Publié le 09 janvier 2017
Mis à jour le 18 juillet 2024
Impacts du changement climatique : Agriculture et Forêt
Un indicateur est une information, associée à un phénomène, permettant d’en indiquer l’évolution dans le temps, de façon objective, et pouvant rendre compte des raisons de cette évolution. Dans cette fiche, les indicateurs s'intéressent à l'agriculture et la forêt.
Date des vendanges pour un panel de vignobles français
Cet indicateur rend compte de l’évolution des dates de vendanges (date moyenne d'ouverture) pour un panel de vignobles ou de régions en France métropolitaine.
Responsable et organisme propriétaire des données : se référer à l'indicateur spécifique
Traitement des données : MTES/SDES - Onerc
Date de mise à jour : novembre 2017
L'avancée des dates de vendanges est corrélée essentiellement avec l'évolution de la température et ce de manière quasi linéaire. Une évolution conduisant à une avancée de la date des vendanges est donc un marqueur efficace du réchauffement climatique, et de la réaction de la végétation.
Date de floraison et des vendanges en Champagne
Cet indicateur rend compte de l’évolution des dates de floraison et de vendanges (date moyenne d'ouverture) en champagne depuis 1951.
Responsable de l’indicateur : Sébastien DEBUISSON, Julie PERRY Comité interprofessionnel du vin de Champagne
Organisme propriétaire des données : Comité interprofessionnel du vin de Champagne
Date de dernière actualisation de l’analyse technique et des données : 21 juillet 2022
En Champagne, on compte environ 300 communes viticoles et l’on trouve trois cépages, le chardonnay, le pinot noir et le meunier. Les dates de vendanges sont déterminées en concertation par les professionnels sur la base de suivis de la maturation des raisins, puis officialisées par arrêté préfectoral. C’est le ban des vendanges. Il y a une date par commune et par cépage, soit à peu près 900 dates à l’échelle de la Champagne. La date de vendange retenue dans le jeu de données est la date moyenne, pondérée par les surfaces de chaque cépage dans chaque commune. Ce jeu de données permet de représenter l’évolution sur un demi-siècle des dates de vendanges, à l’échelle de la Champagne.
Nous avons ajouté au jeu de données les dates de pleine floraison. Celles-ci sont obtenues par croisement de différentes sources :
- enquête auprès de correspondants présents dans chaque commune viticole ;
- enquête auprès de correspondants à l’échelle de petites régions du vignoble (20 petites régions pour la totalité du vignoble champenois) ;
- informations issues de réseaux d’observations, type MAGISTER (600 parcelles suivies par an sur l’ensemble du vignoble champenois) ;
- informations issues des observations réalisées au sein des Maisons de Champagne.
On construit alors un indicateur qui s’affranchit des choix de l’homme. Cet indicateur peut être utilisé auprès des professionnels de la filière viticole ou arboricole.
On constate :
- que cet indicateur fournit les mêmes informations que l’indicateur dates de vendanges au niveau des tendances ;
- que l’écart "pleine floraison" - "vendanges" est relativement stable dans le temps, avec une moyenne autour de 96 jours de 1951 à 2014, mais une moyenne décennale à tendance décroissante.
Le jeu de données couvre la période 1951-2017. L’indicateur est la moyenne décennale, depuis 1960 et jusqu’à l’année passée, avec en trame de fond les données annuelles.
La donnée sur les dates de vendanges est factuelle, mais relève de décisions humaines. On pourrait ainsi craindre qu’elle manque de précision. L’indicateur le plus pertinent mais moins connu du grand public est la date de pleine floraison : stade phénologique facile à déterminer ne relevant d’aucune action de l’homme. Nous avons constaté que l’écart entre pleine floraison et vendange est relativement stable dans le temps. Dans les séries temporelles présentées, seules deux années voient leur cycle fructifère raccourci de façon importante, 1976 et 2003, en raison d’une canicule prolongée. L’observation de la moyenne décennale met toutefois en évidence un raccourcissement de cette période de près d’une semaine ces 40 dernières années.
La fiabilité de l’indicateur est rattachée à plusieurs paramètres :
- La méthodologie utilisée pour son calcul
- Les jeux de données permettant son élaboration :
- couverture géographique et temporelle,
- représentativité des jeux de données,
- inter comparaison
Fin du parcours viticole et début du parcours vinicole, la date de vendange est une date très importante au niveau de la filière. Les vendanges sont toujours l’objet d’attentions médiatiques importantes. Facile à comprendre pour le grand public, la date de vendange semble être un indicateur pertinent du changement climatique. Bien que moins médiatique, la date de pleine floraison est un indicateur encore plus pertinent du réchauffement climatique car celle-ci est indépendante de toute action anthropique.
Évolution des dates de floraison et des dates de vendanges en Champagne depuis 1951
Facile à comprendre pour le grand public, la date de vendanges est un indicateur pertinent du changement climatique. Bien que moins médiatique, la date de pleine floraison est un indicateur encore plus pertinent, car elle est indépendante de toute action de l’homme.
L’évolution des dates de pleine floraison et de vendanges est une illustration régionale de changements manifestes du climat. Depuis 1987, ces deux stades gagnent en précocité. C’est ainsi qu’aujourd’hui, en Champagne, les vendanges ont lieu en moyenne deux semaines plus tôt qu’il y a vingt ans (cf. moyennes décennales). Au cours de cette période, les rendements agronomiques observés entament une baisse sur la dernière dizaine d’année, principalement en lien avec l’âge du vignoble, le dépérissement, mais également, dans une mesure plus modérée, avec l’enherbement des parcelles. Au contraire, la maturité moyenne à la vendange a gagné 0,8 % vol. d’alcool probable, à la faveur d’une maturation décalée sur des journées plus longues, plus chaudes, et probablement grâce à des teneurs en CO2 atmosphérique plus élevées, améliorant l’efficience de la photosynthèse.
Date de Vendanges à Saint-Emilion (Gironde)
Cet indicateur rend compte de la date de début des vendanges dans une propriété de l’appellation Saint-Emilion depuis 1892
Responsable de l’indicateur : Pr. Cornelis (Kees) VAN LEEUWEN, INRA Bordeaux Sciences Agro
Organisme propriétaire des données : INRA Bordeaux Sciences Agro
Date de dernière actualisation de l’analyse technique et des données : 1er juillet 2022
Cet indicateur est basé sur un archivage rigoureux par les gestionnaires.
La date des vendanges est un indicateur pertinent du régime thermique de l’année. La phénologie de la vigne est corrélée à la somme des températures moyennes journalières supérieures à 10 °C. En effet, la physiologie des plantes est liée à la notion de seuil de la température journalière. La plante ne croit que si un certain seuil de température journalière est dépassé. La croissance résulte donc de la somme de ces températures journalières au cours du cycle de développement de la plante. Dans le cas de la vigne, ce seuil de température est de 10 °C et le cycle de développement s’étend de la date de débourrement à la date des vendanges. Ainsi, la date des vendanges est corrélée à cette somme de températures moyennes journalières désignée ci-après sous le terme de somme des températures. On observe une corrélation significative entre les dates de vendange et la somme des températures relevées : plus la somme des températures est élevée (plus l’année est chaude) plus la date des vendanges est précoce.
Évolution des dates de vendanges à Saint-Emilion (Gironde) depuis 1892
Les dates de début des vendanges sont corrélées au climat thermique de l’année exprimé en somme de températures moyennes supérieures à 10 °C. Les variations interannuelles des dates de vendanges sont importantes et la température n’est pas la seule variable explicative. Si on trace la date moyenne décennales de début de vendange, on observe que pendant la majorité du XXè siècle les dates des vendanges fluctuent autour du 26 septembre. Une tendance nette et continue à la précocité des vendanges débute vers la fin des années 80 (environ 1988) pour atteindre en moyenne le 15 septembre à partir des années 2010. Ces dates moyennes n’ont jamais été atteintes au cours de la période considérée. Cette précocité fait suite à une période de vendanges relativement tardives entre 1973 et 1988. Même si des périodes de vendanges précoces ont observées au début du XXè siècle autour du 18 septembre, au début des années 1920 et des années 1940 (22 septembre), la précocité des vendanges est de plus en plus observées en 2011 (5 septembre), 2015 (2 septembre), 2017 (5 septembre), 2018 (9 septembre) et 2020 (3 septembre).
Stades de développement de la vigne en Alsace
Cet indicateur est calculé annuellement à partir du suivi régulier du taux de bourgeons débourrés, de fleurs ouvertes et de baies vérées sur un site de référence.
La date d'ouverture des vendanges vient compléter ces indicateurs de stade de développement de la vigne.
Responsable de l’indicateur : Eric DUCHENE, Institut National de la Recherche Agronomique (INRA)
Organisme propriétaire des données : Institut National de la Recherche Agronomique (INRA)
Date de dernière actualisation de l’analyse technique et des données : 31 août 2022
L’expérimentateur passe régulièrement dans la parcelle de référence et apprécie visuellement le pourcentage d’organes ayant dépassé le stade considéré. Ces observations sont alors reportées sur un graphique date-taux.
Le jeu de données de base servant à la détermination de l’indicateur est donc constitué par des fiches de notations papier du taux (%) d’organes ayant dépassé le stade considéré, à une date donnée.
Ensuite, une interpolation est réalisée pour obtenir la date à laquelle 50 % des organes sont considérés comme ayant dépassé le stade considéré.
Le site de référence, qui est utilisé pour le suivi régulier du taux de bourgeons débourrés, de fleurs ouvertes et de baies vérées, est suivi depuis 1958. La variété retenue ici est toujours le riesling mais il y a eu un renouvellement physique des pieds de vigne au cours de la période. Les données retenues de 1972 à 1974 inclus proviennent de parcelles voisines, les collections INRA étant en cours de renouvellement à cette période.
Il peut exister un effet "expérimentateur" dans l’appréciation des taux. De même la méthode de calcul fait intervenir une interpolation pour obtenir la date à laquelle 50 % des organes sont considérés comme ayant dépassé le stade. On peut estimer l’incertitude sur la précision de l’indicateur à 1 jour, en plus ou en moins.
Les dates de débourrement et de floraison sont peu sensibles au mode de conduite de la vigne. Les variations interannuelles peuvent être considérées comme essentiellement liées aux conditions climatiques.
Un avancement des dates de véraison peut être interprété essentiellement par un réchauffement du climat. Un retard des dates de véraison serait plus délicat à interpréter car il pourrait être lié à d’autres facteurs. La véraison peut ainsi être retardée si les pieds de vigne ont une charge excessive en raisins, si les températures dépassent 35 °C, ou en cas de blocage de la maturation par une sécheresse prononcée.
La date de débourrement de la vigne est en premier lieu, conditionnée par la satisfaction de besoins en froid pour lever la dormance des bourgeons. Ces besoins sont considérés comme satisfaits lorsque la température minimale journalière ne dépasse pas 10 °C durant au moins 7 jours consécutifs (Pouget, 1963). Cette condition est toujours satisfaite en Alsace à la sortie de l’hiver. Le débourrement est ensuite dépendant de l’apparition de températures favorables à la reprise d’activité au printemps. La date de débourrement sera d’autant plus précoce que les températures s’élèvent rapidement à la sortie de l’hiver.
Les dates de floraison dépendent des dates de débourrement et des sommes de températures depuis le débourrement (Besselat et al. 1995 ; Huglin and Schneider 1998).
Les dates de véraison dépendent des dates de floraison et des températures depuis la floraison (Hale and Buttrose 1974 ; Williams et al. 1985). La véraison peut cependant être retardée si les pieds de vigne ont une charge excessive en raisins, si les températures dépassent 35 °C ou en cas de blocage de la maturation par une sécheresse prononcée.
Des comportements variétaux spécifiques peuvent être mis en évidence pour ces 3 stades.
Les données acquises constituent une longue série (depuis 1958). Les stades de développement de la vigne sur cette parcelle sont évalués de manière continue. Ils servent de référence pour déclencher les dates auxquelles sont réalisées les mesures pour l’estimation du volume de récolte à l’échelle de l’Alsace. Leurs variations peuvent être donc considérées comme représentatives des variations à l’échelle du vignoble Alsacien.
Ces indicateurs simples peuvent être comparés au même indicateur obtenu dans d’autres vignobles.
Stade de développement de la vigne en Alsace (cépage riesling)
Facile à comprendre pour le grand public, la date de vendanges est un indicateur pertinent du changement climatique. Bien que moins médiatique, la date de pleine floraison est un indicateur encore plus pertinent, car elle est indépendante de toute action de l’homme.
Cet indicateur comprend trois stades de développement : le débourrement, la floraison et la véraison. Ils sont relevés sur une parcelle de vigne, variété riesling, située sur le domaine expérimental de l’INRA à Bergheim (68). En 2009, du fait de l’arrachage de la parcelle de Bergheim, le site d’observation a été transféré sur Colmar (68) distant de 17 km.
Le débourrement correspond à la date à laquelle 50 % des bourgeons sont au stade C, pointe verte visible, défini par Baggiolini en 1952.
La floraison est définie ici par la date à laquelle 50 % des fleurs sont ouvertes.
La véraison est le moment où les baies entrent dans la phase finale de maturation. Les baies perdent brutalement leur fermeté, commencent à changer de couleur et à accumuler des sucres tandis que leur acidité diminue. La date de véraison est évaluée ici par la date à laquelle 50 % des baies ont commencé à se ramollir. Ce stade est évalué au toucher et non par un changement de couleur, surtout visible sur les variétés rouges, qui intervient de manière concomitante ou plus tardivement.
Le graphique présente les différents stades de développement de la vigne en Alsace (cépage Riesling), ainsi que les dates d'ouverture des vendanges. Les points isolés représentent la date de l'année et la courbe la moyenne décennale pour chacun des stades.
Les dates des principaux stades de développement de la vigne en Alsace n’ont pas évolué de manière significative jusqu’au début des années 80. Depuis cette période, les dates de débourrement et de floraison ont avancé d’environ 15 jours, celle de véraison d’environ 23 jours.
Ainsi, les années récentes (2018, 2022 et 2022) ont vu des vendanges très précoces dès le début septembre.
Évolution des dates de début de vendanges en Côtes du Rhône méridionales (appellations Châteauneuf du Pape & Tavel)
Dates de début de vendanges en Côtes du Rhône méridionales
Cet indicateur rend compte de l’évolution des dates de début de vendanges en Côtes du Rhône méridionales (appellations Châteauneuf du Pape & Tavel) depuis le milieu des années 1940
Responsable de l’indicateur : Mathieu BERNOUD,
- sur l’appellation Châteauneuf du pape : Syndicat intercommunal de l’appellation Châteauneuf du pape
- sur l’appellation Tavel : Inter Rhône à partir des parcelles du château d’Aqueria
Organisme propriétaire des données : Inter Rhône
Date de dernière actualisation de l’analyse technique et des données : 30 octobre 2019
Les dates de début de vendanges sont déterminées après analyses de baies au laboratoire d’Inter Rhône à Orange. Pour l’appellation Tavel, les parcelles qui servent de référence appartiennent au Château d’Aqueria et, pour l’appellation Châteauneuf du Pape, au syndicat intercommunal. Les paramètres analytiques qui nous permettent de déterminer la date de début des vendanges sont la teneur en sucres, l’acidité totale et le pH.
La date du début des vendanges est un bon indicateur de l’évolution du climat puisque la vigne a besoin d’un minimum d’heure d’ensoleillement et d’une somme de températures minimum pour mûrir ses raisins. Elle est de fait bien représentative de l’évolution climatique. Il est vrai que l’évolution du matériel végétal (sélection clonale depuis les années 70 = homogénéisation des parcelles) ainsi que l’évolution du goût des consommateurs influent sur ces dates mais le climat est de loin le paramètre qui a le plus d’impact.
D’autres sources sont envisageables, mais rien n’est encore programmé à ce jour.
Le graphique ci-dessus présente l’évolution des dates de début de vendanges pour l’appellation d’origine contrôlée Tavel sur la période 1951 à 2019 et pour l’appellation d’origine contrôlée Châteauneuf du Pape sur la période 1945 à 2019. Une très nette tendance générale à la baisse est visible sur les courbes de ces indicateurs ; en effet, les dates de début de vendanges fluctuent grossièrement dans la deuxième quinzaine de septembre en début de période et dans la deuxième quinzaine d’août en fin de période. Bien que significative, la décroissance générale est loin d’être régulière : certaines décennies ne présentent pas d’évolution moyenne marquée (années 60, années 2000) et les variations d’une année sur l’autre restent importantes. Ainsi cet indicateur illustre les deux aspects de la variabilité climatique : la fluctuation inter-annuelle et l’évolution du climat à long terme.
Evolution des pratiques agricoles
Cet indicateur rend compte de l’évolution au cours du temps, des dates de semis disponibles pour deux cultures annuelles à savoir le maïs et le blé.
Responsable de l’indicateur : Marc BENOIT,
Organisme propriétaire des données : INRA ( Institut National de la Recherche Agronomique )
Date de dernière actualisation de l’analyse technique et des données : 1er juillet 2011
Pour chaque culture, le calcul retenu est la moyenne de la variable retenue pour toutes les parcelles concernées une année.
Il s’agit d’indicateurs locaux construits sur des enregistrements à long terme des pratiques culturales recueillies dans des Unités Expérimentales de l’INRA. Cet indicateur évalue l’adaptation des pratiques agricoles au changement climatique. L’évolution des systèmes de culture est lue comme une réponse adaptative.
Depuis quelques années, l’analyse des changements climatiques au cours du vingtième siècle est devenue l’une des préoccupations majeures de la communauté scientifique internationale.
Nombreux sont les articles et les débats actuels évoquant les relations qui affectent l’effet de serre et de façon plus globale les changements climatiques observables et prévisibles pour les décennies à venir (Seguin B. et Stengel P., 2002 ; FAO, 2003 ; Douguedroit A., 2001).
Deux travaux sont maintenant à envisager : - Rechercher chez les agriculteurs français ceux qui auraient conservé des ’’cahier de champ’’, enregistrements parcellaires permettant d’instruire ces variables sur une plus large population de sites. - Etendre ce premier travail sur 4 Unités Expérimentales INRA sur un réseau plus vaste. Cette action est en cours (Huard, INRA Avignon ; Benoît, INRA Mirecourt).
Évolution annuelle des dates de semis
L’analyse de l’évolution annuelle de la date de début de semis d’une culture dans différentes unités expérimentales montre :
- une tendance à plus de précocité pour la culture du maïs, principalement marquée à Mirecourt, avec une césure significative à partir de 1980 ;
- que les dates de début de semis du maïs ne sont pas sensiblement différentes d’une unité expérimentale à l’autre ;
- que concernant la culture du blé, une évolution est significativement perceptible à Mirecourt (coefficient de détermination R²=0.80), avec une baisse notable pour les décennies 70, et une stabilisation à partir de 1987 autour de la mi-septembre (soit un mois plus tôt qu’en 1970 !) ;
- que les dates de début de semis du blé sont en revanche sensiblement différentes d’une unité expérimentale à l’autre : un écart de 20 jours supplémentaires séparent les semis de Colmar (climat semi-continal) à ceux de Mirecourt et de 40j supplémentaires pour Auzeville,
- que de façon générale, la variabilité interannuelle persiste. Les raisons de l’avancée générale de la date de semis au cours des dernières décennies sont susceptibles de trouver plusieurs explications :
- une moindre perception du risque de gel de printemps par les pilotes des UE, lors des semis de maïs,
- un raccourcissement des cycles physiologiques par une maturité plus précoce en saison (de 3 semaines à 4 semaines et demi en moyenne sur 30 ans respectivement pour le blé et le maïs),
- le choix de variétés appropriées au terroir et plus résistantes (sélection génétique : exemple de variétés peu sensibles à la germination sur pied pour le blé ; plus appropriées à des disponibilités en degrés jours plus élevées pour le maïs, etc.). « Ce que le climat ne permet pas, on essaie de le rattraper sur la variété » (UE Colmar) ;
- la recherche d’un rendement optimal couplé à une qualité satisfaisante à la récolte « semer précocement des variétés tardives pour une récolte plus précoce en saison » (UE Mirecourt) ;
- la modification des systèmes de culture (passage du blé dur au blé tendre ; préférence pour une culture de printemps derrière un maïs ; révision des stratégies de travail du sol, de fertilisation, d’irrigation, etc.) et de spéculation (régression des précédents à blé récoltés tard dans le Sud-Ouest : « des fois, si on ne rentre plus dans le créneau climatique, mieux vaut changer de culture »). La modification des pratiques culturales passe par une bonne connaissance du complexe ‘climat / plante / sol’ ;
- l’augmentation des surfaces dans le temps (débuter au plus tôt le chantier de semis à l’échelle de l’exploitation, pour qu’il soit fini avant la date butoire ; libérer du temps après la récolte pour la préparation du suivant) ;
- la taille et la performance (plus élevées) du matériel agricole (rapidité du chantier de préparation du sol avant semis et donc semis dans la foulée plus précoce) ;
- l’adoption de stratégies de travail du sol (fissuration verticale avec une herse pour permettre un bon enracinement de la culture, un labour avant les semis des céréales d’hiver en remontant la couche humide du sol et permettre une meilleure levée, etc.) et de semis (semer à une juste profondeur, semer plus dense si on prend des risques) permettant de s’affranchir de certaines contraintes climatiques : « Avec les techniques culturales aujourd’hui, on arrive à tamponner la date de semis pour réagir sur le climat » (UE Colmar)
Localisation géographique des 4 unités expérimentales
INRA | Situations géographiques | Cultures | Début des | Débuts des | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|
UE | Région | Altitude | Longitude | Latitude | Séries Climatiques | Séries Agronomiques | |
Mirecourt | Lorraine | 289 | -6,81 | 53,67 | Maïs ensilage, blé, orge, prairies | 01/10/72 | 1969 |
Colmar | Alsace | 200 | -7,81 | 53,39 | Maïs grain, blé, orge, betterave | 01/01/72 | 1984 |
Le-Pin | Normandie | 205 | -0,14 | 54,19 | Maïs ensilage, prairies | 01/03/73 | 1976 |
Auzeville | Midi-Pyrénées | 150 | -1,67 | 48,39 | Maïs grain, blé, tournesol | 01/10/70 | 1977 |
Dates de floraison d’arbres fruitiers
L’indicateur est basé sur des dates de floraison en distinguant l’espèce, et en précisant le site d’observation et le cultivar.
Responsable de l’indicateur : Jean-Michel LEGAVE, INRA : Unités de recherche INRA d’Angers, Avignon, Bordeaux, Montpellier - Ctifl Balandran - Stations régionales de la profession.
Organisme propriétaire des données : Base de données de l’équipe INRA AFEF de Montpellier (UMR AGAP)
Date de dernière actualisation de l’analyse technique et des données : 10 janvier 2014
Aucune méthode de calcul particulière : la date de floraison est appréciée qualitativement par des observateurs expérimentés. La date de floraison est établie sur observation de plusieurs arbres (au moins 3) pour chaque variété d’une espèce donnée dans un site donné. L’indicateur est souvent noté en date mensuelle, il suffit donc de le transformer en jour calendaire.
Pour chaque espèce et site, des dates des principaux stades phénologiques de la floraison sont relevées en verger par des observateurs expérimentés, par appréciation qualitative selon des normes phénologiques homogénéisées au niveau national ou international (code Fleckinger, code BBCH). Les jeux de données couvrent l’ensemble des principaux bassins de la production fruitière en France (Pays de Loire, Aquitaine, Roussillon, Languedoc, vallée du Rhône). Les données actuellement recensées remontent au début des années 50 pour les plus anciennes. Leur représentativité de l’évolution phénologique en France est très bonne en couvrant les principales espèces et régions fruitières. L’indicateur est facilement disponible, simple, fiable et très généralement utilisé dans les pays développés. Les données de l’indicateur peuvent donc être facilement comparées à celles d’autres pays, européens, nord-américains notamment qui ont enregistré des évolutions similaires. Il peut permettre la réalisation de travaux de modélisation de l’époque de floraison pour mieux comprendre son évolution passée et prédire son évolution future en couplant la modélisation à des scénarios de réchauffement.
L’indicateur est un caractère phénologique essentiellement déterminé par la température de l’air (températures ’froides’ pour lever la dormance des bourgeons puis températures ’chaudes’ pour permettre la croissance de la fleur). Il est donc modifiable par le réchauffement climatique. De façon générale, la date moyenne du début ou de la mi-floraison des arbres étudiés a significativement évolué en France vers plus de précocité depuis la fin des années 80, période également caractérisée par une nette augmentation des températures en particulier en hiver et au début du printemps (janvier à avril). Des avancées de floraison peuvent avoir des conséquences agronomiques pour les producteurs et toute la filière socio-économique associée (accentuation des irrégularités annuelles de production associées au climat, changement des spécificités régionales telles que des modifications des gammes variétales).
Les vergers dits de référence, à partir desquels l’indicateur est construit, sont en cours de "restructuration" (projet INRA ‘Perpheclim’ du méta-programme ACCAF) afin d’allonger leur durée de vie et homogénéiser leur structuration (nombre d’arbres, conduite des arbres, gamme variétale) entre les divers sites régionaux.
Les floraisons du pommier "Golden Delicious" et du poirier "Williams" ont été retenues pour illustrer cet indicateur. En effet, les données concernant le pommier et le poirier sont les plus nombreuses et représentatives de l’évolution observée pour les autres espèces fruitières cultivées dans les principaux bassins de production français (Domergue et coll., 2004).
Évolution de dates de stades phénologiques de la floraison du pommier et du poirier en France de 1954 à 2013
Établies en plusieurs sites et pour plusieurs espèces et variétés, les séries chronologiques de dates de floraison des arbres fruitiers montrent à la fois des fluctuations inter-annuelles et des tendances temporelles. Les fluctuations annuelles présentent un fort parallélisme d’évolution dans un même site suivant le stade phénologique (ex. F1 et F2 de Golden Delicious à Nîmes ; Figure 1 ) ou entre variétés d’une même espèce.
Les tendances par espèce et par site peuvent donc être révélées en analysant les séries chronologiques les plus longues établies pour un stade et une variété donnés.
À partir de ces longues séries il apparaît que l’époque de floraison des arbres fruitiers s’est caractérisée par une tendance vers plus de précocité pour l’ensemble des stades de floraison des espèces et variétés étudiées. Cette avancée de floraison, observée à l’échelle française, et même européenne, semble s’être réalisée sous forme de rupture à la fin des années 80 en réponse à un fort réchauffement printanier à cette période tant en France qu’en Europe. La cinétique d’avancée du stade de début de floraison du pommier Golden Delicious à Angers (6-7 j en moyenne sur 51 ans) en est une bonne illustration (Figure 1).Cependant depuis le début des années 2000, l’indicateur a également révélé une diversité des réponses phénologiques suivant l’espèce et le site. La figure 1 montre à long terme une différence d’évolution phénologique entre le pommier et le poirier sur le site d’Angers : si un clair maintien de l’avancée de floraison est en effet observable pour le pommier Golden Delicious à Angers, par contre cette avancée apparaît moins évidente pour le poirier Williams sur le même site. De même l’avancée de floraison du pommier à Nîmes, observée à la fin des années 80, n’apparaît plus clairement depuis le début des années 2000 à la suite de floraisons relativement tardives durant cette dernière décennie.
Évolutions reconstituées par modélisation de dates de levée de dormance et de durées de croissance florale post-dormance pour le cultivar de pommier « Golden delicious » en deux sites
Afin de mieux comprendre les variations de l’époque de floraison, chaque date de floraison a été décomposée en deux variables annuelles, l’une étant la date de levée de dormance des bourgeons sous l’effet des basses températures d’automne et d’hiver (besoin en froid) et l’autre étant la durée de croissance post-dormance des ébauches florales jusqu’à la date de floraison sous l’effet de températures élevées hivernales et printanières (besoin en chaleur). La modélisation a été utilisée pour estimer ces deux variables et pour ainsi élaborer des séries chronologiques de dates de levée de dormance et de durée de croissance florale. La figure 2 illustre ces simulations pour analyser la date de début de floraison (date F1) de Golden Delicious à Angers et Nîmes. Exprimées en moyennes mobiles sur 5 ans (similairement à la date F1 observée ; Figure 1), les deux variables ont révélé des tendances opposées sur les deux sites. La durée de croissance florale a présenté une tendance marquée vers des durées plus courtes depuis la fin des années 80 (réduction moyenne de 10-12 j ; Figure 2B) tandis que la date de levée de dormance a présenté une tendance moins intense vers plus de tardiveté jusqu’à la fin des années 90 (Figure 2A). La modélisation suggère en outre un retard moyen de levée de dormance plus important en climat Méditerranéen (7-8 j à Nîmes) qu’en climat océanique (4-5 j à Angers). Ces tendances opposées mais d’intensités variables permettent donc à la fois d’expliquer globalement une avancée de floraison depuis la fin des années 80 ainsi qu’une moindre avancée en climat Méditerranéen (Figure 1).
En définitive, la dualité des impacts du réchauffement climatique sur l’époque de floraison des arbres fruitiers présentant une dormance implique que le seul indicateur « date de floraison observée » ne peut rendre compte du cumul des accroissements de température qui se sont produits de l’automne au printemps depuis la fin des années 80. Il apparaît donc utile et pertinent d’adjoindre à cet indicateur, issu d’observations, des indicateurs simulés d’évolution de la date de levée de dormance et de durée de croissance florale post-dormance. Dans le futur, l’évolution phénologique des arbres fruitiers de climat tempéré devrait donc dépendre à la fois de l’intensité des accroissements de température et de la diversité de ces accroissements suivant les régions et les saisons impliquées (automne à début printemps).