Publié le 09 décembre 2021
Mis à jour le 28 août 2025
Lutte contre la déforestation importée
Publié en juin 2023, le Règlement européen de lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) vise à mettre fin à l'importation de produits forestiers non durables contribuant à la déforestation et la dégradation dans les pays producteurs. La France, qui a fortement soutenu l'adoption de ce Règlement, s'est mobilisée dès 2018 avec l'adoption de sa Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée.
Déforestation importée : contexte et enjeux
Qu’est-ce que la déforestation importée ?
Selon l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), 420 millions d’hectares de forêts, représentant environ 10 % des forêts du monde ont disparu entre 1990 et 2020, soit une surface plus importante que celle de l’Union européenne (UE).
L’expansion de l’agriculture est responsable de près de 90 % de la déforestation mondiale avec un tiers de cette production qui est destinée à l'exportation. La production de soja, d’huile de palme, de cacao, d’hévéa, de bois ainsi que l’élevage bovins font partie des principaux produits à risque.
La déforestation importée désigne l’importation de matières premières ou de produits transformés dont la production a contribué, directement ou indirectement, à la déforestation, à la dégradation des forêts ou à la conversion d’écosystèmes naturels dans les pays producteurs.
Pourquoi lutter contre la déforestation importée ?
La forêt rend à l’humanité et à la biodiversité des services inestimables. En séquestrant le carbone, elle contribue à la lutte contre le changement climatique, atténue les événements climatiques extrêmes, filtre l’eau et offre une protection contre les inondations. Les forêts constituent également des réservoirs de biodiversité exceptionnels, abritant 80% des espèces terrestres de la planète. Elles sont également le lieu de vie de communautés autochtones et fournissent un revenu à plus de 1,6 milliard de personnes dans le monde.
À l’inverse, la déforestation contribue à environ 11 % des émissions de gaz à effet de serre.
Enjeux pour les pays européens
Selon l’étude d’impact de la Commission européenne publiée en 2021, l’Union européenne a, entre 1990 et 2008, importé et consommé un tiers des produits agricoles associés à la déforestation échangés mondialement. Cet impact est particulièrement fort dans les régions tropicales humides, notamment les trois grands bassins forestiers de l’Amazonie, du Congo et d’Asie du Sud-Est, où sont cultivées la plupart des denrées susceptibles d’être exportées vers l’UE.
Une ambition nationale et un cadre réglementaire européen axés sur la préservation des forêts mondiales
La SNDI, un engagement en ligne avec les objectifs internationaux de la France
Dans la continuité de ses engagements internationaux en matière de lutte contre la déforestation, notamment la Déclaration de New York sur les forêts en 2014, la France a été le premier pays à adopter dès 2018 une Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) pour mettre fin à l’importation de produits forestiers ou agricoles contribuant à la déforestation ou à la dégradation des forêts.
Cette stratégie s’articule autour de dix-sept objectifs et cinq grandes orientations qui visent à développer et valoriser les connaissances portant sur les mécanismes de déforestation, renforcer les coopérations internationales, favoriser la demande en produits durables par le biais des achats publics durables par exemple, et enfin favoriser l’engagement des acteurs économiques. Des avancées significatives ont été obtenues dans ce cadre, comme le montre le bilan publié en 2022.
Le règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE)
Le Règlement (UE) 2023/1115 du Parlement européen et du Conseil du 31 mai 2023 relatif à la mise à disposition sur le marché de l’Union et à l’exportation à partir de l’Union de certains produits de base et produits associés à la déforestation et à la dégradation des forêts, dit « RDUE », représente une étape essentielle dans la lutte contre la déforestation.
Publié au journal officiel de l’UE le 9 juin 2023, ce règlement ambitieux interdit la mise sur le marché européen ou l’exportation depuis le marché européen de produits qui auraient contribué à la déforestation ou à la dégradation des forêts depuis le 31 décembre 2020. Le règlement entrera en application à compter du 30 décembre 2025, avec un délai supplémentaire de six mois pour les petites et les microentreprises, soit le 30 juin 2026.
Le champ d’application du texte ne se limite pas au seul commerce du bois. Il couvre sept commodités : café, cacao, caoutchouc, huile de palme, soja, bœuf et bois, ainsi que certains de leurs produits dérivés comme le cuir, le charbon de bois, le papier imprimé, etc. L’ensemble des produits concernés sont listés à l’annexe 1 du RDUE.
La traçabilité et la transparence sont au cœur du dispositif proposé afin de faire de la durabilité des chaînes d’approvisionnement une nouvelle norme. Les entreprises concernées par le règlement auront l’obligation de réaliser une diligence raisonnée en amont de toute mise sur le marché (importation ou mise sur le marché domestique) ou exportation, afin de garantir que le produit commercialisé n’ait pas engendré de déforestation ni de dégradation forestière et que le produit a été produit en conformité avec la législation du pays d’origine. Les entreprises devront être en mesure de retracer leur chaîne d’approvisionnement et renseigner ces informations dans le système d’information européen TRACES leur permettant de générer une déclaration de diligence raisonnée.
Par un acte d’exécution du 22 mai 2025, la Commission européenne a publié la classification des pays par niveau de risque de déforestation ou de dégradation des forêts. Ces éléments devront être pris en compte par les entreprises dans la conduite de leur diligence raisonnée et par les autorités compétentes dans leur plan de contrôle.
Ressources sur le RDUE
Un portail internet dédié
Un portail internet dédié, met à la disposition des acteurs l’ensemble de l’information pertinente sur la SNDI et le règlement européen.
Des engagements volontaires de filières
Dans le cadre de la SNDI, les acteurs des filières concernées par la déforestation importée, notamment les filières cacao et soja, se sont fortement engagées à travers plusieurs initiatives volontaires, soutenues par l’État.
Initiative française pour un cacao durable
L’initiative française pour un cacao durable (IFCD) a été lancée en octobre 2021 par les acteurs de la filière cacao et chocolat en France. L’IFCD vise à rendre la filière cacao plus durable d’ici à 2030. Elle réunit des entreprises de l’industrie, des négociants, des artisans, des enseignes de distribution, des organisations de la société civile, et des instituts de recherche. Les objectifs de cette initiative sont à la fois sociaux, économiques et environnementaux : revenu des cacaoculteurs, lutte contre la déforestation, lutte contre le travail forcé et le travail des enfants.
Les membres de l’IFCD, soutenu par l’Etat, ont adopté une feuille de route en avril 2022, avec des objectifs ambitieux sur les trois volets structurants son action : économique, social et environnemental.
En savoir plus :
Manifeste pour une mobilisation des acteurs français pour lutter contre la déforestation importée liée au soja
Le « Manifeste pour une mobilisation des acteurs français pour lutter contre la déforestation importée liée au soja » a vocation à fédérer un maximum d'acteurs (industriels, fabricants d’aliments, importateurs, pouvoirs publics…) autour d’engagements communs, afin de faire basculer le marché vers un soja responsable, en dehors des schémas classiques de certification.
Signé en 2020, et soutenu par le Gouvernement, il compte actuellement une trentaine de signataires : distributeurs, représentants de l’industrie, ONG. Il concerne en priorité tous les produits des filières volaille, porc, bœuf, œufs et produits laitiers dont l’alimentation animale contient du soja.