Publié le 13 août 2024

Mis à jour le 22 août 2024

Tout savoir sur les pluies intenses et les inondations en France

  • Mieux prévenir et sensibiliser aux risques

© Dimitri Defrance

En France, le risque d’inondation est le premier risque naturel par l’importance des dommages qu’il provoque, le nombre de communes concernées, l’étendue des zones inondables et les populations résidant dans ces zones.

1 français sur 4 est concerné par le risque inondation.

Comprendre le risque d'inondation

L’inondation est une submersion, rapide ou lente, d’une zone habituellement hors de l’eau. On parle de risque d’inondation en cas de confrontation en un même lieu géographique d’un aléa (ex : le débordement d’un cours d’eau) avec des enjeux (humains, économiques, environnementaux) susceptibles de subir des dommages ou des préjudices.

Les inondations peuvent être dues à différents aléas.

Un cours d'eau est en crue lorsqu'on observe une montée du niveau de l'eau. Si la crue est importante, cela peut amener le cours d’eau à sortir de son lit et à inonder les terres alentours.

En ville les sols sont imperméabilisés. Lors de précipitations très intenses, l’eau ne s’y infiltre pas. Les réseaux d’évacuation d’eaux pluviales peuvent rapidement être saturés. Les eaux de pluies empruntent alors les rues, avec des courants parfois dangereux, jusqu’à rejoindre une rivière ou un autre réseau d’évacuation. En zones non urbanisées, des précipitations intenses peuvent également générer du ruissellement, notamment en secteurs agricoles du fait de l’absence de couvert végétal et de haies. 

Ce ruissellement peut provoquer une érosion des sols, et entraîner des dégâts plus importants avec des dépôts de boues dans les ouvrages de transport, dans le stockage des eaux pluviales et dans les espaces inondés. 

Ces inondations par ruissellement peuvent entraîner une pollution des eaux de surface et souterraines, ainsi que des sols. En effet, les eaux de ruissellement lessivent les sols et charrient avec elles des additifs agricoles (pesticides, engrais) en sortie de zone agricole, et des hydrocarbures et métaux lourds en sortie de zones urbaines.

En cas de précipitations de longue durée, le niveau de la nappe phréatique remonte entraînant une inondation des zones alentours.

Sur le littoral, des conditions météorologiques et océaniques défavorables, souvent accompagnées d’une forte houle et d’un vent fort venant du large, peuvent entraîner une hausse du niveau marin et alors inonder les zones côtières.

Les tempêtes tropicales, en particulier les cyclones, en plus des dégâts liés aux vents violents, génèrent des phénomènes qui peuvent causer des inondations :  submersion marine, choc mécanique des vagues associées, débordements de cours d’eau, crues torrentielles. Outre les impacts économiques et humains, les pluies déversées lors des épisodes cycloniques peuvent avoir des conséquences sur la qualité de l'eau du robinet. En effet, les inondations peuvent véhiculer des bactéries ou d’autres substances entraînant alors la contamination des sources d'eau potable et pouvant mettre ainsi en danger la santé des populations. 

Les spécificités de l'arc méditerranéen

Le pourtour méditerranéen fait partie des régions les plus touchées dans l’Hexagone en nombre de reconnaissances de l’état de catastrophe naturelle par commune pour le risque d’inondation. 9 millions d'habitants y sont exposés. 

Cette surexposition au risque d’inondation s’explique notamment par l’existence de phénomènes hydrométéorologiques spécifiques à la région. Des remontées d’air chaud et humide en provenance de la Méditerranée peuvent provoquer des épisodes de pluies intenses ou d’orages violents en rencontrant les premiers reliefs. Ces épisodes qui se produisent le plus fréquemment en automne sont historiquement appelés « épisodes cévenols » et peuvent toucher tout l'arc méditerranéen. 

Les épisodes méditerranéens peuvent apporter des précipitations intenses dépassant les 200 mm d’eau en une journée, soit 200 litres par m². Dans certaines situations, l’augmentation des niveaux des cours d’eau peut être particulièrement importante, et parfois survenir en quelques minutes.

De septembre à décembre, les départements Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Ardèche, Aveyron, Aude, Bouches-du-Rhône, Corse-du-Sud, Haute-Corse, Drôme, Gard, Hérault, Lozère, Pyrénées-Orientales, Var et Vaucluse sont davantage exposés.

Le Gard, l’Ardèche, l’Hérault et la Lozère figurent en tête des départements où l’on observe le plus souvent des épisodes apportant plus de 200 mm de pluie en 24 heures.
 

On observe sur les dernières décennies une tendance à l’augmentation de ces phénomènes de pluies intenses, vraisemblablement liée au réchauffement climatique. Toutefois, les modèles ne permettent actuellement pas de qualifier précisément l’évolution de ces phénomènes de pluies intenses ni leur impact sur la réaction des cours d’eau. Des études sont en cours pour améliorer la connaissance de ce type de phénomène.

Les spécificités dans les territoires d'Outre-mer

Les Antilles françaises, la Guyane, La Réunion et Mayotte sont aussi touchés annuellement par des épisodes d’inondations soudaines. En plus des phénomènes observables en France hexagonale, les territoires ultra-marins sont également soumis aux phénomènes cycloniques qui engendrent vents violents, houles et inondations par submersions marines, débordement de cours d’eau et ruissellement.

En savoir plus

En Guyane, les inondations surviennent principalement durant la saison des pluies, de janvier à juin avec une courte accalmie en mars.


La Guyane est soumise à la saison des pluies mais sous deux formes différentes :

  • dans les villes et les communes du littoral, les pluies intenses combinées aux marées, réduisent les écoulements. Ce phénomène peut entrainer des inondations rapides mais de courte durée (2 à 3 jours en moyenne) ;
  • à l'intérieur des terres et le long des fleuves (Maroni/Oyapock), les pluies continues sur les bassins versants provoquent des crues des cours d'eau. Le phénomène est plus lent mais la situation met plus de temps à revenir à la normale (de quelques jours à plusieurs semaines).
     

En Guadeloupe, en Martinique à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, les inondations peuvent survenir toute l’année.
Dans les îles antillaises, le phénomène de pluie est généralement très localisé et donc difficile à anticiper lorsqu’il n’est pas en lien avec un cyclone.

Aux Antilles françaises, les phénomènes d’ondes tropicales peuvent se manifester de mai à novembre. Ils peuvent donner des quantités très importantes de pluies. Des précipitations de 250 mm en un jour se produisent en moyenne au moins une fois tous les deux à dix ans aux Antilles, et au moins une fois tous les un à deux ans sur le relief de Basse-Terre (Guadeloupe).

En 2022, quatre évènements significatifs ont eu lieu aux mois de février, avril, août et septembre.  Deux d’entre eux, exceptionnels par la forte concentration de précipitations sur de très courtes périodes qui les ont caractérisés, ont eu de lourdes conséquences humaines.
 

À La Réunion, les inondations surviennent principalement à la saison des pluies entre décembre et avril. En lien avec l’influence du relief, ce sont les zones littorales de l’île où les pluies non liées à un cyclone ou à une tempête tropicale sont les plus importantes (plus de 50 %).

À Mayotte, les inondations surviennent principalement à la saison des pluies entre novembre et avril.

Compte tenu des spécificités du relief et du climat, l’île est fortement exposée aux risques d’inondation.

Lors des épisodes de pluies intenses, de nombreux phénomènes d’inondation s’ajoutent à des mouvements de terrain (glissements, éboulements, coulées de boue), des phénomènes de submersion marine, ou encore d’érosion de berges.

Les actions pour se préparer

Pour anticiper le risque d’inondation, l’État met en œuvre des politiques publiques visant à mieux comprendre et à anticiper l’aléa ainsi qu’à mieux faire connaitre aux citoyens les risques et les bons comportements.

Service d'information sur les risques de crues des principaux cours d'eau en France

Vigicrues vous informe sur le niveau de vigilance approprié pour les prochaines 24 heures et sur les prévisions de crues.

Vigicrues

L’État s’appuie sur un large réseau d’opérateurs scientifiques et techniques, en particulier Météo-France, pour améliorer la connaissance des risques naturels et des phénomènes générateurs et permettre la prévision des phénomènes extrêmes.

Dans les départements, les préfets élaborent des plans de prévention des risques d’inondations (PPRI) pour éviter l’installation de nouvelles constructions dans des zones exposées. Sur le pourtour méditerranéen, environ 50 % des communes sont dotées d’un PPRI en vigueur.

Les collectivités territoriales élaborent des programmes d’actions de prévention des inondations (PAPI), traitant des différents aspects de la prévention des inondations (connaissances des phénomènes, formation préventive des populations exposées, réalisation d’études et travaux de protection des biens et personnes). Avec plus de 70 PAPI labellisés par l’État (ouvrant droit au fonds Barnier) pour un total de 1,3 milliard d’euros de projets depuis 2011, les régions PACA, Occitanie et Corse, ainsi que la Drôme et l’Ardèche font partie des territoires les mieux protégés par les actions issues de ces programmes. L’État a ainsi cofinancé ces programmes à hauteur de 529 millions d’euros, soit environ 40 % du total labellisé.

Cette stratégie repose sur une politique partenariale entre l’État et les collectivités territoriales permettant la mobilisation de l’ensemble des acteurs. Plusieurs associations sont également mobilisées pour participer à des actions de développement de la culture du risque par exemple.

  • Vigicrues

La carte de vigilance  crues est élaborée par le réseau Vigicrues du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et concerne la plupart des grands cours d’eau de France. Elle est disponible sur le site www.vigicrues.gouv.fr, et sur l’application pour mobiles Vigicrues. La vigilance crues est publiée deux fois par jour à 10 h et 16 h et davantage lorsque la situation le nécessite. Elle s’accompagne de prévisions chiffrées sur la hauteur et le débit attendus des cours d’eau et, sur certains secteurs, de cartes d’inondation potentielle.

Depuis 2022, il est possible de créer son compte personnel sur le site vigicrues.gouv.fr, de façon à recevoir des avertissements personnalisés sur le ou les cours d’eau de son choix ; l’application Vigicrues permet également de se créer des avertissements personnalisés.

Consulter Vigicrues

  • La vigilance météorologique Météo-France 

La vigilance météorologique est conçue pour informer les citoyens et les pouvoirs publics en cas de phénomène dangereux pour la journée en cours et le lendemain. En traduisant le niveau de danger estimé pour un territoire donné, l’information de vigilance complète les prévisions météorologiques. Elle propose actuellement une vigilance « Pluie-Inondation » pour l’Hexagone, et « Fortes pluies/Orages » en Outre-mer, et donne accès à la vigilance crues.

Consulter les prévisions Météo-France

  • Les services complémentaires

Météo-France et le réseau Vigicrues du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires offrent deux services d’avertissement automatique complémentaires à la vigilance météorologique et aux crues :
- APIC (avertissement pluies intenses à l’échelle des communes) de Météo-France : disponible sur l’ensemble des communes de l’Hexagone, de  La Réunion et des Antilles, APIC permet de suivre en temps réel l’évolution et la localisation de l’épisode pluvieux en cours ;
- Vigicrues Flash : service d’avertissement automatique sur les risques de crues soudaines. Il informe des risques de crue soudaines, qualifiées de forte ou très forte, dans les prochaines heures, avec une synthèse effectuée par commune.

  • Le dispositif FR-Alert

FR-Alert est le dispositif d’alerte et d’information des populations, développé par le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer ; il est opérationnel depuis juin 2022. Il permet d’envoyer des notifications sur les téléphones mobiles des personnes présentes dans une zone confrontée à un grave danger (catastrophe naturelle, accident biologique, chimique ou industriel, acte terroriste...) afin de les informer sur la nature du risque, sa localisation et sur les comportements à adopter pour se protéger, sans qu’il soit nécessaire d’être abonné à un service ou d’avoir chargé une application. Ce dispositif peut être notamment mobilisé en cas de pluies intenses pour alerter les populations concernées équipées de mobiles.

Ce dispositif complète le système d’alerte et d’informations des populations (SAIP) qui comprend plus de 2 000 sirènes raccordées à un logiciel de déclenchement à distance, la mobilisation des télévisions et radios pour la diffusion des messages d’alerte et celle des comptes institutionnels sur les réseaux sociaux.
 

La vigilance est un dispositif qui permet d’anticiper de manière appropriée le niveau de danger maximal attendu pour la journée en cours et le lendemain. La vigilance vise à susciter l’attention de tous sur les dangers potentiels d’une situation météorologique, à faire connaître les conseils pour se protéger et à s’informer. Dans le même temps, les autorités peuvent prendre des mesures de sécurité civile, comme le pré positionnement des secours.

L’alerte n’est déclenchée que par les autorités ayant pouvoir de police (préfet, maire) que lorsque le danger est avéré, par exemple lorsque l’importance de la crue justifie le déclenchement des mesures de mise en sûreté des personnes et des biens et la mobilisation des moyens de secours. Les maires alertent la population et peuvent mettre en œuvre le plan communal de sauvegarde (PCS).
 

Pour sensibiliser les populations aux bons réflexes à adopter durant les épisodes de pluies intenses et d’inondations soudaines, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, en lien avec le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, mène en 2024 du 24 août, et jusqu’au 30 novembre la 9e édition de sa campagne de prévention « Pluie – Inondation ». Cette campagne se déploie sur 15 départements de l’arc méditerranéen, sous forme de visuels diffusés dans la presse locale, de spots radio et vidéo, et via les réseaux sociaux.

Le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a décliné dans les Outre-mer des campagnes de prévention « Pluies intenses – Inondations » :

  • du printemps 2023 à fin 2023 : 2 vagues de communication en Guyane et aux Antilles françaises (Guadeloupe ; Martinique ; Saint-Martin ; Saint-Barthélemy) 
  • janvier 2024 : 1ère vague à La Réunion (report lors du cyclone Belal).

L’information sur ces réflexes pragmatiques vise à montrer que les risques liés aux fortes pluies peuvent être importants y compris en dehors des épisodes cycloniques. Pensée en relation étroite avec les services de l’État présents localement, la campagne décline les bons gestes adaptés aux situations spécifiques des différents territoires d’outre-mer : la saisonnalité, le type de phénomènes considérés, ainsi que les langues locales.

Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, a également créé en 2022 à l'occasion de la journée nationale « Tous résilients face aux risques – S’informer, réagir, se protéger » (13 octobre), un dispositif ludique et pédagogique intitulé « La Boîte à risques » pour aborder le sujet des risques naturels de manière pédagogique à destination d’un jeune public. Par le jeu et la pédagogie, les messages de prévention permettent de faire prendre conscience que chacun peut être acteur de sa propre sécurité.
 

Face aux risques de pluie intense et d’inondation soudaine, la campagne de prévention rappelle les bons gestes à adopter pour s’en protéger :

  • Reportez tous vos déplacements, que ce soit à pied ou en voiture.
  • Ne prenez pas votre voiture ou ne restez pas dedans ; quelques centimètres d’eau suffisent à l’emporter.
  • Sauf consigne contraire des autorités, notamment en outre-mer, laissez vos enfants à l’école ou à la crèche : ils y sont en sécurité.
  • Restez ou rentrez dans un bâtiment et réfugiez-vous à l’étage.
  • Coupez, si possible et sans vous mettre en danger, les réseaux de gaz, d’électricité et de chauffage.
  • Ne descendez pas dans les sous-sols ou les parkings souterrains.
  • Éloignez-vous des cours d’eau, des berges et des ponts. Ne franchissez pas de gué ou de radier.
  • Restez informé et à l’écoute des consignes des secours et de votre mairie.
  • Contactez les personnes vulnérables et isolées en privilégiant les SMS afin de laisser les réseaux disponibles pour les secours.

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