Publié le 29 avril 2024
Mis à jour le 08 juillet 2025
Capture, valorisation et stockage du carbone (CVSC, Carbon Capture, Utilization and Storage – CCUS)
La capture, la valorisation et le stockage du dioxyde de carbone (CCUS) font partie des innovations technologiques qui vont nous permettre d’atteindre la neutralité carbone et notre objectif de réindustrialisation.
Le CCUS : une solution pour le climat !
Vous vous demandez comment on peut capter et stocker le CO₂ pour aider la planète ? Bonne nouvelle : le CCUS est là pour ça !
Le CCUS (Capture, Stockage et Valorisation du Carbone) se réfère à un ensemble de technologies visant à capturer les émissions de dioxyde de carbone (CO₂) généralement issues de sites industriels.
Le carbone : un gaz invisible, un défi bien réel
Le CO₂ : Le dioxyde de carbone est un gaz contribuant changement climatique. Le CCUS permet de le capturer avant qu'il ne nuise à notre climat.
Comment ça marche, le CCUS ?
1) Capture : la capture en sortie de site vise à extraire le CO₂ issu du processus industriel et à le concentrer.
2) Transport : une fois capté, le CO₂ est acheminé vers des lieux de stockage par des canalisations ou bateaux, ou, dans le cas de volumes plus réduits, en trains, barges et camion.
3) Stockage ou valorisation : le CO₂ est ensuite stocké dans des formations géologiques spécifique adapté comme des anciens réservoirs d’hydrocarbures. Ce CO₂ peut ensuite être revalorisé pour la production de carburants alternatifs, de plastiques, pour les bétons, etc….
Les technologies CCUS deviennent matures, et plusieurs projets commencent déjà à être déployés à l’échelle industrielle dans le monde, et notamment en Europe.
Pourquoi c’est important ?
Le CCUS est un outil permettant la décarbonation de l’industrie et atteindre la neutralité carbone (aucune émission de CO₂) d’ici 2050.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), dans son évaluation des trajectoires permettant d’atteindre des émissions mondiales net zéro de CO₂ (condition clé de la stabilisation du réchauffement planétaire) évalue le rôle de la capture et séquestration du carbone (CCUS) comme une option crédible pour contribuer à la réduction des émissions provenant de grands systèmes industriels ou énergétiques. Par ailleurs, le GIEC estime que le déploiement des technologies CCUS est à ce jour largement inférieur à celui cohérent avec une limitation du réchauffement sous 2°C.
Le CCUS sera notamment très utile pour les industries ayant des émissions de CO₂ ne pouvant pas être réduite comme les cimenteries.
Attention ! le CCUS n’est pas une excuse pour arrêter les efforts de décarbonation des procédés industrielle, il ne peut se substituer à ces actions !
À savoir : le CCUS fait désormais partie des solutions reconnues par l’Europe pour atteindre la neutralité carbone.
Le 13 juin 2024, la Commission Européenne a publié le règlement Net-Zero Industry Act (NZIA), qui définit le CCS comme une option stratégique clé pour l’atteinte de la neutralité carbone à horizon 2050, au même titre que l’hydrogène, les énergies renouvelables électriques et le nucléaire. Ce cadre prévoit ainsi le développement de 50 millions de tonnes de capacité annuelle de stockage géologique de CO₂ au sein de l’Union européenne d’ici 2030, ainsi que des obligations pour les producteurs d’hydrocarbures de contribuer à l’atteinte de ces objectifs. Cela correspond à la production annuelle de CO₂ du Portugal !
En outre, l’Agence internationale de l’énergie estime que le CCUS permettrait de réduire d’environ 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) à horizon 2050. L’intérêt de recourir aux technologies de CCUS pour lutter contre le changement climatique a également été acté dans la décision de la COP28 qui s’est tenue à Dubaï en décembre 2023.
Et en France, où en est-on ?
Au niveau français, les premières orientations stratégiques du déploiement du CCUS ont été publiées en juin 2023 et ont fait l’objet d’une consultation publique ainsi que d’un avis du Haut conseil pour le climat, confortant l’approche française en matière de CCUS.
Publié le 4 juillet 2024, le document « État des lieux et perspectives de déploiement du CCUS en France » constitue la suite des travaux entrepris depuis l’année dernière.
Le lien en dessous
Plus récemment, le 23 juin 2025, la France et la Norvège ont signé un accord bilatéral permettant l’exportation et le stockage géologique de CO₂ d’origine industrielle française vers la Norvège, en application du protocole de Londres, dont la ratification par la France de l’amendement de 2009 à son article 6 a été publiée au Journal Officiel le 24 juin 2025.
La signature de ce partenariat entre la France et la Norvège ouvre la possibilité, pour les industriels français, d’accéder aux capacités norvégiennes de stockage, évaluées à près de 80 milliards de tonnes dans les réservoirs géologiques situés à plus de 1000 m de profondeur sous le plancher océanique.
Elle donne un cadre légal aux projets de transport et de stockage du carbone en dehors du territoire national, condition indispensable pour lancer à court terme des projets de stockage opérationnels, en attendant le développement de capacités nationales.
Estimation du potentiel de stockage de CO₂ sur le territoire français
Approfondissement des connaissances sur les capacités de stockage.
À la suite de la publication en juillet 2024 de la stratégie nationale détaillant les actions stratégiques envisagées concernant le développement de la filière CCUS, la DGEC publie l’inventaire des capacités techniques potentielles de stockage géologique de CO₂ sur le territoire métropolitain.
Les résultats de cette étude, dénommée EVASTOCO2, ont ainsi permis d’estimer une ressource (volumes potentiellement disponibles et utilisables pour stocker du CO2 qui ne seront cependant pas nécessairement économiquement exploitables dans le futur) d’environ 1,1 Gt de stockage de CO2 dans des structures fermées et de 3,7 Gt dans des aquifères salins (nappe souterraine d’eau salée) hors piège structural (1 Gt = 1 milliard de tonnes). Un piège géologique fermé empêche toute migration du CO2 en dehors du réservoir de stockage.
Cet inventaire a été réalisé par le BRGM, AKKODIS, AVENIA, CVA, GEOSTOCK, l’IFPEN, TEREGA, TOTALENERGIES et l’Université de Lorraine, sous la direction de la DGEC et avec l’appui de l’ADEME. La réalisation de cet inventaire répond également aux obligations de publication d’un atlas national sur les capacités potentielles de stockage géologique du CO2 du règlement européen Net Zero Industry Act (NZIA), publié en juin 2024.
En matière de stockage de CO2, la France travaille dans le cadre européen et bilatéral pour faciliter l’accès aux stockages en mer du Nord et en Méditerranée, qui constituent à court terme les premiers stockage opérationnels potentiels pour les émissions françaises. À l’horizon 2030, la stratégie française sur le CCUS envisage le développement de capacités de stockage sur le territoire métropolitain. L’étude EVASTOCO2 s’inscrit dans ce contexte et constitue une avancée significative en tant que première estimation du potentiel de stockage géologique de CO2 en France. Il ne s’agit néanmoins à ce stade que de ressources potentielles et non de réserves (capacités techniques et économiquement viables).
L’étude EVASTOCO2 est une évaluation préliminaire et ne préjuge pas des résultats qui seraient obtenus au stade du développement d’un projet de stockage. Tout projet industriel sera précédé d’une phase de recherche détaillée et fera l’objet des procédures de concertation auprès des parties prenantes prévues par le code de l’environnement et le code minier.
Quel que soit le type de stockage, il conviendra de s’assurer que le CO2 y sera stocké de manière sûre et permanente conformément à la directive européenne 2009/31/CE relative au stockage géologique du CO2 (dite « directive CSC »).
Le piégeage sûr et durable du CO2 pourrait ainsi contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la lutte contre le changement climatique.
Les liens en dessous amènent directement sur les études (également sur le site de l'ADEME) ! Une actualisation de l’étude a eu lieu courant 2025, les liens sont donc :
Documents disponibles (également sur le site de l'ADEME) :
- Résumé de l’étude EVASTOCO2 (5 pages)
- Rapport de synthèse (70 pages)
- Rapport complet (compilation de toutes les zones étudiées) : lien à venir
- SIG : https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/evastoco2/
EVASTOCO2 : Résumé et rapport de synthèse
Appel aux industriels : qui veut participer au CCUS en France ?
Le gouvernement français a lancé au printemps / été 2024 un appel à manifestation d’intérêt (AMI) non engageant pour identifier les industriels intéressés par le développement de la chaîne de captage et séquestration du carbone (CCS) en France dès 2025.
Un total de 113 manifestations d’intérêt a été reçu, montrant un fort dynamisme et une volonté d’expérimenter rapidement des solutions CCS. Conformément à « l’état des lieux et perspectives de la filière de Captage, Utilisation et Stockage du Carbone (CCUS) en France » de juillet 2024, rappelons que le CCUS est considéré comme un levier essentiel pour atteindre la neutralité carbone, notamment pour les secteurs industriels où les alternatives bas-carbone ne sont pas encore viables.
La réduction des émissions de CO2 dans l’industrie nécessite une transformation profonde des filières, en mobilisant divers leviers de décarbonation, dont le captage du CO2. 33 entreprises ont répondu à l’AMI pour mettre en œuvre des solutions de captage de leurs émissions de CO2. Les activités couvertes incluent la méthanisation, la production d’engrais, la fabrication de pâte à papier, la fabrication de ciment, la production de chaux, les aciéries et le traitement des déchets industriels dangereux.
Parallèlement, 23 entreprises ont proposé des solutions innovantes pour le captage de CO2, que ce soit dans les fumées industrielles produites par l’industrie lourde ou directement dans l’air.
Par ailleurs, le déploiement du CCUS nécessitera de connecter les bassins industriels aux centres (hubs) d’export ou de stockage. 15 entreprises ont manifesté leur intérêt pour des infrastructures de transport de CO2 : réutilisation de canalisations existantes, développement de hubs d’export, de flotte de camions…
De plus, des actions stratégiques, dont le présent AMI, sont en cours pour développer des capacités de stockage souveraines, soit en « aquifères salins » impropres à la consommation, soit dans des champs déplétés (épuisé) d’hydrocarbures. Au total, 16 acteurs du sous-sol ont répondu à l’AMI : producteurs d’hydrocarbures, géothermiciens, et même énergéticiens français souhaitant expérimenter l’injection de CO2 dissous dans les saumures (eaux très salées) des aquifères salins à partir de centrales géothermiques.
Corrélativement, 18 sociétés spécialisées dans le sous-sol ou bureaux d’études ont proposé de mettre à profit leurs moyens d‘études ou expertise pour optimiser les activités nécessaires à l’exploration géologique (études géologiques, campagnes sismiques, forages exploratoires - dans l’objectif de trouver des capacités de stockage) ou à l’exploitation (monitoring).
Parallèlement, 4 entreprises ont manifesté leur intérêt pour convertir du CO2 biogénique en carburant maritime ou d’aviation durable (alternatives aux fossiles) ou en séquestrant du CO2 par carbonatation.
Enfin, 10 experts du domaine en général, dont le CLUB CO2, ont manifesté leur intérêt en proposant d’apporter leur expertise pour contribuer au développement de la filière CCS en France.
Les résultats de cet AMI, couplés aux résultats de l’évaluation des capacités de stockage géologique de CO₂ en France (étude EVASTOCO2) et aux données dont dispose la DGEC visent à permettre de soutenir des actions permettant d’améliorer la connaissance du sous-sol et de favoriser la recherche de capacités de stockage de CO₂ en France.