Le Vendredi 24 mars 2023
Dans un contexte où le transport aérien est engagé de façon déterminée dans le tournant écologique, les études prospectives sur la décarbonation du secteur restent parfois complexes à appréhender, à analyser et à comparer. Elles peuvent donner lieu à des interprétations divergentes entre les différentes parties prenantes. L’Observatoire de l’Aviation Durable (OAD) a été créé pour rendre accessible, en un lieu unique, des données sur l’impact climatique du transport aérien. L’observatoire trouve sa raison d’être dans cette perspective d’ouverture et de partage de connaissances. Il contribue à éclairer, dans le domaine de la décarbonation, le maillage des initiatives françaises d’innovation dans les territoires.

Missions de l’OAD
L’Observatoire de l’aviation durable permet de :
- Rendre accessible des données organisées, en accès-libre, sur l’impact climatique du transport aérien ;
- Recenser auprès des acteurs de la filière et de l’éco système élargi, des études publiques sur la décarbonation du secteur et les mettre à disposition dans une logique de transparence ;
- Apporter des éclairages scientifiques sur des sujets encore empreints d’incertitudes ;
- Identifier dans les territoires les briques d’innovations françaises, dans une démarche de valorisation des initiatives au travers de rencontres, au plus près des acteurs publics ou privés qui s’engagent au quotidien au cœur même de l’action
Présentation de l’OAD
Contexte
La décarbonation de l’aviation n’est plus une question, ni une option. C’est une nécessité dont l’aviation civile s’est emparée avec l’ensemble des parties prenantes. Alors que l’urgence climatique a été soulignée par le GIEC lors de son dernier rapport, la mobilisation des parties prenantes se poursuit. De la recherche à l’industrie, en passant par le monde académique et associatif, les travaux se multiplient pour déterminer des scénarii permettant d’attendre les objectifs de neutralité carbone à 2050 (Net zéro). La proposition de rassembler et diffuser à tous des connaissances rassemblées sur l’aviation durable participe au débat citoyen.
L’impact de l’aviation sur le climat
La question de l’impact du transport aérien sur le changement climatique est devenue ces dernières années une préoccupation sociétale majeure et un enjeu de premier plan pour l’avenir de l’aviation civile internationale. Si toutes les parties prenantes sont pleinement mobilisées pour garantir aux futures générations un transport aérien durable, celui-ci inscrit sa réflexion et ses travaux dans la durée.
Les incertitudes
Les effets de l’aviation sur le climat peuvent être regroupés en plusieurs catégories, avec des niveaux de connaissance très différents. L’impact du dioxyde de carbone (CO2) est le domaine où les études semblent le plus avancées. Pour les autres composantes produites par la combustion, (principalement les oxydes d’azote NOX et les particules fines), les incertitudes demeurent significatives et font l’objet de différents travaux de recherche et de synthèses bibliographiques qui agrègent résultats issus de publications provenant de toute la communauté scientifique internationale.
- Les effets non CO2
- La disponibilité des SAF
Les différents scénarios de décarbonation
A la suite des objectifs fixés par l’accord de Paris, les représentants de la filière aéronautique au niveau mondial, Air Transport Action Group (ATAG), se sont engagés sur un objectif de neutralité carbone du transport aérien à horizon 2050. Cette décision a marqué un tournant dans la volonté d'accélération de la réduction de l’impact environnemental du secteur aéronautique. C’est dans ce contexte que plusieurs études prospectives décrivant différents scénarii ont été publiées en France, en Europe et dans le monde. Elles décrivent l’articulation des différents leviers de décarbonation dans une vision prospective. La liste n’est pas exhaustive, chaque vision n’est pas toujours partagée par l’ensemble des acteurs. Cette pluralité de vues proposée par l’Observatoire de l’aviation durable tend à faciliter la construction d’un cap commun.

Les leviers d’actions

- Le progrès technologique est une composante essentielle de la stratégie de décarbonation du transport aérien. A l’horizon 2050, la contribution du levier technologique à la réduction globale des émissions de CO2 du secteur sera de l’ordre de 40 %. Les innovations proposées peuvent être activées de manière phasée, afin de permettre sans attendre une inflexion de la courbe d’émissions de CO2, grâce au renouvellement des flottes, bénéficiant des avancées des appareils de dernière génération (qui ne représentent à l’échelle mondiale que 20% des flottes en service). Le progrès technologique s’intègre dans un temps long en raison des défis techniques, normatifs, sécuritaires, organisationnels et financiers.
- Les carburants d’aviation durable (SAF) constituent un levier stratégique pour réduire dès maintenant des émissions nettes du secteur. Ils sont amenés à devenir dans les prochaines années le principal levier de décarbonation du transport aérien avec une contribution autour de 60 % en fonction des scénarios. Issus de sources non-fossiles, ils permettent une réduction des émissions de CO₂ de 80% en moyenne sur l’ensemble du cycle de vie du carburant. Ils peuvent être utilisés aujourd’hui dans les avions existants sans modification de l’aéronef ou des moteurs, et sans impact sur les opérations aériennes. Ils devraient se substituer progressivement à l’avenir au kérosène traditionnel. Différents types de carburants durables coexistent pour l’aviation :
- Les biocarburants dit « avancés » issus de biomasse – notamment d’huiles usagées, de résidus de graisses animales ou de déchets agricoles. Provenant de l’économie circulaire, ils ne sont pas en compétition avec des ressources alimentaires.
- Les carburants de synthèse, – appelés également « Power-to-liquid » ou « e-fuels », issus d’hydrogène décarboné et de CO2. Leur potentiel de durabilité est prometteur (jusqu’à zéro émission nette de CO2). Ces deux familles de carburants « drop in » pouvant être utilisés avec les avions et infrastructures existants sont des contributeurs essentiels jusqu’en 2050 dans tous les scenarios de décarbonation. A ce jour, leur incorporation est possible à hauteur de 50%.
- L’optimisation des opérations en vol et au sol : la maîtrise des opérations en vol et au sol des avions participe dès à présent à diminuer les émissions de CO2 du secteur aérien. Ces leviers concernent les opérations en vol et au sol. Il s’agit à la fois, d’un réaménagement de l’espace aérien par les autorités de tutelles, de l’optimisation en temps réel en vol et des approches optimisées (dit éco pilotage). De même, au sol, des gains peuvent être obtenus dans l’électrification des opérations et dans l’amélioration de la gestion du trafic.