Publié le 19 décembre 2025
Notre guide anti idées reçues pour les fêtes de fin d’année
Les fêtes de fin d’année approchent à grand pas, et avec elles les longs repas, en famille, entre amis, et cette crainte de devoir s’engager dans des débats sans fin sur des sujets où les idées reçues occupent une place de choix. Nous avons pensé à vous ! Voici notre guide anti idées reçues pour les fêtes de fin d’année !
A l’heure où les phénomènes de désinformation se multiplient, on note une nette percée des contenus mensongers sur les sujets liés au climat, l’énergie ou l’environnement. Afin d’enrayer la propagation, nous avons créé un espace dédié où des contenus fiables et transparents sont à disposition.
Dans ce cadre, nous vous proposons ce guide destiné à réfuter les idées reçues les plus fréquentes que vous pourrez entendre circuler lors de vos déjeuners et dîners de fin d’année. Il ne vise pas à transformer vos repas en conférence du GIEC, mais offre des réponses factuelles, faciles à mobiliser pour enrichir les discussions, ou simplement avoir quelques arguments-clés en tête, juste au cas où ! Il s’appuie sur des données publiques récentes, des publications scientifiques et des ressources de référence accessibles à tous.
“Le réchauffement climatique est naturel” ou “cyclique”
Ce qui nous permet de parler de dérèglement climatique n’est pas lié à une évolution naturelle ou cyclique de l’équilibre climatique, mais à l’impact des activités humaines dans le changement. C’est aujourd’hui un consensus dans la communauté scientifique dont les conclusions sont synthétisées par le GIEC : on observe une hausse trop rapide pour être naturelle, à imputer à la hausse des émissions de gaz à effet de serre induite par les activités humaines.
Un chiffre : Entre 1990 et 2023, les émissions mondiales ont augmenté de 62 %.
Les chiffres clés du climat - SDES
Infographie « Le changement climatique – Données clés 2025 » (pdf)
« De toute façon, les voitures électriques polluent plus que les thermiques ! »
Globalement, on estime qu’une voiture électrique émet 2 à 6 fois moins de gaz à effet de serre qu’un véhicule thermique sur l’ensemble de son cycle de vie (de la production jusqu’à son recyclage).
En France, ce ratio est en moyenne de 5, grâce à une production d’électricité décarbonée à 95%.
Contrairement à la voiture thermique, la voiture électrique n’émet aucun polluant atmosphérique à l’échappement (particules fines, dioxyde d’azote…). Rappelons que la pollution atmosphérique est responsable de 40 000 décès prématurés chaque année en France selon Santé publique France. Pour ce qui est des émissions hors échappement, la voiture électrique génère 38% de particules en moins que le véhicule thermique grâce au freinage régénératif (étude source).
Les études tendent à pointer la robustesse structurelle des moteurs électriques, plus simples, plus fiables, et avec moins de pièces à entretenir qu’un moteur thermique. On estime qu’un moteur électrique représente des coûts de maintenance réduits d’environ 30% et des visites techniques plus espacées.
Quant à la durée de vie d’une batterie lithium-ion, elle supporte 1 000 à 1 500 cycles de recharge. Pour un usage de 15 000 km par an (la moyenne d’un ménage français se situant autour de 12 000 km) la durée de vie théorique d’une batterie est de 15 à 20 ans, équivalente voire supérieure à celle d’un véhicule thermique.
5 idées reçues sur la voiture électrique
“Le GIEC manipule les données pour nous faire peur”
Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est une organisation gouvernementale créée en 1988 sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies et qui regroupe 195 États membres.
Il réunit plus de 600 experts, tous bénévoles, qui ont pour objectif de produire des rapports à partir de la littérature déjà existante. Rien n’est donc “produit” par le GIEC. Les experts synthétisent plusieurs dizaines de milliers d'études pour fournir une évaluation qui soit la plus complète, rigoureuse et indépendante possible.
Les rapports du GIEC constituent aujourd’hui la référence scientifique mondiale sur le changement climatique.
Le saviez-vous ? Créé sous l’impulsion des conservateurs Margaret Thatcher et Ronald Reagan, le GIEC avait été pensé pour que les décisions sur le climat ne soient pas confiées uniquement à des organismes scientifiques, mais à un panel d'experts qui recueille la validation des gouvernements. C'est ce qui fait ironiquement toute la légitimité des rapports du GIEC.
Climat : la France réunit les 664 experts du GIEC
"Le tri des déchets, ça ne sert à rien : tout finit mélangé !"
Dans l’immense majorité des cas, un déchet bien trié sera effectivement recyclé : si l’on prend par exemple les emballages ménagers en France, sur les 5,4 millions de tonnes mis en vente, plus de 4,1 millions sont recyclés, soit un taux de recyclage de 75% !
Le tri est donc essentiel, et cela dès la poubelle jaune ! Si tout était mélangé au contraire, aucune filière de recyclage ne pourrait fonctionner.
Et puis, gardons à l’esprit que le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit !
Consulter le tableau de bord de l’Ademe
Et si, malgré l’Info-tri, un doute persiste sur le tri d’un de ses produits ou déchets : https://quefairedemesdechets.ademe.fr/
“La transition écologique détruit les emplois”
Cette idée reçue repose sur l’idée que la transition écologique impose l’arrêt d’activités considérées comme émettrices de GES et concourt donc à supprimer des emplois.
Pour y répondre, il faut d’abord regarder du côté de l’impact du dérèglement climatique, qui pourrait (devrait ?) être vu comme le principal destructeur d’emplois. L’Organisation internationale du travail considère ainsi, dans une étude, que d’ici à 2030, 2 % des heures de travail seraient perdues chaque année à cause des températures trop importantes.
Les premiers secteurs concernés sont, sans surprise, le BTP et l’agriculture, mais cela touche tous les secteurs sans exception. On estime en France que jusqu’à 36 % des emplois sont vulnérables à des chaleurs trop importantes.
Que l’emploi soit menacé, suspendu ou détruit, le réchauffement climatique représente un coût économique non négligeable et qui ne fait qu’augmenter. Ces dernières années ont vu une multiplication nette des épisodes de chaleurs (et donc d’une baisse de productivité), de mauvaises récoltes agricoles ou de catastrophes naturelles.
À l’inverse, le marché de la transition écologique est en croissance constante. On entend par là toutes les activités liées au développement des énergies renouvelables, la rénovation énergétique ou encore le développement de moyens de transport durables.
Ce marché représentait 110,8 milliards d’euros en 2023, soit 30 % de plus qu’en 2021. Cela représente 438 560 emplois à temps plein directs qui devraient continuer à croître les prochaines années.
Voir l’étude de l’OIT - Travailler sur une planète plus chaude
Voir la note de France Stratégie - Le travail à l’épreuve du changement climatique
Voir l’étude de l’Ademe - Marchés et emplois concourant à la transition énergétique
“De toute façon les océans absorbent le réchauffement”
Oui, et c’est un problème. On estime que les océans absorbent 25% de toutes les émissions de CO2 et capturent 90% de la chaleur supplémentaire générée par ces émissions. C’est un puits de carbone vital contre les conséquences du changement climatique. Mais tout cela n’est pas sans conséquence et sans limite, bien au contraire.
D’abord, on observe une hausse anormale de la température des océans.
Sous le coup de vagues de chaleur, désormais deux fois plus fréquentes, plus intenses et plus longues, qui touchent de plein fouet les récifs coralliens notamment qui sont un élément indispensable à l’équilibre des océans.
Mais aussi de manière durable, avec des conséquences dévastatrices : avec une hausse actuelle de 1,1°C on estime que 60% des ecosystèmes marins ont déjà été dégradés ; à 1,5°C 70 à 90% des récifs coralliens seraient menacés ; à 2°C, point de non-retour, les récifs disparaîtraient. Et à ce rythme, plus de la moitié des espèces marines pourraient être au bord de l’extinction d’ici à 2100.
L'absorption du CO2 par les océans a par ailleurs pour conséquence une acidification de l’eau, qui fragilise certaines espèces comme les planctons ou les crustacés, éléments essentiels de la chaîne alimentaire marine.
Enfin, plus l’océan se réchauffe, moins il absorbe de CO2, c’est donc un amortisseur de moins en moins efficace et qui ne peut compenser éternellement la hausse des émissions de GES.
Nations unies - Les effets du changement climatique sur les océans