Publié le 01 décembre 2016

Origine et gestion de la sécheresse

  • Eau

Les périodes de sécheresse peuvent résulter d’un manque de pluie, mais aussi d’une utilisation trop intensive ou inadaptée de l’eau disponible. Quand la sécheresse survient, des restrictions d’usage de l’eau peuvent être décidées par les préfets de département. Chacun, par ses gestes quotidiens ou ses pratiques professionnelles, peut contribuer à préserver les ressources en eau potable.

Origines de la sécheresse

Les eaux utilisées en France proviennent en grande majorité (82 %, soit environ 26 milliards de m3) des fleuves, des rivières et des lacs – ce sont les « eaux de surface » –, généralement plus faciles et moins chères à prélever. Pour produire de l’eau potable, on utilise principalement (près de 63 %) des eaux souterraines, moins polluées. Cependant, dans les zones urbaines, où la quantité nécessaire à chaque instant est très élevée, on prélève plutôt de l’eau de surface que les grandes collectivités ont les moyens de traiter efficacement. L’eau potable est prélevée à partir de près de 35 000 points de captage. Les captages d’eau destinée à la fabrication d’eau potable sont protégés, pour éviter toute pollution accidentelle.

Les différents types de sécheresse

On distingue trois grands types de sécheresses :

  • la sécheresse météorologique provoquée par un manque de pluie ;
  • la sécheresse agricole causée par un manque d’eau dans les sols et qui nuit au développement de la végétation ;
  • la sécheresse hydrologique lorsque les lacs, rivières, cours d’eau ou nappes souterraines ont des niveaux anormalement bas.

Le bulletin national de situation hydrologique

Tous les mois, un bulletin de situation hydrologique présente l’évolution mensuelle des ressources en eau. Il décrit la situation quantitative des milieux aquatiques (pluies efficaces, débits des cours d’eau, niveau des nappes d’eau souterraine, état de remplissage des barrages-réservoirs) et fournit une information synthétique sur les arrêtés préfectoraux pris pour limiter les usages de l’eau durant la période d’étiage.

Le manque de pluie

En France métropolitaine, les précipitations apportent en moyenne 512 milliards de m3 d’eau par an, dont les deux tiers s’évaporent : les 200 milliards de m3 restant alimentent les eaux de surface et souterraines. Le débit des rivières de France est resté stable au cours des dernières décennies. La quantité d’eau des eaux souterraines peut varier en fonction du niveau de prélèvement et du taux de renouvellement de ces eaux.

La sécheresse peut résulter d’un manque de pluie. Elle survient lorsque la quantité de pluie est nettement inférieure aux normales saisonnières et cela, sur une assez longue période. Lorsque le manque de pluie survient en hiver ou au printemps, il empêche le bon remplissage des nappes phréatiques (« réserves » d’eau) qui s’effectue d’habitude à cette période de l’année.

Au-delà du mois d’avril, l’eau de pluie est essentiellement absorbée par les plantes, en pleine croissance, ou s’évapore à cause de la chaleur. La sécheresse peut être accentuée par des températures élevées, notamment en été, qui provoquent un assèchement des sols et l’évaporation plus importante de l’eau disponible.

Le manque d’eau peut donc apparaître à tout moment dans l’année.

Globalement, au plan national, les ressources en eau sont suffisantes. Des situations de manque d’eau peuvent cependant survenir à certaines périodes de l’année, et dans certaines zones géographiques en raison de prélèvements en eau supérieurs à la ressource disponible.

Des prélèvements en eau excessifs

Les prélèvements en eau douce en France représentent environ 33,5 milliards de m3 par an, soit 15% de la pluie efficace (moyenne 2008-2018) .

L’industrie rejette une grande partie de l’eau qu’elle prélève. Ses prélèvements représentent près de 59 % de l’eau prélevée.

À l’inverse, l’agriculture consomme presque toute l’eau qu’elle prélève. Elle représente 45 % des consommations pour seulement un peu plus de 9 % des prélèvements, soit environ 2,3 milliards de m3 consommés pour 2,9 milliards de m3 prélevés. Les impacts sont importants, car ils sont concentrés sur une seule période de l’année – les 3 mois d’été – , où l’agriculture peut représenter jusqu’à 80 % de l’eau consommée et certaines zones géographiques où les ressources sont les moins importantes.

La production d'eau potable représente 21 % des consommations, soit environ 1,1 milliard de m3 par an. Ce chiffre est globalement stable, l’augmentation de la population étant compensée par une diminution de la consommation de chacun.

Sécheresse et changement climatique

Avec le changement climatique, les sécheresses seront de plus en plus récurrentes. A cause de la hausse des températures, l’évaporation augmentera, renforçant l’intensité et la durée des sécheresses. Les effets sont déjà visibles, notamment en méditerranée.

Les économies d’eau

L’eau, prélevée dans les eaux souterraines qui se renouvellent, pour certaines, lentement, est rejetée dans les eaux de surface qui s’écoulent vers la mer. La quantité d’eau qui rejoint les eaux de surface varie fortement en fonction des usages. Selon l’usage et la nature des ressources, le cycle de l’eau ne permet donc pas toujours à lui seul de préserver l’équilibre de la ressource. De plus, si le niveau des nappes souterraines baisse trop à un endroit, l’équilibre hydrogéologique peut se trouver modifié. A proximité de la mer, comme en Gironde, il y a par exemple un risque d’infiltration d’eau de mer (« intrusion saline ») dans les nappes souterraines.

Sécheresse et agriculture

Entre juin et août, 80% de l’eau est consommée par l’agriculture. Limiter l’irrigation à « la bonne dose au bon moment » permet par endroit de diminuer la consommation de 30%. Les économies d’eau dans ce secteur sont globalement encouragées : amélioration du matériel d’irrigation, changement de pratiques, choix de cultures moins consommatrices d’eau. Les légumineuses, racines et tubercules consomment beaucoup moins d’eau que le maïs qui demande une grande quantité d’eau à une période de l’année où la ressource est la moins abondante...

Réduire sa consommation d’eau

Les particuliers sont eux aussi invités à faire des économies d’eau et à réduire leur consommation : en prenant des douches à la place des bains, en installant des chasses d’eau double flux et des réducteurs de pression sur les robinets ou en réutilisant l’eau de pluie.

Des mesures d’économie d’eau sont également préconisées auprès des industriels : amélioration des modes opératoires pour les rendre plus économes en eau, utilisation de l’eau en circuit fermé, recyclage des eaux de nettoyage.

La campagne de communication nationale « Chaque geste compte, préservons nos ressources », inscrite dans le cadre du plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau, a pour objectif d’inciter chacun à la sobriété, à l’échelle individuelle et collective. Rendez-vous sur le site du Gouvernement pour retrouver l'ensemble de la campagne : preservonsleau.gouv.fr.

Les mesures prises pour éviter la sécheresse

Les mesures de restriction d’eau des préfets

Les seuils entraînant des mesures de restriction d’eau sont définis au niveau local par les préfets. Ce qui facilite la réaction en situation de crise, et permet la transparence et la concertation entre les différents usagers d’un même bassin.

Les arrêtés sécheresse ne peuvent être prescrits que pour une durée limitée, sur un périmètre déterminé. Ils doivent assurer l’exercice des usages prioritaires, plus particulièrement la santé, la sécurité civile, l’approvisionnement en eau potable et la préservation des écosystèmes aquatiques. Ceci tout en respectant l’égalité entre usagers des différents départements et la nécessaire solidarité amont - aval des bassins versants.

VigiEau : le site dédié aux arrêtés de restriction d’eau

Pour faire face à une insuffisance de la ressource en eau en période d’étiage, les préfets sont amenés à prendre des mesures exceptionnelles de limitation ou de suspension des usages de l’eau en application de l’article L.211-3 II-1° du code de l’environnement.

VigiEau présente les mesures de suspension ou de limitation prises par les préfets à partir des données fournies à titre indicatif par les services départementaux de l’État. Lorsqu’un arrêté de restriction est général et collectif, celui-ci doit être affiché en mairie de chaque commune concernée et fait l’objet d’une publication dans les journaux régionaux ou locaux.

Les seuils et leurs conséquences pour les acteurs

Quatre niveaux de limitation ont été définis : vigilance, alerte, alerte renforcée, crise.

Les mesures de limitation des prélèvements sont progressives et adaptées aux différents usagers :

  • usages domestiques : sensibilisation, puis limitation de plus en plus forte des prélèvements pour l’arrosage des pelouses, des espaces verts, le lavage des voitures, le remplissage des piscines jusqu’à l’interdiction totale de ce type d’utilisation (hors usage eau potable) ;
  • agriculture (80% des consommations d'eau sur la période estivale) : interdiction d’irriguer 1 jour par semaine, plusieurs jours par semaine ou à certaines heures jusqu’à l’interdiction totale de l’irrigation ;
  • industrie : des mesures spécifiques ont été prises sur les unités les plus consommatrices : mesures imposant une réduction progressive d’activité, le recyclage de certaines eaux de nettoyage, la modification de certains modes opératoires.

Le comité d’anticipation et de suivi hydrologique

Le comité d’anticipation et de suivi hydrologique (CASH) est chargé pour le Comité national de l’eau :

  1. d’échanger et d’informer sur la situation hydrologique à court et long terme afin d’accompagner les territoires dans l’anticipation du risque de sécheresse, la gestion des crises et la résorption de façon structurelle des phénomènes répétés de sécheresse ;
  2. de proposer au Comité national de l’eau, dans le contexte du changement climatique, des recommandations et des actions préventives ou compensatrices rendues nécessaires par la situation hydrologique ainsi que des actions destinées à résorber de façon structurelle le déficit quantitatif. Il constitue un lieu d’échanges et d’information sur la situation hydrologique pour anticiper les crises. Il s’intéresse aux conséquences de la situation hydrologique sur les différents usages de l’eau et sur les milieux naturels, aux leviers d’anticipation pour améliorer la gestion de la sécheresse. Il coordonne les actions nationales de communication, recueille les avis et propositions des différents acteurs sur les mesures préventives ou compensatrices.

L’indemnisation des agriculteurs en cas de restrictions

Lorsqu’une sécheresse entraîne une « calamité agricole », les agriculteurs peuvent être indemnisés par un fonds spécial : le Fonds national de garantie des calamités agricoles (FNGCA), alimenté par l’Etat et les agriculteurs (contribution additionnelle aux primes d’assurance de leurs contrats d’assurance).

Après reconnaissance d’une calamité agricole par le ministre en charge de l’agriculture, le fonds indemnise les exploitations sinistrées. Ces indemnités couvrent en moyenne 30% des dommages.

Les restrictions en vigueur selon le niveau de gravité de la sécheresse

Pour faire face à un manque d’eau, les préfets peuvent être amenés à prendre des mesures exceptionnelles de limitation ou de suspension des usages de l'eau.

Il existe 4 niveaux de limitation, selon la sévérité de l’épisode de sécheresse : vigilance, alerte, alerte renforcée et crise.

Niveau 1 : la vigilance

Incitation des particuliers et des professionnels à économiser l’eau (niveau de sensibilisation, pas de restriction).

Niveau 2 : l’alerte

Les niveaux d’alerte et d’alerte renforcée exigent de réduire tous les prélèvements et interdisent les activités impactant les milieux aquatiques. Jusqu’à 50 % d’économie d’eau peuvent être exigés.

Quelques-unes des restrictions :

  • l'arrosage des espaces arborés, pelouses, massifs fleuris, espaces verts est interdit entre 11h et 18h ;
  • l'arrosage des jardins potagers est interdit entre 11h et 18h ;
  • l'arrosage des espaces verts est interdit, sauf pour les plantations de moins d’un an ;
  • le remplissage et la vidange de piscines privées (plus d’1m3) sont interdits, sauf remise à niveau et premier remplissage si le chantier avait débuté avant les premières restrictions ;
  • le lavage de voiture est interdit à domicile, et le lavage en station est soumis à conditions (utilisation d’un matériel haute pression ou d’un système de recyclage de l’eau ou sur programme ECO)
  • le nettoyage des façades, toitures, trottoirs et autres surfaces imperméabilisées est interdit sauf s'il est réalisé par une collectivité ou une entreprise de nettoyage professionnel ;
  • l'irrigation par aspersion des cultures est interdit entre 11h et 18h ;
  • l'irrigation des cultures par système d’irrigation localisée (goutte à goutte par exemple) est autorisé.

Niveau 3 : l’alerte renforcée

Les niveaux d’alerte et d’alerte renforcée exigent de réduire tous les prélèvements et interdisent les activités impactant les milieux aquatiques. Jusqu’à 50 % d’économie d’eau peuvent être exigés.

Quelques-unes des restrictions :

  • l'arrosage des espaces arborés, pelouses, massifs fleuris, espaces verts est interdit, sauf pour les arbres et arbustes plantés en pleine terre depuis moins de 2 ans (de 20h à 9h) ;
  • l'arrosage des jardins potagers est interdit entre 9h et 20h ;
  • l'arrosage des espaces verts est interdit, sauf pour les plantations de moins d’un an ;
  • le remplissage et la vidange de piscines privées (plus d’1 m3) sont interdits, sauf remise à niveau et premier remplissage si le chantier avait débuté avant les premières restrictions ;
  • le remplissage et la vidange des piscines à usage collectif est interdit, sauf remise à niveau ou en cas de premier remplissage ou pour la réglementation pour raisons sanitaires ;
  • le lavage de voiture est interdit à domicile, et le lavage en station est soumis à conditions (utilisation d’un matériel haute pression ou d’un système de recyclage de l’eau ou sur programme ECO) ;
  • le nettoyage des façades, toitures, trottoirs et autres surfaces imperméabilisées est interdit, sauf si réalisé par une collectivité ou une entreprise de nettoyage professionnel ;
  • l'irrigation par aspersion des cultures est interdit entre 9h et 20h ;
  • l'irrigation des cultures par système d’irrigation localisée (goutte à goutte par exemple) est autorisé.

Niveau 4 : la crise

Le niveau de crise déclenche des interdictions, pour préserver les usages prioritaires : santé, sécurité civile, eau potable, salubrité.

Quelques-unes des restrictions :

  • l'arrosage des espaces arborés, pelouses, massifs fleuris, espaces verts est interdit, sauf pour les arbres et arbustes plantés en pleine terre depuis moins de 2 ans (de 20h à 9h) ;
  • l'arrosage des jardins potagers est interdit entre 9h et 20h ;
  • l'arrosage des espaces verts est interdit ;
  • le remplissage et la vidange de piscines privées (de plus d’1 m3) sont interdits ;
  • le remplissage et la vidange des piscines à usage collectif sont interdits sauf remise à niveau ou si demandé par l’ARS ou la réglementation pour raisons sanitaires ;
  • le lavage de voiture est interdit à domicile et en station (sauf impératif sanitaire) ;
  • le nettoyage des façades, toitures, trottoirs et autres surfaces imperméabilisées est interdit, sauf réalisé par une collectivité ou une entreprise de nettoyage professionnel avec impératif sanitaire ou sécuritaire ;
  • l'irrigation par aspersion des cultures est interdit ;
  • l'irrigation des cultures par système d’irrigation localisée (goutte à goutte par exemple) est interdit, sauf pour les semences et plants.