètes pour encourager l’investissement, soutenir l’innovation, et inscrire l’ingénierie et le génie écologiques comme un pilier central de la transition écologique et climatique.

La feuille de route Horizon 2030 s’adresse à chacune des parties prenantes du secteur. Elle propose des actions d’accompagnement des maîtres d’ouvrages publics et privés, des gestionnaires d’espaces afin d’accélérer l’intégration de l’ingénierie et du génie écologiques dans la planification territoriale, la commande publique, et de garantir des projets de qualité.

Afin de disposer d’entreprises compétentes en capacité de répondre à la demande croissante d’études et travaux, elle soutient la structuration des filières économiques : les bureaux d’études, les entreprises de travaux spécialisées et non spécialisées, leurs fournisseurs.

Les actions de la feuille de route s’adressent aussi aux étudiants et professionnels. Elles vont permettre de former et faire monter en compétences les acteurs actuels et futurs de l’ingénierie et du génie écologiques par le biais de formations initiales ou continues.

Elle s’appuie sur les travaux des chercheurs pour maintenir un haut niveau d’expertise reconnu au niveau international et développer des innovations.

Enfin, la structuration et le pilotage stratégique au niveau national du secteur va permettre à l’ensemble des acteurs spécialisés de se mettre en capacité collective d’agir fortement dans les prochaines années.

La filière de l’ingénierie et du génie écologiques est en pleine croissance pour satisfaire aux exigences de restauration des écosystèmes, de compensation écologique et de promotion des solutions fondées sur la nature. Ces exigences sont confortées par l’adoption récente du Règlement européen sur la restauration de la nature (RNN) et par différents plans et stratégies français : 

Ingénierie et génie écologique, de quoi parle t-on ?

L’ingénierie et le génie écologiques mobilisent les connaissances scientifiques, les techniques et les pratiques fondées sur le vivant – faune, flore, biodiversité – pour concevoir, restaurer, gérer ou aménager durablement des milieux naturels ou urbanisés.

Ce secteur réunit une diversité de métiers complémentaires qui interviennent tout au long du cycle de vie des projets : études, recherche, travaux, suivi, gestion et accompagnement. L’objectif est de préserver, restaurer et valoriser la biodiversité au service des territoires et des habitants. L’ingénierie et le génie écologique sont définis en France au Journal officiel du 18 août 2015. Ils peuvent être utilisés seul ou en lien avec des pratiques d’aménagement plus classique de travaux publics. Ils ne concernent pas le biomimétisme.

Quand faire appel à l’ingénierie et au génie écologiques ? 

L’ingénierie et le génie écologiques peuvent intervenir dans des contextes très différents et sur des milieux divers (milieux urbains, cours d’eau, milieux humides, friches, milieux marins et littoraux, montagne, sites industriels…). L’ingénierie écologique sert dans trois cas de figure, avec une implication humaine plus ou moins importante :

  1. La préservation du milieu. Il s’agit, par exemple, de rendre inaccessible un espace pour éviter les passages et le dérangement des espèces ou de mettre des animaux à pâturer pour gérer la végétation.
  2. La restauration active ou passive. On cherche à retrouver un écosystème en bon état souvent proche de celui qui existait avant qu’il ne soit dégradé. Par exemple, un cours d’eau dont le lit aurait été rectifié, que l’on va remettre dans son cours d’origine.
  3. La création. C’est le cas de figure le plus modificateur et le plus complexe. Il faut réussir à créer un nouvel écosystème qui pourra perdurer dans le temps et retrouver ses fonctionnalités.

Les projets peuvent être mis en œuvre dans un cadre réglementaire lié à des projets d’aménagement mais aussi, et souvent, dans le cadre de démarches volontaires portées par des gestionnaires ou des collectivités : application de la séquence éviter, réduire et compenser (ERC), création de sites naturels de compensation de restauration et de renaturation (SNCRR), mise en œuvre de solutions fondées sur la nature (SFN).

  • réaménagement d’un site après son exploitation en intégrant les enjeux biodiversité (exploitants de carrières)
  • projets de restauration écologique de tourbières ou de marais dégradés par des plantations de production (gestionnaires d’espaces naturels)
  • projets visant à améliorer la qualité de vie et à renforcer l’attractivité de la ville (collectivités)
  • désartificialisation des délaissés routiers qui n’ont plus d’utilité (gestionnaires de voiries)
  • restauration de mangroves en replantant des espèces locales de palétuviers (collectivités ultra-marines)

Les apports de l’ingénierie et du génie écologiques

Accompagner les élus et maîtres d’ouvrages publics et privés

Pour les élus et les collectivités, l’ingénierie et le génie écologiques apportent des solutions pour relever les défis locaux : adaptation au changement climatique, sécurité alimentaire, approvisionnement en eau, réduction des risques naturels, santé humaine, développement économique…

L’État et ses opérateurs proposent un accompagnement pour faire de la biodiversité et du maintien des services rendus par les écosystèmes un atout dans les mandats et les territoires. Travailler avec le vivant nécessite des connaissances, compétences et un savoir-faire spécifiques.

Je passe à l'action en tant que collectivité

Apporter des outils spécifiques

Le génie écologique va apporter les outils scientifiques et techniques permettant d’intégrer le fonctionnement des écosystèmes dans la conception des projets. En le mobilisant, les maîtres d’ouvrages publics ou privés s’assurent de disposer de solutions intégratrices de qualité. Les projets sont conduits selon une méthode rigoureuse et des outils spécifiques qui permettent à l’acheteur de s’assurer de la qualité de son projet. Voici une liste de règles et de normes :

Disponible sur le site du Centre de ressource du génie écologique, l'annuaire national des entreprises de l'ingénierie et du génie écologiques permet de trouver les entreprises du secteur : zones d’intervention, références, chiffres clés… 

Être un vecteur de développement économique 

Faire appel au génie écologique est vecteur de développement économique des territoires. Le déploiement de projets de restauration écologique, de compensation ou de solutions fondées sur la nature, par exemple, mobilise de nombreux acteurs (chercheurs, gestionnaires d’espaces naturels, bureaux d’études, entreprises, associations, formateurs…) aux compétences variées et reconnues.
 

L’ingénierie et le génie écologiques par l’exemple avec le prix national du génie écologique 

Le prix national du génie écologique est organisé depuis 2014 par l’Association fédérative des acteurs de l’ingénierie et du génie écologiques (A-IGEco), en partenariat avec l’OFB et avec le soutien du ministère chargé de la transition écologique. Il permet de valoriser et de partager les bonnes pratiques en faveur de la biodiversité. En montrant que le génie écologique peut répondre aux nombreux enjeux opérationnels des territoires, le prix contribue aussi à favoriser le développement de la filière.

Le prix récompense le travail collectif des acteurs ayant porté et réalisé des projets exemplaires : maîtres d’ouvrage, bureaux d’études, maîtres d’œuvre, entreprises de travaux, fournisseurs, organismes de recherche, associations…