Publié le 25 juin 2025

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Cérémonie civile et militaire à l’occasion de la Journée des marins : discours d’Agnès Pannier-Runacher

Discours prononcé le 25 juin 2025
Seul le prononcé fait foi

Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs les parlementaires et élus,
Monsieur le chef d’État-major de la Marine,
Monsieur le Secrétaire général de la mer,
Chers membres de toute la communauté marine,

C’est avec beaucoup de solennité et de respect que je prends la parole aujourd’hui, à l’occasion de cette première Journée des Marins.

En cette année de la Mer, et quelques jours après l’élan donné par l’immense succès pour la France de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan à Nice, il nous fallait rassembler notre belle communauté maritime.

La mer est notre histoire. Une histoire riche de noms célèbres : Jean Bart, Lapérouse, Dumont d’Urville. Mais aussi Jacques-Yves Cousteau ou encore Eric Tabarly.

Permettez-moi aussi d’évoquer un autre nom et de rendre hommage à Philippe Louis-Dreyfus, disparu il y a quelques jours. Philippe Louis-Dreyfus a marqué le monde maritime français par son engagement constant et sa vision.

Son rôle dans la structuration de notre flotte restera une référence. Je veux avoir ici une pensée pour sa famille et tous ceux qui l’ont accompagné tout au long de sa carrière professionnelle. 
Philippe Louis-Dreyfus aura participé à cette grande histoire maritime dont nous pouvons être fiers, cher Edouard.

Le maritime est notre horizon commun.

Cette journée nous rassemble ici, pour la première fois, pour nous rappeler que la mer est notre lien, notre ressource, notre frontière, notre force et notre puissance, mais aussi notre responsabilité partagée.

Une responsabilité qui s’étend sur près de 11 millions de kilomètres carrés. Répartis sur les trois grands océans – Atlantique, Pacifique, Indien – et même au-delà des terres antarctiques et australes. La deuxième plus grande Zone Economique Exclusive au monde.

Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de célébrer la mer. Il s’agit, ensemble, de la défendre, de la comprendre, et de construire à partir d’elle une souveraineté pleine et entière, à la hauteur des défis du XXIe siècle. Il nous faut assumer ce rôle de puissance maritime dans le contexte mondial que nous connaissons.

Car les océans, longtemps perçus comme des espaces de liberté et de développement, sont devenus des champs de rivalités géopolitiques aigues.

La mer est un espace stratégique, ouvertement disputé, traversé par des menaces hybrides du trafic d’armes à la pêche illégale, de la piraterie à la criminalité environnementale, du narcotrafic aux menaces des Etats voyous.

Les routes maritimes stratégiques – comme le détroit d’Ormuz ou le canal de Suez – sont sous tension permanente.

Les conflits terrestres, comme ceux du Proche et Moyen-Orient, débordent sur les mers, perturbant les flux commerciaux et menaçant notre sécurité collective.

Et je ne peux dire ces mots sans saluer l’engagement total de notre Marine nationale, qui intervient avec courage et un immense professionnalisme dans des actions de combat en mer Rouge.

A travers une mission difficile de protection et de sécurisation, pour défendre nos valeurs et protéger nos intérêts.

Son action force le respect.

Défendre la mer, c’est défendre notre économie, notre accès à l’énergie, notre industrie, notre alimentation, notre climat, mais aussi et plus profondément nos valeurs démocratiques.

Plus de 80 % de nos échanges commerciaux dépendent de routes maritimes qui doivent être sûres.
La mer représente aussi un potentiel énergétique majeur, dont l’éolien offshore et l’hydrolien en sont les symboles.

Elle est une ressource alimentaire qu’il faut défendre face à la pêche illégale, non reportée, non régulée et face à la pollution.

Elle constitue un levier industriel puissant, pour relocaliser, transformer, innover.

Elle est, enfin, un puits de carbone naturel, à protéger avec la plus grande rigueur contre les tentations de destruction comme l’exploitation minière des grands fonds.

Défendre la mer, c’est défendre la France et les Français.

C’est tout le sens de l’action que nous avons menée à Nice. Nous pouvons le dire désormais : ce sommet a montré la grande capacité de notre diplomatie environnementale et régalienne au service de notre souveraineté.

Car la souveraineté maritime est la clef de voute de toutes nos autres souverainetés.

Cette souveraineté ne se décrète pas. Elle se prépare, elle s’incarne, elle s’organise. Elle se défend.

C’est pourquoi cette journée est plus qu’un symbole. Elle nous rappelle que le monde maritime forme une grande communauté, un seul équipage face aux fracas du monde. Un seul équipage pour protéger les intérêts de la France et des Français.

Une communauté diverse, forte de ses différences, mais solidaire. Faite de marins, militaires et marchands, de marins-pêcheurs, d’élèves et de professionnels, d’industriels, de sauveteurs, de scientifiques, de navigateurs, de citoyens.

Une communauté magnifiquement représentée ici aujourd’hui. Et à laquelle je suis fière, et honorée, en tant que ministre de la Mer, d’adresser mes hommages et mon respect.

Une communauté maritime forte, unie. Qui défend les mêmes valeurs. Des valeurs d’engagement, de courage et de solidarité. Des valeurs aussi qui sont celles de notre République.

C’est tout le sens de notre volonté de disposer d’une flotte stratégique et civile au côté de notre Marine. 
Nous devons faire bloc. Et nous le ferons.

Car la France a été, est et restera une grande Nation maritime.

Dorénavant, nous le redirons, unis comme à la mer, chaque année, le 25 juin !

Vive la communauté maritime française.

Vive la République, et vive la France !