Publié le 07 février 2019

Mis à jour le 24 juillet 2025

Temps de lecture : 4 minutes

L'évaluation économique de la transition énergétique

  • Evaluation économique par secteur

La transition énergétique implique des changements de comportements de l’ensemble des acteurs à la fois dans la façon de consommer l’énergie et dans les choix d’investissements. Pour éclairer l’action publique, le ministère s’est doté d’outils de modélisation permettant de simuler ces comportements et ainsi traduire les effets d’une mesure sur la consommation d’énergie et les externalités environnementales associées. Le ministère mène également des analyses sur les coûts et bénéfices sur les innovations technologiques en vue d’identifier les pistes qui ont le plus de chance de constituer des solutions pertinentes économiquement.

Dans le bâtiment

Le ministère utilise deux modèles « RES-IRF » et « Tertiaire » qui lui permettent d’appréhender l’évolution de la consommation des bâtiments dans le résidentiel et le tertiaire. Il apparaît que :

  • Les objectifs de baisse de consommation sont difficiles à atteindre et nécessitent des politiques très volontaristes.
  • L’outil le plus efficace pour induire des baisses de consommation est la taxe carbone, avant les mesures réglementaires telles que les obligations de travaux.

Dans les transports

Le ministère a identifié trois pistes d’action pour limiter les externalités négatives des transports :

  • Les progrès technologiques sur les véhicules, associés au développement de l’éco-conduite.
  • Le recours à des carburants alternatifs et plus particulièrement aux véhicules électriques ou hybrides.
  • Le développement de solutions multimodales à la fois pour la mobilité des voyageurs et pour le transport de marchandises, et un usage plus rationnel de la voiture à travers de nouvelles pratiques comme l’autopartage et le covoiturage.

Il mène des évaluations coûts et avantages en vue de déterminer la pertinence économique de ces solutions.

Pour la décarbonation de l'économie

Le modèle TiTAN (trajectoire des technologies d’abattement vers la neutralité) permet d’identifier les leviers de décarbonation les plus efficaces économiquement pour tendre vers une économie neutre en carbone.

Développé par le Commissariat général au développement durable, en partenariat avec la Direction générale de l’énergie et du climat et France Stratégie, ce modèle est destiné à tous les acteurs de la transition climatique qui s’intéressent à son analyse économique (État, mais aussi think tanks, ONG, monde académique ou encore entreprises).

Grâce à une représentation intégrée des secteurs qui composent le système énergétique en France métropolitaine (production d’énergie, bâtiment, transport, industrie) et des émissions de gaz à effet de serre (GES) associées, ce modèle permet d’éclairer les choix d’investissement à réaliser pour atteindre les objectifs de réduction d’émissions de GES tout en tenant compte de l’interdépendance de ces choix.

TiTAN a vocation à être mobilisé pour l'élaboration de la Stratégie française pour l'énergie et le climat. Il est d'ores et déjà utilisé dans le cadre de l'élaboration de la valeur de l'action pour le climat, un indicateur de référence de l’intensité des efforts à faire pour la décarbonation.

TiTAN sera disponible en accès libre courant 2025.

Dans la croissance économique

Depuis le rapport Stern de 2006 (Stern review on economics of climate change) qui souligne que le coût de l’inaction serait en réalité supérieur à celui des mesures nécessaires pour éviter les dégâts écologiques, la transition écologique ne s’oppose plus à la croissance économique.

Plus généralement, la transition énergétique opère une transformation de l’économie :

  • Il s’agit d’effectuer des investissements à court et moyen terme afin de récolter un bénéfice futur (réduction du coût en énergie et de l’impact environnemental et sanitaire).
  • Il s’agit de substituer des consommations intermédiaires (d’énergies fossiles souvent importées) par du capital et de l’emploi local.
  • Il s’agit de favoriser des secteurs et modes de consommation propres.

Les conséquences sur l’économie sont complexes à appréhender car elles sont tributaires des nombreuses interactions entre les différents secteurs ainsi que des phénomènes d’entraînement qui peuvent démultiplier ou atténuer les effets d’une mesure. Mais d’ores et déjà, il ressort que la relance de l’investissement permet de générer une relance keynésienne de l’économie, à court et moyen termes du moins.

Par ailleurs, les outils de politique publique déployés pour parvenir à opérer la transition énergétique sont susceptibles, en eux-mêmes, d’avoir un impact transversal sur l’économie nationale. En particulier la taxation du carbone qui vise à la valorisation des modes de consommation et de production responsables aux dépens des modes et des produits les plus polluants génère des recettes publiques et l’utilisation sous forme de redistribution aux ménages et sous forme de baisse des charges pour les entreprises peut induire un gain macroéconomique à l’origine du double dividende. Ce dernier apparaît lorsque le produit de la taxe carbone qui a un effet distorsif modéré sur l’économie, est utilisé pour réduire des charges qui ont un effet distorsif sur l’économie plus important, par exemple les charges pesant sur l’emploi.