Publié le 02 mai 2025
Tout savoir sur les feux de forêt et de végétation en France

Avec 17,5 millions d’hectares de forêt sur son territoire hexagonal et en Corse, la France compte parmi les pays européens les plus boisés, ce qui la rend vulnérable au risque d’incendie de forêt, notamment en période estivale.
9 feux sur 10 sont d’origine humaine.
Comprendre le risque feu de forêt
On parle d'incendie de forêt lorsque le feu couvre une surface minimale de 0,5 hectare d'un seul tenant et qu'une partie au moins des étages arbustifs et/ou arborés est détruite.
Le terme incendie vaut aussi pour les formations subforestières de plus petites tailles que sont le maquis, la garrigue et les landes.
Pour qu’il y ait inflammation et combustion, trois facteurs doivent être réunis :
- un combustible, qui peut être n’importe quel matériau pouvant brûler ;
- une source externe de chaleur (flamme ou étincelle) ;
- de l’oxygène, nécessaire pour alimenter le feu.
Si aucune définition scientifique ne fait pour le moment l’unanimité, le terme de "mégafeu" est utilisé pour décrire un incendie de forêt hors norme et incontrôlable.
La principale différence entre un "feu de forêt régulier" et un "mégafeu" réside dans les caractéristiques propres des feux : échelle de la zone concernée, vitesse de propagation, intensité de propagation, dégâts exceptionnels. Les mégafeux sont beaucoup plus grands et plus difficiles à contenir en raison de leur vitesse de propagation rapide et de leur capacité à générer leur propre climat, y compris des vents violents et des orages de feu.
En France, la foudre est l’unique cause naturelle de départ de feu et ne concerne en moyenne que moins de 10 % des départs.
Cela signifie que 9 feux sur 10 sont d’origine humaine, dont 50 % sont provoqués par imprudence. De plus, il est important de noter qu'une majorité se déclenchent à moins de 50 m des habitations.
Parmi les feux dont l'origine est connue, environ un tiers des incendies est volontaire, un autre tiers est causé par des accidents (voiture en feu le long d’une route, etc.), et le dernier tiers provient de négligences (jet de mégot, barbecue, travaux générant des étincelles, etc.).
Les feux ne sont donc pas une fatalité, nous pouvons les éviter en adoptant les bons réflexes.
Chacun peut ainsi contribuer à sa sécurité et à la sécurité collective.
Pour contribuer à la prévention des incendies de forêt, voici quelques bons gestes à adopter :
- Feux et barbecues : J'organise les barbecues chez moi, sur une terrasse et loin de la végétation qui peut s'enflammer
- Cigarettes et mégots : Je jette mes mégots dans un cendrier. Je ne fume pas en forêt. C’est désormais une interdiction fixée par la loi visant à renforcer la prévention et la lutte contre l'intensification et l'extension du risque incendie, qui a été promulguée le 10 juillet dernier
- Travaux, bricolage : Je réalise mes travaux loin de la pelouse et des herbes sèches. Je prévois un extincteur à portée de main en cas de départ de feu.
- Stockage des combustibles : Je stocke les matériaux et produits inflammables (bois, bouteilles de gaz) dans un abri fermé, éloigné de mon habitation.
Il est également indispensable de se renseigner : il peut y avoir des consignes et interdictions émises par les autorités locales ou les gestionnaires des espaces naturels.
Enfin, si vous êtes témoin d’un début d’incendie, contactez immédiatement les services d'urgence en appelant le 112, le 18 ou le 114 (personnes malentendantes). Restez à l'abri dans une habitation débroussaillée en attendant l'intervention des secours. La voiture n'est pas un abri sûr car elle pourrait brûler. Restez informé de la situation et conformez-vous aux consignes des secours ou de la mairie.
La prévention des incendies de forêt nous concerne tous. Nous pouvons tous contribuer à réduire les risques d'incendie et à protéger nos forêts et nos cadres de vie en suivant ces bonnes pratiques et en restant vigilants. Alors ayons les bons réflexes !
Les effets du changement climatique
Les sécheresses et les canicules sont de plus en plus fréquentes et intenses en France du fait du changement climatique.
Avec le changement climatique, l’évolution du risque lié aux feux de forêt est très préoccupante et devrait se traduire par une extension spatiale et temporelle du risque, ainsi que par une intensification de ce risque, notamment dans le Sud-Est.
Si le climat n’est pas une cause directe d’incendie, il influe sur les conditions de déclenchement et de propagation des incendies.
En asséchant la végétation, le changement climatique entraîne une augmentation du danger météorologique de feux de forêts.
Les chercheurs de Météo-France ont étudié l’évolution de cet aléa au cours du siècle passé et pour les prochaines décennies : il augmente depuis les années 1960 et devrait encore augmenter au cours du XXIe siècle. Les simulations réalisées par Météo-France en 2022 montrent une augmentation constante de la fréquence des jours présentant un danger météorologique de feux de forêts.
Sous l’influence principale de l’augmentation de la température, qui aggrave la sécheresse de la végétation, ces dernières études montrent une extension des territoires exposés au risque de feux et un allongement de la saison des feux (démarrage plus précoce et fin de campagne plus tardive à l’automne).
Historiquement, la moitié sud du pays est la plus touchée par les feux de forêt et de végétation.
Toutefois, le changement climatique accroît le risque dans de nouvelles zones comme le nord-ouest de la France (Pays de la Loire, Centre-Val de Loire et Bretagne).
Aujourd’hui, tout le territoire national est concerné par le risque de feux. Près de 90 départements ont été concernés par un feu de forêt ou de végétation en 2022. La part de la surface brûlée en zone méditerranéenne était même inférieure à celle brûlée dans le sud-ouest de la France. Les feux dans les régions historiquement épargnées sont de plus en plus fréquents et gagnent en intensité.
Le bilan européen (supérieur à 780 000 hectares) et la comparaison avec les pays voisins permettent de confirmer l’extraordinaire intensité des feux en 2022. Ainsi, en Espagne, près de 10 000 feux ont détruit 265 000 hectares tandis qu’au Portugal, 10 000 incendies ont détruit plus de 110 000 hectares.
Les feux de forêts peuvent émettre, lorsqu’ils sont importants et étendus, des quantités importantes de particules fines vers l’atmosphère et les panaches qui en résultent peuvent être transportés sur de grandes distances.
Les panaches de fumée des feux de forêts sont constitués d’un ensemble d’espèces chimiques qui peuvent altérer la qualité de l’air. On y trouve des quantités importantes de particules fines, notamment de la matière organique et du carbone suie. Mais les feux émettent aussi des espèces gazeuses, telles que le monoxyde de carbone ou des composés organiques volatils. Enfin, les forêts étant plus efficaces que d’autres écosystèmes dans la captation de polluants atmosphériques (dont métaux lourds, radionucléides, ...) issus de l’activité anthropique, ces polluants peuvent être relâchés dans l’atmosphère à l’occasion de feux de forêts. La composition des fumées peut varier en fonction des essences présentes dans la forêt.
Le danger varie selon le niveau et la durée d’exposition.
Pour rendre les forêts plus résilientes, des forêts mosaïques sont développées en France par l'Office national des forêts.
Les actions du Gouvernement
À la suite des incendies de l’été 2022, ayant conduit à la destruction de 70 000 hectares de forêt et de végétation, le Président de la République a annoncé un plan d’action en trois axes : reboisement, renforcement des moyens de lutte contre les incendies et renforcement de la prévention.
L’État mène une politique de prévention active qui articule gestion adaptée de la forêt, mais aussi de l’espace entre la forêt et les habitations, information du public et des usagers de la forêt, ainsi que surveillance et lutte contre les feux de forêt.
Cette politique publique de prévention et de lutte repose sur un ensemble d’acteurs associant les services de l’Etat, notamment les préfets, les maires, les services de lutte, dont il faut saluer l’implication pour notre protection :
- L’État informe sur le risque d’incendie de forêt et de végétation
- Les maires tiennent compte de cette connaissance du risque pour l’aménagement et l’urbanisme, en limitant les constructions dans les zones où le danger pour les personnes et les biens est élevé (principalement aux interfaces entre la ville et la nature)
- Sous l’autorité des préfets, la sécurité civile et les pompiers gèrent les crises, avec une stratégie visant à intervenir dans les 10 minutes qui suivent l’éclosion d’un feu ;
- Avant le début de l’été, il est aussi essentiel de débroussailler autour de chez soi, c’est la première protection contre les feux de forêts. Pour en savoir plus sur les obligations légales de débroussaillement, une FAQ est mise à disposition des maires.
Cette stratégie nationale est donc un continuum d’actions au service de la sécurité collective.
En octobre 2022, le président de la République avait annoncé la création d’une météo des forêts destinée à mieux informer les Français sur le danger de feux.
Depuis le 1er juin 2023, Météo-France diffuse quotidiennement à 17 h, pendant les mois à risques, les bulletins indiquant le niveau de danger des feux en France métropolitaine. Cette information est établie à partir des prévisions de plusieurs paramètres météorologiques qui influencent fortement le départ et la propagation des feux : pluie, humidité de l’air, température, force du vent et état de sécheresse de la végétation.
La météo des forêts n’informe pas sur les incendies en cours ou à venir, c’est un outil d’information et de prévention destiné au public. Son objectif est d’indiquer les départements dans lesquels les conditions météorologiques peuvent aggraver le danger de feux et de rappeler les bons réflexes pour éviter les départs de feux.
La météo des forêts est disponible chaque jour en fin d’après-midi sur le site meteofrance.com et l’application mobile de Météo-France pour les deux prochains jours, sous la forme de deux cartes (l’une pour le lendemain, l’autre pour le surlendemain). Le niveau de danger sera précisé par département avec une échelle à 4 niveaux : faible (vert), modéré (jaune), élevé (orange) et très élevé (rouge).
Après l’été 2022, marqué par de nombreux et puissants incendies, le président de la République a annoncé le renforcement de la prévention des feux de forêt et de végétation avec notamment la poursuite de la campagne « Ayons les bons réflexes » et la mise en place, en 2023, d’une nouvelle campagne de communication portant sur les obligations légales de débroussaillement.
Face aux risques de feux de forêts, le Fonds vert apporte également un soutien financier supplémentaire aux politiques et aux actions de prévention que mènent les collectivités territoriales. Les actions éligibles portent essentiellement sur l’amélioration de la protection des territoires situés à l’interface entre des massifs boisés ou végétalisés et des zones bâties, où naissent une majorité des feux.
Pendant la saison à risques, les préfets peuvent prendre des mesures de restriction de façon à limiter les risques :
- l’accès et la circulation dans les bois, forêts, landes, garrigues peuvent être déconseillés, voire interdits, aux véhicules et aux piétons ;
- les barbecues, feux d’artifices ou tout emploi du feu peuvent être interdits ;
- les travaux agricoles et forestiers et les travaux pouvant générer des étincelles (broyeurs, débroussailleuses, tronçonneuses à moteur, soudeuses, etc.) peuvent être réglementés, voire interdits également.
Renseignez-vous auprès de votre préfecture avant d’organiser une randonnée ou de réaliser des travaux.
Ne pas respecter les consignes de prévention édictées par les autorités publiques expose à une amende de 4ᵉ classe d’un montant de 750 euros.
En cas d’incendie volontaire, comme en cas d’imprudence, si le feu entraîne la destruction ou la détérioration d'un bien ou met en danger les personnes, l’auteur encourt des sanctions comportant amendes financières, peines de prison, et dommages et intérêts.
La forêt joue un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique (séquestration du carbone, substitution à des énergies fossiles et à des matériaux plus énergivores, etc.) et dans la préservation de la biodiversité.
Depuis 2001, la Commission européenne a mis en place le Mécanisme de protection civile de l’Union pour renforcer la coopération des pays membres et ainsi améliorer la prévention, la préparation et la réaction aux catastrophes. Lorsqu’un pays, en Europe ou ailleurs, est dépassé dans ses capacités de réponse par l’ampleur d’une catastrophe, il peut demander une assistance via le mécanisme qui réunit l’ensemble des États-membres et 8 pays partenaires (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Islande, Monténégro, Macédoine du Nord, Norvège, Serbie et Turquie).