Interview - "Acheter en vrac est un moyen simple pour consommer plus durablement"
Publié le 11 mars 2025
Mis à jour le 18 mars 2025
A l’occasion du mois du vrac, porté par le Réseau vrac et placé sous le haut patronage du ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, nous démêlons le « vrai du faux » avec Anna Gailite, chargée de mission Prévention des déchets à la Direction générale de la prévention des risques (DGPR), sur ce mode de consommation faisant parfois face à des idées reçues.

La vente en vrac est définie dans le code de la consommation comme étant « la vente au consommateur de produits présentés sans emballage, en quantité choisie par le consommateur, dans des contenants réemployables ou réutilisables. La vente en vrac est proposée en libre-service ou en service assisté dans les points de vente ambulants. Elle peut être conclue dans le cadre d’un contrat de vente à distance. ».
Le vrac est-il hygiénique ?
Oui, le vrac est hygiénique.
Etant très réglementée, le vrac est une pratique qui ne pose pas de problèmes d’hygiène ou de sécurité pour les consommateurs . Par exemple, un magasin qui vend des céréales en vrac peut garantir une hygiène équivalente à celle des céréales pré-emballées.
Les règles d’hygiène sont strictes : nettoyage régulier des bacs de stockage, protection des produits face aux variations de température ou d’humidité, information du consommateur sur les règles de nettoyage et d’aptitude à la vente en cas d’achat avec leurs propres contenants réutilisables (pots en verre), etc.
Toutefois, certains produits sont interdits à la vente en vrac pour éviter des problèmes d’hygiène et de sécurité des consommateurs. On peut par exemple citer les produits laitiers, les préparations pour bébé, les biocides, etc.
Le vrac est-il plus cher ?
Pas toujours. Le prix des produits vendus en vrac est souvent perçu comme trop élevé par les consommateurs, car souvent associé aux produits bio dont l’offre en vrac est la plus vaste, alors que les grandes marques hors produits bio développent leur offre encore timidement.
Pourtant, une étude ADEME de 2021 met en avant que consommer des produits en vrac en maîtrisant les quantités achetées permet de réduire le gaspillage alimentaire chez le consommateur et donc ses dépenses. Dans l’étude, les prix relevés dans plus de 500 magasins dans toute la France - hypermarchés et supermarchés, magasins bio, épiceries spécialisées - montrent que les produits bio, surreprésentés dans les rayons vrac, sont globalement moins chers que les mêmes produits bio vendus pré-emballés (écarts allant de - 4 % à - 22 %). Concernant les produits conventionnels, encore très peu vendus en vrac au moment de l’étude, la différence n’était pas aussi prononcée.
En 2030, 20% des produits devront être vendus sans emballages - tous types de produits confondus- dans les grandes surfaces alimentaires. Cet objectif, fixé par la loi Climat et Résilience de 2021, contribuera à rendre les produits conventionnels en vrac plus accessibles pour les consommateurs.
Ne peut-on acheter en vrac que dans des magasins spécialisés ?
Non. On peut le constater en faisant nos courses, les enseignes de la grande distribution alimentaire se mettent de plus en plus à proposer du vrac à leurs clients, souvent dans des rayons dédiés contenant surtout des produits secs et des produits d’entretien. Il s’agit de magasins de toutes tailles, allant des commerces de proximité aux grandes surfaces.
Toutefois, même si on compte aujourd’hui environ 7 000 grandes et moyennes surfaces proposant de la vente en vrac, il est vrai que l’offre se concentre en grande partie dans les magasins bio, environ 60% des parts de marché.
On peut aussi rappeler que l’initiative En avant vrac !, portée par de nombreux acteurs, planifie l’élargissement de l’offre et l’harmonisation des moyens de distribution de produits vendus en vrac dans les grandes surfaces à prédominance alimentaire pour atteindre l’objectif fixé dans la loi de 20% de produits vendus sans emballages d’ici 2030.
Y-a-t-il moins d’informations sur les aliments vendus en vrac que sur ceux vendus emballés ?
Non, car la vente en vrac est soumise aux mêmes règles d’information du consommateur que la vente de produits emballés.
Ce qui change, c’est le support de communication de ces informations :
- Sur l’emballage à usage unique, le consommateur retrouve une multitude d’informations obligatoires et commerciales
- Sur l’étiquette ou affichage associée aux produits vendus en vrac, le consommateur retrouve principalement les informations obligatoires et indispensables pour bien identifier le produit, son poids, son prix, sa composition, sa provenance et sa date de péremption le cas échéant.
Concernant les autres informations (conseils d’utilisation, apports caloriques, politique de l’entreprise…), elles sont de plus en plus souvent communiquées via des QR codes imprimés sur l’étiquette dirigeant le client vers le site internet de l’entreprise.
Peut-on acheter des produits en vrac même si on ne dispose pas de ses propres contenants ?
Oui, la plupart des commerces mettent à disposition des sachets en papier permettant l’achat de produits en vrac pour les clients qui n’ont pas pensé à apporter leurs contenants réemployables.
Aussi, de plus en plus de magasins proposent d’emprunter (via un système de consigne) ou tout simplement d’acheter des contenants réemployables en magasin. Cependant, il est conseillé d’apporter ses propres contenants pour réaliser davantage d’économies d’emballages et d’argent.
Au-delà de l’achat en vrac en magasin, on peut aussi rappeler qu’il est possible d’acheter en vrac à distance et avec livraison.
Le vrac permet-il de réellement réduire l’ impact environnemental de ses achats ?
Globalement, oui. La chaîne de distribution du vrac comprend deux étapes qui permettent, dans un premier temps, de réduire significativement les emballages :
- Première étape : le producteur fournit au distributeur des produits pré-emballés (réemployés, réemployables neufs ou à usage unique) permettant le remplissage de moyens de distribution en vue d’une vente en vrac ;
- Deuxième étape : les distributeurs proposent la vente de produits en vrac à leurs clients ; ensuite soit les clients apportent leur propre contenant, soit des emballages sont proposés sur le lieu de vente (contenants réemployables ou emballages à usage unique).
L’étude de l’ADEME de 2021 sur l’impact environnemental du vrac fait apparaître que, parmi les produits étudiés (à la seule exception du riz), cette pratique de distribution permet de réduire les emballages tout au long du cycle de vie du produit : il y en a jusqu’à 16 fois moins ! L’impact est particulièrement important dans le cas du remplacement d’ emballages lourds par rapport au produit qu’ils contiennent (exemple des bouteilles en verre pour les produits liquides) ou encore des produits dont l’emballage est complexe ou source de pollutions (plastiques non-recyclables…).
Il est donc essentiel que l’ensemble des acteurs de la chaîne de distribution – producteurs, distributeurs et consommateurs - adaptent leur fonctionnement à chaque étape, et que les contenants finaux soient réemployés le plus possible.
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