Discours d'introduction d'Olivier Klein lors de la restitution du Conseil national de la Refondation du Logement

Le Mardi 6 juin 2023

Discours du 5 juin 2023 d'Olivier Klein lors de la restitution du Conseil national de la Refondation du Logement

Mesdames, Messieurs,

Mes chers amis,

Nous y voilà.

Merci pour votre présence si nombreuse.

Quand je pense que certains disaient que le logement n’intéressait pas…

État, collectivités locales, acteurs de la solidarité, bailleurs, promoteurs, aménageurs, urbanistes : nous sommes le visage du logement bleu-blanc-rouge et nous sommes tous présents ou représentés ici dans cette salle.

Oui, le logement intéresse, il passionne même. 

Et puis quand je pense aussi que certains disaient que le logement n’intéressait pas l’État…

  • Si le Président de la République a décidé de consacrer un CNR plein et entier au logement, c’est bien que le logement intéresse l’Etat.
  • Si la Première ministre nous fait l’honneur de conclure notre CNR, c’est bien que le logement intéresse l’Etat.
  • Si François Bayrou nous fait (encore une fois) le plaisir d’être parmi nous aujourd’hui, c’est bien que le logement intéresse l’Etat.
  • Si je me bats depuis 11 mois, matin, midi, soir et nuit, c’est bien que le logement intéresse l’Etat.

Mesdames et Messieurs, le logement intéresse l’État parce que, d’une certaine manière, la politique du logement d’une Nation en dit beaucoup sur ce qu’est cette Nation.

Elle dit le soin que nous portons à la dignité humaine.

Elle dit la manière dont nous voulons organiser notre vie commune.

Elle dit l’attention que nous accordons à l’avenir de notre planète.

Au fond, le logement c’est un enjeu de liberté, d’égalité et de fraternité.

 

Mais pour beaucoup de Français, en 2023, la question qui se pose est beaucoup plus prosaïque que cela : faut-il être riche pour pouvoir se loger ? Et c’est à cette seule question qu’il nous faut répondre !

Loger tous les Français, où qu’ils vivent et quelle que soit l’état de leur compte en banque, c’est l’ambition à la fois simple et terriblement complexe qui est celle du Président de la République et du Gouvernement.

C’est aussi la vôtre, et c’est la philosophie qui a guidé les travaux de ce Conseil national de la refondation consacré au logement.

 

Alors, oui, nous y voilà.

Réunis pour restituer ce CNR, exposer ce qu’il a produit depuis son lancement ici même à l’automne dernier, et d’abord mesurer le chemin parcouru.

Laissez-moi vous en dire quelques mots.

Ce CNR n’est ni un commencement ni un aboutissement.

Ce CNR n’est pas un commencement : il s’arrime à la politique conduite depuis 6 ans maintenant.

  • 6 années qui ont vu notre parc d’hébergement d’urgence passer de 120.000 à 200.000 places. Chaque soir, ce sont 6M€ qui sont consacrés au secours des plus fragiles. C’est un effort colossal de la Nation. C’est l’honneur de notre pays.
  • 6 années qui ont vu naître le plan Logement d’Abord, ce magnifique programme qui a déjà permis à 440.000 concitoyens de passer de la rue au logement pérenne, et de sortir de la spirale sans fin « de la rue à l’hébergement d’urgence » et « de l’hébergement d’urgence à la rue ».
  • 6 années qui ont vu se déployer MaPrimeRénov, un outil dont les Français se sont saisis avec enthousiasme, faisant entrer la culture de l’éco-geste dans tous les foyers français. Oui, il nous faut à présent un choc de simplification et de massification. Mais qui peut contester qu’avec 1 million et demi de chantiers réalisés depuis son lancement en 2020, ce programme est un succès ?
  • 6 années qui ont vu naitre la garantie Visale, qui ont vu passer les moyens de l’ANRU de 5 à 12 milliards.
  • 6 années et une révolution culturelle : désormais, politique du logement et transition écologique sont inséparables : ils ont destins liés.

Tant reste à faire, je le sais. Mais beaucoup, beaucoup a été fait.

 

Et puis, pendant ce CNR, nous avons continué d’agir :

  • Agir pour sauvegarder notre parc d’hébergement d’urgence. C’est le sens aussi de la création toute récente de l’Observatoire du sans-abrisme pour travailler ensemble ;
  • Agir avec le bouclier logement : à la fois en plafonnant l’augmentation des loyers et en aidant nos compatriotes à faire face à la flambée des coûts de l’énergie ;
  • Agir avec la mensualisation de la révision du taux d’usure qui – derrière ce terme barbare – permet de fluidifier l’accès au crédit dans la période de remontée rapide des taux ;
  • Agir pour éradiquer les passoires énergétiques, notamment en confortant la mise en œuvre de la loi Climat et Résilience, avec le lancement de l’offre simplifiée « Mon Eco-PTZ Prime Rénov » ou encore le relèvement de 25.000 à 35.000€ du montant de travaux pouvant être financés par MaPrimeRénov en copropriétés ;
  • Agir pour se donner les moyens d’un pacte de confiance, que je souhaite que nous puissions signer lors du prochain congrès HLM.

Chacun connait mon attachement viscéral au logement social dont je suis un fils aimant. Vous avez devant vous le premier défenseur de la loi SRU. Passons aux travaux pratiques : ce sera l’enjeu des échanges des prochains jours autour du pacte de confiance ;

  • Agir avec le lancement du chantier de la rénovation du parc privé et social et l’accent mis sur la rénovation des copropriétés dégradées.

Tout cela, nous l’avons réalisé dans un contexte très difficile : nous sommes entrés dans l’ère de l’argent public rare, et naïf est celui qui croit qu’en 2023, on rase gratis.

Malgré ces circonstances, je vous le dis avec conviction : tout ce qui pouvait être fait, l’a été.

 

Alors, notre CNR, je crois qu’il a été à la hauteur de l’ambition que le Président de la République lui avait assignée : « la volonté de recréer ensemble de l’unité là où il y avait de la division, et de l’élan là où il y avait des freins ».

 

Quelle est selon moi la trace qu’il laisse ?

D’abord il a permis de réaliser l’union sacrée que j’appelais de mes vœux.

Cette union sacrée, elle a achevé de convaincre qu’il n’y a pas des mondes du logement, il y a un monde du logement qui fait écosystème.

Tout est lié, tout se tient. Notre obsession, ce doit être le parcours résidentiel.

De ce point de vue, le duo Christophe Robert / Véronique Bédague en est le parfait symbole.

Chère Véronique, cher Christophe, je suis très fier de vous avoir confié la co-animation de ce CNR. Merci pour le travail que vous avez accompli.

 

Ensuite ce CNR nous a offert un acquis précieux : nous avons un diagnostic commun. Et souvenez-vous, ce n’était pas gagné !

Le logement entre en crise. Une « crise multifactorielle » comme l’a nommée lui-même le président de la République tout récemment.

Cette crise, nous ne la découvrons pas. Moi-même, dès le mois de novembre, je disais que nous devions tous nous mobiliser pour que le logement ne devienne pas la bombe sociale de demain.

Une crise de l’offre avec une production en berne et des projets à l’arrêt.

Mais aussi une crise de la demande avec des Français qui peinent à accéder au crédit et qui voient la file d’attente du logement social s’allonger à vue d’œil.

Pour mener la bataille ensemble, il me paraissait important de savoir nommer l’adversaire.

 

Enfin ce CNR a produit plusieurs centaines de propositions que vous avez synthétisées en 19 mesures.

Je remercie chaleureusement les membres de chacun des 3 groupes de travail et leurs 6 animateurs, pour cette œuvre colossale et avant tout utile.

Offre, demande, logement social, logement intermédiaire, logement privé, sans-abrisme, transition écologique… tous les grands enjeux sont posés.

Ces 19 mesures, j’en partage la pertinence. Je les crois de nature à répondre – du moins, en partie – aux enjeux de court, de moyen et de long terme.

Elles sont notre doctrine, notre patrimoine.

Toutes ne pourront être mises en œuvre sur le champ – qui peut croire que l’état des finances publiques puisse nous le permettre ?

Mais chacune sera étudiée, décortiquée, prise en considération. Toutes seront versées au CNR du Président de la République, conformément à sa demande et à l’esprit même du Conseil national de la refondation.

J’ajoute que je souhaite que notre dialogue se poursuive. Nous verrons ensemble la forme que nous voudrons bien lui donner. En tout cas, je vous le dis : nous n’allons pas nous quitter comme ça !

Je vous le répète, ce CNR logement n’est pas un aboutissement.

 

Dans le même temps, soyons francs, nous partageons tous un sentiment d’urgence face à la crise du logement.

Notre CNR a été percuté par l’accélération de cette crise.

Aussi, le gouvernement souhaite agir sans attendre.

C’est pourquoi, de premières annonces seront faites dès aujourd’hui. A la fois des mesures immédiates pour répondre à l’urgence. Et dans le même temps, des chantiers ouverts pour préparer l’avenir.

La Première ministre nous rejoindra dans un instant pour partager avec vous ces annonces qui, dans le contexte budgétaire que je décrivais, sont d’incontestables et de précieuses avancées. Je la remercie encore d’avoir entendu.

Favoriser l’accession à la propriété. C’est la question de l’accès au crédit pour nos concitoyens - comment le faciliter ? C’est la question de l’avenir du prêt à taux zéro, outil apprécié des Français. C’est la question des nouveaux leviers – je pense en particulier au bail réel solidaire qui doit permettre à plus de Français modestes de devenir propriétaires.

Favoriser l’accès à la location, avec le développement de la caution publique pour aider les plus modestes à se loger, ou encore avec le pari du développement du logement intermédiaire auquel le Président de la République est très attaché.

Soutenir la production et la rénovation des logements sociaux. Le gouvernement souhaite accompagner les bailleurs sociaux dans le vaste mouvement de transition énergétique qui est à l’œuvre.

Relancer la production de logement. Trop de programmes sont ensablés dans la crise de la demande. Avec le concours de nos partenaires, nous allons prendre nos responsabilités pour les débloquer.

Enfin, amplifier la rénovation énergétique du parc privé. C’est bien évidemment la question de l’évolution de ce très beau dispositif qu’est MaPrimeRénov. Simplification, massification : la rénovation thermique doit maintenant entrer dans son âge adulte.

 

Mesdames et Messieurs, j’en termine.

Le Président de la République l’a dit ; je l’endosse aussi bien volontiers : on ne réglera pas la crise du logement uniquement par la dépense publique.

Je le disais, nous sommes entrés dans l’ère de l’argent public rare et cela exige de nous de la résilience, des efforts, de l’agilité, de la créativité.

Cela réclame que nous ne soyons pas conservateurs et que nous fassions des choix : développons ce qui fonctionne, cessons avec ce qui ne fonctionne plus, améliorons ce qui doit l’être. Avec une seule boussole : une action efficace, juste et exclusivement tournée vers la vie des Français. 

Cela appelle aussi un esprit de rassemblement.

Moi je n’ai rien contre la querelle politique. Après tout, elle est consubstantielle à la vitalité démocratique.

Mais nous ne pouvons plus nous satisfaire d’une situation où – État, collectivités, acteurs du logement – chacun renvoie la responsabilité des difficultés à son partenaire qui finit par devenir un adversaire.

Nous ne pouvons plus nous satisfaire du clivage entre ceux qui trouvent que le logement coûte trop cher et ceux qui considèrent qu’il rapporte beaucoup.

La seule question qui vaille, c’est : est-ce que nos concitoyens ont le sentiment d’en avoir pour leur argent ?

Parce que les Français qui peinent à se loger, ils se fichent royalement de savoir qui est responsable de leurs malheurs : ils attendent des solutions.

Il faudra bouger le système.

Certes il y a des mesures à prendre dans l’urgence. Mais nous avons aussi un grand chantier à ouvrir : celui de la gouvernance des politiques du logement.

L’enjeu, c’est de redéfinir la balance entre les libertés locales - qui doivent grandir - et en même temps la capacité de l’Etat à reprendre les choses en main lorsque la situation l’exige.

Ce que nous voulons, c’est de la responsabilisation à tous les étages.

Lois d’exception, opérations d’intérêt national : je n’ai aucun tabou dès lors que nous nous donnons la chance de loger dignement tous les Français.

L’Etat doit parfois savoir reprendre les choses en main. Cela, non pas dans une vision punitive – croyez-vous une seconde que mon pedigree m’encourage à vouloir punir des maires ? – mais pour soutenir des élus qui ne parviennent plus à répondre aux enjeux de logement et qui ont besoin d’une intervention de l’État.

Ce n’est pas de la dépense publique : c’est de l’équité territoriale, c’est de l’égalité républicaine, c’est de l’État protecteur.

 

Mesdames et Messieurs,

Ce CNR n’est donc pas un début, encore moins une fin, il est une étape. Une étape utile sur le chemin que nous voulons tous emprunter : mettre un toit au-dessus de la tête de tous nos concitoyens.

Ce qui a changé depuis 6 mois – et c’est l’héritage de ce CNR – c’est que désormais, ce chemin, nous le parcourons ensemble.

Je vous remercie.

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