Publié le 03 avril 2023
Plan de sobriété énergétique, acte 2 : Agnès Pannier-Runacher salue les actions mises en oeuvre par les grandes entreprises
Plan de sobriété énergétique, acte 2 : Agnès Pannier-Runacher salue les actions mises en oeuvre par les grandes entreprises et les invite à prendre de nouveaux engagements pour aller plus loin encore
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a réuni ce matin les grandes entreprises, dont celles du CAC 40 et du SBF 120 adhérentes de l’AFEP, pour faire un point d’étape sur le plan de sobriété énergétique. Une soixante d’entreprises étaient présentes afin de faire le bilan des mesures mises en place cet hiver pour réduire leur consommation d’énergie, et d’échanger sur la manière de les pérenniser et d’aller plus loin encore.
En effet, Agnès Pannier-Runacher a rappelé l’importance d’installer la sobriété dans la durée pour parvenir à une réduction de 40% notre consommation d’énergie à horizon 2050 et atteindre nos objectifs climatiques.
La majorité des grandes entreprises dressent un bilan positif de leur plan de sobriété
D’après les données qu’elles ont transmises à l’administration[1], 90% des entreprises répondantes de l’AFEP ont indiqué avoir renforcé ou mis en place des mesures d’économies d’énergie à la suite de la présentation du plan de sobriété par la Première ministre et la ministre le 6 octobre dernier. 60% d’entre elles ont signé la charte Ecowatt avec RTE.
Les entreprises confirment avoir mis en place de nombreuses mesures : sensibilisation des salariés aux écogestes (à 91 %), régulation du chauffage (à 90%), meilleur pilotage de l’éclairage des locaux (à 88%) et organisation du télétravail (à 71%). Elles indiquent, dans une moindre mesure, avoir incité leurs collaborateurs aux mobilités douces et à l’optimisation de leurs déplacements (à 60%).
Plusieurs entreprises ont présenté les mesures mises en place ces derniers mois, notamment :
- Renault et Carrefour, qui ont installé massivement des dispositifs de mesure des consommations d’énergie dans leurs usines et dans leurs magasins, ce qui leur a permis d’optimiser très finement leurs consommations d’énergie et de faire la chasse au gaspillage ;
- Valeo et Orange, qui publient chaque année des objectifs d’économie d’énergie et des bilans précisément chiffrés ;
- Schneider, qui intègre un objectif de baisse de consommation d’énergie à l’évaluation des dirigeants de business unit, qui fait varier leur rémunération ;
- BPCE, Crédit agricole, Thalès, qui ont revu l’organisation de leurs locaux pour les densifier, optimiser leur consommation énergétique, et, pour certains, intégrer un facteur baisse des consommations d’énergie au télétravail de leurs salariés.
La ministre a salué ces initiatives, soulignant qu’il était essentiel que les grandes entreprises soient à la pointe des mesures de sobriété et promeuvent ces mesures auprès de leurs fournisseurs, des PME avec lesquelles elles travaillent, de leurs clients et partenaires.
Sur la base de ce bilan, la ministre a demandé aux entreprises de mettre en place de nouvelles mesures pour ancrer la sobriété dans le temps.
Premièrement, trois mesures relatives à la gouvernance et au pilotage de la consommation d’énergie :
- Fixer des objectifs chiffrés de baisse de consommation d’énergie ;
- Faire valider ces objectifs par des instances internes élevées (conseil d’administration, COMEX). Ces objectifs peuvent être intégrés à des documents de type rapport annuel, document d'enregistrement universel, rapport climat ;
- Publier ces objectifs sur internet ou sur des plateformes dédiées, comme celle soutenue par l’Etat « Les entreprises s’engagent ».
Au-delà, la ministre a demandé aux entreprises d’aborder dans le cadre du dialogue social 2 mesures complémentaires :
- Intégrer un facteur économie d’énergie aux stratégies de télétravail. Bien organisé, le télétravail permet en effet de faire des économies d’énergie importantes, comme l’a démontré l’ADEME dans une récente étude commandée par la ministre de la Transition énergétique (voir annexe ci-après) ;
- Demander aux salariés, pendant leur temps de travail et dans le cadre de leurs déplacements professionnels, de rouler à 110 km/h sur autoroute. Cela représente 3 minutes sur un trajet de 50 km, mais 20 % d’émissions de CO2 et de consommation de carburant en moins. Cette mesure a été mise en place pour les agents de l’Etat.
La ministre a également insisté sur l’importance de faire baisser les consommations de carburant, les seules n’ayant pas baissé en 2022 par rapport à 2021, en promouvant les mobilités douces et le covoiturage, et en accélérant le verdissement des flottes de véhicules professionnels.
La ministre a enfin rappelé les consignes pour l’été : pas de climatisation en-dessous de 26 degrés. Elle a en outre demandé aux entreprises de faire attention aux dépenses énergétiques liées à la ventilation des bâtiments.
[1] Données déclaratives transmises au ministère de la Transition énergétique par 50 entreprises adhérentes de l’AFEP entre le 1er et le 15 mars.
Annexe - Etude sur le télétravail : un bilan énergétique positif
Dans le cadre du plan de sobriété, Agnès Pannier-Runacher a lancé une étude pour mesurer les effets du télétravail sur la consommation d’énergie. Avec l’appui de l’ADEME et de l’IFPEB (Institut français pour la performance du bâtiment), la ministre a mis en place une expérimentation de cinq mois (novembre 2022 à mars 2023) incluant :
- 10 bâtiments des ministères de la Transition énergétique, de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, du secrétariat d’Etat chargé de la Mer, de la Direction Générale de l’Aviation Civile et de l’ADEME, situés en Ile-de-France, Centre-Val-de Loire et Provence-Alpes-Côte d’Azur ;
- une centaine d’agents télétravailleurs qui se sont portés volontaires pour partager leurs données de consommation.
Objectif : calculer l’impact global du télétravail en mesurant les gains d’énergie réalisées dans les transports et dans les bureaux (notamment quand ils sont fermés) d’une part, et l’éventuel effet rebond de consommation d’énergie au domicile des télétravailleurs d’autre part.
Les premiers résultats montrent, sur cet échantillon, que le bilan énergétique du télétravail est (i) positif dans la plupart des cas, et (ii) très positif dans tous les cas lorsqu’il est organisé et en particulier lorsqu’il s’accompagne de la fermeture d’un site sur plus de 48 heures[2].
Transports : un impact différent selon la localisation du lieu de travail et le mode de transport
Méthodologie de l’étude :
10 sites participants (MTE, MTECT, DGAC, ADEME), répartis dans différents contextes (urbain, péri-urbain) et zones climatiques
100 agents volontaires
Suivi de la consommation des sites de bureau, du domicile des agents (électricité et gaz) et de leur transport pendant 5 mois (période de chauffe 2022-2023)
Fermeture totale des bureaux sur les 10 sites pendant 4 jours (vendredi et lundi télétravaillés + week-end) à deux reprises : 29 octobre-1er novembre et 30 décembre-2 janvier
Les deux premiers mois de l’expérimentation menée permettent d’ores et déjà de conclure que le bilan énergétique global du télétravail est positif, avec des variations selon les sites étudiés.
Les économies d’énergie sur le transport jouent un rôle clé dans le bilan global. Elles sont fortement dépendantes de la localisation du site et de la distance domicile-travail. A Paris, ces distances sont plus courtes et plus fréquemment réalisées à pied, en vélo ou en transport en commun. En région, les distances sont plus importantes et la voiture est plus utilisée. L’économie de carburant est donc plus forte. Ainsi, l’expérimentation montre qu’en région, les économies d’énergie sont 2 à 4 fois plus importantes qu’à Paris.
Un potentiel global entre 20 et 30 % d’économie d’énergie (sur une journée) lors d’une fermeture de site de plus de 48 heures
Dans les bureaux, les résultats sont sensiblement différents selon que le télétravail est associé à la fermeture du site ou non :
- Sans fermeture de site, l’impact de l’absence d’une partie des travailleurs sur site est faible sur les consommations de gaz et d’électricité (chauffage, ordinateurs, éclairage…)
- En revanche, la fermeture de site sur une journée génère des économies d’énergie de 25 à 40% à l’échelle du bâtiment, qui pourraient être optimisées par un travail fin avec les exploitants de chaque site et un protocole de fermeture méthodique.
- Les économies d’énergie sont d’autant plus importantes que le site fermé se caractérise par une faible performance énergétique du bâtiment (kWh/m².an) et une faible densité d’occupation (m²/personne). A ce titre, les bâtiments énergivores et peu occupés sont à prioriser, mais aussi plus généralement les journées avec un faible taux d’occupation.
Le télétravail organisé et rationalisé par la fermeture de bâtiments représente donc un potentiel d’économies d’énergie pour les entreprises, d’économies de carburant pour les salariés, mais aussi de gestion des éventuelles tensions sur le réseau électrique.
Les effets du plan de sobriété dans les bureaux
L’expérimentation a par ailleurs permis de mettre en lumière l’impact des efforts de sobriété menés sur ces sites durant l’automne-hiver 2022 (retarder le démarrage de la saison de chauffe, optimiser la consigne de chauffage à 19°C, réduire le chauffage en cas d’inoccupation…). Ils ont permis une économie d’énergie de 20 % en moyenne (tous usages confondus) et de 38% sur le chauffage en novembre et décembre 2022 par rapport aux mêmes mois en 2021 (donnée corrigée des variations climatiques).
Ainsi, les efforts de sobriété sont complémentaires de la fermeture de sites, car ils permettent des économies sur une plus longue période (ensemble de l’hiver).
Un effet rebond très faible dans les logements
Au regard des premiers résultats de l’expérimentation, on constate que l’effet rebond lié à une hausse des consommations d’énergie dans les logements des télétravailleurs est de 1,4kWh sur une journée de télétravail passée chez soi[3]. Cet effet rebond est très limité, particulièrement au regard des gains réalisés sur les déplacements et les bureaux.
Ces premiers résultats seront étudiés plus en détail lors de la poursuite de l’expérimentation, en approfondissant notamment les enseignements en termes de comportements de chauffage des télétravailleurs (si les personnes réduisent le chauffage ou le maintiennent dans leur domicile lorsqu’elles sont au bureau). Au global, sur l’hiver, des économies d’énergie complémentaires seraient ainsi possibles grâce à un meilleur pilotage énergétique, en incitant les Français à baisser la température du chauffage en-dessous de 19°C lorsqu’ils ne sont pas à leur domicile.
Une expérimentation qui se poursuit
La ministre Agnès Pannier-Runacher a demandé la poursuite de l’expérimentation au-delà de l’hiver 2022-2023, et à plus grande échelle. Les résultats de la fin de cet hiver permettront notamment :
- D’élaborer une méthode généralisable pour mesurer l’impact du télétravail sur les consommations énergétiques d’une organisation ;
- D’affiner les résultats sur les logements (volet comportemental, réduction du chauffage en inoccupation, etc.) ;
- De préciser les recommandations qui pourraient être données sur l’organisation du télétravail, avec des actions pour mettre en sommeil tout ou partie des bâtiments de bureau, à élaborer avec les exploitants en fonction des caractéristiques des sites et des contraintes de fonctionnement ;
- De préciser les effets rebond sur les mobilités induites complémentaires liées au télétravail ;
- D’analyser les impacts par vecteur énergétique.