Publié le 10 janvier 2017

Mis à jour le 22 juillet 2024

Impacts du changement climatique : Montagne et Glaciers

  • Comprendre le changement climatique

Un indicateur est une information, associée à un phénomène, permettant d’en indiquer l’évolution dans le temps, de façon objective, et pouvant rendre compte des raisons de cette évolution. Dans cette fiche, les indicateurs s'intéressent à la montagne et aux glaciers.

- 31 m En moyenne, les cinq glaciers suivis ont perdu 31 mètres équivalent eau depuis 2001.

Bilan de masse d'une sélection de glaciers tempérés français

Cet indicateur rend compte de la variation de volume d'une sélection de glaciers français : le glacier d’Ossoue, dans les Pyrénées (massif du Vignemale), depuis 2001 et 4 glaciers des Alpes françaises (Saint-Sorlin, Gébroulaz, Argentière et la Mer de Glace). Ces indicateurs sont également disponibles ci-dessous dans leur version détaillée. 

L'unité utilisée est le mètre équivalent eau (et le mètre cube équivalent eau en multipliant par la surface du glacier). Le mètre équivalent eau est l’unité utilisée pour décrire la masse d’un glacier par l’épaisseur d’une masse égale ayant la densité de l'eau. Une perte d’un mètre équivalent eau signifie que la masse de glace perdue, si elle se transformait en eau, réduirait l’épaisseur du glacier d’un mètre.

Responsables des données de l'indicateur : se référer à l'indicateur individuel

Traitement des données : MTECT/SDES - Onerc

Date de dernière actualisation technique et des données : septembre 2022

Un bilan de masse mesure la variation d’un glacier en volume. Un glacier comporte en effet, dans sa partie amont, une zone dite d’accumulation, où il tombe plus de neige qu’il ne fond de glace, et où le bilan de masse est donc positif, et dans sa partie aval, une zone dite d’ablation, où c’est le contraire. Pour mesurer la variation de volume sur une année, qu’on divise ensuite par la surface du glacier de façon à obtenir un résultat en mètre d’eau permettant de s’affranchir du problème de la densité, on procède à des carottages manuels en différents points de la partie haute du glacier, on fait la même chose dans la partie basse à l’aide de balises, et on mesure de nouveau un an après. La différence d’émergence nous donne la quantité de glace gagnée ou perdue. On obtient ainsi la variation de volume sur un an, ou sur une saison.

L’évolution des glaciers est l’un des indicateurs clés sélectionnés par le Giec pour situer la variabilité et les tendances climatiques au cours des dernières décennies (IPCC, 2001).

Bilan de masse d'une sélection de glaciers français
ONERC / Sources : Association Moraine et IGE (Institut des Géosciences de l'Environnement)

L’évolution annuelle d’un glacier tempéré (c’est-à-dire constitué de glace dont la température est autour de 0° C) résulte des effets antagonistes des précipitations neigeuses hivernales et des températures estivales. Les glaciers sont les éléments du milieu naturel les plus sensibles aux variations de températures. 
La forte perte de masse des glaciers enregistrée depuis 1982 est le résultat d’une augmentation importante de la fusion estivale de la glace, qui s’est accentuée depuis 2003. En moyenne, les 5 glaciers observés ont perdu 31 mètres équivalent eau depuis 2001.

Bilan de masse du glacier d’Ossoue (massif du Vignemale, Pyrénées françaises)

Cet indicateur rend compte de la variation de volume du glacier d’Ossoue, dans les Pyrénées (massif du Vignemale), depuis 2001. L'unité utilisée est le mètre d’eau (et le mètre cube d’eau en multipliant par la surface du glacier).

Responsable de l’indicateur : Pierre RENE,  Association Moraine (Association pyrénéenne de glaciologie)

Organisme propriétaire des données : Association Moraine (Association pyrénéenne de glaciologie)
Date de dernière actualisation de l’analyse technique et des données : 9 novembre 2022

Le glacier d’Ossoue est découpé en huit parties relativement homogènes climatiquement (tranches d’altitude). La mesure effectuée au centre de chaque zone (station) est pondérée par un coefficient qui est fonction de l’étendue de la zone. Le bilan du glacier est la somme des mesures pondérées de chacune des stations. Pour connaître le bilan annuel, deux mesures sont nécessaires, l’une en fin de période d’accumulation (fin mai), l’autre en fin de période d’ablation (début octobre).

Détail du protocole :

  • Détermination des zones et des stations du glacier
  • Mesure du bilan local à chaque station :
  1. mesure de l’accumulation (bilan hivernal), fin mai, par prélèvement d’une carotte de neige représentant la couche totale de l’hiver. La pesée détermine la Densité et l’Equivalent en Eau (EqE) de la couche de neige,
  2. implantation de balises d’ablation, au cours de l’été, grâce à une sonde à vapeur. Il s’agit de 5 ou 6 piquets en bois de 2 mètres, solidarisés entre eux par une chaînette, enfoncés dans le glacier et qui subsistent plusieurs années,
  3. mesure de l’ablation (bilan estival), début octobre. Deux cas peuvent se présenter :
  4. il reste encore de la neige à la station ; la mesure s’effectue de manière identique à celle de mai,
  5. le glacier est à nu à la station ; l’émergence de la balise d’ablation donne la perte d’épaisseur de glace.
  • Calcul du bilan annuel du glacier à l’aide des coefficients de pondération, il est égal à l’accumulation diminuée de l’ablation.

Source du protocole : laboratoire de glaciologie – Saint-Martin d’Hères

Le cycle annuel d’un glacier résulte des effets antagonistes entre les précipitations neigeuses hivernales qui le font grossir et des températures estivales qui le font maigrir. L’évolution des glaciers illustre le climat régional.

Les glaciers sont des éléments du milieu naturel particulièrement sensibles aux variations climatiques. En effet, ils se composent de glace ! Les modifications morphologiques des glaciers constituent une preuve de l’impact du changement climatique sur notre environnement.

Dans les Pyrénées, les glaciers les plus méridionaux d’Europe sont présents. Leur observation renseigne sur l’évolution régionale du climat tout en complétant le maillage mondial de surveillance des glaciers.

Les glaciers sont de fantastiques outils pédagogiques pour faire prendre conscience des changements climatiques. Les variations interannuelles peuvent être saisissantes.

Le suivi du glacier d’Ossoue bénéficie de soutiens financiers fragiles et précaires. Le budget est chaque année compliqué à boucler !

Record de fonte du glacier d'Ossoue en 2022 ; -4,5 m
Pierre René, Association Moraine
Bilan de masse du glacier d'Ossoue (Vignemale) depuis 2001
Association Moraine

Ce diagramme donne, annuellement, les différents paramètres associés au bilan (gain ou perte de masse du glacier).
L’accumulation (en bleu) correspond au gain de matière (neige hivernale) et l’ablation (en rouge) constitue la perte de masse (fonte estivale de neige et de glace).
Le bilan (vert) résulte de l’accumulation diminuée de l’ablation. 
Aussi, d’année en année, on peut additionner la valeur du bilan et ainsi obtenir le bilan cumulé (courbe noire).
Malgré des valeurs fluctuantes de l’accumulation et de l’ablation, le bilan est négatif quasiment chaque année depuis le cycle 2001-02.
Entre 2001 et 2021, le glacier d’Ossoue a perdu 32,4 mètres d’épaisseur, sa superficie est passée de 58 à 31 hectares et son front a régressé de 171 mètres de longueur.
Cette courte série de mesures illustre la régression glaciaire importante, observée sur toute la chaîne pyrénéenne.

Bilan de masse des glaciers tempérés des Alpes françaises

Cet indicateur présente les séries de bilans de masse annuels de 4 glaciers des Alpes françaises (Saint-Sorlin, Gébroulaz, Mer de Glace et Argentière). Un bilan de masse mesure la variation d’un glacier en volume. Un glacier comporte en effet, dans sa partie amont, une zone dite d’accumulation, où il tombe plus de neige qu’il ne fond de glace, et où le bilan de masse est donc positif, et dans sa partie aval, une zone dite d’ablation, où c’est le contraire. Pour mesurer la variation de volume sur une année, qu’on divise ensuite par la surface du glacier de façon à obtenir un résultat en mètre d’eau permettant de s’affranchir du problème de la densité, on procède à des carottages manuels en différents points de la partie haute du glacier, on fait la même chose dans la partie basse à l’aide de balises, et on mesure de nouveau un an après. La différence d’émergence nous donne la quantité de glace gagnée ou perdue. On obtient ainsi la variation de volume sur un an, ou sur une saison. 
Unité : m w.e (meter water équivalent ou mètre d’eau)

Responsables de l’indicateur : Delphine SIX, Institut des Géosciences de l’Environnement – IGE (CNRS – UGA – IRD – G-INP - INRAE). https://www.ige-grenoble.fr
Organisme propriétaire des données : Institut des Géosciences de l’Environnement – IGE (CNRS – UGA – IRD – G-INP - INRAE). https://glacioclim.osug.fr
Date de dernière actualisation de l’analyse technique et des données : 06 Mars 2024

Connaissant l’ablation sur toute la zone basse du glacier, l’accumulation sur toute la zone haute, on peut en déduire, chaque année, le gain ou la perte totale de masse du glacier, c’est son bilan de masse exprimé comme une lame d’eau gagnée ou perdue par le glacier sur l’ensemble de sa surface.

Pour chacun des glaciers et pour chaque année, les bilans de masse ont été calculés à partir de chacun des points de mesure sur le glacier (de 20 à 30 points de mesure suivant les glaciers).

L’accumulation est mesurée en réalisant, dans la partie haute du glacier, des carottages manuels (modèles de carottier du Polar Ice Coring Office) entre la surface et un horizon de référence repérable à l’œil (couche sale d’été ou de saison sèche) et en mesurant la densité de la neige pour convertir la hauteur de neige accumulée en eau. 5 à 10 carottages sont nécessaires suivant la taille du glacier. Dans les Alpes, il est important de mesurer l’accumulation hivernale en fin de saison d’accumulation c’est-à-dire en mai, et de mesurer l’accumulation nette annuelle en septembre après la prise en compte de l’ablation estivale. L’accumulation nette annuelle est donc ce qui reste après la fonte du manteau neigeux hivernal. L’ablation de glace dans les parties basses est mesurée sur chaque glacier à l’aide de 20 à 25 balises d’ablation qui sont des perches de bois plantées d’une dizaine de mètres dans le glacier. L’émergence de ces balises disposées régulièrement dans toute la zone d’ablation donne une bonne estimation de la variabilité spatiale de l’ablation.Les mesures d’ablation sont 2 à 4 fois par an dans les Alpes où l’ablation n’a lieu qu’en période estivale.

Tous les 5 ans environ, les bilans de masse complets des glaciers alpins sont déterminés à l’aide de la restitution photogrammétrique de clichés aériens issus d’une chambre de prise de vue métrique aéroportée (centre de l’objectif, focale et distorsions connues avec une précision de 1 à 2 microns). Les opérations de prises de vue sont sous-traitées. L’échelle des clichés est d’environ 1/20000. Ces restitutions permettent de réaliser un modèle numérique de terrain avec une précision de 50 cm environ sur les dimensions XYZ. Bien sûr, ces opérations nécessitent avant tout une « stéréopréparation », c’est-à-dire la détermination de points d’appui fixes sur les bords du glacier (visibles sur les clichés) connus avec une précision de 10 cm. Cette stéréopréparation est faite avec des récepteurs géodésiques.

Les mesures sont réalisées suivant les standards du réseau international d’observatoires des glaciers, le WGMS, World Glacier Monitoring Service, http://www.geo.unizh.ch/wgms.

Une partie des observations est diffusée dans ce réseau international. Delphine SIX est le correspondant national. Ces données servent aussi au programme GLIMS (Global Land Ice Monitoring from Space, http://www.glims.org).

L’évolution des glaciers est l’un des indicateurs importants sélectionnés par le Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat pour situer la variabilité et les tendances climatiques au cours du dernier siècle (IPCC, 2001). La sensibilité des bilans de masse glaciaires aux variations climatiques est largement reconnue par la communauté scientifique internationale (Oerlemans, 1986 ; Haeberli, 1995) et a été étudiée en détail dans les Alpes françaises (Vincent, 2002). Les glaciers constituent désormais un indicateur climatique essentiel pour le passé comme pour le futur (Haeberli, 1998 ; IPCC, 2001). Les bilans de masse des glaciers alpins sont le résultat des précipitations de neige (accumulation hivernale d’octobre à mai dans les Alpes), et d’autre part, de la fonte des glaces au cours de la période estivale (ablation estivale de juin à septembre). La fonte des glaces est le résultat de la fusion neige/glace provoquée par les flux d’énergie en surface. Pour comprendre la relation entre cette fonte et le climat, on fait le bilan des différents processus climatiques à la surface des glaciers. La fonte s’explique en effet par différents processus (Wagnon, 2005) :

  • la température,
  • le rayonnement solaire, qui est en partie réfléchi et en partie absorbé par la surface du glacier,
  • le rayonnement thermique de l’atmosphère, qui envoie de l’énergie au glacier, lequel renvoie en contrepartie des radiations dans l’atmosphère,
  • par l’humidité de l’air,
  • par la vitesse du vent.

On fait donc l’inventaire de tous ces flux énergétiques, mesurés sur le glacier par des stations météorologiques automatisées.
Ainsi, les mesures des bilans de masse hivernaux (octobre à mai) et estivaux (juin à septembre) fournissent une image directe des précipitations hivernales et des bilans d’énergie au cours de l’été (ce schéma est nettement plus complexe dans d’autres régions climatiques pour lesquelles les périodes d’accumulation et de fusion en un même site peuvent se succéder à l’échelle mensuelle ou même journalière).

Évolution des bilans de masse cumulés de 3 glaciers des Alpes françaises depuis 1907 (m d’eau) (Saint-Sorlin, Gébroulaz, Argentière, Mer de Glace).

Graphique bilan de masse des glaciers tempérés des Alpes françaises

Sur cette figure, sont reportés les bilans de masse cumulés de différents glaciers par les observations directes de terrain (triangles) et les résultats d’un modèle numérique de reconstitution des bilans (traits pointillés). Ces données montrent que la diminution des glaciers n’est pas du tout uniforme au cours de cette période où on remarque deux étapes de fortes décroissances : 1942-1953 et 1985-2023. La forte décrue de la décennie 40 avant tout est la conséquence d’hivers peu enneigés et d’étés très chauds. La forte perte de masse des glaciers enregistrée depuis 1982 est quant à elle le résultat d’une augmentation très importante de la fusion estivale. Ces deux périodes de décrue ont été précédées par des périodes au cours desquelles les glaciers alpins ont peu perdu de volume ou même en ont gagné : entre 1954 et 1981, les glaciers ont grossi suite à une série d’été frais puis d’hivers bien arrosés à partir de 1977. Cette crue s’est répercutée sur les fronts des glaciers : le front du glacier d’Argentière a avancé (avec un temps de retard par rapport au climat annuel) de près de 400 m entre 1970 et 1990. La perte de masse des 30 dernières années s'est accentuée depuis 2003.

Pour chacun des glaciers, le nombre de sites de mesure varie en fonction de la taille du glacier (de 20 à 30 sites de mesure), de la zone d’accumulation à la zone d’ablation. Les bilans de masse globaux pour chacun des glaciers sont ensuite calculés en tenant compte de la représentativité de chaque site par rapport à la surface totale du glacier.
4 glaciers ont été retenus pour l’ensemble des Alpes françaises (Saint-Sorlin dans le massif des Grandes Rousses, Gébroulaz dans le massif de la Vanoise, Mer de Glace et Argentière dans le massif du Mont-Blanc).

Pour plus d'informations : https://glacioclim.osug.fr

Hivers au Col de Porte

Cet indicateur rend compte de l’évolution de la température moyenne de l'air sur la période allant du 1er décembre au 30 avril de chaque année et de l’enneigement au Col de Porte (Massif de la Chartreuse, Isère) depuis l'hiver 1960/1961.

Responsable de l’indicateur : Yves Lejeune, Météo-France (CNRM UMR 3589) ; Marie Dumont, Météo-France (CNRM UMR 3589)

Organisme propriétaire des données : Météo-France

Date de dernière actualisation de l’analyse technique et des données : 2 février 2023

Le premier graphique présente l’évolution des hauteurs de neige moyenne et de la température de l’air moyenne sur la période du 1er décembre au 30 avril de chaque hiver. Pour les températures, les valeurs annuelles sont indiquées en rouges (respectivement bleues) si elles sont supérieures (respectivement inférieures) à la température moyenne sur la période 1960/1961-1989/1990. Le second graphique présente les durées d’enneigement pour différents seuils. La durée d’enneigement correspond au nombre de jour du 1er décembre au 30 avril avec une hauteur de neige supérieure ou égale à un seuil (5, 50 ou 100 cm).

Pour chacune des variables, les moyennes glissantes sur 15 ans sont indiquées par la courbe noire (point à l’année j correspond à la moyenne j-7/j+7). Les tendances indiquées sur les figures (1989/1990-2019/2020 vs. 1960/1961-1989/1990) correspondent à la différence entre la valeur moyenne de la variable sur la période 1990-2020 et la valeur moyenne de la variable sur la période 1960/1961-1989/1990.

Les données de base ont profité des contrôles annuels effectués au Centre d’Etudes de la Neige. Les capteurs de température et de hauteur de neige sont régulièrement contrôlés.

L’augmentation de la température de l’air est un des signes les plus visibles du changement climatique, en particulier durant ces dernières décennies. Par ailleurs, l’enneigement de moyenne montagne est particulièrement sensible à cette augmentation car il intègre la répartition pluie-neige des précipitations et la fréquence des épisodes de fonte nivale hivernale. Les fluctuations observées attestent à la fois du changement climatique et de la variabilité interannuelle, qui est importante.

Les graphiques ci-dessous présentent l’évolution de la température et de la hauteur de neige moyennes, au Col de Porte, dans le massif de la Chartreuse à 1325 mètres d’altitude. Ces moyennes sont calculées sur les 5 mois allant du 1er décembre au 30 avril de chaque hiver. Les fluctuations observées attestent à la fois du changement climatique et de la variabilité interannuelle, qui est importante.

Évolution des hauteurs de neige moyenne et de la température de l’air moyenne au Col de Porte, dans le massif de la Chartreuse à 1325m d’altitude, sur 61 hivers (de l'hiver 1960/1961 à l'hiver 2020/2021).

Pour les températures, les valeurs annuelles sont indiquées en rouges (respectivement bleues) si elles sont supérieures (respectivement inférieures) à la température moyenne sur la période 1960/1961-1989/1990.

Le graphique du haut représente la hauteur moyenne de la neige. Le graphique du bas la température hivernale moyenne
Météo-France

On observe une hausse de la température de +1,0°C entre la période 1990/1991-2019/2020 et la période 1960/1961-1989/1990 conjointement à une diminution de 38 cm du manteau neigeux moyen. Aucune tendance ne peut être mise en évidence en ce qui concerne le cumul de précipitation au cours de la période 1960-2020 ; ceci semble indiquer un lien direct entre la hausse de la température moyenne induisant une remontée de la limite pluie-neige et la diminution de l’enneigement constatés sur la même période.

Évolution de l'enneigement, au Col de Porte, dans le massif de la Chartreuse à 1325m d’altitude, sur la période de 1960/1961 à 2020/2021.

De haut en bas, ce grapohique represente le nombre de jours où la hauteru a atteint au moins 5, 50 ou 100 cm
Météo-France

Le graphique ci-dessus présente l’évolution de la durée d’enneigement au-dessus des seuils de 5, 50 et de 100 cm, au Col de Porte, dans le massif de la Chartreuse à 1325 mètres d’altitude.

La durée d’enneigement correspond au nombre de jour du 1er décembre au 30 avril avec une hauteur de neige supérieure ou égale à un seuil (5, 50 ou 100 cm).

Stock nival dans les massifs montagneux français le 1er mai

Cet indicateur représente la masse de neige accumulée au sol par unité de surface qui est figurée par l’équivalent en eau du manteau neigeux.

Responsable de l’indicateur : Simon Mittelberger, Météo-France

Organisme propriétaire des données : Météo-France

Date de dernière actualisation de l’analyse technique et des données : 21 juillet 2022

La réanalyse hydrométéorologique de la chaîne Safran-Isba-Modcou (SIM) sur la période 1958-2008 (Vidal et al, 2010) permet de disposer d’une base de données homogène à haute résolution spatio-temporelle sur la France pour caractériser les composantes des processus contrôlant le cycle de l’eau, en particulier le manteau neigeux. Les données d’équivalent en eau du manteau neigeux sont issues d’un système de modélisation numérique utilisant cette réanalyse comme condition de forçage, qui est complétée chaque année par l’ajout de l’année précédente. La chaîne SIM est opérationnelle à Météo-France depuis 2003.

Les résultats de la chaîne SIM ont été évalués par comparaison avec des observations. Pour l’enneigement, ils ont été comparés aux hauteurs de neige observées par le réseau nivo-météorologique et les stations automatiques de montagne (Habets et al, 2008).

L’augmentation des températures de l’air est un des signes les plus visibles du changement climatique, en particulier durant ces dernières décennies. Le manteau neigeux saisonnier est un indicateur pertinent, car son évolution est fortement influencée par le réchauffement atmosphérique. Son évolution à partir des seules observations in-situ est plus difficile à caractériser en raison de la saisonnalité du manteau neigeux et de sa grande variabilité interannuelle. Les séries d’observations de la hauteur de neige ayant une qualité et une longueur temporelle suffisantes sont peu nombreuses et ne fournissent pas une observation directe de l’équivalent en eau du manteau neigeux. De plus, elles ne sont généralement pas représentatives des secteurs d’altitude les plus élevés. L’indicateur présenté ci-dessus fournit une vision à la fois réaliste et globale de la quantité de neige présente en montagne au milieu du printemps et de l’évolution au cours des décennies passées de cette quantité. Cependant, l’indicateur n’est pas une description absolue du stock nival réel car sa valeur dépend de la finesse spatiale du maillage retenu pour la modélisation. C’est donc surtout son évolution temporelle au fil des ans qui est pertinente pour suivre l’impact du réchauffement climatique sur le stock nival.

L’indicateur étant basé sur les résultats de la chaîne SIM, il bénéficie des améliorations apportées régulièrement au modèle.

L’équivalent en eau du manteau neigeux représente la masse de neige accumulée au sol par unité de surface. Il augmente pendant la phase d’accumulation du manteau neigeux saisonnier, en général pendant l’automne, l’hiver et une partie du printemps, puis décroît lorsque la fonte du manteau neigeux devient plus importante que l’accumulation de nouvelles chutes de neige. En moyenne sur les massifs et pour la période 1981-2010, il atteint sa valeur maximale au début du mois de mars (voir figure ci-dessous). La fonte débute doucement, puis s’accélère fortement à partir de la deuxième quinzaine d’avril La date du 1er mai est donc représentative du début de la décroissance intense du stock nival pour l’ensemble des massifs montagneux. La neige constitue une réserve d’eau importante, qui s’écoule sous l’effet de la fonte vers les parties aval des bassins versants et alimente les rivières de montagne et ainsi plusieurs grands fleuves au printemps et en début d’été.

On observe au cours des dernières décennies une diminution de la quantité d’eau stockée sous forme de neige au milieu du printemps dans tous les massifs de haute montagne français. Cette diminution est liée au réchauffement atmosphérique, qui réduit la fraction des précipitations tombant sous forme de neige au profit de la pluie et renforce la fonte du manteau neigeux.

Météo-France
Météo-France
Météo-France
Météo-France

Les graphiques présentent l’évolution estimée du stock nival le 1er mai sur l’ensemble des massifs français de haute montagne (en haut à gauche), sur celui des Alpes du Nord (en haut à droite), des Alpes du Sud (en bas à droite) et des Pyrénées (en bas à gauche) depuis 1959. La variable représentée en ordonnée est l’écart de l’équivalent en eau du manteau neigeux (ou Snow Water Equivalent, SWE, en anglais) par rapport à la normale calculée pour 1961-1990, en moyenne sur l’ensemble des 3 massifs et l’équivalent en eau du manteau neigeux par rapport à la normale calculée pour 1961-1990 pour chaque massif traité séparément. Exprimé en kg/m2, le SWE représente la masse de neige accumulée au sol par unité de surface. Le 1er mai, il est de 158 kg/m2 pour la période 1981-2010 sur les 3 massifs réunis. Régionalement, il atteint es valeurs plus fortes dans les Alpes du Nord (280 kg/m2), plus faibles sur les massifs des Alpes du Sud (79 kg/m2) et des Pyrénées (119 kg/m2). Pour tous les massifs, on note une grande variabilité interannuelle, avec des rapports de l’ordre de 10 entre les valeurs maximales et minimales. Sur les 3 massifs réunis, les 1er mai les plus enneigés sont ceux de 1972 et 1978, les moins bien enneigés sont ceux de 1997 et 2011. Dans les Alpes du Nord, les 1er mai les mieux enneigés sont ceux de 1966, 1970 et 1978, les moins bien enneigés sont en 1964, 1976, 1996, 2007 et 2011. Dans les Alpes du Sud, les meilleurs enneigements se sont produits en 1960, 1978, 1979 et 1986, les moins bons en 2002, 2005, 2007 et 2011. C’est sur ce massif que la variabilité interannuelle est la plus marquée. Enfin sur les Pyrénées, la période de 1962 à 1982 a été globalement très bien enneigée début mai. Les 1er mai les mieux enneigés sont ceux de 1972, 1978 et 1979. Les moins bien enneigés sont ceux de 1997 et 2011.

Dans les années récentes (depuis 2000), les 1er mai les moins bien enneigés sont ceux de 2007 et 2011 sur tous les massifs, ainsi que 2006 et 2010 pour les Pyrénées et 2002, 2005, 2006 et 2015 pour les Alpes du Sud. A l’inverse, les 1er mai les mieux enneigés sont ceux de 2001 et 2013 pour les 3 massifs réunis. Régionalement, ce sont ceux de 2008 et 2013 dans les Alpes du Nord, 2001 et 2009 dans les Alpes du Sud, 2009 et 2013 dans les Pyrénées.

On observe une réduction significative du stock nival le 1er mai sur tous les massifs : -20 kg/ m2 par décennie sur l’ensemble des massifs (soit -12 % par décennie par rapport à la normale 1981-2010), -34 kg/m2 par décennie dans les Alpes du Nord (soit -12 % par décennie), -16 kg/m2 par décennie dans les Alpes du Sud (soit -20 % par décennie), -8 kg/m2 par décennie dans les Pyrénées (soit -7 % par décennie). Toutes ces réductions sont statistiquement significatives avec un indice de confiance de 99 % (test de Mann-Kendall). Dans les Alpes, la diminution est nette à partir du début des années 1980. Dans les Pyrénées, la réduction est forte entre 1975 et 1990, puis l’enneigement au 1er mai connaît une stabilisation, voire une légère augmentation grâce à quelques printemps récents très bien enneigés.