Les Jeux olympiques et paralympiques 2024

Date Du 26 juillet 2024 au 08 septembre 2024
En immersion
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Les agents du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires œuvrent depuis plusieurs années à la préparation des Jeux de Paris 2024. Ouvrages olympiques durables, protection de la biodiversité ou encore mobilités : les directions et services du ministère innovent pour relever les défis. Suivez nos agents et découvrez les coulisses de la préparation aux Jeux.
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Parcours olympique, un podcast immersif dans les coulisses des Jeux
Partout en France et depuis plusieurs années, les agents du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires sont engagés dans la préparation des JOP. Avec le podcast Parcours olympique, nous les accompagnons pour découvrir et comprendre comment se préparent les Jeux sur le terrain, pour en faire un vrai accélérateur de la transition écologique.
Immersion à bord d'un des bateaux de la cérémonie d'ouverture, Le Rhône
Le 26 juillet aura lieu la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024.
C'est depuis la Seine, embarquées sur une flotte de bateaux, que les délégations d'athlètes défileront avant de rejoindre le Trocadéro pour le grand spectacle d'ouverture.
Parmi les navires qui participent à cette parade fluviale, un seul bateau représente les services de l'État, la vedette de Voies navigables de France (Vnf), Le Rhône. Nous avons embarqué à son bord pour une navigation sur la Seine, accompagnés de son capitaine Pascal Beauquis qui nous a fait découvrir l'histoire de son bateau et comment il se prépare avec son équipage pour la cérémonie d'ouverture.
À quelques jours de l'ouverture des Jeux de Paris, immersion à bord de la vedette de Vnf Le Rhône.
Transcription : Immersion à bord d'un des bateaux de la cérémonie d'ouverture, Le Rhône
Tatiana Geiselmann, journaliste
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans le huitième et dernier épisode de notre podcast Parcours olympique. Comme tous les mois, je suis allée à la rencontre des agents du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires pour comprendre en quoi leur travail participe à la réussite et l'héritage des Jeux de Paris 2024. Pour ce huitième et dernier épisode de notre série, nous restons à Paris et nous embarquons sur la Seine puisque c'est à bord d'un des bateaux qui participera d'ici quelques jours à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques que je vous emmène.
Il s'agit du seul bateau de l'État qui participera à la parade. Pour monter à bord du Rhône, je me suis rendue à Joinville-le-Pont, une commune du Val-de-Marne située juste en dessous du bois de Vincennes. C'est entre autres ici que stationne le bateau depuis quelques mois, en attendant le lancement des JO.
Et c'est donc là que je retrouve son capitaine, Pascal Beauquis, qui est sous les platanes à m'attendre devant le bateau.
Pascal Beauquis, capitaine de la vedette de Voies navigables de France Le Rhône
Bonjour à tous ! Nous sommes ici à Joinville-le-Pont dans la darse de Voies navigables de France. Une darse c'est un endroit où stationnent les bateaux. On en a trois devant le nôtre, trois plus petits bateaux que le nôtre. Le site est complètement fermé. Nous, nous dormons ici, donc on est vraiment en sécurité. Et puis le bateau est branché à l'électricité, ce qui permet d'avoir les pompes de cale toujours alimentées si on avait une voie d'eau.
Tatiana Geiselmann
Et donc notre bateau à nous, c'est Le Rhône ?
Pascal Beauquis
Exactement. C'est un bateau qui mesure 4,20 mètres de largeur, 30 mètres de longueur. Bateau qui est basé sur Lyon, bateau à passagers. Nous sommes arrivés le 2 février. Alors pourquoi aussi tôt ? C’est parce qu’en fait pour monter jusqu'ici, nous avons mis 18 jours, 158 écluses à passer. Ça prend du temps. On a eu quelques événements en montant. Nous sommes allés à la rencontre des agents de VNF pour qu'ils puissent bien voir ce bateau qui va participer à l'ouverture des Jeux olympiques.
Et donc nous nous préparons tout doucement à cet événement.
Il va falloir monter parce qu'on va finir de mettre en route le bateau et puis on largue les amarres. Allez.
Donc là c'est Christophe qui pilote. Ça fait trois mois qu'il est avec moi maintenant, c'est un excellent pilote. Vous voyez, il y a une barge de travail qui s'est mise juste derrière nous, donc il y a un peu des manœuvres à effectuer pour sortir le bateau. Mais ça y est, on va passer la darse et puis on sera partis.
Trois écluses pour descendre jusqu'à Suresnes puisque je vais vous déposer à Suresnes. La première écluse, c'est celle de Saint-Maur. Ensuite, on a Saint-Maurice, on traverse Paris et on arrive à Suresnes.
Là, on est juste à l'entrée de l'écluse de Saint-Maur. Apparemment, elle est prête. Les portes sont ouvertes. On va amarrer le bateau, on va passer une corde. Ça permet au bateau de ne pas trop bouger pendant l'éclusage.
Alors là, je vais vous parler des moteurs un peu le temps que les portes s'ouvrent. Donc ce bateau, c'est ce qu'on appelle une vedette. Il est très profilé. Vous avez vu on est à la proue, la proue c'est ici, c'est très pointu. Et de ce fait là, il est rapide. Vous voyez la péniche qui est derrière nous, elle est beaucoup plus plate à l'avant, ça retient le bateau.
Nous c'est une flèche donc ça pénètre bien dans l'eau et ça avance. On a deux moteurs de 250 chevaux chacun, ce qui fait quand même 500 chevaux. Pour un bateau qui pèse entre 45 et 50 tonnes, il est bien motorisé. Pourquoi ? Parce qu'on navigue sur le Rhône, et sur le Rhône on a des débits importants.
Et, particularité de ces moteurs, c'est notre carburant. Nous naviguons avec l'HVO. C'est de l'huile végétale hydrotraitée. En fait, on a essayé d'autres carburants comme le GTL, gaz tout liquide, le GNR. Il s'avère que pour notre bateau, c'est le carburant le plus approprié et qui pollue le moins. Je vais aller relever les glissoires.
Donc là nous sommes sur le pont principal, pont avant qui est extérieur, avec des bancs sur le côté.
On ne peut pas monter dessus mais on peut s'asseoir. Ensuite, on rentre dans le salon. Alors on a complètement refait ce bateau. Il était en chantier à partir de début septembre jusqu'à fin décembre et on a refait aussi notre type de navigation. Si vous voulez, le type de navigation c'est le contrôle technique des véhicules. Donc on a tout refait à l'automne dernier.
Et les Jeux olympiques nous ont permis de refaire cet habillage peut-être un peu plus rapidement que si on n'avait pas été sélectionnés pour participer aux Jeux. Et c'est beau aujourd'hui, tout en bois clair et c'est large.
Ensuite, une fois qu'on a passé le salon, on arrive à la timonerie. La timonerie, c'est là où se trouve le pilote Christophe qui va rentrer dans l'écluse de Saint-Maurice.
Ensuite voilà, c'est une petite cuisine, c'est pour nous, pour l'équipage, puisque nous restons à bord. Christophe est un très bon cuisinier. Du coup, je prends des kilos un peu malheureusement. Alors là, on a une douche ici, et ici c'est les toilettes. Ensuite, on va passer sur la partie salle des machines. Alors là, ça fait beaucoup de bruit.
On l'entend très bien, c’est la partie salle des machines. Les deux moteurs qui fonctionnent, le groupe électrogène pour avoir de l'électricité. Là c’est ce qu'on appelle la poupe, c'est l'arrière du bateau. Alors nous, on a nos cabines, on est un peu derrière les cheminées de rejet. Et vous voyez ça sent un peu la cire, c'est de l'huile, donc on sent qu'on n'est pas au gazole. Là, on sent un petit peu, ben oui, la cire, je dirais, puisque c'est de l'huile végétale.
Tatiana Geiselmann
On va retourner devant pour avoir un peu l'historique du bateau.
Pascal Beauquis
Ce bateau a été construit par les chantiers Barriol, qui se trouvent à Arles, en mars 1962. Moi, je suis né en septembre 1962. On était vraiment faits pour naviguer ensemble puisqu'on n'a que quelques mois de différence. Moi, je serai bientôt à la retraite, lui continuera à naviguer. Et puis certainement que je serai mort, il continuera à naviguer quand même.
Mais pour l'instant, je suis encore dessus pour quelques mois, quelques années. À l'origine, ce bateau a été construit pour transporter des pieux. Ce que l'on appelle des pieux, on en a un devant, c'est des pieux qui sont plantés dans le fleuve pour signaler un danger ou pour permettre au bateau de s'amarrer aussi.
Donc sur la partie petit Rhône, c'est-à-dire de Arles jusqu'à Sète, tous les pieux qui ont été battus, qui ont été plantés dans le fleuve, c'est le Rhône qui les a amenés. Ça a duré quelques années le chantier, et puis le bateau s'est retrouvé remisé un petit peu et c'était un peu dommage de le déchirer parce que quand le bateau est coupé en morceaux, on appelle ça le déchirage.
Donc on ne voulait pas déchirer ce bateau et ils ont décidé de créer cette partie dans laquelle nous sommes, qui est le salon, en vue de faire visiter le petit Rhône, le Rhône, à des passagers. Donc depuis c'est devenu un bateau à passagers. C'est actuellement le bateau de représentation de Voies navigables de France, de la direction territoriale Rhône Saône.
Tatiana Geiselmann
Et donc ce bateau a été choisi pour participer à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques ?
Pascal Beauquis
Tout à fait. Il y a maintenant un an et demi, ça a été un dossier qui a été déposé. Et puis, il a été choisi pour participer à la parade des Jeux olympiques. Ça va être le seul bateau de l'État, les autres bateaux seront tous des bateaux privés. Et puis pour moi, c'est un grand honneur de participer. On m'aurait dit il y a quelques années tu vas finir ta carrière en participant à l'ouverture des Jeux olympiques, je n’y aurais pas cru. Voilà, maintenant, j'y suis. Ça y est, j'y suis. On n'a jamais été aussi près.
Et depuis maintenant un peu plus de dix mois, on se prépare à cet événement. Alors ce qui est important, bien sûr, c'est la sécurité des passagers que l'on va avoir, de la délégation sportive que l'on va avoir sur le bateau, et puis que tout se passe au mieux.
Tatiana Geiselmann
Qu'est-ce que ça a impliqué pour vous justement la préparation de la parade ?
Pascal Beauquis
Alors déjà, pour nous qui sommes de Lyon, ça a été des réunions à Paris, donc ça impliquait qu'on vienne sur Paris. Je ne connaissais pas vraiment la Seine, là maintenant on navigue à peu près tout le temps sur le fleuve. Et puis ça implique un investissement de l'équipage puisque nous sommes un petit peu loin de chez nous. Mais on sait que c'est pour la bonne cause et que c'est très agréable aussi de se retrouver tous les deux avec Christophe.
Alors, le jour de la parade en fait on sera quatre membres d'équipage : Christophe, un pilote du bassin de la Seine, c'est un pilote qui travaille aux Voies navigables de France qui s'appelle Noël Duvinage qui connaît bien la Seine, et puis un matelot qui est le matelot on va dire habituel du bateau Michel qui sera là avec nous aussi. Ça fait quatre personnes d'équipage pour accueillir cette délégation sportive.
Tatiana Geiselmann
Et en parlant de cette délégation sportive, pour l'instant, vous-même, vous ne savez pas qui vous allez transporter.
Pascal Beauquis
Non, non on ne sait pas qui on va transporter. On va le savoir deux jours avant. Ce n'est pas la peine de me questionner et je ne pourrais rien vous dire. Je ne sais pas.
Tatiana Geiselmann
Vous aurez en tout cas une trentaine d'athlètes à bord. En quoi va consister la cérémonie ?
Pascal Beauquis
Eh bien les athlètes vont se montrer au public qui sera sur les quais et sur les ponts. Notre vitesse sera de neuf kilomètres heure et puis le bateau représentera un pays.
Tatiana Geiselmann
Combien de temps ça va durer ?
Pascal Beauquis
En gros on va dire 45 minutes. Ensuite on va débarquer nos athlètes et puis on va stationner parce que normalement nous on va être plutôt dans la première partie de la déambulation et on attendra que tout le monde soit arrivé. Ensuite on attendra puisqu'il va y avoir des bateaux de commerce qui vont descendre la Seine puis seulement après on pourra remonter pour aller se garer à peu près vers Austerlitz. C'est-à-dire que nous on va remonter vers à peu près 1 heure, 1 heure et demie du matin.
Tatiana Geiselmann
Grosse journée en perspective.
Pascal Beauquis
Oui une grosse journée, c'est une grosse mais belle journée.
Tatiana Geiselmann
Et ce ne sera pas la seule grosse mais belle journée de Pascal Beauquis et de son équipage puisqu'une fois les Jeux olympiques terminés d'ici la fin de l'été, Le Rhône va retourner naviguer du côté de Lyon et redescendre la vedette jusqu'à son port d'attache. Il faudra entre douze et dix-huit jours aux équipes pour traverser la France à travers les canaux et les écluses.
Pascal Beauquis
Allez, à bientôt !
Tatiana Geiselmann
Bonne route, à bientôt ! Merci beaucoup au capitaine Pascal Beauquis et au second capitaine Christophe de nous avoir permis d'embarquer en avant-première à bord du Rhône, le seul bateau de l'État qui participera à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Une belle vedette blanche que nous scruterons avec attention le 26 juillet prochain.
Immersion avec les agents de Voies navigables de France
Dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, la Seine sera mise à l'honneur. Le fleuve parisien accueillera le 26 juillet la parade fluviale de la cérémonie d'ouverture et deux tiers des sites olympiques franciliens se situent en bord de Seine.
Nous sommes allés à la rencontre des agents des Voies navigables de France (VNF), opérateur national de l'ambition fluviale. Logistique fluviale pour la construction du village des athlètes, cérémonie d'ouverture et parade fluviale, verdissement de la flotte, aménagement des quais, les agents de VNF ont contribué par leur expertise à faire du fluvial un atout majeur de ces Jeux. Un défi de taille pour l'ensemble du secteur fluvial qui s'est également employé à maintenir la navigation en Seine durant les Jeux, où chaque été se croisent transports de passagers et convois de marchandises. Tout le travail initié en vue des Jeux de Paris, la dynamique tournée vers fluvial et l'accélération du verdissement de la flotte constituent un héritage qui perdurera bien au-delà des périodes de compétition.
Plongeons en immersion avec les agents de Voies navigables de France.
Transcription : Plongeons en immersion avec les agents de Voies navigables de France.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans le septième épisode de notre podcast Parcours olympique. Vous le savez, tous les mois, je vais à la rencontre des agents du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires pour comprendre en quoi leur travail participe à la réussite et l'héritage des Jeux de Paris 2024. Dans ce septième épisode, direction la Seine à Paris, le fleuve qui a et va occuper une place majeure lors des Jeux olympiques cet été.
Le 26 juillet prochain, c'est sur une portion de la Seine, en plein cœur de la capitale, entre le pont d'Austerlitz et le pont d'Iéna, que va se dérouler la cérémonie d'ouverture des JO avec plus de 180 bateaux mobilisés. Mais la Seine est aussi un lieu où transitent chaque année en moyenne 20 millions de tonnes de marchandises et 8 millions de passagers. Un trafic qu'il a donc fallu anticiper en vue des olympiades, mais qui s'est aussi avéré très utile durant les phases de chantier.
C'est encore une fois accompagnée par les bruits du métro que débute cet épisode, car je me suis engouffrée dans le métro parisien direction le nord de Paris, direction l'Île-Saint-Denis.
Je viens tout juste d'atteindre l’arrêt mairie de Saint-Ouen et il me reste encore une bonne dizaine de minutes de marche pour rejoindre les quais du Chatelier. C'est là que François Houix m'a donné rendez-vous. Il est chargé de mission Jeux olympiques à VNF, Voies navigables de France, un établissement public sous tutelle du ministère des Transports.
François Houix, chargé de mission Jeux olympiques à VNF
Bienvenue sur les rives de la Seine. On est sur le domaine public fluvial de VNF à l’Île-Saint-Denis.
Le COJO, Paris 2024, a fait le choix d'installer des sites olympiques en bord de Seine ou le long des canaux de la ville de Paris. On a l'exemple du village olympique, on a l'exemple du centre aquatique olympique qui est le long des canaux de la ville de Paris, on a les épreuves en Seine au niveau du pont Alexandre III, on a la cérémonie d'ouverture bien évidemment.
On a quasiment deux tiers des sites olympiques franciliens qui sont à voie d'eau, comme on dit, à la fois au niveau du canal de Saint-Denis et en Seine. On est vraiment, à VNF, au cœur du dispositif.
On a vraiment travaillé, mais dès la phase de chantier, dès l'amont, dès 2020, 2021, avec la Solideo, avec Paris 2024, pour vraiment limiter l'impact économique des Jeux olympiques sur le transport fluvial de passagers mais aussi de marchandises. Pourquoi ? Parce qu'en fait, chaque été, on a quasiment 2 millions de tonnes de trafic qui traversent Paris, la filière BTP, les matériaux de construction, mais aussi les céréales, très important pour l'export en période céréalière en juillet et en août.
Les industriels appellent ça le tapis roulant la Seine. Aux mois de juillet, août, c'est quasiment 15 à 20 convois qui traversent Paris chaque jour qu’on ne pourrait pas reporter facilement sur la route. Donc là, il y a un travail sous l'égide du préfet de région Île-de-France, avec VNF avec Haropa port, avec la DRIEAT, pour que le transport fluvial soit garanti dans des bonnes conditions. C'est une infrastructure de transport finalement, la Seine aussi.
Tatiana Geiselmann
Une infrastructure de transport qui a notamment été exploitée durant les phases de chantiers des JO, en particulier pour ce qui est de la construction du village des athlètes.
François Houix
Le village des athlètes a été construit en partie autour du fleuve et l'enjeu, pour nous comme pour la Solideo, c'était de se dire : on reconstruit la ville en bord de Seine, on utilise le transport fluvial qui a des qualités environnementales évidentes. Le transport fluvial c'est 4 à 5 fois d’émissions de gaz à effet de serre à la tonne transportée en moins par rapport au transport routier. C'est aussi le fait d'avoir moins de pollution, moins de bruit, moins d'accidents sur les routes.
La Solideo a fait le choix d'aménager les berges donc on a travaillé avec eux, on a apporté notre expertise fluviale pour aménager les quais, aménager des pieux pour le stationnement des bateaux qui seront là après les Jeux olympiques, pour faire en sorte que ce soit compatible avec la navigation qui est très importante sur ce secteur. C'est quasiment 60 convois qui passent tous les jours. Donc ça, c'est la partie aménagement.
Et sur la partie logistique fluviale, pareil, il y a eu un travail de partenariat avec la Solideo et d’anticipation. Donc on a évacué les déblais de chantier du village olympique en fluvial. Et pour la construction du village, on a aussi fait venir en transport fluvial des matériaux préfabriqués en bois.
On est vraiment sur un démonstrateur de construction bas-carbone. En phase chantier, c’est 500 000 tonnes de déblais qui sont parties en transport fluvial, c'est l'équivalent de 30 000 camions évités sur les routes. Typiquement, pour les élus, pour les maires, c'était fondamental d'éviter ces camions pendant deux ans sur ce secteur du village olympique.
Tatiana Geiselmann
Et pour la Solideo, cela permettait de respecter l'engagement de réduction de moitié des émissions de gaz à effet de serre pour la construction du village des athlètes. François Houix vient de le dire sur ce bras-là de la Seine, face à nous, ce sont 60 convois par jour qui transitent sur le fleuve. Un trafic qui a été bien utile pendant la phase de chantier mais qui va se retrouver à l'arrêt durant les JO.
En effet, pour des raisons de sécurité, l'intégralité du bras de Seine qui longe le village des athlètes sera fermé pendant les Jeux olympiques. Alors, pour ne pas stopper le tapis roulant de la Seine et permettre la continuité du trafic, VNF a mené d'importants travaux sur le bras secondaire de la Seine, aussi appelé le bras de Gennevilliers, une sorte de bout de Seine parallèle au bras principal situé seulement à une cinquantaine de mètres plus loin.
François Houix
On a la chance d'avoir ce bras secondaire qui est ici, là où on trouve. C'est un bras qui porte bien son nom, qui est secondaire, qui est très peu navigué. Il y passe quelques bateaux aujourd'hui pour notamment desservir les chantiers navals. On voit d'ailleurs passer un bateau qui est dans le sens montant qui rejoint Paris, c'est un petit bateau.
L'objectif pour les Jeux olympiques, c'est de basculer tous les trafics du bras principal, qui sera fermé, sur ce bras secondaire. Donc les convois qui vont passer ce sont globalement des terrains de foot, c’est des bateaux qui font jusqu'à 125 mètres de long, jusqu'à 3 000 tonnes, 4 000 tonnes. Donc on a mis en place une opération de dragage pour permettre au bateau d'avoir un chargement suffisant pour exporter vers les grands ports maritimes.
On met en place des postes d'attente puisque la navigation sera en alternance sur ce bras secondaire avec caméras, supervision par les agents de VNF pendant l'été, juillet, août 2024. On a fait un travail de fond aussi avec les communes pour faire en sorte d'améliorer les berges, enlever les déchets. On a détruit dix épaves qui étaient là sur ce bras secondaire depuis quelques années.
On a déplacé une quinzaine de bateaux de logements qui étaient stationnés sans autorisation. Et les bateaux autorisés, les 65 restants, on a travaillé avec eux pour qu’ils renforcent leurs amarres, pour que ça se passe bien pendant l'été 2024 alors qu’ils vont passer de deux ou trois bateaux par jour à 60, sachant qu'on a vingt paquebots fluviaux qui tournent en permanence sur l'axe Seine avec 180 passagers par croisière.
Les bateaux qu'on a dépassés, c'est des bateaux qui étaient stationnés à coupe, c'est-à-dire qui étaient stationnés en deux rangées pour permettre aux convois qui vont rejoindre les grands ports maritimes de Rouen, du Havre, de ne pas percuter un bateau qui serait stationné en double file.
Tatiana Geiselmann
Un chantier qui aura coûté près de 15 millions d'euros à VNF. Un investissement pour les JO, mais aussi un investissement dans le temps, car ces aménagements vont perdurer après les Jeux olympiques et permettre de développer l'usage de la Seine dans le secteur.
François Houix
L'objectif pour VNF c'est de faire en sorte qu'après les Jeux olympiques le trafic fluvial repartira sur le bras principal, qu'on puisse travailler avec les collectivités locales pour aménager des sites de loisirs nautiques, voire des sites de baignade en Seine, qui sont prévus par la mairie de l'Île-Saint-Denis par exemple, sans arrêter pour autant la navigation de marchandises ou la navigation commerciale.
Pourquoi ? Parce que le secondaire accueille trois chantiers navals, un port de plaisance, mais aussi on en voit un derrière nous une estacade qui permet l'approvisionnement de l'usine Panzani en blé dur pour la fabrication des pâtes. Ce bras secondaire, c'est un peu un démonstrateur, un laboratoire pour faire en sorte que les activités soient compatibles et travailler en bonne intelligence.
Maintenir le transport fluvial de marchandises, de passagers, l'activité des chantiers navals qui est très importante pour l'économie du fleuve, pour réparer les bateaux par exemple, mais aussi pour le verdissement, pour la remotorisation des bateaux en électrique, et développer les activités de loisirs nautiques qui sont prévues par les collectivités locales.
Tatiana Geiselmann
François Houix vient de l’évoquer à l'instant, le travail des chantiers navals de Gennevilliers concernant le verdissement des bateaux, c’est le deuxième volet très important sur lequel VNF a travaillé en vue des Jeux olympiques. Pour comprendre en quoi cela consiste, je prends une nouvelle fois le métro, direction le cœur de Paris où mon prochain rendez-vous m'attend sur le port des Champs Élysées.
Cécile Cohas, responsable de la mission recherche innovation et référente nationale sur les sujets de transition énergétique à VNF
Bonjour, je suis Cécile Cohas, je travaille pour les Voies navigables de France. Je suis référente nationale sur les sujets de transition énergétique et je travaille aussi sur une mission de recherche et développement.
Tatiana Geiselmann
C'est notamment Cécile Cohas qui supervise la politique menée par VNF de modernisation du transport fluvial pour le rendre plus écologique.
Cécile Cohas
Nous, Voies navigables de France, au travers de la direction du développement, nous travaillons depuis déjà un certain nombre d'années sur le verdissement des flottes fluviales. Ça consiste à diminuer les émissions de gaz à effet de serre et de polluants des bateaux fluviaux. C'est un enjeu majeur pour nous pour préserver la compétitivité du secteur fluvial parce qu'il faut savoir que les bateaux ont des durées de vie très, très longues.
Les bateaux que l'on voit ici sont des bateaux qui ont peut-être 40, 50, voire 60 ans. Et aujourd'hui, il est quand même préférable, au regard des enjeux de développement durable, de rétrofiter ces bateaux plutôt que d'en construire des neufs. Quelles sont les solutions pour se faire ? Les solutions c'est l'électrification. Pourquoi l'électrification ? Parce que c'est l'énergie qui présente le meilleur rendement énergétique. Les rendements sont de l'ordre de 90 % des moteurs électriques alors que les moteurs thermiques ont des rendements de plutôt 40 %. Donc on perd beaucoup moins d'énergie.
Et quand ce n'est pas possible de propulser à l'électrique, on recommande l'hybridation. Donc l'hybridation, c'est quoi ? C'est un moteur électrique qui est entraîné par des systèmes de batteries, mais pas que, par des groupes électrogènes qui peuvent fonctionner au gaz, au biogaz, au biocarburant, à l'hydrogène ou des piles à combustible. On voit un bateau électrique qui passe et vous voyez, contrairement à tous ceux qui sont passés tout à l'heure, celui-ci ne fait aucun bruit.
On le voit naviguer tranquillement sur la Seine, sans beaucoup de batillage d'ailleurs et sans pollution sonore, il n'y a pas d'odeur. Et en plus, il n'y a pas de secousses non plus. C'est top.
Tatiana Geiselmann
Cette politique de verdissement des bateaux, de changer les moteurs thermiques en moteur soit électrique soit hybride a été largement accélérée par les Jeux olympiques. En effet, pour VNF et pour le transport fluvial en général, l'échéance des JO et, en particulier, l'échéance de la cérémonie d'ouverture, est l'occasion de montrer au monde entier les progrès fait par le secteur en matière d'écologie.
Cécile Cohas
C'est un moment très, très important pour nous puisque cette parade mobilise environ 150 bateaux de tous horizons, de la Seine mais pas que. Il y a d'autres bateaux, d'autres bassins qui sont mobilisés pour venir participer à cette parade. Et parmi ces bateaux, on retrouvera près de 35 bateaux qui sont rétrofités ou qui sont neufs et qui navigueront à l'électrique.
Ce qui est une très belle performance parce que transformer des bateaux ou construire des bateaux en deux ans, c'est quasi impossible. Et pourtant, les opérateurs fluviaux se sont mobilisés. Ils y sont arrivés avec les chantiers, avec les bureaux d'ingénierie et nous, VNF, nous avons participé au financement de ces projets-là pour accompagner et accélérer cette dynamique.
Tatiana Geiselmann
Une dynamique de verdissement qui répond aussi à une demande de l'Europe de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 35 % d'ici à 2035 par rapport à 2015, puis de 90 % d'ici à 2050. Un objectif que VNF compte atteindre en abandonnant les moteurs thermiques des bateaux. Mais pas que.
Cécile Cohas
Comme je le disais, les bateaux ont des durées de vie très très longue. Donc pour les bateaux neufs, c'est vraiment aujourd'hui qu'il faut engager cette dynamique d’hybrider les bateaux autant que faire se peut, de les électrifier, mais aussi d'utiliser des biocarburants pour les bateaux qui ne sont pas neufs et qui ne vont pas être rétrofités tout de suite.
Donc les biocarburants, c'est quoi ? Ce sont des carburants biosourcés qui, par le biais d'un mécanisme de biocrédits, permettent de décarboner à moins 80, à moins 90 % les émissions de gaz à effet de serre, voire même aussi de polluants mais pas à cette hauteur là des bateaux. Donc par exemple, on retrouve le HVO qui est un carburant issu d'huiles végétales usagées.
VNF a initié l'utilisation du HVO depuis déjà une petite année pour montrer ses performances et le fait qu'on pouvait l'utiliser sur un moteur classique sans aucune modification, sans contrainte et sans risque. Par ailleurs, depuis une dizaine d'années, sur la Seine notamment, la plupart des bateaux de tourisme, les paquebots fluviaux ou les bateaux de promenade utilisent ce qu'on appelle un gaz tout liquide, le GTL, qui permet, lui, de diminuer de manière très, très importante les émissions de NOx, de polluants locaux, mais également les bruits, les fumées. Et ce carburant-là sera notamment utilisé avec les biocarburants, bien évidemment, lors de la cérémonie des JO par les bateaux de la parade fluviale.
Tatiana Geiselmann
En plus de l'usage des biocarburants et du GTL lors de la navigation, un autre levier d'action permet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre sur les bateaux qui ne peuvent pas encore changer leur moteur pour de l'électrique. Et cela concerne le moment où ils sont à l'arrêt, amarrés sur les quais.
Cécile Cohas
Pour les bateaux qui ne sont pas rétrofités aujourd'hui, la recommandation de l'État, de VNF et de ses partenaires, c'est bien de se brancher à quai, de se brancher à quai pendant les opérations de manutention, mais également de brancher à quai tous les bateaux qui sont en stationnement. Aujourd'hui sur la Seine, il y a déjà près de 80 bornes électriques qui ont été installées, ce qui a été fait de manière très, très accélérée.
Et notre objectif, c'est d'en installer 132 d'ici 2025. Ça représente environ 9 500 tonnes de CO2 évitées par an sur la Seine. On en voit une d’ailleurs à côté de nous qui permet au bateau qui est tout près de nous d'être à la fois raccordé sur le réseau électrique Enedis pour la partie électrique, mais aussi d'être raccordé au réseau d'eau de la ville de Paris.
Et on en voit tout le long des quais, ce qui représente une enveloppe de quelques millions d'euros que nous avons investis pour diminuer l'impact environnemental de la navigation fluviale.
Tatiana Geiselmann
Enfin, en plus d'avoir accéléré le verdissement des flottes fluviales à quai comme dans l'eau, les Jeux olympiques de Paris 2024 ont aussi permis à VNF de promouvoir l'innovation. Grâce à un partenariat noué avec l'Agence de l'innovation et des transports, un appel à innovation mobilité a été lancé en 2021 et cinq projets ont été retenus. Ils seront tous opérationnels pendant les JO et on retrouve notamment parmi eux un bateau à passagers 100 % hydrogène, conceptualisé par NepTech et EoDev, une première en Europe, qui naviguera dans un premier temps sur la Seine au moment des JO et à terme dans le port de Marseille. Toutes ces innovations concernant les bateaux à hydrogène, mais aussi les bateaux électriques ou hybrides seront par ailleurs présentés lors d'un grand séminaire le 12 septembre prochain à Paris, à l'issue des Jeux olympiques.
Cécile Cohas
Ce colloque, que nous organisons avec les collègues de la direction territoriale du bassin de la Seine qui eux ont été très, très mobilisés pour l'organisation de cette parade fluviale sur la Seine, a pour objectif de partager le retour d'expérience de ces opérateurs fluviaux qui ont accepté de verdir dans un temps record leurs flottes fluviales, de ces opérateurs qui vont développer des navettes autonomes ou de nouvelles solutions de logistique urbaine.
Donc de partager leurs retours d'expériences avec l'ensemble de la communauté fluviale pour convaincre tous les autres opérateurs fluviaux qui n'ont pas encore passé le cap de verdir leur flotte, de le faire et de se lancer eux aussi dans cette formidable aventure collective que nous avons tous vécue et dont nous sommes, nous VNF, très, très fiers.
Tatiana Geiselmann
Une aventure collective dont l'héritage devrait permettre d'atteindre d'ici à 2050, l'ambitieux objectif de réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre. Merci beaucoup à François Houix et Cécile Cohas d'avoir pris le temps de nous emmener sur les rives de la Seine pour nous expliquer l'importance du trafic fluvial en temps normal, mais aussi lors des Jeux olympiques de Paris 2024.
Que ce soit pendant les phases de chantier ou au moment même des JO, les agents de Voies navigables de France sont indispensables pour assurer la bonne tenue des épreuves et pour accompagner au mieux le verdissement du secteur.
Dans le prochain et dernier épisode de notre podcast, nous restons sur la Seine et nous embarquons même à bord d'un des bateaux qui participera à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Il s'agit du seul bateau de la parade qui appartient à l'État et plus précisément à VNF. Je vous propose donc une visite guidée en compagnie de son capitaine dans le prochain et dernier épisode de notre podcast Parcours olympique.
Immersion avec les agents des routes
Durant les Jeux Olympiques et Paralympiques, les agents des directions interdépartementales des routes (DIR) de notre ministère seront fortement mobilisés. Nous sommes allés à la rencontre des agents de la DIR Île-de-France et de la DIR Nord. Au quotidien, leur mission est l’exploitation, l’entretien et la modernisation du réseau routier. Leur défi pendant les périodes de compétition olympiques et paralympiques est d’assurer une circulation fluide aux usagers du quotidien, aux athlètes, aux délégations officielles et aux spectateurs.
Pour relever ce challenge, les équipes ont été mobilisées bien en amont des Jeux. Elles ont préparé la mise en place de voies olympiques réservées aux athlètes et délégations officielles, et ont travaillé à l’élaboration de scénarios et d’itinéraires alternatifs pour pallier aux différents aléas.
Plongeons en immersion avec les agents des directions interdépartementales des routes d’Île-de-France et du Nord.
Transcription : Immersion avec les agents des routes d'Île-de-France et du Nord
Tatiana Geiselmann, journaliste
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans le sixième épisode de notre podcast Parcours olympique. Vous en avez l'habitude tous les mois, je vais à la rencontre des agents du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires pour comprendre en quoi leur travail participe à la réussite et l'héritage des Jeux de Paris 2024.
Dans ce sixième épisode, nous allons de nouveau nous intéresser à la question des transports, mais en nous penchant plus spécifiquement sur la gestion des routes. Durant les JO, plus de 10 000 athlètes et toutes leurs délégations se déplaceront en Île-de-France pour rejoindre les quinze sites de compétitions olympiques et les onze sites paralympiques. Cela représente un défi de taille pour les agents des DIR, les directions interdépartementales des routes, qui gèrent le trafic sur les autoroutes et les routes nationales.
Pour mieux comprendre le fonctionnement des DIR, je me rends aujourd'hui au nord de Paris, en Seine-Saint-Denis, pour rejoindre Thomas Walliser. Il est le chef de l’arrondissement de gestion et d’exploitation de la route nord à la DIRIF. La DIRIF c'est la direction des routes d’Île-de-France. Elle gère plus de 1200 kilomètres d'autoroutes et elle est découpée en quatre arrondissements de gestion et d'exploitation, quatre AGER, nord, sud, est, ouest.
L’AGER nord couvre la Seine-Saint-Denis et le Val-d'Oise, il est basé un peu en périphérie de Saint-Denis, juste au bord de l'autoroute, et c'est donc là que je retrouve Thomas Walliser.
Thomas Walliser, chef de l’arrondissement de gestion et d’exploitation de la route nord, DIR Île-de-France
Alors nous sommes au centre d'exploitation de la route de Saint-Denis où nous avons l'ensemble des matériels qui sont nécessaires pour nos interventions. Nous avons ici les fourgons d'intervention qui permettent d'intervenir sur un incident ou un événement sur le réseau, que ce soit une panne, un accident, pour sécuriser. Nous avons aussi quelques matériels pour faire de l'entretien ou changer les panneaux qui sont là-bas au fond.
Nous allons aller vers le poste contrôle trafic tunnel d'où sont rapatriés l'ensemble des images permettant de voir les autoroutes en direct et de pouvoir être plus réactif en décelant tout incident qui pourrait se passer sur le réseau.
On va monter à l’étage. Ici, c'est le rez-de-chaussée, c'est la police. Et au premier étage, c'est nos locaux qui gèrent le trafic et les tunnels.
Alors ici nous avons le suivi du trafic. On a un mur d'images de nombreuses caméras réparties sur le réseau qui nous permettent de visualiser en temps réel tout ce qui se passe et pouvoir intervenir rapidement. Alors là, par exemple, nous avons un accident qui, a priori, a eu lieu avec un poids lourd et nos véhicules qui sont en protection derrière pour assurer le dépannage et le nettoyage dans certains cas de l'autoroute suite à ce type d'incident.
Tatiana Geiselmann
Ce centre de gestion tourne 24h/24 et 7j/7 pour gérer le trafic sur les autoroutes au nord de Paris. Quittons la salle de contrôle pour continuer notre entretien avec Thomas Walliser au calme dans une salle attenante et pour parler notamment de l'impact que vont avoir les JO sur la DIRIF.
Thomas Walliser
Nous allons être très impactés pendant les Jeux olympiques parce que, d'une part, un certain nombre de sites sont directement desservis par nos autoroutes, que ce soit la piscine olympique, le stade de France, parce qu'il y a aussi des sujets transports avec tous les athlètes qu'il va falloir acheminer de l'aéroport vers le village et ensuite vers des sites olympiques.
Donc notre réseau sera très emprunté par l'ensemble des délégations olympiques, que ce soit les athlètes, les délégations ou les officiels pour la cérémonie d'ouverture ou de clôture.
Tatiana Geiselmann
Alors pour gérer au mieux ces déplacements exceptionnels, la DIRIF mène depuis plusieurs années de vastes opérations visant à fluidifier le trafic et notamment de gros chantiers.
Thomas Walliser
Il y a d'abord eu de très grands aménagements comme l'aménagement du carrefour Pleyel à Saint-Denis qui est un échangeur autoroutier à proximité du village olympique et du stade de France et de la piscine olympique où il manquait des bretelles pour entrer et sortir sur l'autoroute A86, et le contournement est de Roissy qui ont nécessité des travaux très importants parce qu'il faut fermer les autoroutes pour pouvoir réaliser ces chantiers. Et cette coordination et cette préparation prennent souvent du temps.
Nos agents sont intervenus pour réaliser l'ensemble des fermetures d'autoroutes nécessaires pour réaliser les travaux. Ce sont des chantiers qui étaient dans les cartons depuis longtemps et les Jeux olympiques ont accéléré le financement et la nécessité de réaliser ces équipements. Nous avons aussi certains maîtres d'ouvrage qui ont réalisé des travaux à proximité de nos autoroutes et ayant impacté nos autoroutes.
Par exemple, une passerelle entre le stade de France et la piscine olympique qui a dû passer au-dessus de l'autoroute A1. Nous avons dû fermer pendant quatre jours l'autoroute A1 dans les deux sens à Saint-Denis à l'été 2023, et c'était une opération que nous avions planifié un an et demi avant. Nous avons d'autres passerelles qui ont également été mises en place, une passerelle piétonne au niveau du village des médias au Bourget.
Nous avons également des transports qui ont nécessité des interventions de la DIRIF, avec le métro qui est passé en dessous de l'autoroute à Saint-Denis, où il a fallu aussi gérer ces interfaces.
Donc nous avons été impactés par d'autres infrastructures et sur lesquelles il a fallu travailler avec l'ensemble de ces maîtres d'ouvrage pour qu'ils puissent également assurer leurs opérations.
Tatiana Geiselmann
Des chantiers, le carrefour Pleyel et le contournement est de Roissy notamment, qui ont nécessité près de quatre ans de travaux et la mobilisation de 162 agents. En plus de ces gros œuvres, les agents de la DIRIF veillent aussi depuis quelques mois à la mise en place des voies olympiques dont nous avons déjà parlé dans l'épisode quatre de notre podcast.
Ces voies réservées au passage des athlètes qui leur permettront d'arriver en moins de 30 minutes sur les sites de compétition depuis le village des athlètes et dont certaines concernent le nord de l’Île-de-France.
Thomas Walliser
Ces voies, nous en avons fait une centaine de kilomètres. Ce sont des voies olympiques dynamiques qui impliquent la mise en place de différentes signalisations, des marquages au sol. Il y aura le logo olympique qui sera peint sur les voies et un certain nombre de panneaux de signalisation lumineuse seront mis en place pour bien indiquer ce que ces voies seront réservées à un certain type de véhicules.
Sachant que sur ces voies, nous aurons plusieurs dizaines de bus par minute qui passeront, qui seront identifiables pour les automobilistes pour pouvoir réserver cette voie et assurer la fluidité du trafic.
Au-delà des grands chantiers d'infrastructures, nous faisons également de grosses opérations d'entretien avant les Jeux olympiques, qui ont été programmées depuis trois ans. Nous avons refait la plus grande partie des enrobés de l'autoroute A1 entre l'aéroport et Paris.
Nous refaisons tous les marquages au sol. Nous allons élaguer l'ensemble des talus de l'autoroute A1 préalablement aux Jeux olympiques. Nous avons également prévu d'enlever un maximum de graffitis sur les piles de ponts et les murs le long des autoroutes pour que l'infrastructure soit dans le meilleur état possible au moment des Jeux olympiques. Nous avons renforcé l'entretien courant de l'autoroute.
En parallèle, nous avons également choisi de remettre en état l'ensemble de l'éclairage entre les aéroports et la capitale, que ce soit sur l'A1 entre Roissy et Paris ou sur l'A6 entre Orly et Paris. Ces deux opérations sont en cours pour que l'autoroute soit éclairée au moment des Jeux olympiques.
Tatiana Geiselmann
Et au moment des JO justement, les agents de la DIRIF vont continuer d'être grandement sollicités. Car au-delà des travaux préparatoires que nous venons de voir, ils auront aussi un rôle essentiel à jouer pour la fluidité du trafic. Et un centre opérationnel sera donc mis en place durant les JO avec une astreinte à 100 %.
Thomas Walliser
Nos agents seront fortement mobilisés puisque le réseau continue à fonctionner 24h/24, 7j/7 y compris pour les usagers d’Île-de-France et que le moindre incident sur ce réseau aura un impact sur le trafic, y compris des délégations. Donc ce type d'événement devra être traité beaucoup plus rapidement qu'à l'accoutumée, que ce soit des pannes, que ce soit des accidents graves de la circulation, incendie dans un tunnel, panne d'un bus olympique en plein milieu de l'autoroute.
Il peut aussi y avoir les aléas climatiques en cas de canicule ou en cas d'orage. Donc il y a un certain nombre de scénarios qui ont été mis en place avec des itinéraires de déviation, avec une coordination entre la préfecture de région, les préfectures départementales, le conseil départemental et la préfecture de police qui assure la sécurité sur les autoroutes.Tous ces scénarios sont en cours d'étude actuellement et doivent faire l'objet de tests au mois d'avril et au mois de mai.
Certains types de flux sont détournés de la région parisienne, notamment les flux de poids lourds, qui sont incités à contourner la région, sauf évidemment tout ce qui est livraison liée au fonctionnement du village ou des sites olympiques. Certains éléments pourront éventuellement amener jusqu'à la fermeture de certains axes à certaines heures. Le jour de la cérémonie d'ouverture, pour assurer la sécurité des convois officiels et des athlètes ou pour assurer par exemple le cyclisme sur route ou le marathon qui nécessiteront de fermer des bretelles à la circulation pour des raisons de sécurité.
Donc tout ça est également en cours de préparation avec la préfecture de police qui pourra nous demander ce type de restriction.
Tatiana Geiselmann
Une adaptation au jour le jour en fonction des événements qui pourront survenir au moment des JO et qu'il faut d'ores et déjà anticiper. Mais une fois les JO passés, que restera-t-il de tout ce travail mené par les agents de la DIRIF au cours des quatre dernières années ?
Thomas Walliser
Les infrastructures que nous avons construites comme le contournement est de Roissy ou le carrefour Pleyel sont évidemment des équipements qui resteront et qui seront très bénéfiques pour l'ensemble des riverains, notamment de la ville de Saint-Denis ou pour l'aéroport, pour améliorer la desserte. Donc cet aspect-là est définitif. Pour les voies réservées, il y a une centaine de kilomètres qui resteront réservés après les Jeux olympiques pour pouvoir assurer des voies de covoiturage ou de bus, notamment pour l'autoroute A1 entre Roissy et Paris. D’autres sont provisoires, mises en place uniquement pour les Jeux.
Tatiana Geiselmann
Ces voies réservées provisoires, justement, elles n'ont pas été étudiées qu’en Île-de-France. Durant plusieurs mois, les agents de la DIR Nord ont eux aussi planché sur la mise en place d'une voie olympique à proximité de Lille. En effet, la capitale des Flandres et la seconde métropole, après Paris, à accueillir le plus d'épreuves des JO, 52 au total.
Il s'agit notamment des épreuves de handball et des phases préliminaires du basket-ball qui se tiendront au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d'Ascq. C'est donc là que je vous emmène désormais. Alors pas tout à fait dans le stade, mais juste à côté au sein des locaux de la DIR Nord.
Frédéric Jacques, chef d'arrondissement gestion des routes à la DIR Nord
Bonjour, je m'appelle Frédéric Jacques. Je suis responsable à la DIR Nord de l'arrondissement gestion de la route.
Tatiana Geiselmann
Frédéric Jacques et ses équipes sont en charge du trafic dans le Nord et notamment de la route nationale 227. Une 2x2 voies aux allures d'autoroute sur laquelle une voie olympique réservée a longtemps été envisagée pour acheminer les sportifs du village des athlètes de Villeneuve-d'Ascq au stade Pierre-Mauroy.
Frédéric Jacques
Le principe de la voie réservée que nous avons étudié consiste à réserver la voie de droite, la voie lente, par un ensemble de balisage et de signalisation, à la fois par des peintures d’anneaux olympiques sur la chaussée et puis des panneaux spécialement prévus pour les Jeux olympiques pour que les transports d'athlètes puissent rejoindre le site olympique dans un temps maîtrisé.
Et donc on a prévu dans le projet de voie olympique d'installer très tôt le matin, et ce tous les jours, les balisages et les panneaux. Et puis le soir, une fois que le dernier match est commencé, on les retire et ensuite on les réinstalle le lendemain matin.
Tatiana Geiselmann
Un système très contraignant, d'une part, pour les agents qui auraient dû installer puis désinstaller tous les jours la voie olympique, mais aussi pour les habitants de Villeneuve-d'Ascq voulant se rendre en centre-ville. Après de longs mois d'étude et de concertation, une autre solution a finalement été choisie celle d'escorter par des convois spéciaux les athlètes du village olympique au stade Pierre-Mauroy.Un système qui va malgré tout mobiliser un grand nombre d'agents des routes durant la période des JO.
Frédéric Jacques
Pour répondre à cela, nous avons organisé des équipes d'exploitation dédiées JO. En plus des équipes qui interviennent classiquement sur les accidents, nous aurons des équipes spécialisées qui seront prioritairement mobilisables en cas de bouchons sur le secteur impactant les JO, particulièrement au moment crucial d'avant-match.
Tatiana Geiselmann
Pour ce qui est de l'arrivée des spectateurs, notamment ceux venant de la région parisienne, un autre type de voie réservée est expérimenté depuis près d'un an au sud de Lille, sur l'autoroute A1, sur une portion d'environ dix kilomètres. Une voie de covoiturage un peu spéciale a été mise en place et elle pourrait s'avérer très utile au moment des JO.
Frédéric Jacques
C'est une voie qui se déclenche automatiquement en mode covoiturage lorsque le trafic commence à se charger. En temps normal, quand le trafic est fluide, toute l'autoroute est autorisée pour tout le monde. À partir du moment où on a un flux de circulation qui descend à 70 kilomètres heure, qu’on a une embolisation, des bouchons importants, on a un système ici automatique qui permet d'activer la voie de covoiturage ce qui permet de gagner plusieurs minutes sur un trajet pour les covoiturages, c'est-à-dire pour les véhicules qui sont occupés par au moins deux personnes.
Et donc le fait que les Jeux olympiques viennent impacter le trafic sur l'agglomération lillois, va mettre fortement à l'épreuve cette voie de covoiturage et donc nous donner un certain nombre de données complémentaires sur l'influence positive de cette voie de covoiturage, sur les trafics, sur les évolutions des habitudes et, espérons-le, sur l'augmentation du taux de covoitureurs qui rejoignent l'agglomération lilloise.
Tatiana Geiselmann
La tenue des JO permettra donc de mieux évaluer si cette voie de covoiturage expérimentale porte ses fruits et elle pourrait à terme être pérennisée.
Merci beaucoup à Thomas Walliser et à Frédéric Jacques d'avoir pris le temps de nous expliquer en détail le fonctionnement des DIR et la complexité des travaux menés depuis plusieurs années par les agents sur les routes et autoroutes nationales pour permettre la mise en place des voies olympiques réservées.
Dans le prochain épisode de notre podcast, nous troquons les voitures contre les bateaux, car c'est au bord de la Seine que je vous emmène. Livraison de matériaux de chantier, transport de fret et de passagers, verdissement des quais, le fleuve emblématique de la capitale a et va jouer un rôle majeur dans l'organisation des Jeux de Paris 2024.
Je vous en dis plus dans un mois dans le prochain épisode du podcast Parcours olympique.
Immersion avec les agents en charge de la protection de la biodiversité
Dans ce nouvel épisode, nous avons rencontré deux agentes de la direction régionale et interdépartementale de l'environnement, de l'aménagement et des transports : Lucile Rambaud, cheffe du service nature et paysage, et Florence Mottes, inspectrice des sites classés.
En amont des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, elles ont eu pour mission d'évaluer et de veiller à ce que l'impact des aménagements des sites de compétition sur les espèces protégées et les espaces classés soit limité. Du stade nautique de Vaires-sur-Marne, où auront lieu les épreuves d'aviron, de canoë-kayak, de para aviron et para canoë-kayak, au Champs-de-Mars qui accueillera les épreuves de beach-volley, elles nous expliquent tout le travail mis en œuvre par les différents acteurs mobilisés.
Plongeons en immersion dans le quotidien des agents en charge de la protection de la biodiversité.
Transcription : Immersion avec les agents en charge de la protection de la biodiversité
Tatiana Geiselmann, journaliste
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans le cinquième épisode de notre podcast Parcours olympique. Vous le savez, tous les mois je vais à la rencontre des agents du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires pour comprendre en quoi leur travail participe à la réussite et l'héritage des Jeux de Paris 2024. Dans ce cinquième épisode, nous allons nous intéresser à la question de la biodiversité.
Pour les constructions liées aux Jeux olympiques, certaines précautions ont dû être prises pour s'assurer que les travaux n'allaient pas menacer les espèces rares ou altérer des sites classés. Un travail de concertation et d'analyse sur le terrain qui a fortement mobilisé les équipes du ministère.
Je me trouve une nouvelle fois dans le métro parisien et plus précisément dans le RER.
Je m'apprête à faire une petite heure de trajet, confortablement installée dans une toute nouvelle rame du RER E pour aller jusqu'à son terminus Chelles-Gournay, c’est en Seine-et-Marne, et c’est là que m'a donné rendez-vous Lucile Rambaud. Elle est en charge du service nature et paysage à la DRIEAT, la direction régionale et interdépartementale de l'environnement, de l'aménagement et des transports d’Île-de-France.
Enfin, ce n'est pas vraiment à la gare du RER que je la retrouve, mais à une bonne demi-heure de marche de là, dans un endroit très calme et paisible, assez sauvage même. À ma gauche, il y a quelques maisons de ville avec leur petit jardin et, à ma droite, il y a la Marne qui coule le long d'un grand parc. On a vraiment l'impression d'être à la campagne.
Il y a quelques joggeurs qui me dépassent, quelques pêcheurs aussi que je dépasse. Et puis, assise sur un banc, Lucile Rambaud qui m'attend face à une large étendue d'eau.
Lucile Rambaud, cheffe du service nature et paysage à la DRIEAT
Nous sommes à Vaires-sur-Marne dans la base de loisirs du conseil régional. On appelle ça une île de loisirs. C'est un très, très grand bassin. C'est une ancienne gravière qui fait plus de deux kilomètres de long et qui sert de base d'entraînement pour l'aviron, le kayak, et qui servira pour les épreuves olympiques et paralympiques de cette année.
Tatiana Geiselmann
C'est donc un grand lac où pataugent une foultitude d'oiseaux, quelques canards, des cygnes et puis certains oiseaux que l'on entend mais qu'on ne voit pas, car ils sont cachés dans les roseaux face à nous. Et c'est justement pour me parler de ces roseaux que Lucile Rambaud m'a donné rendez-vous ici.
Lucile Rambaud
Cette base de loisirs, c'est une ancienne gravière. Et quand ça a été retenu pour les JO, c'était le seul bassin en Île-de-France qui était suffisamment long pour accueillir l'épreuve des Jeux olympiques. Ils se sont aperçus qu’il y avait des roselières qui avaient poussé tout le long du chemin des entraîneurs, des blongios nains s'y étaient installés. C’est le plus petit héron européen. Le problème, c'est que le chemin des entraîneurs, le but, c'est qu'il y ait tout un chemin tout du long qui permet aux entraîneurs de voir comment ceux qui pagayent ou font de l’aviron mettent la rame dans l'eau et qui les coachent au fur et à mesure. Et avec les roselières, ça bouche la vue, donc ça n'aide pas à l'entraînement.
Le choix a été fait de complètement enlever la roselière. Mais si on fait ça, on perturbe le blongios nain. On remet en question sa nidification, sa reproduction et, au titre de la législation espèces protégées, il faut qu'on compense tout ça. Il faut donc recréer des roselières pour qu'ils puissent trouver d'autres endroits pour s'implanter.
Donc on a fait une translocation quand on a enlevé les roselières qui étaient rive nord. Il y a eu des travaux pour récupérer les rhizomes et les réimplanter de l'autre côté, rive sud.
On espère que ça va reprendre, que ça va renforcer et faire vraiment une zone très favorable pour le blongios. Et puis, il y a aussi le bruant des roseaux qui est un petit oiseau et le phragmite aquatique qui est aussi un petit oiseau qui s'installe dans ces roselières.
Tatiana Geiselmann
Cet exemple du blongios nain il est assez caractéristique du travail de Lucile Rambaud et des agents du service nature et paysages de la DRIEAT. À chaque nouveau chantier entrepris, c’est eux qui veillent à ce que les travaux se fassent dans le respect du code de l'environnement, avec une attention particulière portée aux espèces protégées.
Lucile Rambaud
Quand on fait un aménagement, des travaux ou même pour une manifestation temporaire, l'idée, c'est qu'il faut prendre en compte les enjeux environnementaux. Il y a tout le dispositif d'étude d'impact pour prendre en compte l'ensemble des enjeux, dont la biodiversité. Et dans la biodiversité, on a un tas d'outils. On a des espaces qui sont identifiés pour leur biodiversité importante.
On a les outils pour la biodiversité ordinaire, comme la trame verte et bleue, les corridors entre les espaces pour les espèces. Et on a aussi la réglementation espèces protégées. Les espèces protégées sont des espèces menacées ou à fort enjeu écologique qu'on a décidé de protéger. Ça date de la loi de 1976. Et puis cela a été entériné après par la directive habitat faune flore et la directive oiseaux qui met en place une protection d'un certain nombre d'espèces sur l'ensemble du territoire.
Et même si on ne sait pas toujours à quoi sert chaque espèce dans les interrelations des écosystèmes, chacun joue son rôle. Et s'il y a des destructions ou des déclins de certaines espèces, ça peut remettre en cause les équilibres et ça pose des difficultés. Ces espèces protégées, elles peuvent être présentes partout. Et la législation, c'est qu'on n'a pas le droit d'y porter atteinte, de les perturber, de les déplacer, de mettre en péril leur reproduction, etc.
Sauf quand on peut mettre en avant un intérêt public majeur, ce qui était le cas pour les JO, l’impossibilité de faire autrement et puis le fait de mettre en place des mesures compensatoires pour que, in fine, on ne remette pas en question la pérennité de l'espèce et le bon accomplissement de son cycle biologique.
Tatiana Geiselmann
C'était donc le cas pour le site de Vaires-sur-Marne où nous nous trouvons et de son blongios nain. Mais comment cela se passe-t-il concrètement ?
Lucile Rambaud
Le principe c'est qu'on demande d'abord un diagnostic faune flore. L'idée c'est d'avoir une vision claire des enjeux pour pouvoir les éviter au maximum ou les réduire. Généralement c'est avec des mesures d'adaptation, de calendrier, le moment où on fait des travaux pour ne pas perturber, avoir des clôtures transparentes pour la petite faune… enfin tout un tas de petites choses qui permettent d'améliorer le système.
Et puis si vraiment on n'arrive pas à réduire suffisamment l'impact sur les espèces protégées et qu'on considère que l'impact résiduel reste significatif, on rentre en procédure de dérogation à l'interdiction d'atteinte aux espèces protégées et on demande la mise en place de mesures compensatoires qui permettent de rétablir l'équilibre et de globalement être en situation de no net clause, comme on dit au niveau communautaire, faute d'avoir un gain de biodiversité, au moins pas de perte de biodiversité.
Le projet en question, il est soumis à l'avis scientifique soit du conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN) à l'échelle régionale pour certaines espèces ou au Conseil national de la protection de la nature (CNPN) qui, à l'échelle nationale, pour certaines autres espèces dites d'intérêt national, dont fait partie le blongios nain.
Après avis du CSRPN ou du CNPN et réponse du porteur de projet, on prend un arrêté préfectoral ou ministériel. Pour le blongios, en l’occurrence, on impose un suivi dans le temps et une gestion au moins pendant 30 ans des mesures compensatoires. Et puis une adaptation au fur et à mesure afin de vérifier que les mesures mises en œuvre fonctionnent puis corriger le tir si jamais ça ne marche pas.
Tatiana Geiselmann
Ce suivi très pointilleux, ces études d'impact avec validation des scientifiques et mise en place de mesures compensatoires, il n'a pas concerné que la base de loisirs de Vaires-sur-Marne. D'autres sites franciliens où se dérouleront certaines épreuves des JO ont aussi fait l'objet d'une attention particulière de la part de la DRIEAT.
Lucile Rambaud
Les Jeux olympiques c'est vraiment une très très grosse machine et il y a eu effectivement beaucoup de travaux, que ce soit des ZAC pour accueillir des athlètes. Donc il y a eu la ZAC du village olympique où l'enjeu était surtout la démolition des bâtiments puisque c'était un milieu industriel. Il y a eu deux sujets. Il y a eu le diagnostic pour que les démolitions se fassent à un moment pertinent au regard des chauves-souris qui auraient pu soit hiberner, soit avoir des sites de reproduction dans des vieux bâtiments. Du coup, ça fait une fenêtre de démolition qui est assez courte parce que c'est septembre/octobre.
Soit on a vérifié, on a vu qu'il n'y avait rien et on peut faire comme on veut. Soit on ne sait pas, et à ce moment-là, les mesures de précaution, c'est septembre/octobre.
Et puis, dans la phase de conception des bâtiments, il y avait effectivement l'exercice de gérer les lumières et les hauteurs des bâtiments en bordure de Seine pour que le corridor le long de la Seine reste fonctionnel pour les chauves-souris.
On a eu aussi les travaux qu’ont conduit la DIRIF, la direction des routes d’Île-de-France. Ils ont refait complètement l'aménagement du carrefour Pleyel et ils ont fait un diagnostic pour vérifier qu'il n'y avait pas de chauves-souris qui s'étaient cachées sous les ouvrages d'art auxquels il aurait fallu faire attention pour les démolitions.
En démolition on a encore eu le moulin de Saint-Cyr, qui était un vieux bâtiment au bout du parc du château de Versailles et qui accueillait au moins une trentaine de nids d'hirondelles rustiques et des nids de moineaux.
L'exercice a été de calfeutrer le bâtiment parce qu'on ne pouvait pas le démolir pendant l'hiver, pendant que les hirondelles étaient parties en Afrique. Donc le calfeutrer, effaroucher pour que les hirondelles n'aillent pas s'y installer. Et en parallèle, réinstaller des nids artificiels dans une dizaine d'autres espaces à proximité, dans des granges, pour que les hirondelles aillent s'y installer.
Et puis le gros projet aussi, c'était la colline d'Élancourt qui accueillera les épreuves de VTT. Il y a un gros travail de tracer des pistes sur la colline, de terrasser l'espace aussi pour faire une zone pour les spectateurs.
Ils ont conduit un diagnostic faune flore pour identifier les différents types de boisements, les différents types d'espaces et où étaient les espèces intéressantes. Et effectivement, il y avait des boisements plus matures où il y avait justement des chauves-souris et des pics. Il y avait des espèces protégées, des jonquilles des bois, des sisons amomes, de l'orobranche pourpre et l'exercice a été justement de faire passer les pistes aux endroits à moindre enjeu.
Tatiana Geiselmann
Voilà pour les principaux dossiers sur lesquels les agents ont dû se pencher en vue de la préparation des Jeux olympiques, mais ce n'est pas terminé.
Lucile Rambaud
Maintenant on a les questions des fan zones qui commencent à arriver, où on s'interroge parce qu'on a deux exemples de fan zones, une sur l'île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines, donc à proximité de la réserve site Natura 2000, et puis une deuxième dans le parc Georges Valbon, qui est un site Natura 2000. C’est des espaces où il y a régulièrement des manifestations, où il y a du monde, mais il y a toujours l'interrogation avec les JO : qu'est-ce que ça va être en plus par rapport à ce qu’il y a d'habitude ? Est-ce qu’il y a des feux d'artifice ?
Là l’outil ça va plutôt être une évaluation des incidences au regard des sites Natura 2000.
L'idée c'est de faire attention aux espèces qui ont justifié la désignation des sites et de prendre un certain nombre de précautions pour éviter des impacts significatifs, notamment à cette époque-ci de l'année puisque ce sera la fin de la reproduction des oiseaux. C'est plutôt sur ce point-là qu'on fait attention.
Tatiana Geiselmann
Les oiseaux et les espèces protégées sont un grand pan du travail de préservation de la nature et de la biodiversité. Mais ce ne sont pas les seuls. Vous avez entendu Lucile Rambaud nous parler tout à l'heure de diagnostic faune flore. Les arbres sont aussi très importants. Et en France, il existe depuis 1906 une loi qui protège les sites et les monuments naturels, les sites classés.
Pour nous en parler, j'ai maintenant rendez-vous avec Florence Mottes. Elle est adjointe à la cheffe du département sites et paysages à la DRIEAT et inspectrice des sites sur Paris. Je reprends donc le RER E direction la capitale et je la retrouve sur un site parisien emblématique que tout le monde connaît.
Florence Mottes, inspectrice des sites classés de Paris, DRIEAT
On se situe sur le Champ-de-Mars, qui est le plus grand parc de Paris, qui fait à peu près 24 hectares, qui est protégé au titre des sites classés pour ses qualités paysagères et notamment pour des raisons historiques et pour son caractère pittoresque.
Tatiana Geiselmann
Le parc au pied de la tour Eiffel, dans lequel se dérouleront notamment les épreuves de volleyball de plage et de cécifoot. Pour ça, une arène temporaire y sera dressée. Et puis, juste derrière nous, dans le Grand Palais éphémère, se tiendront aussi les épreuves de judo, de lutte et de rugby fauteuil.
Florence Mottes
Les épreuves JO c’est un gros événement qui nécessite des installations temporaires, des énormes tribunes avec des stades, des mètres et des mètres de tentes qui vont servir pour l'accueil des athlètes, leur entraînement, et toute la question de logistique autour de cet événement-là. Et le Champ-de-Mars, finalement, c'est un grand site parisien qui de tout temps a accueilli des événements temporaires, notamment les grandes expositions universelles.
Donc, presque, il est dans son rôle aujourd'hui malgré le fait qu'à l'époque ça a modifié totalement le paysage et on le transformait. Aujourd'hui l'idée c'est de pas impacter le site classé et de le préserver dans toutes ses composantes.
Donc on a vu deux grands principes, c’est d’essayer de faire en sorte que les installations temporaires s'intègrent au mieux à la composition paysagère et à la composition historique du site, dans le respect des perspectives, dans la symétrie, mais également aussi tout ce qui est impact sur l'état lui-même du site, c'est-à-dire autant les sols que les arbres.
Et donc tout le travail a consisté à mettre à distance des arbres, mais également de certains sols l'ensemble des flux logistiques, l'ensemble des flux piétons très intensifs pour éviter ce tassement intensif.
Tatiana Geiselmann
Mais quel rôle la DRIEAT a-t-elle ou va-t-elle jouer dans l'organisation de ces travaux et de ces installations temporaires ?
Florence Mottes
Le rôle de la DRIEAT est multiple. Au titre du site classé, on co-instruit avec les architectes des Bâtiments de France qui sont aussi des services de l'État, mais côté ministère de la Culture. Donc ça fait deux ans qu'on accompagne Paris JO 2024 sur ce sujet-là. C'est des réunions, des visites de sites, des repérages pied par pied des arbres. C'est comment on protège le tronc. Alors, des fois, c'est juste des protections simples, vraiment resserrées au niveau du tronc. Des fois, on des mises en défens, c’est une barrière qui est à deux mètres du tronc. Et par ailleurs, on a des protections spécifiques, notamment sur les racines qui sont hors sol et qui sont bien plus larges que les deux mètres classiques ou même sur des branches charpentières, dire que là ils ne peuvent pas installer des tentes de telle hauteur à partir de telle distance du tronc de l'arbre.
Et dans la zone d'attente qui débouche sur la pelouse où on a les cabanes, là on va demander qu’il y ait une protection des sols avec des plaques de répartition et ces plaques de répartition vont permettre de faire en sorte que le public puisse attendre, stationner sans impacter les sols parce que c'est des milliers de personnes qui vont passer au même endroit. Et donc tout ça durant les différentes phases de chantier, montage, exploitation et pendant les phases de démontage.
Tatiana Geiselmann
Et le Champ-de-Mars n'est qu'un des multiples exemples de sites classés sur lesquels des dispositions particulières ont été prises pour veiller au respect du paysage, que ce soit l'état des sols ou des arbres.
Florence Mottes
On a à peu près six sites classés impactés sur les 25 que compte Paris. Donc on a les Invalides, les jardins du palais de Chaillot. On a également le cours la Reine et le jardin des Champs-Élysées, le cours Albert Iᵉʳ, le bois de Boulogne. Énormément de sites pour lesquels on fait le même travail, donc c'est à peu près 60 réunions par an pour les sites classés.
C'était quand même assez intensif. On va dire que l'instruction se termine là, en mars à peu près, et on n'a pas fini de travailler. On va amorcer la phase des suivis de chantier. Dès mars, on va commencer à faire site par site les visites pour voir les ajustements qui ont été opérés depuis le travail d'instruction parce qu'il y a forcément des évolutions. On est sur de l'événementiel, donc ce n'est pas du tout pareil qu'un projet pérenne.
Et ensuite, après le chantier, après les JO, il y a la remise en état et c'est également des visites de sites et des réunions pour vérifier que les arbres n'ont pas eu d'impact, que l'ensemble du mobilier démonté soit remonté, que l'ensemble des pelouses soient remises en état et décompactées.
Et dans la phase de remise en état, on sera associés également avec Paris JO 2024, la ville de Paris et les architectes des Bâtiments de France.
Tatiana Geiselmann
Car, vous l'aurez compris, tout le travail de préservation de la biodiversité et de respect des sites classés résulte d'une coordination entre de multiples services. Entre la DRIEAT donc, mais aussi les préfectures, les unités départementales de l'architecture et du patrimoine, la Drac ainsi que la DHUP, la direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages, qui fait partie du ministère de la Transition écologique.
Côté biodiversité, les agents de la DEB, la direction de l'eau et de la biodiversité, sont et seront aussi, après les JO, particulièrement attentifs à la préservation des habitats naturels et notamment des arbres, à la pollution lumineuse, au renforcement des trames écologiques ou encore à la gestion des plantes invasives. La DEB mènera notamment une évaluation du respect des engagements pris par les acteurs des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 en matière de biodiversité.
Merci beaucoup à Lucile Rambaud et Florence Mottes de nous avoir emmenés sur les sites franciliens qui accueilleront certaines épreuves des Jeux olympiques et paralympiques et sur lesquels la préservation de la biodiversité, celle des espèces protégées et des arbres a été particulièrement scrutée.
Dans le prochain épisode de notre podcast, nous allons de nouveau nous pencher sur la question des transports mais nous allons cette fois aller directement à la rencontre des agents de la direction des routes, ceux qui travaillent au quotidien à rendre la circulation plus fluide et plus sécurisée et qui ont redoublé d'ingéniosité pour que routes et voies réservées soient prêtes pour les JO.
Je vous donne donc rendez-vous dans un mois pour le prochain épisode du podcast Parcours olympique.
Immersion dans la gestion des transports et des mobilités
Durant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, le défi sera d’assurer en simultané le transport des spectateurs, des visiteurs, des voyageurs du quotidien et des flux de marchandises.
Dans ce nouvel épisode du podcast Parcours olympique, nous avons rencontré les équipes de la direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités. Florent Bardon, coordonnateur national des mobilités pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, Sophie Le Pourhiet, cheffe de projet de la préparation du volet transport, et Odile Roussillot Besnard directrice adjointe du travel demand management, reviennent avec nous sur le défi que représentent ces Jeux.
Transcription : Immersion dans la gestion des transports et des mobilités
Tatiana Geiselmann, journaliste
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans le quatrième épisode de notre podcast parcours olympique. Vous en avez désormais l'habitude, tous les mois, je vais à la rencontre des agents du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires pour comprendre en quoi leur travail participe à la réussite et l'héritage des Jeux de Paris 2024.
Dans ce quatrième épisode, nous allons nous intéresser à la vaste question des transports. Au cours de l'été qui arrive, ce sont près de 10 millions de spectateurs et plus de 10 000 athlètes qui vont se déplacer en Île-de-France pour rejoindre les 25 sites de compétitions des Jeux olympiques et les 17 sites de compétition des Jeux paralympiques. Un défi de taille donc pour assurer à tous, y compris aux Franciliens, une qualité de déplacement optimale.
Immersion dans la gestion des mobilités et des transports.
Si vous habitez en Île-de-France ou même si vous êtes déjà venu à Paris, vous avez probablement reconnu ce bip caractéristique du métro parisien.
Et oui, je m'apprête à m'engouffrer dans le métro pour retrouver Florent Bardon. C'est lui le coordonnateur national des mobilités pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 au ministère des Transports. Je le rejoins à la direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités, la DGITM.
Florent Bardon, coordonnateur national des mobilités pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024
L'organisation transport de ces Jeux, c'est un énorme défi logistique. C'est un énorme défi d'organisation de la chaîne de transports d'une manière générale, à la fois pour déplacer les visiteurs et les spectateurs des Jeux et les voyageurs du quotidien qui vont continuer à vivre leur vie. C'est un enjeu très important de réussir à concilier ces deux usages. Et puis, les déplacements des marchandises qui vont à la fois alimenter l'ensemble des sites de compétition, mais évidemment aussi alimenter la vie de la cité tout simplement. Tous ces aspects sont à penser, à anticiper en amont.
Tatiana Geiselmann
Et oui, car comme je vous le disais en introduction durant les Jeux de Paris 2024, ce sont des millions de touristes qui sont attendus dans la capitale, ainsi que des milliers d'athlètes qui vont se déplacer à la fois sur les sites de compétition, mais aussi en dehors des sites.
Sophie Le Pourhiet, cheffe de projet de la préparation du volet transports des Jeux olympiques et paralympiques
On peut se dire que si personne ne parle des transports pendant les Jeux, on aura réussi le challenge.
Tatiana Geiselmann
Sophie Le Pourhiet, cheffe de projet de la préparation du volet transports des Jeux olympiques et paralympiques.
Sophie Le Pourhiet
À la DGITM, on a coutume de dire que les Jeux olympiques, c'est l'équivalent d'une quarantaine de coupes du monde en simultané. On a 10 000 000 de billets à la vente. On aura 500 000 spectateurs qui seront dans les transports collectifs ou sur leur vélo tous les jours. Et 200 000 accrédités également, qui rejoindront les différents sites de compétition sur l'ensemble de la France et une forte concentration en Île-de-France.
Tatiana Geiselmann
Ça, c'est donc pour la période du 26 juillet au 11 août. Mais quid de septembre ?
Florent Bardon
Nous on travaille à la fois sur la période des Jeux olympiques, mais on n'oublie pas la période des Jeux paralympiques qui sera moins intense en termes de nombre de visiteurs attendus. C'est 3 millions de billets à peu près en vente, mais qui a la particularité de se dérouler en partie pendant la période de rentrée scolaire, puisque la première semaine de la rentrée scolaire correspondra à la deuxième semaine des Jeux paralympiques.
Tatiana Geiselmann
Regardons maintenant un peu plus en détail comment va se passer cette organisation des transports. La première étape, évidemment, c'est l'arrivée des spectateurs et des athlètes sur le sol français. Et comme ils viennent du monde entier, ils vont probablement venir en avion.
Florent Bardon
Un spectateur qui vient de l'étranger a de fortes chances d'arriver par l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. En particulier, Aéroports de Paris s'organise pour accueillir ces différents types de publics. Ça veut dire d'abord renforcer ses capacités d'accueil dans les différents terminaux. Ça veut dire renforcer ses capacités de traitement des bagages. Ça veut dire aussi renforcer les effectifs et les modalités de passage des frontières.
Donc, il y a toute cette chaîne qui est interne à l'aéroport, qui se prépare à une arrivée massive de spectateurs et de délégations venues de l'étranger pour les Jeux olympiques et paralympiques. Peut-être un petit mot sur l'organisation spécifique pour l'accueil des athlètes et des délégations sportives, puisque la plupart des sportifs vont arriver avec leur équipement dans leurs sacs et leurs valises.
Ça ne pose pas de problème, mais il y a certaines disciplines qui viennent avec des équipements très particuliers. On peut penser aux perchistes qui viennent avec leur perche. Évidemment, c'est un bagage hors format. On peut penser aux chevaux aussi qui vont venir pour les compétitions équestres. On peut penser aux armes pour le tir sportif à Châteauroux. Donc il y a aussi des organisations spécifiques qui sont mises en place.
Et enfin, vu le nombre d'athlètes, on est sur 10 000 athlètes environ qui seront présents pendant les Jeux olympiques, il faut prévoir leur départ et en particulier l'enregistrement de leurs bagages au départ, puisqu'ils vont partir à peu près tous en même temps. Et il y a une organisation spécifique qui est mise en œuvre pour enregistrer au village des athlètes, donc pas directement à l'aéroport, mais de manière délocalisée, les bagages des athlètes quelques jours avant leur départ du village qui sera à Saint-Denis.
Tatiana Geiselmann
Une fois les athlètes arrivés en France et plus particulièrement en Île-de-France. Il faut ensuite organiser leurs déplacements dans le Grand Paris et plus particulièrement leur déplacement du village des athlètes aux différents sites de compétition. On a les athlètes, mais pas qu'eux, car au total, ce sont 200 000 accrédités qui vont circuler en Île-de-France pour les JO.
Sophie Le Pourhiet
Les athlètes, c'est une toute petite part finalement de ce qu'on pourrait appeler la population des accrédités. On a environ 15 000 athlètes, dont 10 500 pour les Jeux olympiques et puis 4 500 pour les Jeux paralympiques. C'est une toute petite part des 200 000 accrédités. Mais dans la pyramide des priorités de Paris 2024, c'est évidemment ceux qui sont tout en haut puisque si on n'a pas d'athlètes, on ne fait pas de compétitions.
Mais dans cette population d'accrédités, vous avez aussi tout les staffs qui les accompagnent. Tous les membres des fédérations nationales et internationales, les membres du CIO ou de l'IPC qui est l'équivalent du CIO, pour les Jeux paralympiques et également les médias. On a quand même 25 000 journalistes accrédités pour les Jeux olympiques et paralympiques. Et vous avez également ce qu'on appelle la workforce, c’est tout ceux qui œuvrent sur les sites de compétition pour qu'ils soient opérationnels.
Il y a les bénévoles, les médias, le staff, etc. qui vont bénéficier d'un service de transport qui est mis en place par Paris 2024. Ce service de transport, c'est l'équivalent du réseau de transport de la ville de Lyon pour que vous ayez une petite idée du nombre de bus et de cars qui vont composer ces lignes.
Et dans les principes directeurs pour le transport des accrédités, spécifiquement des athlètes en l'occurrence, c'est qu'ils soient au maximum à 30 minutes de trajet de n'importe quel site olympique qui se situe dans un rayon de 10 kilomètres autour du village des athlètes. Et donc, pour pouvoir garantir des temps de transport à la fois courts, fiables et sécurisés, on s'était engagés aussi, dans le cadre du dossier de candidature, à réaliser ce qu'on appelle un réseau de voies olympiques et paralympiques. C’est 185 kilomètres de voies réservées en Île-de-France.
Concrètement, c'est des files, très souvent la voie la plus à gauche sur certaines autoroutes et le boulevard périphérique, qui sont réservées à certains types de véhicules, en l'occurrence aux véhicules des personnes accréditées par Paris 2024, mais également aux véhicules de secours et de sécurité. Et on a aussi ajouté le fait de pouvoir intégrer également dans les usagers possibles de ces voies réservées les transports en commun, les taxis et les transports à destination des personnes à mobilité réduite.
Tatiana Geiselmann
Les sportifs, les arbitres, le staff et la presse sont donc désormais arrivés à bon port sur les différents sites de compétition. Il manque évidemment désormais les spectateurs. Vous le savez, l'objectif des Jeux de Paris 2024 est de réduire autant que possible l'impact des Jeux. C'est pourquoi tout un système de mobilité décarbonée a été pensé.
Florent Bardon
Le transport des spectateurs est organisé de manière très simple sur le papier en tout cas, puisque la promesse des Jeux de Paris 2024, c'est de faire en sorte que l'ensemble des sites de compétition soient accessibles en transports en commun. Et en particulier pour l'Île-de-France, on est allés un peu plus loin. Non seulement ils sont accessibles en transport en commun, mais l'ambition, c'est que l'ensemble des spectateurs puisse arriver sur le site de compétition en transports en commun ou avec les modes actifs, donc à vélo ou à pied.
C'est-à-dire que, dit autrement, personne ne vienne sur les sites de compétition en voiture. Donc ça nécessite évidemment une préparation très précise, un renfort des plans de transport par rapport à ce qui est pratiqué habituellement à la même période. Pour ce faire, on s'appuie sur deux choses. D'abord, de nouvelles infrastructures de transport qui vont être livrées avant les Jeux qui n'étaient pas spécifiquement prévus pour les Jeux, mais dont la réalisation a pu être un peu accélérée pour être sûr de les avoir pour les Jeux. Je pense notamment au prolongement de la ligne 14 au nord, jusqu'à Saint-Denis Pleyel, au sud jusqu'à l'aéroport d'Orly.
Je pense au prolongement du RER E à l'ouest jusqu'à Nanterre-La folie qui sera progressivement mis en service à partir du printemps et jusqu'à la fin de l'année, avec un service spécifique pour les Jeux. On peut penser au réaménagement de la gare du Nord, dont la première phase sera aussi livrée avant les Jeux, au prolongement du tramway T3 jusqu'à la porte Dauphine, le réaménagement de la porte Maillot, etc.
Donc ça, ce sont les infrastructures qui resteront bien sûr après les Jeux. Et d'une manière générale, sur le réseau existant, c'est un renfort d'offre de 15 % qui a été décidé par Île-de-France Mobilités pour faire face à l'afflux de spectateurs et en même temps assurer le transport des voyageurs du quotidien.
15 % en moyenne, c'est en fait des situations qui sont très diverses entre les différentes lignes de transport puisque sur les lignes les plus sollicitées, on pourra avoir jusqu'à plus de 50 % d'offres en plus. Par exemple sur la ligne 9, qui va être une ligne très sollicitée pour desservir à la fois le centre de Paris et la zone du Parc des Princes et de Roland-Garros. La ligne va être utilisée évidemment au maximum de ses capacités pour pouvoir transporter tout le monde.
Tatiana Geiselmann
En plus du réseau de transports en commun, Florent le mentionnait tout à l'heure, les spectateurs auront aussi la possibilité de venir à vélo. Là aussi, plusieurs actions ont été mises en place pour favoriser ce mode de transport doux comme nous l'explique Sophie Le Pourhiet.
Sophie Le Pourhiet
Pour pouvoir en faire les premiers Jeux cyclables de l'histoire, on a dessiné ce qu'on appelle un réseau cyclable olympique qui relie l'intégralité des sites de compétitions franciliens.
Et donc ce réseau est un réseau de 415 kilomètres en continu et qui s'appuie sur une partie du réseau qui était déjà réalisée, une partie qui était en projet pour 2024 et dont la réalisation, une fois de plus, a été accélérée pour l'horizon des Jeux. Donc on a 120 kilomètres de pistes cyclables qui auront été créées à l'horizon 2024, il en reste très peu à terminer et qui vont aussi être complétées par une partie de pistes aménagées de façon provisoire et dont on espère qu'elles seront également pérennisées à l'issue des Jeux si leur usage le justifie.
À cela, il faut ajouter, une fois qu'on a utilisé son vélo, il faut pouvoir le stationner. Donc, on va mettre en place plus de 20 000 places de stationnement vélos répartis aux abords des sites : 10 000 à Paris et 10 000 pour les sites hors Paris, toujours en Île-de-France. Une partie de ce stationnement vélos pourra être réutilisé par les collectivités en héritage pour tout type d'événement.
Donc, une fois qu'on a un réseau de pistes cyclables, des stationnements vélos, ben il faut avoir un vélo. Bien évidemment, l'offre Vélib qui existe a été augmentée de façon quand même assez significative pour l'horizon des Jeux olympiques. Il y a également ce qu'on appelle des free flotteurs. Donc c'est les vélos en libre-service qu'on peut mettre ensuite dans des espaces spécifiques dont l'offre sera aussi augmentée de façon assez significative à l'horizon des Jeux.
Et on sollicite également les hôtels et les loueurs de vélos pour qu’ils se mettent en relation et pour qu'ils puissent mettre à la disposition de leurs clients une flotte de vélos pour qu'ils puissent rejoindre les sites olympiques.
Tatiana Geiselmann
Des bus, des trams, des métros, des vélos, la vaste majorité des spectateurs a pu se rendre sur les sites olympiques grâce à la combinaison de tous ces modes de transports décarbonés. Reste une catégorie de spectateurs, les personnes en fauteuil roulant.
Sophie Le Pourhiet
Chacun des sites de compétition a une jauge de spectateurs et Paris 2024 a réservé 1 % de la jauge pour les personnes en fauteuil roulant. Donc ça nous amène à un besoin qui est relativement conséquent puisqu'on a chiffré à 4 500 personnes en fauteuil à acheminer sur les sites, en l'occurrence franciliens, par jour.
Alors, chacun de ces sites sera accessible par les lignes de transports collectifs existants aujourd'hui. Par exemple, si je prends le Stade de France, une personne en fauteuil roulant peut s'y rendre par le RER B qui est accessible aux personnes en fauteuil roulant. En revanche, la jauge est tellement conséquente à acheminer vers les sites de compétitions que ça bouchonne.
Concrètement, ça bouchonne aussi dans les ascenseurs des gares. Donc, en fait, les transports en commun, ce n'est pas forcément la meilleure solution pendant les Jeux olympiques pour les personnes en fauteuil roulant. Et donc pour pouvoir assurer l'acheminement des personnes en fauteuil vers les sites, on a développé d'autres solutions. Île-de-France Mobilités va mettre en place un service de navettes.
Il y aura 200 navettes qui seront mises à la disposition des personnes en fauteuil roulant sur réservation et qui partiront de cinq grandes gares parisiennes et qui desserviront l'intégralité des sites de compétition. En Île-de-France, on a évalué avec Île-de-France Mobilités que ça permet de couvrir environ 40 % du besoin. Donc, pour compléter l'éventail des solutions, on a souhaité développer l'offre taxis et on s'est rendus compte que l'offre de taxis accessibles dans la flotte des taxis parisiens était extrêmement réduite puisqu'on en avait entre 200 et 300 sur les 18 000 taxis parisiens.
Et on a souhaité atteindre l'objectif d'avoir 1 000 taxis accessibles pour les Jeux olympiques et paralympiques. Donc, pour pouvoir atteindre ces chiffres-là, on a mis en place une aide d'État qui incite les chauffeurs de taxi à changer leur véhicule pour acheter un véhicule accessible, à la fois un véhicule accessible et un véhicule vert, puisque cette aide d'État, elle ne vaut que pour soit des véhicules à émission zéro, soit avec un taux d'émission qui est plafonné mais avec un plafond très très très bas.
Évidemment une fois qu'ils sont en circulation, c'est aussi un héritage en dehors des Jeux olympiques et on aura également quelques places de stationnement aux abords des sites parce que on a bien conscience qu'il il y a une partie des spectateurs en fauteuil roulant qui préféreront utiliser leur véhicule personnel et donc on leur permettra de stationner vraiment aux abords immédiats des sites de compétition.
Florent Bardon
Peut-être ce qu'il faut dire aussi, c'est que sur les dispositifs d'accessibilité qui vont également rester en héritage, sur le réseau de métro historique qui est difficilement accessible pour les personnes en fauteuil roulant en particulier, il y a un travail d'accélération de la mise en accessibilité pour les autres types de handicap, en particulier les handicaps sensoriels, qui est réalisé par la RATP. Pour équiper les stations par exemple de manchons en braille pour permettre aux personnes malvoyantes de se repérer plus facilement dans la station.
Il y a également la sonorisation des stations qui est mise en œuvre pour pouvoir également se repérer dans les différents espaces du métro.
Tatiana Geiselmann
Et justement, toujours concernant le métro ou plus généralement le réseau de transports en commun d'Île-de-France, il faut aussi que chacun trouve et comprenne quel est le meilleur moyen pour lui de se rendre de son hôtel aux sites de compétition. Pour guider les spectateurs, différents services vont être mis en place durant la période des Jeux olympiques et paralympiques que nous détaille Florent Bardon.
Florent Bardon
Alors, pour les services qui vont permettre d'accueillir l'ensemble des voyageurs sur les réseaux de transport, je vais distinguer deux choses. Il y a d'abord la présence humaine de volontaires, à la fois dans les réseaux de transport et sur l'espace public. Ils sont là pour aider les voyageurs qui n'ont pas forcément l'habitude de se déplacer sur les différents réseaux de transport pour qu'ils puissent se repérer.
Donc, il y a différents dispositifs de volontaires à la fois chez les opérateurs, à la SNCF, à la RATP. Sur l'espace public, là c'est plutôt la ville de Paris qui recrute des volontaires. Et puis après, en arrivant sur les sites de compétition, ce sont les volontaires de Paris 2024 en tant que tels. Donc il y a vraiment une chaîne humaine, finalement, qui sera mise en place pour guider les gens dans leur parcours au fur et à mesure de leurs déplacements.
La deuxième brique, elle est plutôt dans l'espace numérique et c'est les services d'information aux voyageurs qui sont développés à l'occasion des Jeux. IÎle-de-France Mobilités développe pour le compte de Paris 2024 une application spécifique qui va donner toute l'information aux voyageurs avec les différents plans de transport qui sont prévus, mais aussi de l'information en temps réel sur les éventuels aléas qui peuvent survenir sur les réseaux de transport. On en connaît au quotidien et donc il y en aura forcément aussi pendant les Jeux.
Cette application spécifique, elle sera disponible au printemps 2024. Et notre travail aussi en ce moment, et avant les Jeux olympiques, c'est de faire en sorte que les autres applications, celles qui sont disponibles sur le marché, que tout un chacun peut aussi utiliser, elles délivrent la même information pour qu'on ait une information qui soit absolument cohérente, quel que soit l'outil qu'on utilise au quotidien, qu'il n'y ait pas d'écart entre les différentes recommandations sur ces outils numériques qui sont très importants pour donner de l'information aux voyageurs.
Tatiana Geiselmann
Enfin, la dernière dimension très importante du volet transport des Jeux olympiques et paralympiques concerne la gestion de la demande. Pendant les JO même si l'offre va être largement augmentée, nous l'avons vu avec les métros, les vélos, les taxis accessibles, ce sont au total 500 000 personnes supplémentaires par jour qui vont se retrouver sur le réseau de transports en commun et, sur la route, le flux de marchandises va être multiplié par deux. Cela va nécessairement impacter la mobilité des Franciliens et il va donc falloir jouer sur le levier de la demande. C'est là que rentre en compte le TDM, le travel demand management, la gestion de la demande de transport, qui s'appuie notamment sur une vaste campagne de communication appelée Anticiper les Jeux, dont vous avez peut-être vu les affiches dans le métro.
Odile Roussillot-Besnard, directrice adjointe du Travel Demand Management
Il y a aussi un site éponyme Anticiperlesjeux.gouv.fr, Anticiper les Jeux, c'est quoi ? Ça prend la forme d'une campagne de communication.
Tatiana Geiselmann
Odile Roussillot Besnard, directrice adjointe du travel demand management au sein du ministère des Transports.
Odile Roussillot-Besnard
Elle va être massive et rythmée jusqu'aux Jeux paralympiques puisque, pour changer les comportements, il faut avoir une certaine forme de répétition et il faut vraiment ancrer les messages.
Et surtout, ce qui est important c'est qu'elle renvoie sur un site internet Anticiperlesjeux.gouv.fr dans lequel tous les Franciliens ont accès à l'information disponible en matière de transports, qu'il s'agisse des voies olympiques, des périmètres de sécurité pour la route et puis, d'autre part, sur les transports en commun, toutes les prévisions d'affluence sur les lignes, dans les gares et les stations pour que soit diminuée cette demande de transport, soit la modifier.
Alors ça veut dire quoi concrètement ? Diminuer ça veut dire inciter les personnes qui le peuvent à télétravailler. Et puis la modifier, ça peut être décaler ses horaires par rapport à l'arrivée ou au départ des spectateurs. Ça peut être de dévier son itinéraire, de prendre une ligne moins encombrée pour permettre justement de voyager aussi à titre personnel, dans des conditions plus confortables.
Et puis, enfin, ça peut être également de changer de mode de transport. On sait que 75 % des déplacements en Île-de-France, ce sont des transports qui font moins de 5 km, donc ça peut être intéressant d'utiliser des modes actifs comme la marche ou le vélo. Et de la même façon, les professionnels ont aussi accès à ce site et peuvent disposer également d'outils, de kits téléchargeables pour leur public, qu'il s'agisse des salariés, des fournisseurs, des clients ou des prestataires, pour qu'ils puissent s'organiser au mieux et se préparer pour les jeux.
Tatiana Geiselmann
Vous l'aurez compris, cette vaste campagne de communication à l'attention des Franciliens et le site internet qui l'accompagne ont été développés pour la période des Jeux olympiques et paralympiques. Pour autant, là encore, certaines avancées permises par les Jeux pourront perdurer à l'issue de ceux-ci. Merci beaucoup à Florent Bardon, Sophie Le Pourhiet et Odile Roussillot Besnard d'avoir pris le temps de détailler pour nous toutes les mesures mises en place à l'occasion des Jeux olympiques et paralympiques pour acheminer les athlètes et les spectateurs à bon port.
Dans le prochain épisode de notre podcast, nous restons en région parisienne, mais nous allons nous mettre au vert pour parler biodiversité. Malgré l'importance des travaux menés en Île-de-France pour permettre la tenue des Jeux olympiques et paralympiques, la préservation de la nature reste un impératif. Espèces et espaces protégés, comment les agents du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires veillent-ils au respect de la faune et de la flore francilienne ? Réponse dans un mois dans le prochain épisode de Parcours olympique du sport.
Immersion à la Marina olympique de Marseille
Dans cet épisode, direction Marseille où nous avons rencontré ceux qui œuvrent depuis près de 7 ans à la préparation des épreuves olympiques de voile qui se dérouleront sur la base nautique du Roucas-Blanc. Adapter cette base nautique en Marina olympique a été autant source de défis que d’opportunités : rénovation et adaptation des infrastructures dans un souci de performance énergétique et de respect de l'environnement, réaménagement du bassin, concertation entre les différents usagers de la mer, accueil des athlètes.
Depuis la Marina olympique, à terre comme en mer, Cédric Dufoix, senior Cluster manager à Paris 2024, et les agents de la direction départementale des territoires et de la mer des Bouches-du-Rhône, Alain Ofcard, directeur adjoint et délégué mer et littoral, Ahmed Malki, chef du pôle maritime et Bernard Alessandra, contrôleur en chef, nous détaillent les défis que représentent ces épreuves et l’héritage qu’elles laisseront.
Plongeons en immersion dans l'organisation des épreuves olympiques de voile.
Transcription : Immersion à la Marina olympique de Marseille
Tatiana Geiselmann, journaliste
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans le troisième épisode de notre podcast Parcours olympique. Vous le savez désormais, tous les mois, je vais à la rencontre des agents du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires pour comprendre en quoi leur travail participe à la réussite et l'héritage des Jeux de Paris 2024.
Pour ce troisième épisode, nous prenons le large et nous partons à Marseille. Car c'est en plein cœur de la Méditerranée, dans la rade de la cité phocéenne, que se dérouleront les épreuves de voile des Jeux olympiques. Elles auront lieu entre le 28 juillet et le 8 août prochain, entre le vieux-port de Marseille et le parc national des Calanques.
Vous entendez peut-être déjà autour de moi le clapotis des vagues et le cri des goélands. Mais avant d'embarquer en mer, j'ai rendez-vous avec Alain Ofcard. Il est directeur adjoint et délégué mer et littoral, en charge des Jeux olympiques de Paris au sein de la DDTM, la direction départementale des territoires et de la mer des Bouches- du-Rhône.
Je le rejoins à quelques mètres seulement de la plage du Prado, au niveau du stade nautique du Roucas blanc. C'est précisément d'ici que partiront les bateaux et les régates lors des épreuves olympiques, juste au pied de la corniche, en plein cœur de Marseille. Alors évidemment, transformer cette base nautique en marina olympique a engendré de nombreux défis.
Alain Ofcard, directeur adjoint et délégué mer et littoral, DDTM13
C'est un stade nautique très particulier parce qu'il est très urbain. Vous voyez bien, on est entouré de villas, de petits immeubles en bord de mer. On sait qu'avec la loi littoral, c'est parfois difficile de construire sur le domaine public maritime. Le fait qu'on soit sur une zone déjà très urbanisée, ça va nécessiter un certain nombre de procédures, avec des enquêtes publiques pour expliquer à la population ce qui allait être fait.
Puis comme tout se passe sur le domaine public, il a fallu s'assurer qu'au niveau des titrages, ce que j'appelle les titrages, c'est-à-dire les autorisations d'occupation du domaine public, nous pouvions faire les choses selon les différents codes : le code général de la propriété des personnes publiques, le code de l'environnement, le code de l'urbanisme. Néanmoins, il ne faut pas masquer la vue des habitats environnants.
On s'est attachés à faire une construction qui s'intègre bien dans le paysage, qui est de hauteur extrêmement limitée. Quel que soit l'emplacement où on se mettra autour de la marina, on voit que les bâtiments ne bouchent aucune vue. On voit au fond les calanques de Marseille, on voit sur l'autre côté les collines du Roucas Blanc avec les différents bâtiments. Aucun n'est masqué par les bâtiments nouveaux qui ont été créés.
La performance énergétique a été recherchée en répondant notamment au label de bâtiments durables méditerranéens, qui est une spécificité liée au climat méditerranéen, avec l'utilisation des toits végétalisés qui apportent de la fraîcheur, une isolation. Il y a également des panneaux photovoltaïques qui assurent une production importante de l'énergie électrique consommée dans les installations.
Tatiana Geiselmann
Pour l'instant, les travaux sont encore en cours, vous l'entendez peut-être aux bruits de chantiers derrière moi. Ils ont coûté près de 50 millions d'euros, dont près de la moitié a été prise en charge par l'État. Les premières transformations ont débuté courant 2020 et l'intégralité des bâtiments devrait être livrée d'ici au début de l'année 2024. Mais ces bâtiments, justement, à quoi vont-ils servir ? Et pourquoi les précédentes installations de la base nautique du Roucas Blanc ne suffisaient-elles pas ?
Alain Ofcard
Les Jeux olympiques ont été une opportunité pour la ville de Marseille de rénover entièrement la base parce que cette base était très ancienne, constituée de bungalows, d’algécos, avec des immeubles assez anciens qui n’étaient plus du tout aux normes environnementales du moment. Là, on a un vrai équipement moderne pour accueillir notamment le centre municipal de voile qui permet aux enfants toute l'année de pouvoir pratiquer la voile à Marseille.
Une autre partie du bâtiment permettra d'accueillir des associations et différentes activités balnéaires également. La ville y aura bien sûr tous ses locaux techniques, administratifs pour les équipes qui gèrent les plages, qui gèrent les équipements nautiques. Également, on y retrouvera la police municipale qui dispose d'une unité nautique, le parc national des Calanques qui a également des bâtiments ici pour assurer de la surveillance à l'intérieur du parc, des agents de l'environnement qui font également partie du ministère.
Et donc ceci va constituer un héritage important des Jeux olympiques.
L'autre héritage important, c'est le pôle France d'entraînement des athlètes de haut niveau qui trouvent là un équipement vraiment de très haute qualité. Le pôle est également constitué de bâtiments techniques pour la réparation, pour la préparation des bateaux, avec une hauteur qui est compatible avec la hauteur des mâts pour qu'il n'y ait pas besoin de démâter après chaque entraînement leur bateau L'autre particularité du site, c'est que nous avons réussi à installer le village olympique sur le lieu même de l'emplacement des bateaux puisque c'est l'hôtel qui est en face, qui a été rénové par ses propriétaires, qui va faire office de village olympique, ce qui est un gros avantage pour les athlètes, ce qui leur permet de connaître les conditions de vent sans avoir besoin de faire des kilomètres pour aller sur la base et de savoir ce qu’il s'y passe. Il y a un autre club existant aux abords de la marina qui n'est pas sur le domaine public maritime mais qui est juste en dehors, qui est un club de loisirs au sein de la ville, qui du fait des besoins de sécurité, de toute façon aurait été fermée pendant les Jeux olympiques. Et donc il est réutilisé notamment pour y faire la restauration des athlètes.
Tatiana Geiselmann
Vous l'aurez compris, comme pour le village des athlètes en région parisienne dont nous avons parlé dans le premier épisode de notre podcast, les rénovations impulsées à l'occasion des Jeux olympiques sur la base nautique du Roucas Blanc ont vocation à perdurer après les Jeux de 2024 pour servir de centre d'entraînement de haut niveau, de base de loisirs aux Marseillais et à différents organismes chargés de la mer.
D'ailleurs, en plus de ces bâtiments installés en arc de cercle autour de la mer, le bassin d'eau de la marina, le port en quelque sorte, qui permet aux bateaux de prendre le large, a lui aussi été remanié.
Alain Ofcard
Nous avons accompagné également cet aménagement urbain d'un travail important sur le plan d'eau autour duquel se trouve cette marina. Ce plan d'eau avait un envasement régulier et donc ça ne permettait pas le développement de biodiversité importante du fait de la fermeture. Donc on a créé un projet, d'une part, de dragage entièrement de la marina, mais également on a reconstitué des mouvements d'eau en créant des passages d'eau à travers les digues qui sont devant nous de manière à ce que l'eau puisse circuler au sein de la marina et que ça permette d'empêcher l'envasement. Et on s'est aperçus depuis quelques mois que, depuis ces travaux, on a beaucoup de poissons qui sont revenus à l'intérieur même du plan d'eau.
Tatiana Geiselmann
Et en parlant de bateau justement, les habitants de Marseille ou les touristes de passage ont peut-être remarqué que, depuis plusieurs mois, il y en a déjà beaucoup des bateaux qui voguent dans la rade de Marseille. En fait, les athlètes olympiques sont déjà sur place, dans les eaux méditerranéennes, comme nous l'explique Cédric Dufoix. Il est senior cluster manager à Paris 2024. Cela signifie qu'il dirige les Jeux olympiques de Paris 2024 pour le sud de la France.
Cédric Dufoix, senior cluster manager à Paris 2024
Pour les Jeux olympiques, en voile, il faut comprendre que le terrain de jeu est le seul endroit au monde ou les équipes peuvent venir s'entraîner parce qu'en fait, la rade de Marseille en l'occurrence, est différente de celle de Rio en 2016 et était différente de celle de Tokyo et sera différente de celle de Los Angeles. Donc les équipes de voile de toutes les nations ont l'habitude de venir trois ou quatre ans avant, juste après les précédents Jeux, pour s'entraîner sur ce qui sera leur terrain de jeu pour les Jeux olympiques suivants.
Et dans ce cadre-là, on a créé ce qu'on appelle des CPJ, donc des centres de préparation aux Jeux qui accueillent les nations depuis trois ans maintenant à Marseille, donc à la Pointe rouge, au fond de la baie qui est en face de nous, puis sur les îles du Frioul qu'on aperçoit là-bas au fond, il y a des dizaines de nations qui s'entraînent. Vous avez des Japonais, des Américains, des Canadiens…
Toutes les nationalités qui pratiquent la voile olympique sont là, ce qui a provoqué une petite suroccupation de la rade sud de Marseille. La rade de Marseille, qu'on a en face de nous, elle est assez grande, le terrain de jeu est apprécié des athlètes, surtout parce que la base nautique du Roucas blanc, dont on parlait tout à l'heure, est en face du terrain de jeu, il n'y a pas de temps de transfert pour aller tout de suite sur le terrain de jeu.
Ça, ça leur plaît énormément, mais elle n'est pas illimitée et donc il faut réguler un peu le trafic. Et ça, c'est les services de l'État qui s’en sont occupés sur l'épreuve test que nous avons faite en juillet 2023, qui a servi de répétition aux régates et donc, en l'occurrence, les services de l'État et la DDTM à Marseille, ont travaillé sur la relation des usagers de la rade et des régates olympiques.
Tatiana Geiselmann
Et c'est là la principale difficulté de l'organisation des épreuves de voile à Marseille. Les athlètes ne sont pas seuls sur l'eau dans leur terrain de jeu, leur field of play comme ils l'appellent, il y a de nombreux autres bateaux. Il y a aussi des plongeurs, des nageurs et il a donc fallu réguler ce trafic. C'est tout le travail qu'ont mené depuis plus de trois ans maintenant les agents de la DDTM et notamment l'ULM, l'unité littorale des affaires maritimes.
Pour en savoir un peu plus sur ce sujet, je vais rejoindre deux de ces agents : Ahmed Malki qui est chef du pôle maritime et Bernard Alessandra, contrôleur en chef des affaires maritimes.
Bernard Alessandra, contrôleur en chef des affaires maritimes, DDTM13
Je vais vous équiper d’un vêtement de flottabilité intégré, un gilet de sauvetage pour faire un raccourci.
Tatiana Geiselmann
Et oui, en plus, de leur mission sur terre, les agents de l'ULAM sont très souvent en mer pour effectuer des contrôles. C'est donc sur leur bateau que j'embarque, direction la rade sud de Marseille. Et c'est maintenant bien équipée que je m'installe au côté d’Ahmed Malki dans la cabine du bateau.
Ahmed Malki, chef du pôle maritime, DDTM13
Il faut faire gaffe ici parce que vous avez la digue et les rochers. La navigation est resserrée entre les deux bouées, là et là, vous avez donc la sortie du chenal et donc la rade sud. Comme vous pouvez le constater, on est sur un plan d'eau qui est très urbanisé, donc c'était ça un petit peu la complexité d'organiser des JO dans une ville qui compte presque 2 millions d'habitants avec beaucoup d'usages en mer et donc potentiellement du conflit d'usage.
On a dû dans un premier temps réaliser une phase de concertation et d'acceptation du projet. Donc, on a réuni les différents usagers de la mer pour pouvoir justement leur exposer nos besoins en tant que porteur de projet, entre guillemets, et pouvoir répondre à leurs besoins, leurs interrogations, les informer aussi. Ce qui nous a permis de désamorcer les potentiels conflits d'usage.
Par exemple, l'activité de pêche, le calage des filets, il a fallu s'expliquer avec les pêcheurs, leur offrir des zones de repli, leur offrir des exutoires pour qu'ils puissent passer parce que, tout de même, en termes de contraintes, ça oblige les usagers à faire le tour et donc de passer derrière le Frioul.
Quand vous imposez des contraintes comme ça aux usagers, il faut leur expliquer. Tout le travail, ça a été un travail de dentelle, d'aller regrouper chaque besoin à la source, de solliciter les clubs de voile, les clubs nautiques, l'ensemble des clubs d'ailleurs d'activités maritimes, qu'elles soient douces comme le paddle, le kayak ou la navigation de plaisance.
Et donc, chacun nous a fait part de ses contraintes, nous a fait part de ses volontés, de ses besoins et on a dû y répondre. Et du coup, il a fallu trouver un arrangement pour trouver de la réglementation qui convienne et à l'organisation et aux usagers, parce qu'il n'était pas question de les bloquer dans leur port, il n'était pas question de les empêcher de sortir.
Donc, ça a été une réglementation hybride et sur -mesure, en fonction des besoins.
Tatiana Geiselmann
Une réglementation qui a pu être mise en pratique lors des tests events dont nous parlait Cédric Dufoix tout à l'heure. En juillet dernier, toute la rade sud de Marseille a été fermée aux plaisanciers, aux pêcheurs et aux nageurs pour une première compétition de voile. Lors de ces épreuves tests, l'ULAM a continué de jouer son rôle de régulateur, comme l'explique Bernard Alessandra.
Bernard Alessandra
Notre travail a consisté à renforcer ce dispositif, donc empêcher les usagers de passer dans la zone, avec deux atouts supplémentaires par rapport aux gendarmes et aux autres unités de police présentes sur l'eau, c'est notre relation proche avec les pêcheurs professionnels. Le matin de bonne heure, on a identifié certains filets de pêche qui étaient encore présents dans la zone. On a contribué à l'identification des pêcheurs.
On a réussi à les contacter, à faire de la médiation pour qu’ils les enlèvent. Le deuxième atout que les affaires maritimes ont apporté au dispositif, c'est qu'on est la seule unité de police sur le plan d’eau à disposer d'un vire-filet. Un vire-filet, c'est un appareil professionnel pour les pêcheurs pour relever les filets. Nous on a un navire qui est équipé de cette roue-là.
Donc on l’a mis à disposition de la préfecture maritime, prêt à être déployé. Si à l'avenir, pendant les JO, cela venait à arriver de trouver le matin un filet en plein milieu de la zone, on pourrait intervenir directement et enlever le filet.
Tatiana Geiselmann
Lors des Jeux olympiques de Paris 2024, les agents de l’ULAM seront donc à nouveau postés en mer tout autour de la rade sud de Marseille pour empêcher tout passage de bateau ou de nageur lors de la tenue des épreuves.
Vous l'avez peut-être entendu au bruit derrière moi, j'ai quitté le bateau de l'ULAM et remis pied à terre. Avant de vous quitter vous aussi et de retourner à Paris, je vous propose d'écouter une dernière fois Cédric Dufoix qui nous apporte un regard plus global sur les Jeux de Paris 2024.
Cédric Dufoix
Moi, je ne suis pas tout jeune, j'ai 60 ans et ça fait 30 ans que je fais des grands événements sportifs en France, en particulier. Et vraiment, les Jeux de Paris 2024 vont marquer l'histoire du sport en étant les premiers Jeux où on va développer ce que le CIO appelle la nouvelle norme. Et la nouvelle norme, ce qui a été voulu par le CIO entre 2015 et 2018, avant l'appel à candidature pour Paris 2024, c'était que la ville qui accueillerait les Jeux en 2024 marque vraiment l'évolution sociologique du sport et donc intègre énormément de choses qui ne sont pas exclusivement sportives, dont l'environnement fait partie.
Il y a des choses très basiques. Par exemple, il n'y aura pas de parking. C'est-à-dire que pour la première fois sur un événement international, on ne proposera pas de parking aux spectateurs qui viennent voir les Jeux olympiques. Mine de rien, ça va réduire l'impact carbone des véhicules qui auraient pu emmener ces gens de façon très spectaculaire.
Il y a également une alimentation nouvelle, il y a tout l'héritage, il y a tout un pan de Paris 2024 qui est extrêmement fort, qui n'a jamais été aussi fort, sur la nouvelle norme dont l'environnement fait partie.
Tatiana Geiselmann
Merci beaucoup à Alain Ofcard, Cédric Dufoix, Ahmed Malki et Bernard Alessandra pour leur disponibilité et pour nous avoir présenté sur terre et sur l'eau la marina olympique de Marseille. Dans le prochain épisode de notre podcast, nous quittons le soleil marseillais pour retourner à Paris et parler de transports. Quelles vont être les dispositifs mis en place ? Quels travaux ont été engagés ? Quelles solutions sont envisagées pour assurer la mobilité de tous pendant les Jeux ? Eh bien réponse dans un mois, dans le prochain épisode de Parcours olympique.
Immersion dans l’organisation des épreuves olympiques en Seine
Dans cet épisode, nous avons rendez-vous sous le Pont Alexandre III, sur les quais de Seine, point de départ des épreuves de natation en eau libre, de triathlon et de paratriathlon. Avant que le coup de sifflet de ces épreuves ne retentisse, nous nous intéressons au travail sur le long cours mené sur la qualité des eaux de la Seine auquel contribuent les agents du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
Depuis 2016, ils participent à la mise en œuvre du plan baignade. Objectif : rendre la Seine baignable pour les athlètes olympiques et pour les franciliens à l'issue des Jeux.
Sarah Bernhard, chargée de mission Jeux olympiques et paralympiques, et Clément Fabre, chef baignade et assainissement, nous expliquent les enjeux de la baignabilité durable de la Seine et de la Marne.
Plongeons en immersion, avec deux agents de la direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports, dans les préparatifs des épreuves olympiques en Seine.
Transcription : Immersion dans les coulisses de la baignabilité de la Seine
Tatiana Geiselmann, journaliste
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce deuxième épisode de notre podcast Parcours olympique. Tous les mois, je vais aller à la rencontre des agents du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires pour comprendre en quoi leur travail participe à la réussite et l'héritage des Jeux de Paris 2024. Pour ce deuxième épisode, nous allons nous intéresser à la baignabilité de la Seine.
Le fleuve emblématique de la capitale sera à la fois le théâtre de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, mais il accueillera aussi plusieurs épreuves des JO : les épreuves de nage du triathlon et du paratriathlon et l'épreuve de nage marathon en eau libre.
Clément Fabre, chef de projet baignade au sein de la DRIEAT
Alors on se trouve sur le port des Champs-Élysées, juste au droit du pont Alexandre III qui est le départ des épreuves de nage en eau libre et de triathlon.
Tatiana Geiselmann
L'homme que vous venez d'entendre s'appelle Clément Fabre, il est chef de projet baignade au sein de la DRIEAT, la direction régionale et interdépartementale de l'environnement, de l'aménagement et des transports. Il m'a donné rendez-vous sur les bords de Seine, en plein cœur de Paris, à l'endroit même où les athlètes se jetteront à l'eau l'été prochain.
Clément Fabre
Les épreuves vont partir juste après le pont Alexandre III et vont passer sous le pont des Invalides jusqu'au pont de l'Alma puis revenir jusqu'ici, où sera l'arrivée.
Tatiana Geiselmann
Et pour que ces épreuves puissent se tenir, il faut bien sûr que l'eau de la Seine soit de suffisamment bonne qualité. C'est pour atteindre cet objectif qu'un plan baignade a été mis en place.
Clément Fabre
Le plan baignade, c'est un plan qui a été élaboré depuis 2016 et qui vise à rendre la Seine baignable pour que les épreuves de triathlon et de nage marathon puissent s'y dérouler. Ce plan d'action, il faut savoir qu'il est copiloté par la ville de Paris et l'État. Donc, le rôle de la DRIEAT, c'est déjà de contribuer à la construction du plan d'action, définir les mesures techniques qu'il faut mettre en œuvre et puis surtout suivre l'avancement et s'assurer de la coordination de l'ensemble des acteurs. Et enfin lever les éventuels blocages ou freins identifiés pour mettre en œuvre des dispositifs législatifs, financiers ou de la communication, s'assurer que ces blocages-là n'impactent pas le calendrier de réalisation des ouvrages et plus globalement du plan d'action.
Tatiana Geiselmann
Et ce plan d'action, chiffré à 1,4 milliard d'euros, il a comme principal levier l'assainissement pour rendre la Seine baignable. Il faut en éliminer les contaminations bactériologiques et 99 % de ces contaminations proviennent des eaux usées de la ville de Paris et des villes alentours qui sont rejetées dans la Seine. Jusqu'à maintenant, lorsque l'on traitait les eaux usées, on éliminait les résidus biologiques, les restes de savon, de shampoing, les aliments solides, mais pas les bactéries.
Clément Fabre
Actuellement, la réglementation sur l'assainissement, elle n'a pas d'exigence sur l'enjeu bactéries. Cela s'explique notamment par le fait qu'en fait une bactérie, elle a une durée de vie de deux ou trois jours maximum en Seine de par le fait que ce n'est pas son milieu naturel. Une bactérie qu'on rejette à Paris, on ne va pas la retrouver à Rouen, par exemple.
Et donc, c'est notamment ce qui explique qu'il n'y avait pas d’exigences réglementaires sur : il faut atteindre un certain niveau de traitement des bactéries.
Tatiana Geiselmann
Mais cette exigence a donc été instaurée en vue des Jeux olympiques avec pour objectif de supprimer 75 % de la contamination bactériologique identifiée d'ici à l'été 2024. Pour ça, plusieurs actions ont été mises en place. Des actions que l'on peut classer en deux catégories, celles qui produisent leurs effets par temps sec lorsqu'il ne pleut pas et celles qui produisent leurs effets par temps de pluie. Commençons par les actions de temps sec.
Clément Fabre
Il y a trois types d'actions de temps sec. La première action, ça va être la désinfection des stations d'épuration. Donc, c'est les usines qui traitent les eaux usées des habitants de la région parisienne et qui vont, par leurs rejets chargés en bactéries, impacter la qualité du site. Et donc l'objet du plan d'action a été de mettre en œuvre des solutions de désinfection sur ces stations d'épuration-là pour tuer le plus de bactéries avant le rejet en Seine.
La première station se situe à Noisy-le-Grand, donc elle se rejette en Marne avant la confluence avec la Seine. Il préexistait un module de désinfection par rayons ultraviolets. Le principe, c'est exposer les eaux à des rayons ultraviolets qui tuent les bactéries. Et donc ce module-là a été réhabilité et remis en fonctionnement.
La deuxième station se situe à Valenton. Cette fois ci elle se jette en Seine, en amont de la confluence avec la Marne. Et là, il n’y avait rien qui préexistait sur la désinfection, et donc il y a une unité de désinfection par injection de l'acide performique qui a été mise en place. Concrètement, on injecte un acide qui réagit avec les bactéries, qui tuent les bactéries et qui se dégradent avant le rejet en Seine.
Tatiana Geiselmann
Voilà donc, pour le premier volet de mesures. Le deuxième volet concerne les bateaux et les péniches qui se trouvent amarrés sur les bords de Seine.
Clément Fabre
Dans Paris, il y a un certain nombre de bateaux stationnaires qui stationnent au bord des ports, comme là sur le port des Champs Élysées, juste à l’amont du site de baignade. Donc là, on est sur un site particulièrement important et impactant. La particularité de la majorité de ces bateaux-là, c'est qu'ils rejettent les eaux usées directement en Seine. C'est une pollution qui n'est pas forcément en termes de volume importante mais, de par leur proximité du site, ça va beaucoup impacter la qualité bactériologique.
Et donc l'une des actions du plan d'actions a été de dire qu'il faut raccorder les eaux usées de ces bateaux au réseau sur les quais. Le premier travail a été pour les deux gestionnaires de quais que sont Haropa port de Paris et VNF de mettre des réseaux sur les quais pour que chaque batelier puisse venir se raccorder.
Et donc chaque borne là qu'on voit, c'est une borne sur laquelle les bateaux viennent se raccorder, on voit notamment les gros tuyaux qui partent. Ils branchent le tuyau à la borne, là en l'occurrence on est au port des Champs Élysées donc c'est VNF qui est gestionnaire. Donc c’est VNF ensuite qui les repompe dans le réseau de la ville de Paris avec les réseaux d'eaux usées des bâtiments à côté.
Tatiana Geiselmann
Au total, ce sont environ 160 bateaux qui sont stationnés en amont du site des Jeux olympiques. Les deux tiers d'entre eux sont désormais raccordés au réseau d'eaux usées. Les 50 bateaux restants le seront d'ici à l'été 2024. Enfin, troisième volet de mesures par temps sec, la lutte contre les mauvais branchements.
Clément Fabre
Il faut savoir que sur la région parisienne, il y a deux types d'assainissement. Un type d'assainissement unitaire ou sous la voirie : il y a concrètement un gros tuyau qui récolte les eaux usées et les eaux pluviales. Et l'autre type de tuyau, c'est un type de tuyau qu'on appelle séparatif : concrètement, il y a un réseau qui collecte uniquement les eaux usées et qui atterrit en station d'épuration.
Et il y a un réseau d'eaux pluviales qui collecte que les eaux pluviales, en théorie, et qui ne passent pas par une station d'épuration se rejettent directement en Seine-et-Marne, dans la rivière pas loin, parce que les eaux pluviales sont considérées comme pas polluées. Donc il y a du sens à ne pas les amener en station d'épuration et ne pas les traiter non plus.
La problématique qu'il y a, c'est que si les eaux usées de la maison sont mal connectées, c'est-à-dire qu'au moment de la construction, l'entreprise qui a fait les travaux a connecté la maison sur le mauvais tuyau, eh bien les eaux usées atterrissent dans le réseau d'eaux pluviales et, du coup, atterrissent directement en Seine sans passer par un traitement préalable.
Donc du coup, ça cause une pollution permanente de la Seine, que ça soit physico-chimique ou que ça soit bactériologique. Et donc, sur la région parisienne, sur le périmètre qui impacte le site olympique, il y a environ 23 000 branchements estimés de mauvais branchements. Et la difficulté de cette action-là, c'est qu'il faut aller vérifier le branchement de chaque maison.
Donc ça fait environ 300 000 bâtiments à vérifier. Et ensuite, si on détecte un dysfonctionnement, il faut que les travaux soient faits. Donc la particularité de cette action, c'est son aspect diffus, mais c'est aussi le nombre d'acteurs qui sont impliqués dedans. C'est-à-dire que la partie contrôle du branchement, c'est la collectivité qui gère le réseau sous la voirie, qui est compétente pour faire et c'est elle seule qui peut délivrer le certificat qui dit que la maison est conforme.
Par contre, les travaux sont à la charge du propriétaire du bâtiment. Pour un bâtiment public, ça peut être la collectivité territoriale ou l'État. Donc l'État est en train de traiter un certain nombre de ces branchements. Mais pour les bâtiments qui appartiennent à une copropriété ou les maisons individuelles, c'est aux propriétaires de faire les travaux et pour essayer d'accélérer cette action-là, qui est quand même très complexe, il y a un certain nombre de dispositifs qui ont mis en œuvre. Un dispositif d'abord législatif où, du coup, ce diagnostic-là, ce contrôle a été rendu obligatoire dans le cas d'une vente, au même titre qu'un diagnostic énergétique ou un diagnostic au plomb.
Et un raccordement qui est détecté non conforme par la collectivité doit être résorbé dans un délai de deux ans. Donc il y a une obligation de faire les travaux dans un délai de deux ans. Le deuxième volet, c'est le volet plus incitatif financier, donc l'agence de l'eau a haussé les financements jusqu'à un forfait de 4 200 € par branchement. Et le troisième volet, c'est le volet un peu plus de communication pour essayer de sensibiliser les gens à ce sujet-là.
Il y a plein de personnes qui se rendent compte que leurs eaux usées atterrissent en Seine, en Marne alors qu'ils habitent juste à côté, ça les gêne, finalement ils font eux-mêmes les travaux.
Tatiana Geiselmann
Depuis la mise en place de ces mesures, 7 000 mauvais branchements ont été résorbés et les travaux de détection se poursuivent. Voilà donc pour les trois grandes actions mises en place par temps sec. Mais d'autres mesures sont aussi nécessaires par temps de pluie, car c'est là que l'on détecte le plus de contamination bactériologique en Seine.
Clément Fabre
Par temps de pluie, il y a une partie des eaux pluviales qui atterrissent directement en Seine et en Marne sans être mélangée à des eaux usées. Mais il y a une bonne partie des eaux pluviales qui en fait arrivent dans les réseaux d'eaux usées, se mélangent aux eaux usées et à partir d'un certain volume dans les réseaux, les réseaux ne peuvent plus gérer ce flux-là.
Et donc, pour éviter que ça remonte chez les gens, par exemple, et déborde, il y a ce qu'on appelle les trop-pleins qui sont mis en place et qui permettent de déverser ce surplus, donc ce mélange d'eaux usées et d'eaux pluviales en Seine. Ce principe-là de l'assainissement, il est présent dans quasiment toutes les régions urbaines de France. Mais donc ça pose un problème dès lors qu'il pleut et que la pluie devient un peu importante, du coup la qualité de la Seine se dégrade énormément, on a vraiment un très gros apport bactériologique.
Tatiana Geiselmann
Alors, pour résoudre cette pollution-là, deux types d'actions ont été mises en œuvre, dont celle que l'on appelle les ouvrages structurants.
Clément Fabre
Les ouvrages structurants, ça va être un certain nombre de chantiers très importants sur les réseaux. On peut citer l'exemple du collecteur VL8 qui est un gros collecteur de trois mètres de diamètre qui est en train d'être creusé dans le 91 entre Athis-Mons et Valenton, l'usine de Valenton qui permet d'augmenter la capacité de transport mais aussi de la fiabiliser, c'est-à -dire créer plusieurs passages de l'eau pour permettre s'il y a un dysfonctionnement d'une station de pompage, une station de relevage… que ça passe par un autre endroit.
Au niveau de Champigny-sur-Marne, donc là on se place sur la Marne, le conseil départemental est en train de construire une station de dépollution des eaux pluviales. Le principe, c'est de récolter les eaux pluviales et, comme il y a beaucoup de mauvais branchements dans ces eaux pluviales, de les traiter et les désinfecter par rayons ultraviolets avant de les rejeter en Marne donc ça permet vraiment d'abattre la quantité de pollution qui atterrissent à cet endroit-là.
Et le troisième volet, ça va être la construction de ce qu'on appelle les bassins d'orage. Le principe, c'est de venir s'intercaler entre le réseau et la Seine et créer un lieu de stockage où les eaux que le réseau ne peut pas gérer sont stockées temporairement pour être ensuite repompées dans le réseau d'eaux usées et traitées en station d'épuration.
Et donc, il y a un certain nombre de bassins qui sont en construction dont un pas très loin du côté de la gare d'Austerlitz. Donc ça, c'est un gros bassin de 45 000 mètres cubes. Et puis, il y a d'autres bassins qui sont faits dans le 93 au niveau de Gagny, ce qui permet aussi de gérer ces volumes-là supplémentaires. Du coup, la mise en service des ouvrages va intervenir début de 2024 jusqu'à mi 2024, avant les Jeux olympiques.
Tatiana Geiselmann
Enfin, le deuxième type d'actions mises en œuvre par temps de pluie est quant à lui plus diffus. Il a été lancé en vue des Jeux olympiques, mais il s'agit d'une action sur le long terme.
Clément Fabre
L'autre levier d'action, ça va être de résorber les plus petits dysfonctionnements sur les réseaux de collecte, c'est-à-dire des réseaux qui sont plus ou moins vieux. Il y en a certains qui sont récents, il y en a d'autres qui datent de 100 ans. Il y a tout un tas de dysfonctionnements, de connexions entre les réseaux qui font que des eaux atterrissent là où il ne faut pas et du coup ça déverse en Seine. Et donc ça, c'est chaque gestionnaire de réseau qui doit faire les travaux. Donc en l'occurrence, ça peut être le SIAAP, ça peut être les conseils départementaux ou la ville de Paris, ou ça peut être ce qu'on appelle les établissements publics territoriaux. Et l'autre volet de cette action-là, ça va être le volet un peu plus en amont qui va essayer de faire en sorte qu'il y ait moins d'eaux pluviales qui rentrent dans les réseaux.
Donc ça va être soit dans le cadre des réseaux séparatifs quand il y a l'eau d'une toiture qui est connectée sur le réseau d'eaux usées, le déconnecter et le reconnecter sur le bon réseau qui est le réseau d'eaux pluviales. Ou alors dans le cas d'un réseau unitaire comme ici dans Paris, le principe c'est déconnecter les eaux pluviales et les gérer, ce qu'on appelle la gestion à la parcelle.
C'est-à-dire concrètement que les eaux, au lieu d'atterrir sur des surfaces imperméables et de rester dans les réseaux, c’est d'essayer de les retenir, de les faire infiltrer dans les toitures végétalisées, des choses comme ça.
Tatiana Geiselmann
Voilà donc pour les grandes mesures mises en œuvre pour lutter contre la pollution bactériologique de la Seine par temps de pluie et par temps sec. Mais outre la pollution aux bactéries, il y a aussi une autre pollution, bien plus visible d'ailleurs, quand on se balade en bord de Seine, ce sont tous ces déchets végétaux et plastiques qui flottent sur l'eau.
Sarah Bernard, chargée de mission Jeux olympiques et paralympiques auprès de la DRIEAT
Là on arrive à un endroit où, en fait, on a un retour du quai qui fait qu'il y a un grand volume de déchets qui se retrouvent coincés. Donc vous voyez des bouteilles de plastique, des déchets végétaux, beaucoup.
Tatiana Geiselmann
Sarah Bernard, chargée de mission Jeux olympiques et paralympiques auprès de la DRIEAT.
Sarah Bernard
Et donc l'enjeu, pour l'année prochaine, c'est évidemment qu'il n'y ait pas de déchets qui flottent à l'eau. D'un point de vue visuel, il va y avoir beaucoup de caméras qui vont être quand même pointées sur la Seine, à la fois des caméras aériennes mais aussi à fleur d'eau. L’enjeu c'est de ne pas voir passer des déchets. Il y a un enjeu aussi sécuritaire puisqu'en fait les athlètes plongent à l'eau, qu'ils ne se blessent pas évidemment avec ce qui peut se retrouver dans l'eau.
Tatiana Geiselmann
Alors pour éviter que ces déchets flottants se retrouvent à l'eau et pouvoir les ramasser, un grand nombre d'acteurs sont là aussi impliqués. Et chacun œuvre de son côté pour en réduire le volume, le tout coordonné par la DRIEAT.
Sarah Bernard
Le rôle de la DRIEAT c’est de coordonner l'ensemble des interventions de nettoyage des acteurs. Il faut arriver à identifier déjà ce que chacun fait, puisqu'en fait ce n'était quand même pas évident au départ. Donc, il y a eu un groupe de travail qui s'est mis en place en juillet 2022, qui associe l'ensemble des acteurs mentionnés. En amont, il y a des barrages flottants du SIAAP qui ont comme particularité de retenir les déchets flottants et donc le SIAAP a installé ses barrages et les nettoie. La ville de Paris intervient sur les quais et les berges.
Haropa port intervient en complémentarité de la ville de Paris sur certains quais et berges. VNF sur les quais dont ils ont la gestion, là on se retrouve sur le port des Champs Élysées et, typiquement, c'est en gestion de VNF. Et puis il y a les bateliers où il y a tout un travail de sensibilisation qui est mis en place pour qu'ils puissent nettoyer les déchets qui se retrouvent coincés entre le bateau et les quais.
Tatiana Geiselmann
Grâce à toutes ces mesures, celles de nettoyage et celles concernant la qualité bactériologique que nous avons vues tout à l'heure avec Clément Fabre, la Seine devrait pouvoir accueillir les épreuves de triathlon et de marathon en eau libre. Des tests grandeur nature ont d'ailleurs eu lieu il y a quelques mois pour vérifier la fiabilité des dispositifs.
Sarah Bernard
Cet été, il y avait des tests event de natation marathon et de triathlon qui ont eu lieu sous le pont Alexandre III. Et malheureusement pour les tests de natation marathon, les athlètes n'ont pas pu aller à l'eau puisqu' la pluie a fait qu'il y a eu beaucoup de déversements dans l'eau. Donc la qualité de l'eau n'était pas au rendez-vous. Et pour le triathlon, les athlètes ont pu aller dans l'eau les deux premiers jours et ensuite, il y a eu un incident qui a fait que, même par temps sec, il y a eu un problème. Et donc les athlètes n'ont pas pu aller dans l'eau puisque la qualité de l'eau n'était à nouveau pas au rendez-vous.
Donc ça a été formateur pour tout le monde puisque ça nous a permis de nous tester sur nos procédures, nos procédés et finalement de voir in situ comment on rend opérationnel une idée qui était quand même formulée il y a longtemps et on s'est retrouvé à la tester cet été.
Tatiana Geiselmann
Des tests et un retour d'expérience qui ont abouti à l'élaboration d'un autre plan d'action appelé plan de résilience que nous détaille Clément Fabre.
Clément Fabre
Donc là, ça va être des actions beaucoup plus opérationnelles pour renforcer la sécurisation de la qualité. C’est une petite cinquantaine d'actions qui ne sont pas des travaux supplémentaires, ça vient en complément du plan baignade. Et ça permet de renforcer la résilience de tout globalement, le système d'assainissement des ouvrages d'assainissement qui fonctionne, mais il peut y avoir aussi des pannes, des dysfonctionnements.
Donc la façon dont on détecte rapidement ces pannes et qu'on résout rapidement ces pannes. Et en amont, la façon dont chaque gestionnaire met en place une certaine maintenance pour éviter et réduire ce risque de panne durant les Jeux olympiques.
Tatiana Geiselmann
Et durant la période des Jeux olympiques, justement, toute une organisation de contrôle de la qualité de l'eau sera mise en place pour s'assurer que les athlètes peuvent se baigner dans la Seine. Des mesures se font en continu sur le fleuve à plusieurs points différents, en amont du pont Alexandre III et au niveau du site. Et ces données sont ensuite analysées quotidiennement à partir d'une dizaine de jours avant le début des épreuves.
Clément Fabre
Il y a une réunion de jour tous les jours en fin d'après-midi, où on réunit l'ensemble des acteurs de l’assainissement compétents, où on fait le tour de table de chacun des acteurs pour savoir et partager l'état des réseaux. Est-ce n'y a pas de dysfonctionnement, où est-ce que ça dysfonctionne ? Ou, dans le cas d'une fuite, quand est-ce que vous avez déversé, où est-ce que ça va déverser ?
Et du coup, avec ça on peut calculer quand est-ce que la pollution va passer à l’endroit du site. On va voir où est-ce qu’on en est et ensuite on produit un avis qui est un avis technique qui dit : voilà, nous on considère que la qualité est bonne et propice à la baignade. Ou alors on considère qu'on est dans une situation dégradée, où on est vraiment au-dessus des seuils qui permettent le déroulement des épreuves.
Et ensuite, il y a une deuxième réunion avec des acteurs différents. Donc là, on est au milieu de la nuit avec les fédérations internationales, le comité olympique, l'organisateur qui est Paris 24, et puis les autorités donc l'État. Il y a la DRIEAT et la préfecture de région et puis la ville de Paris, où on repartage d’éventuelles données supplémentaires qui ont été produites entre la réunion de fin d'après-midi et la réunion de nuit.
Et puis à ce moment-là, la décision est prise d'organiser ou pas les épreuves en Seine. Cette réunion-là elle est au milieu de la nuit parce que le principe c'est d'informer les athlètes avant qu'ils partent des hôtels vers 6 h du matin et c'est pour ça qu'il y a cette réunion-là. Et le principe, c'est vraiment de prendre la décision le plus tard possible pour avoir le maximum d'éléments sur la qualité de l'eau et de s'assurer que quand on organise l’épreuve, on est sûrs que la qualité est bonne et qu'il n'y a pas de risque sanitaire pour les athlètes.
Tatiana Geiselmann
Avec la possibilité, si la qualité de l'eau n'est pas optimale, de repousser d'un jour ou deux la tenue des épreuves. Mais vous le savez, toutes les actions mises en place pour les Jeux olympiques de Paris ont surtout vocation à perdurer après les JO, c’est ce que l’on appelle la phase héritage.
Clément Fabre
Tous ces travaux qui ont été présentés, finalement, c'est des travaux qui vont profiter pour les Jeux, mais qui vont améliorer la qualité globale de la Seine, la qualité écologique parce que quand on supprime des bactéries, on supprime aussi d'autres types de pollution : les pollutions chimiques, physiques… et du coup, ça va permettre d'avoir une bien meilleure qualité de la Seine.
Ça va permettre de renforcer sa résilience face au changement climatique, par exemple. Et puis ça va également permettre, sur le côté bactériologique, de pouvoir ouvrir des sites de baignade en héritage en Seine, dans Paris, un peu à l’amont ou un peu à l’aval, moyennant éventuellement, en fonction de la zone, des actions complémentaires, puisqu'il peut y avoir des sources de pollution juste à côté de la zone, il faudra les traiter.
Mais du coup, l'idée, c'est de dire pour les JO on a fait un certain nombre de choses, mais ce n'est pas que pour les JO, ça va servir à la Seine et ça va servir aussi aux Franciliens puisque, à terme, les Franciliens vont pouvoir revenir se baigner en Seine, ce qui n'est plus possible depuis un peu plus de 100 ans.
Tatiana Geiselmann
Et tous les acteurs de l'assainissement le disent, le booster que sont les Jeux olympiques de Paris 2024 vont permettre en quelques années de faire un bond inédit quant à la qualité de l'eau de la Seine. Les travaux entrepris en l'espace de 4 à 5 ans auraient normalement pris plus de 20 ans à être réalisés.
Merci beaucoup à Clément Fabre et Sara Bernard pour leur disponibilité et pour nous avoir emmenés au bord des quais de Seine pour nous détailler les mesures mises en place pour assainir le fleuve d'ici aux Jeux olympiques de Paris 2024.
Dans le prochain épisode de notre podcast, nous prenons le large. Nous quittons Paris pour nous rendre à Marseille, car c'est là que se dérouleront, entre le 28 juillet et le 8 août 2024, les épreuves de voile des JO. Elles auront lieu dans la marina du Roucas Blanc, juste au bord de la corniche. Alors comment fait-on pour programmer une compétition d'une telle ampleur en plein site urbain où naviguent quotidiennement bateaux de pêche, plaisanciers, jet ski, nageurs, plongeurs ? Eh bien réponse dans un mois dans le prochain épisode de Parcours olympique.
Immersion au village des athlètes
Dans cet épisode nous vous emmenons au village des athlètes. 52 hectares, répartis sur 3 communes (Saint-Denis, Saint-Ouen et l'Île Saint-Denis), qui accueilleront pendant les Jeux les athlètes et leurs équipes. Conçu dès le départ pour un double emploi, village des athlètes et nouvel espace d’habitation, ce village innovant illustre la ville durable de demain.
Antoine du Souich, société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), Christophe Suchel, direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature et Bertrand Taldir, direction régionale et interdépartementale de l'environnement, de l'aménagement et des transports, nous racontent dans ce premier numéro l’histoire de ce village.
Plongeons en immersion dans les coulisses de la construction du village des athlètes.
Transcription : Immersion au village des athlètes
Tatiana Geiselmann, journaliste
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce premier épisode de notre podcast Parcours olympique. Tous les mois, je vais aller à la rencontre des agents du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires pour comprendre en quoi leur travail participe à la réussite et l'héritage des Jeux de Paris 2024. Dans ce premier épisode, nous allons visiter le village des athlètes en région parisienne, le lieu où seront accueillis l'été prochain plus de 14 500 sportifs et leurs équipes lors des Jeux olympiques et plus de 9 000 athlètes paralympiques et leurs équipes lors des Jeux paralympiques.
Comme vous pouvez l'entendre autour de moi, je me trouve en ce moment dans la rue, à Paris, enfin plus précisément à Saint-Ouen, au niveau du boulevard Finot.
J'ai rendez-vous avec Antoine du Souich, il est directeur de la stratégie et de l'innovation à la Solideo. Et la Solideo, c'est la société de livraison des ouvrages olympiques. C'est elle qui est chargée de la construction du village des athlètes.
Antoine du Souich, directeur de la stratégie et de l'innovation à la Solideo (la société de livraison des ouvrages olympiques)
Bonjour bienvenue à la maison du projet du village des athlètes. C’est un lieu d'accueil de tous les publics, que ce soit les riverains, les scolaires, mais aussi les élus et évidemment des délégations d'athlètes qui viennent faire du repérage pour les Jeux olympiques et paralympiques.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Donc un lieu d'accueil, parce que cette maison du projet, elle permet de présenter à quoi va ressembler ce village des athlètes. Et alors, ce qui attire tout de suite l'attention dans le fond de la salle, c'est cette très grande maquette en 3D.
Antoine du Souich, directeur de la stratégie et de l'innovation à la Solideo
C'est la maquette du village des athlètes. Elle est grande puisque le village des athlètes fait 52 hectares, qu'il est sur trois communes, Saint-Ouen, Saint-Denis et l’Île-Saint-Denis, et il est traversé par la Seine. Et donc, le village des athlètes, c’est en réalité un grand quartier résidentiel mixte avec deux tiers de surface de logements, à peu près 2 300 logements pour accueillir 6 000 personnes, et un tiers de surfaces de bureaux, mais également des commerces et de l'activité en rez-de-chaussée.
Si je reviens sur la Solideo, elle s'assure de la livraison des ouvrages pérennes et donc, finalement, elle ne construit pas pour les Jeux, elle construit, à l'occasion des Jeux, des quartiers, des bâtiments qui ont vocation à rester et à répondre chacun à des usages précis.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Et ce double usage, le fait de penser le village comme un quartier du Grand Paris avant de le penser comme une infrastructure pour les Jeux olympiques, c’est une des grandes innovations de ces Jeux. Alors, avant d'enfiler nos chaussures de sécurité et de partir explorer avec Antoine du Souich le chantier du village des athlètes, il faut d'abord faire un bond en arrière. Car avant même le début des travaux de construction, il a fallu créer les outils nécessaires et notamment les outils législatifs pour mener à bien ce projet.
Dès le printemps 2017, les agents du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ont donc été fortement mobilisés. C'est par exemple le cas de la direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages, la DHUP.
Christophe Suchel, adjoint au sous-directeur de l'aménagement durable à la DHUP/DGALN
Pourquoi on a été embarqué dans cette aventure au départ ? Il se trouve que dans notre direction, on est en charge de toute la réglementation et toute l'animation autour des compétences d'aménagement.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Christophe Suchel adjoint au sous-directeur de l'aménagement durable à la DHUP
Christophe Suchel, adjoint au sous-directeur de l'aménagement durable à la DHUP/DGALN
Donc, évidemment, un projet comme les Jeux olympiques à Paris en 2024 oblige à mobiliser ces compétences. Donc ça fait depuis même avant la candidature, qui a été actée en septembre 2017, qu'on a été embarqués dans cette aventure au travers de groupes de travail qui avaient pour objectif, d'une part, de définir l'articulation de l'implication de l'État aux côtés des collectivités locales et, d'autre part, de voir si à droit constant le projet olympique était faisable et, le cas échéant, imaginer des adaptations.
Ça conduit donc à une première loi olympique en 2018 avec des innovations législatives qui d'ailleurs ont fait des petits, y compris dans les codes pour des projets futurs. Je pense par exemple à des évolutions des permis de construire qui permettent d'imaginer un village olympique qui est fait pour les athlètes, mais aussi pour les futurs habitants de la Seine-Saint-Denis.
Donc ça, ça a été le premier champ. Le deuxième champ a été la création de la Solideo dans laquelle, on peut dire, notre ministère a été le fer de lance et le porteur du projet depuis le début. Et puis, dernier champ, où là on a beaucoup travaillé en partenariat avec la DRIEAT, sur les études qu'il faut enclencher en amont pour ne pas être pris par le temps en aval.
Typiquement, toutes les études d'impact faune-flore, qui nécessitent de la durée pour avoir notamment toutes les saisons, pour pouvoir examiner l'ensemble des impacts sur l'ensemble des saisons, a dû être anticipé avant même la prise en charge du projet par la Solideo. Voilà, c’est les trois piliers sur lesquels on est intervenus dès l’amont.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Christophe Suchel vient de le mentionner, un autre service du ministère a donc lui aussi été fortement mobilisé lors des travaux préparatoires à la construction du village, la DRIEAT, la direction régionale et interdépartementale de l'environnement, de l'aménagement et des transports, et en particulier l'unité départementale de la Seine-Saint-Denis.
Bertrand Taldir, chargé de mission Jeux olympiques et paralympiques au sein de de l’unité départementale 93 de la DRIEAT.
On est intervenus très en amont des Jeux olympiques puisqu'on a été amenés à travailler à la création des ZAC, les zones d'aménagement concerté.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Bertrand Taldir, chargé de mission Jeux olympiques et paralympiques au sein de de l’unité départementale 93 de la DRIEAT.
Bertrand Taldir, chargé de mission Jeux olympiques et paralympiques au sein de de l’unité départementale 93 de la DRIEAT.
Tout ce qui est instruction d'une ZAC c'est régi par des textes et il y a un certain nombre de procédures à respecter avant que l'arrêté de création ne soit signé. Donc, au cours de l'instruction, mes collègues vont consulter un certain nombre d'autres services sur des questions de paysage, sur des questions de respect de la loi sur l'eau, sur un certain nombre de procédures que la ZAC encadre.
Mes collègues prennent appui, conseil, en vue de sortir un acte le plus carré possible et dans un objectif aussi de tirer vers le haut les projets. Et au fil de l'avancement du projet, les premières demandes de permis de construire sont apparues et, là aussi, mes collègues sont intervenus dans une période un peu compliquée puisqu'on était au moment du Covid. Aujourd'hui, on doit être à plus d'une centaine de permis de construire, de permis de démolir parce qu'il a fallu démolir un certain nombre de bâtiments.
La particularité de ces ZAC en Seine-Saint-Denis c'est qu'on ne part pas d’une terre vierge. C'étaient des territoires habités, des territoires qui vivaient avec des entreprises, pour certaines qui périclitaient, pour certaines qui étaient déjà en friche, d'autres qu'il a fallu accompagner dans le déménagement. Mais voilà, ça aussi, c'était une particularité forte de ces projets, c'est qu'on ne part pas d'une page blanche.
Il y a des habitants, il y a des acteurs économiques, c’est un gros travail aussi d'accompagnement pour reconvertir ce territoire qui en avait quand même besoin.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Et cette reconversion est donc désormais très avancée comme on va le voir directement sur place avec Antoine du Souich.
Antoine du Souich, directeur de la stratégie et de l'innovation à la Solideo
Il faut s'équiper donc évidemment des bottes, un gilet orange et puis un casque.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Et c'est donc bien équipés que l'on se met en route pour le village des athlètes.
Antoine du Souich, directeur de la stratégie et de l'innovation à la Solideo
On remonte le boulevard Finot et, de part et d'autre du boulevard, on voit les deux premiers immeubles du village des athlètes. Un qui sera là à gauche le siège de Paris 2024 sur le village et puis l'autre à droite qui va être utilisé en logements pendant les Jeux et ensuite reconfiguré en bureaux.
Et donc, ce sont des logements particuliers, il n'y a pas de cuisine, il y a beaucoup d'ascenseurs pour qu'on puisse monter et descendre très vite pour se rendre aux épreuves. Et l'enjeu qu'on a eu, c'est que cette typologie qui va être commune du coup à pratiquement tous les bâtiments du village, elle permette en héritage de laisser de vrais logements familiaux, de toutes tailles, que ce soit du logement social, intermédiaire pour l'accession ou du bureau.
Comme nous le confirme Christophe Suchel, c’est là une des grandes ambitions du projet de Paris 2024.
Christophe Suchel, adjoint au sous-directeur de l'aménagement durable à la DHUP/DGALN
Un projet comme les JO c'est la visibilité de la France à l'étranger. Donc il a fallu effectivement des ambitions en matière environnementale. Le fait même d'un projet qui réutilise au maximum les ouvrages existants et qui s'inscrit dans un quartier pérenne pour ce qui est du village olympique est une dimension forte de cette valorisation du savoir-faire français à l'international.
L'idée c'est d'éviter ce qu'on appelle les éléphants blancs. C'est d'ailleurs typiquement un village olympique qui 10 ou 20 ans plus tard reste un village olympique inutilisé et inutilisable. Donc ça c’est je dirais la première ambition.
La deuxième ambition en termes d'exemplarité, c'est la sobriété en termes d'émissions de gaz à effet de serre et d'émissions carbone. Donc ça se traduit à la fois en termes de normes pour les bâtiments et les ouvrages qui sont réalisés mais ça s'est retrouvé aussi au cours des travaux.
Il y a eu la volonté de faire de l'économie circulaire. Ce qu'on appelle l'économie circulaire, c’est en fait de prendre les ressources le plus près possible de là où on en a besoin. Ça se traduit aussi notamment par le fait que l'accès se fasse par le fleuve, la Seine, qui du coup a été utilisé pendant les travaux pour l'accès et le déblai des déchets de chantier.
Ça se traduit aussi beaucoup par la réutilisation des déblais de chantier.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Et au-delà des déblais de chantier, les constructeurs devaient aussi être particulièrement attentifs au sourcing des matériaux utilisés pour les travaux. Retour donc sur le chantier avec Antoine du Souich pour observer d'un peu plus près ces immeubles assez innovants en matière de sobriété énergétique et de sobriété carbone.
Antoine du Souich, directeur de la stratégie et de l'innovation à la Solideo
Alors qu'est-ce qu'on a autour de nous ? On a des bâtiments avec un socle qui est essentiellement en béton et tout autour la structure est en bois, donc les poteaux, les poutres et les planchers. On a eu recours au bois pratiquement dès qu'on le pouvait, quand on dit dès qu'on le pouvait ça veut dire qu'on n'a utilisé que dans des conditions techniques sûres, sans danger du point de vue du risque incendie et donc à peu près la moitié des immeubles sont en structure bois.
Plus le fait que pour le béton dont on avait besoin, on a généralisé le béton bas-carbone ou ultra bas-carbone et donc tout ça cumulé nous a permis de faire baisser les émissions de carbone sur la partie construction en tant que telle de plus de 30 %. C'était un des deux piliers avec le fait de décarboner l'usage du bâtiment de l'ordre de 70 %.
Et donc à l'arrivée, avec ces deux piliers de la stratégie bas-carbone, on a un village des athlètes qui est décarboné de plus de 45 % par rapport à des constructions classiques.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Et pour décarboner le pilier numéro deux don vient de le parler Antoine du Souich, celui qui concerne l'usage des bâtiments, des panneaux photovoltaïques sont en train d'être installés sur les toits des immeubles. Ils permettront de couvrir entre 20 et 25 % de la consommation électrique des futurs habitants du quartier olympique. En complément de ces panneaux, un réseau de chaleur est aussi actuellement en cours d'installation sur tout le quartier.
Il s'agit d'un réseau bas-carbone, alimenté par des énergies renouvelables et notamment par la géothermie. Et cette technologie, elle permet à la fois d'apporter de la chaleur en hiver, quand il faut chauffer les appartements, mais elle permet aussi d'apporter du froid en été lorsque les températures grimpent. Et c'est justement là une autre des ambitions du village des athlètes comme nous le détaille Christophe Suchel.
Christophe Suchel, adjoint au sous-directeur de l'aménagement durable à la DHUP/DGALN
La troisième ambition, c'est d'anticiper sous quel climat on va vivre, vous et moi, en 2050 dans la région parisienne et au-delà. Donc ça veut dire comment, avec une sobriété énergétique, on va assurer des conditions de vie à l'intérieur des ouvrages qui soient compatibles avec les températures qui sont imaginées en 2050. Donc ça nécessite des innovations techniques au niveau bâtimentaire, mais aussi une façon de concevoir la ville, notamment avec l'apport de la nature en ville, avec l'orientation des bâtiments, avec les systèmes d'aération naturels.
Et tout ça, c'est un des gros axes d'ambition qui a été fixé à la Solideo.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Une ambition qui a pris en compte les prévisions faites par Météo France de ce que sera le climat parisien en 2050. Et pour vivre correctement dans ces immeubles malgré le réchauffement climatique, la Solideo devait faire en sorte que la température à l'intérieur des logements ne dépasse pas les 28 % plus de 160 heures par an, le tout sans avoir recours à la climatisation, uniquement grâce aux innovations technologiques.
Qu'est-ce que ça donne sur le terrain ? Retour sur le chantier aux côtés d'Antoine du Souich.
Antoine du Souich, directeur de la stratégie et de l'innovation à la Solideo (la société de livraison des ouvrages olympiques)
Ici on est dans le prolongement du boulevard Finot sur lequel on était tout à tout à l'heure, on est maintenant sur la promenade Cesária-Évora et donc on est sur une promenade qui sera un mail piéton avec toujours ces immeubles qu'on voit de part et d'autre. Et donc pour qu'ils soient adaptés au changement climatique, on voit qu’ils ont une structure de plots. Ça nous a permis de multiplier les logements bi-orientés et même traversants qui facilitent la circulation de l'air.
Au cœur de ces plots, on a installé des espaces végétalisés très plantés sur lesquels toute l'eau sera infiltrée avec l'objectif qu'ils soient vraiment des lieux de fraîcheur. Et puis, si on regarde un peu ces bâtiments, alors ici on est orienté ouest, donc on voit que les fenêtres sont quand même assez en profondeur avec au-dessus des balcons qui sont des protections solaires permanentes qui vont contribuer à protéger.
Il y a des volets extérieurs alors un peu partout et sur toutes les formes. Là, on voit les bleus qui se déplient, ici des rouges, à certains endroits il y a des stores et donc voilà, toutes les fenêtres sont complètement occultables par l’extérieur.
Les espaces publics doivent aussi être frais. Cette promenade Cesária-Évora, elle sera pour partie piétonne et donc circulable à pied, là on voit les premiers pavés qui sont posés.
Pour permettre à cet espace de rester frais, y compris pendant les périodes très sèches pendant lesquelles l'évapotranspiration des arbres normalement s'arrêterait, eh bien, on a installé un réseau d'irrigation semi-enterré qui va alimenter directement les racines des arbres et qui est alimenté en eau par un dispositif de prélèvement d'eau sur le réseau d'eaux usées.
Et donc c'est du recyclage d'eaux usées qui va permettre une forme d'irrigation de ces arbres. Alors pas tout le temps, simplement quand c'est nécessaire.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Et des arbres, il va y en avoir beaucoup. Pour l'instant, ils grandissent encore en pépinière et certains ne seront d'ailleurs plantés qu'après les Jeux olympiques. Mais au total le village des athlètes comportera plus de 8 000 arbres, dont 1 000 grands arbres, des espèces locales adaptées au climat du futur Et cette végétalisation du quartier, en plus d'apporter de la fraîcheur, elle répond aussi à une autre ambition des Jeux olympiques que nous détaille Christophe Suchel.
Christophe Suchel, adjoint au sous-directeur de l'aménagement durable à la DHUP/DGALN
La quatrième ambition c'est la préservation de la biodiversité. Donc tous les ouvrages prennent en compte cette dimension-là pour être conçus de manière à intégrer cette question de la biodiversité, notamment au travers des aménagements extérieurs donc laisser la nature en ville, permettre la coexistence entre nature et ouvrages en dur, pour faire simple, avec la question de la perméabilité des terrains, qui a été un axe fort de la Solideo et des collectivités.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Justement, comment la Solideo a-t-elle répondu à cette demande sur le terrain ? Eh bien réponse sur place avec Antoine du Souich.
Antoine du Souich, directeur de la stratégie et de l'innovation à la Solideo
On a souhaité faire en sorte que l'ensemble des espaces qu'on crée puissent être utiles aux espèces végétales. Et donc ce sont à la fois les toitures végétalisées, les sols, la gestion de l'eau, la stratégie de plantation qui est sur plusieurs couches avec une strate herbacée, des buissons, des petits arbres et des grands arbres, qui a été pensée pour favoriser l'épanouissement des espèces végétales et animales du secteur dans le village des athlètes.
C'est vraiment une première percée de la biodiversité dans ces territoires-là. Donc il y a un corridor de biodiversité qui est bien identifié, qui est la Seine, mais par contre, jusqu'à présent, quand on faisait à peine deux mètres, on se situait dans des secteurs avec une densité, une qualité de biodiversité extrêmement basse et donc l'aménagement du village des athlètes, de ce point de vue-là, il constitue une nouvelle étape de la prise en compte de la biodiversité dans les projets, où on se dit que ce n’est pas tout de protéger ce qui existe, on doit transformer la ville de telle sorte qu'elle devienne support de biodiversité.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Enfin un dernier point a également été très important lors de la planification du village des athlètes, l'accessibilité et en particulier l'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Retour sur le chantier au côté d'Antoine du Souich
Antoine du Souich, directeur de la stratégie et de l'innovation à la Solideo
Alors là ça va être assez spectaculaire parce qu'on est à peu près douze mètres au-dessus de la Seine. Il y a un dénivelé important et donc on a dû trouver des solutions pour avoir un quartier 100 % accessible quand bien même on avait une topographie avec des dénivelés importants. Et donc on a imaginé le dispositif un peu de rampes qu'on va voir juste en arrivant et qui donne sur la Seine.
Et donc on peut soit descendre les escaliers tout droit, soit circuler sur un système de rampes jusqu'en bas. Et donc ce n'est pas un détour désagréable qu'on ferait simplement parce qu'on y est obligé, parce que par exemple, on est en fauteuil. Vraiment ce sont des lieux avec des assises qui vont être confortables et puis une vue vers la Seine, donc l’idée c'est que les personnes qui ont des déficiences motrices et les autres vont pouvoir se rencontrer et se croiser sur cet espace-là de rampes, d'assises qu'on a créé et qui va être une sorte de lieu emblématique pour les habitants et même pour les visiteurs, et totalement accessible.
Tatiana Geiselmann, journaliste
Notre visite du village des athlètes touche désormais à sa fin. Mais vous l'aurez compris, le village, lui, est bien loin d'avoir fini sa vie. Une fois les Jeux olympiques et paralympiques terminés, la Solideo enclenchera la transformation des bâtiments qui auront accueilli les athlètes en logements, bureaux et commerces. Les services du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires continueront de superviser les travaux, notamment les agents de la DHUP et de la DRIEAT.
À terme, le village des athlètes sera par ailleurs labellisé écoquartier et restera un modèle de ville à l'horizon 2050.
Merci beaucoup à Antoine du Souich, à Christophe Suchel et à Bertrand Taldir pour leur disponibilité et pour avoir pris le temps de nous présenter en détail les enjeux et les ambitions du village des athlètes.
Dans le prochain épisode de notre podcast, nous restons à Paris mais nous enfilons cette fois masque et tuba pour nous pencher sur la baignabilité de la Seine. L'été prochain, les épreuves de nage du triathlon et du para triathlon ainsi que les épreuves de nage marathon se dérouleront dans les eaux de la Seine.
Quel rôle les agents du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires jouent-ils pour assainir la Seine et permettre la tenue de ces épreuves ? Réponse dans un mois dans le prochain épisode de Parcours olympique