Publié le 03 juin 2021

Mis à jour le 14 mai 2025

Temps de lecture : 6 minutes

Stratégie nationale portuaire (SNP)

  • Ports maritimes et flotte de commerce

La nouvelle stratégie nationale portuaire adoptée par le Comité interministériel de la mer du 22 janvier 2021 poursuit un objectif clair de reconquête de parts de marché et de développement économique des ports, à horizon 2025-2050.

Ambitions de la stratégie nationale portuaire

La nouvelle stratégie nationale portuaire vise à relever les défis suivants :

  • Passer de 60% à 80% la part du fret conteneurisé à destination/en provenance de la France qui est manutentionnée dans les ports français à l’horizon 2050 et reconquérir également les flux européens pour lesquels les ports français représentent un point de passage pertinent ;
  • doubler le nombre d’emplois directs et induits liés à l’activitfé portuaire (et plus globalement industrielle, en lien avec la réindustrialisation que vise cette stratégie) à horizon 2050 ;
  • accroître de 30 % la part des modes de transport massifiés dans les pré- et post- acheminements portuaires, à horizon 2030 ;
  • contribuer à l’atteinte des objectifs de neutralité carbone des transports à horizon 2050 par les autorités portuaires dans le cadre d’un plan de transition écologique ;
  • accélérer la fluidification du passage portuaire notamment par la dématérialisation totale des formalités déclaratives liées au passage des navires et des marchandises dans les ports à horizon 2025.

Cette reconquête des trafics passera principalement par les trois principaux points d’entrée maritime que sont les grands ports d’HAROPA (Le Havre, Rouen, Paris) de Marseille et de Dunkerque qui représentent :

  • 80% du trafic des grands ports maritimes ;
  • plus de 60 % du trafic total des ports français ;
  • une valeur ajoutée de 13 milliards d’euros (soit vingt fois leur chiffre d’affaires) ;
  • 130.000 emplois directs sur un total de près de 200 000 emplois que représente l’économie portuaire en France.

Au-delà de ces trois points d’entrée maritime, la stratégie couvre l’ensemble du système portuaire français, de métropole et d’outre-mer, qu’il s’agisse de ports sous tutelle de l’État ou décentralisés.

Pour relever ces défis, la stratégie comporte un socle de quatre ambitions communes à l’ensemble du système portuaire français, déclinées en 16 objectifs stratégiques qui seront mis en œuvre par des actions opérationnelles dont certaines sont déjà engagées pour 2020-2021. Ces actions sont détaillées dans une feuille de route des actions de la SNP.

Les quatre ambitions de la nouvelle stratégie nationale portuaire :

  • des ports, maillons essentiels de la performance des chaînes logistiques ;
  • des ports, outils de développement économique des territoires ;
  • des ports, accélérateurs de la transition écologique ;
  • des ports, moteurs de l'innovation et de la transition numérique.

Cette stratégie a été conçue pour être évolutive, c’est-à-dire pour s’adapter aux changements économiques, numériques et géopolitiques à venir, parfois rapides. Élaborée avec le concours de l’ensemble des acteurs concernés (230 acteurs publics et privés, 27 ateliers de travail) elle fait l’objet d’un suivi spécifique par un « comité de pilotage de la stratégie nationale portuaire » animé par la DGITM avec les administrations, les collectivités et les fédérations professionnelles concernées.

Observatoire de la performance portuaire et des chaînes logistiques

L’observatoire de la performance portuaire et des chaînes logistiques est un outil d’évaluation de la compétitivité des grands ports maritimes et des chaînes logistiques qui leur sont associées ainsi qu’une aide au pilotage et au suivi des objectifs stratégiques de la stratégie nationale portuaire (SNP).

Après plusieurs expériences d’observatoires de la compétitivité des ports français réalisées par les services du ministère depuis la fin des années 1990, concentrées sur la comparaison des coûts de passage portuaire des ports français avec leurs concurrents européens, l’édition de 2021 de l’observatoire de la performance portuaire et des chaînes logistiques (action n°3 de la SNP), élargit le champ d’étude au-delà du seul critère de compétitivité-prix en reprenant les axes de la stratégie et en y ajoutant une partie relative aux trafics portuaires.

L’édition 2024, publiée suite au Comité de Pilotage de la SNP du 3 février 2025, reprend les objectifs prioritaires de la stratégie : diversification des activités des ports, accélération du report modal, performance des chaînes logistiques, transition des filières économiques des territoires, décarbonation et transition énergétique, etc. 

L’édition 2024 livre les enseignements suivants :

  • les bouleversements géopolitiques et économiques des années 2020 à 2023 ont fortement affecté l’activité des ports français, qui ont toutefois ont su s’adapter à ces crises multiformes en révélant la forte capacité de résilience et de robustesse du système portuaire français ;
  • la crise sanitaire a fortement perturbé les trafics de marchandises manutentionnées dans les GPM (métropole et outre-mer) et Calais, qui se sont stabilisés à 11,9% de parts de marché au sein de l’Union européenne au plus fort de la crise en 2021, soit une baisse de 0,8 point par rapport au niveau de 2019. Les ports français ont bien résisté à cette période de crise, et ont tiré profit des congestions dans les ports concurrents pour reprendre des trafics et se hisser à 12,4 % de parts de marché en 2023 soit 239,7 Mt ;
  • les ports français partagent plusieurs points forts :
    • une couverture portuaire sur l’ensemble des façades maritimes de Métropole et en Outre-mer, ainsi qu’une connectivité au réseau mondial du commerce ;
    • des procédures douanières fluides ;
    • un temps moyen d’escale hors opérations de chargement/déchargement relativement compétitif sur le trafic conteneurisé, ainsi qu’une absence de congestion ;
    • plusieurs initiatives des GPM en faveur de la décarbonation de l’industrie et de la transition énergétique ;
    • une offre foncière attractive pour le développement et la valorisation de nouvelles activités industrielles ou logistiques créatrices de trafics et de valeur ajoutée sur les territoires.
  • des efforts doivent être entrepris pour gagner en compétitivité, en lien avec l’ensemble des acteurs de l’écosystème portuaire, essentiellement pour ce qui concerne :
    • l’amélioration de la productivité des opérations de manutention, qui selon la taille des escales, est parfois moins compétitive que celle des ports concurrents ;
    • le renforcement de la connectivité intermodale (infrastructures et services) ;
    • l'amélioration de la performance logistique globale.

Plateforme numérique FRANCE SÉSAME

À partir du 17 novembre 2021, la plateforme FRANCE SÉSAME est déployée sur les grands ports maritimes du Havre, de Dunkerque et de Marseille.

FRANCE SÉSAME est une plateforme numérique publique gratuite qui vise à simplifier et fluidifier les contrôles réalisés à la frontière, relatifs aux marchandises soumises avant leur mise en libre pratique (ou avant placement sous tout autre régime douanier) sur le territoire de l'Union européenne :

  • à des contrôles vétérinaires, sanitaires ou phytosanitaires ;
  • à des contrôles de conformité aux normes de commercialisation des fruits et légumes ;
  • à des contrôles des critères de l'UE sur l'agriculture biologique.

La création du point de contact unique numérique aux frontières FRANCE SÉSAME, figure parmi les principales mesures du plan gouvernemental d'amélioration de la performance de la logistique en France, présenté le 16 septembre 2019 par le Premier ministre, dans le prolongement du rapport « Hémar et Daher » sur la compétitivité de la chaîne logistique française.

FRANCE SÉSAME est une composante à part entière de la nouvelle stratégie nationale portuaire présentée par le Premier ministre lors du comité interministériel de la mer (CIMER) du 22 janvier 2021 au Havre.

Ports et éolien offhore

L’essor de l’éolien offshore, et en particulier de l’éolien flottant, représente un enjeu majeur pour atteindre les objectifs nationaux en matière de transition énergétique, avec 45 GW prévus d’ici 2050.

Dans ce contexte, les ports français doivent adapter leurs infrastructures et leurs modèles économiques afin d’accompagner cette dynamique et répondre aux besoins croissants de la filière.

Face aux défis que sont la rareté du foncier, la coordination des acteurs, les investissements nécessaires et les exigences industrielles, une approche stratégique et concertée est essentielle.

La coopération entre ports, industriels et pouvoirs publics doit permette de sécuriser les chaînes d’approvisionnement, d’optimiser les capacités portuaires et de renforcer la compétitivité de la France sur ce marché émergent.

Les « réflexions sur l'adaptation du système portuaire métropolitain au développement de l'éolien en mer (notamment flottant) », rédigées par la DGITM avec les contributions de la DGEC et de la DGE, dressent les enjeux et les perspectives pour le système portuaire face à l’essor de l’éolien en mer. Issues d'un travail interministériel, elles ont fait l'objet d'une large consultation auprès des acteurs impliqués tant publics que privés.