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Quantification des externalités de l’agriculture biologique (AB)

Publié le 12 juillet 2024

Après deux ans de travaux, l’actualisation de l’étude dédiée aux externalités de l’agriculture biologique, publiée en 2016, vient de s’achever. Pour en rendre compte, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT) et l’Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologiques (ITAB) ont co-organisé un colloque de restitution des résultats le 10 juin 2024.

Damien Carles / Terra

Temps de lecture : 3 minutes

En 2016, l’ITAB a réalisé une étude inédite objectivant les externalités de l’agriculture biologique au regard de la littérature scientifique.

Huit ans plus tard, à la demande du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et avec l’appui de chercheurs (INRAE, INSERM, ISARA), l’ITAB a actualisé ces travaux sur les quatre dimensions du sol, de la biodiversité, du climat et de la santé humaine après analyse de quelque 800 articles scientifiques.

Les résultats ont été présentés lors du colloque « Quelles contributions de la bio à la préservation des ressources naturelles, du climat et de la santé ? », qui s’est tenu le 10 juin 2024 dans les locaux du MTECT. Le replay du colloque et les publications sont disponibles en ligne (cf. rubrique en savoir plus).
Cette actualisation a permis de quantifier les externalités de l’AB par rapport à l’agriculture conventionnelle et de montrer que l’agriculture biologique joue un rôle déterminant dans la diminution des externalités négatives de l'agriculture en termes de préservation des ressources naturelles, du climat et de santé humaine.

Cela s’explique notamment par l'interdiction des intrants de synthèse dans le cahier des charges européen encadrant l’agriculture biologique. Le règlement de l’AB induit également un certain nombre de pratiques vertueuses en moyenne plus fréquemment mises en œuvre en AB, à savoir  des rotations plus longues et diversifiées des cultures, une implantation renforcée de légumineuses, de couverts intermédiaires multi-services (CIMS), et de prairies temporaires, de moindres apports d’azote, etc.

Quelques résultats clefs
> La pollution chimique des sols par des pesticides est généralisée et impacte la qualité de l’eau. L’AB, grâce à la réduction très stricte des usages, participe à un environnement moins toxique et abaisse significativement les niveaux de contamination des sols cultivés : moins de résidus de pesticides (– 30% à – 55%), et à des teneurs moindres.

> En AB, les études montrent des indicateurs de biodiversité du sol améliorés dans 70% des cas grâce aux pratiques mises en œuvre. Plus largement, on constate davantage de biodiversité dans les parcelles agricoles en bio : en moyenne: +32% d’individus, +23 % d’espèces.

> L’AB améliore le potentiel de résistance face aux sécheresses avec, en général, une plus grande disponibilité de l’eau pour les plantes, et permet de diminuer le risque d’érosion des sols.

> L’AB contribue à la réduction des émissions de GES, de l’ordre de 50% par unité de surface s’agissant des productions végétales bio, et à une accumulation de carbone organique dans les sols plus importante qu’en AC (de +11% et +35% selon les études).

> Du fait d’une moindre utilisation d’intrants, et en particulier de l’absence d’usage d produits phytosanitaires de synthèse, de nombreux atouts pour la santé humaine de l’AB ont été identifiés notamment pour les populations professionnelles les plus exposées, ainsi que pour les populations spécifiques telles que les riverains des parcelles agricoles, les mères pendant la grossesse, et les enfants. A noter également que dans le cadre de la vaste cohorte française BioNutrinet, dont les résultats restent toutefois à corroborer, la consommation régulière d'aliments biologiques est associée à un risque réduit d'obésité, de diabète de type 2, de cancer du sein postménopause et de lymphome non-hodgkinien.

> Par son moindre usage d’antibiotiques, l’AB contribue moins au phénomène d'antibiorésistance, qui est un enjeu de santé publique croissant.

> La limitation du nombre d’additifs dans les aliments bio (57 autorisés en bio contre 340 dans l’alimentation au total en Europe) contribue à réduire l’exposition pour les consommateurs, tout comme les fortes restrictions de doses d’emploi et d’usages – bien qu’elle ne puisse pas être quantifiée.