Conférence ministérielle sur la lutte contre le sans-abrisme

Le Mardi 17 mai 2022


Crédits : Arnaud Bouissou / Terra

Dans la continuité de la déclaration adoptée à Lisbonne en juin 2021 et du lancement de la plateforme européenne de lutte contre le sans-abrisme, les Etats membres, les institutions européennes, les autorités locales et régionales, les partenaires sociaux et la société civile se sont réunis pour encourager et soutenir des actions de prévention, d’accès au logement, de soutien et d’accompagnement des personnes sans domicile fixe. Lors de cette réunion organisée le 28 février 2022, les ministres ont échangé sur les outils destinés à mesurer ce phénomène et sur les solutions à mettre en œuvre.

La plateforme européenne de lutte contre le sans-abrisme

En juin 2021, lors d’une conférence de haut niveau qui s’est tenue à Lisbonne, les institutions européennes, les gouvernements des États membres et la société civile se sont engagés à œuvrer ensemble contre le sans-abrisme, à travers le lancement d’une plateforme commune dont l’objectif est d’améliorer la collecte de données et de renforcer la coopération entre tous les acteurs.

Le 28 février, lors de la session du matin, les ministres de plusieurs Etats membres, le commissaire européen à l’emploi et aux droits sociaux Nicolas Schmit, un représentant du Parlement européen, des autorités locales et des représentants de la société civile s’accorderont sur le programme de travail de la Plateforme européenne de lutte contre le sans-abrisme, notamment sur les outils destinés à mesurer ce phénomène et sur les solutions à mettre en œuvre.

Mesurer le phénomène à l’échelle des territoires

La lutte contre le sans-abrisme nécessite, pour les autorités, de disposer d’une connaissance fine des publics concernés, de leurs besoins et de leurs attentes. Aussi, les outils d’observation sociale seront au cœur des échanges de la première table ronde ayant lieu l’après-midi, notamment une méthode venue des pays anglo-saxons et déclinée dans plusieurs villes européennes consistant à parcourir à pied un territoire donné pour recenser les personnes vivant dans la rue.

Des observatoires pour éclairer les politiques publiques

Au-delà de cette approche quantitative, l’action publique doit pouvoir s’appuyer sur des données relatives au profil des personnes sans domicile, à leurs parcours résidentiels et à leurs parcours de vie. Ces informations sont au cœur des observatoires du sans-abrisme, qui constituent des outils puissants d’aide à la décision. Plusieurs territoires, en France, sont d’ores et déjà engagés dans la structuration d’observatoires locaux. Associant plusieurs partenaires (collectivités, monde académique, associations, etc.), ils permettent de partager des diagnostics en temps réel et d’adapter les offres d’hébergement et d’accompagnement social aux réalités de chaque territoire. L’enjeu, aujourd’hui : déployer ces outils à l’échelle de l’Union européenne. Ce qui suppose, notamment, d’harmoniser les méthodes de collecte et d’exploitation des données entre les États membres.

Le concept du « Logement d’abord » : échanger les bonnes pratiques européennes

Le « Logement d’abord » sera au programme de la seconde table ronde de l’après-midi. Expérimenté dans plusieurs pays européens depuis plusieurs années, et lancé en France en 2017, sa philosophie rompt avec le modèle traditionnel dit « en escalier » : priorité aux solutions d’urgence via des places d’hébergement, suivies d’un parcours résidentiel par étapes, souvent long et coûteux. À l’inverse, « Logement d’abord » privilégie un accès direct au logement, avec un accompagnement social individualisé. Les échanges entre ministres, associatifs et membres de la société civile viseront notamment à partager les bonnes pratiques, analyser dans quelle mesure ce schéma d’insertion est reproductible dans les Etats membres ou à l’échelle de l’Union, et voir comment mobiliser les fonds européens pour développer cette politique. Autant d’enjeux qui, avec la création d’une base de données de qualité, pourraient constituer le socle d’une stratégie européenne de lutte contre le sans-abrisme.

Le sans-abrisme est une forme extrême d’exclusion sociale, dont le risque de prévalence a été accru par la pandémie. Lutter contre ce phénomène implique d’avoir une approche multidimensionnelle en ne prenant pas seulement en compte le logement, mais en agissant aussi sur les services sociaux, le soutien psychologique, ou encore l’éducation. C’est pourquoi nous avons mis en place la Plateforme européenne de lutte contre le sans-abrisme qui réunit des représentants des institutions et des agences de l’Union, l’ensemble des États membres, la société civile et les partenaires sociaux. Cette plateforme nous permet de partager nos bonnes pratiques et de trouver des solutions tangibles adaptables à chaque territoire. Le sans-abrisme est un problème européen qui appelle une réponse européenne.

Nicolas Schmit, commissaire européen à l'emploi et aux droits sociaux

La lutte contre le sans-abrisme est une priorité en France et dans l’Union européenne. En France, depuis 2017, nous avons une stratégie nationale qui se traduit notamment par la mise en œuvre du plan Logement d’abord. La présidence du Conseil de l’Union européenne est l’occasion pour la France de jouer un rôle moteur dans la poursuite de la dynamique lancée à Lisbonne. Je me réjouis que l’objectif commun formulé dans la déclaration du 21 juin se transforme en plan d’action concret, preuve de la volonté commune de progresser et de lutter plus efficacement contre le sans-abrisme en Europe.

Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement
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