Publié le 12 décembre 2025
Climat : l’Accord de Paris a 10 ans
Il y a 10 ans, le 12 décembre 2025, l’Accord de Paris sur le climat, était adopté à l’issue de la COP21. Avec un objectif primordial : limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, d’ici la fin du siècle, par rapport à l’ère préindustrielle. Si, aujourd’hui, cet objectif s’éloigne à grands pas, ce traité reste incontournable. Voici pourquoi.
Un objectif unique dicté par la science
Avec l’Accord de Paris, le monde s’est mis d’accord sur un chiffre : limiter la hausse de la température bien en dessous de 2 °C et si possible à 1,5 °C. Un seuil au-delà duquel les scientifiques prévoient notamment la perte irréversible de certains écosystèmes, comme les coraux, les glaciers, la banquise et le permafrost. Même si l’objectif de 1,5 °C est sur le point d’être atteint, chaque dixième de degré compte pour éviter des impacts encore plus importants.
Le climat est devenu l’affaire de tous
Sous le Protocole de Kyoto, seuls les pays développés avaient des objectifs chiffrés de réduction des gaz à effet de serre à respecter. Avec l’Accord de Paris, tous les pays, – riches, émergents, pauvres – doivent présenter leurs propres plans d’action climatique, appelés contributions déterminées au niveau national (CDN), qui doivent être revus et renforcés tous les cinq ans.
L’économie mondiale transformée
L’Accord de Paris innove en invitant directement les acteurs du secteur privé à s’impliquer dans la lutte contre le changement climatique. Il les encourage notamment à réorienter les flux financiers vers la transition bas-carbone et à aider les pays les plus fragiles à faire cette transition et à s’adapter.
Les entreprises de la transition écologique (énergies propres, véhicules électriques, batteries, pompes à chaleur…) ont ainsi connu une croissance fulgurante.
Chaque projet d’investissement est maintenant jugé sur sa compatibilité avec l’Accord de Paris, par les gouvernements, mais aussi par les banques, les assurances et les investisseurs.
Réduire les émissions : des efforts insuffisants mais qui progressent
Malgré l’insuffisance des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter la hausse des températures, l’ambition collective progresse.
La somme des engagements climatiques des États avant la COP21 situait le monde sur une trajectoire de +4-5 °C de réchauffement mondial en 2100. Avec la deuxième série de CDN (2020/2021), la trajectoire est désormais estimée à +2-3 °C.
« Avant l’Accord de Paris, nous étions sur une trajectoire de 4 à 5 degrés. Nous sommes désormais sur une trajectoire de 2 à 3 degrés. C’est encore beaucoup trop, mais nous avons évité le pire. »
Le multilatéralisme, un principe d’action
Signé en 2015 par 196 Parties (195 États et l’Union européenne), l’Accord de Paris est l’œuvre de tous. Il définit les règles de la coopération multilatérale pour un combat qu’aucun pays ne peut mener seul. Dix ans plus tard, dans un contexte international qui s’est fortement tendu, il demeure la clé de voûte de la gouvernance internationale sur le climat et continue de fonctionner, notamment sur le volet de la solidarité, grâce à l’Union européenne.
Depuis 2015, la France porte un agenda climatique ambitieux à l'international. Elle a lancé, avec l'ONU et la Banque mondiale, le mouvement One Planet (décembre 2017) pour maintenir au plus haut niveau politique la lutte contre le dérèglement climatique et la protection de la nature. La France soutient également des coalitions plus sectorielles ou régionales comme, par exemple, le CDN Partnership (pour soutenir les pays en développement dans la mise en œuvre de leur CDN), Adapt’Action (pour aider les pays en développement à concevoir leurs plans d’adaptation) l’Alliance solaire internationale (ASI), l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables (AREI) ou la Climate Risk Early Warning Systems (CREWS).
8 sommets One Planet organisés par la France
55 initiatives et coalitions
150 pays engagés à travers la dynamique One Planet
La reconnaissance d’une solidarité climatique
L’engagement financier, principalement des pays développés, pour aider les pays en développement est un grand principe de l’accord qui a fixé un objectif collectif : mobiliser 100 milliards de dollars par an pour les pays en développement entre 2020 et 2025. Cet objectif, atteint en 2022, a été revu à la hausse en 2023 pour atteindre 300 milliards de dollars par an en 2035.
Le renforcement de l’adaptation au changement climatique
L’Accord de Paris constitue une étape décisive dans le renforcement de l’adaptation mondiale, au même titre que l’atténuation (la réduction des émissions de gaz à effet de serre). Avec la définition d’un objectif mondial d’adaptation, le traité a accéléré l’intégration de ce volet de l’action climatique dans les politiques nationales.
Un monde plus inclusif
Depuis l’Accord de Paris, la société civile, les ONG, les think tanks, ont été mieux intégrés dans le processus des COP et les initiatives climatiques des acteurs non-étatiques (entreprises, villes, collectivités) sont valorisées à travers l’Agenda de l’action. On peut aussi mettre à son crédit la création de la Plateforme des communautés locales et des peuples autochtones (LCIPP) et l’adoption en 2025 d’un plan d’action sur le genre.
Malgré ses limites et insuffisances, l’Accord de Paris a incontestablement insufflé une dynamique dans toute la société. Il demeure la boussole de l’action climatique mondiale et contribue encore à transformer les politiques nationales.
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