Intervention de Barbara Pompili : Discussion générale – PLF 2021 à l’Assemblée nationale

Le Mardi 10 novembre 2020

Seul le prononcé fait foi

Madame la Présidente

Mesdames, messieurs les rapporteurs spéciaux et pour avis,

Mesdames, messieurs les députés,

 

Notre pays traverse des heures très difficiles.

 

Dans chaque territoire, la pandémie frappe de nouveau. La crise économique et sociale touche déjà des milliers de nos concitoyens.

 

Certains pourraient penser que, dans ce moment d’une gravité particulière, l’examen du budget ne serait plus tellement de l’ordre des priorités.

           

Comme vous, je crois au contraire que c’est plus que jamais une nécessité.

           

C’est une nécessité pour la vitalité de notre démocratie. Pour le contrôle du Parlement sur l’exécutif, et vous savez combien j’y suis personnellement très attachée.

 

C’est aussi une nécessité pour relever notre pays tout entier. Car ce budget 2021 est un budget tourné vers l’avenir. Un budget qui se donne les moyens de ses ambitions. Un budget pour répondre à toutes les urgences, à toutes les crises de notre époque.

 

Oui, dans ces moments de bascule comme celui que nous traversons, il faut tenir sur ses principes, savoir se réinventer et regarder vers l’avenir.

C’est donc un budget de combat, profondément écologique, qui m’amène devant la Représentation nationale ce matin.

 

*

 

Je dis « profondément écologique », parce que, pour la première fois de notre histoire, l’écologie n’est plus cantonnée à mon seul ministère. Aujourd’hui, enfin, elle est au cœur du budget de la France.

 

Oui, ce budget reconnaît un nouvel impératif de nos finances publiques : réduire le déficit écologique.

Et pour ça, nous opérons une transformation en profondeur de l’action publique en mesurant l’impact écologique des recettes et des dépenses : nous nous assurons que le budget de notre pays est en accord avec nos engagements !

Osons le mot, cette première mondiale est une petite révolution. Nous pouvons en être fiers.

 

*

 

Je vous disais il y a quelques instants que ce budget se donne les moyens de ses ambitions.

 

Les ambitions : vous les connaissez, nous les avons votées ensemble pour certaines.

Atteindre la neutralité carbone en 2050.

Transformer nos manières de produire, de consommer, de nous loger, de nous déplacer.

Faire de la France une société respectueuse de la biodiversité, résiliente devant les effets du changement climatique. Une société capable d’affronter les défis du siècle.

 

C’est un combat, une course contre la montre, et mon ministère est évidemment en première ligne.

 

En première ligne, avec davantage de moyens. Ils sont en hausse de 1,3 milliards d’euros pour s’élever l’année prochaine à 48,6 milliards. C’est historique !

C’est historique et avec ce budget, mon ministère entend bien accélérer la transition ; agir avec détermination et célérité, pour le climat, pour la biodiversité, pour les territoires et tous nos concitoyens.

 

Agir, plus vite, pour la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables. Leur budget est en hausse de 25 %.

 

Agir, plus vite, pour protéger notre pays et nos concitoyens. Et je crois que c’est notre première responsabilité, politique, humaine, historique.

 

Car personne ne peut plus fermer les yeux sur les effets du changement climatique. Les inondations, les sécheresses, les pluies, les évènements extrêmes de toute nature : ils sont déjà plus intenses, plus fréquents.

 

Et je le dis : ne pas anticiper, se contenter de réagir sans prévoir, sans prévenir, ne pas construire aujourd’hui les conditions de notre résilience demain : ce serait une faute impardonnable.

Je m’y refuse.

 

Alors, dans le budget de mon ministère, la prévention des risques naturels majeurs est en très forte hausse, de plus de 55 %. Pour être aux côtés des territoires, des élus de terrain, des habitants, dans les crises comme dans leur anticipation, pour inventer et déployer avec eux les solutions qui marchent… celles qui protègent, dans la durée !

 

Et, je tiens à le souligner, c’est aussi un progrès pour le contrôle parlementaire. En intégrant le fonds dédié à la prévention des risques, le Fonds Barnier, dans le budget de l’Etat, dorénavant vous pouvez, Mesdames et Messieurs les députés, vous prononcer sur ses crédits.

 

Protéger les Français, c’est aussi agir dans leur quotidien : agir sur l’air qu’ils respirent.

Et vous le savez, beaucoup de nos concitoyens sont exposés chroniquement à un air pollué.

Ce sont des problèmes respiratoires, des asthmes, des allergies… ce sont surtout 48 000 décès prématurés par an !

Et les études les plus récentes le montrent, la pollution de l’air aggrave le risque de développer des formes graves de la Covid-19.

Le statu quo est inacceptable.

 

Car là aussi nous avons une responsabilité, politique comme humaine : la responsabilité de répondre à cette urgence sanitaire, environnementale, sociale.

 

Alors, ce budget 2021 va nous permettre d’amplifier nos actions, pour mieux contrôler, mieux étudier et comprendre ce qui marche ou ne marche pas. Pour soutenir, également, les associations de surveillance qui sont la première ligne de front dans la bataille de l’air.

 

 

 

Protéger les Françaises et les Français, c’est aussi être au rendez-vous du quotidien pour celles et ceux qui en ont le plus besoin. La fraternité, c’est bien plus qu’un pan de notre devise. C’est un principe intangible qui doit s’incarner dans la réalité, dans le budget comme sur le terrain.

Alors, l’hiver approche et avec lui, comme chaque année, l’angoisse pour des milliers de nos concitoyens sans domicile fixe.

 

Je suis fière que mon ministère soit au rendez-vous de cette solidarité qui nous lie les uns aux autres, qui fait de nous une nation. Oui, 200 millions d’euros sont déployés dans le budget pour l’hébergement d’urgence et accompagner le retour au logement de ceux qui n’en ont pas.

 

*

 

Mesdames et Messieurs les députés, une autre bataille que nous menons de front, c’est celle pour protéger la biodiversité.

 

Notre pays abrite un patrimoine vivant d’une richesse inouïe. C’est une chance, et c’est un devoir.

Un devoir d’agir pour cette nature dont nous faisons pleinement partie, qui nous rend tant de services et sans laquelle nous n’avons simplement pas d’avenir.

 

Alors, je le redis devant vous, celles et ceux qui représentent nos concitoyens, notre pays, ses territoires et sa diversité : oui, notre responsabilité historique, à vous comme à moi, c’est de préserver la biodiversité de notre pays. De la léguer aux générations qui viennent.

 

Vous connaissez là aussi nos ambitions. Atteindre un tiers de notre pays placé sous le statut d’aire protégée dont 10 % en protection forte d’ici 2022. Et, avec nos partenaires internationaux : arrêter le déclin du vivant d’ici la fin de la décennie.

 

Là encore, ce budget 2021 nous donne des moyens pour parvenir à réaliser ces ambitions.

Des moyens pour créer et renforcer des aires protégées et des parcs nationaux qui sont autant de coffres-forts de la biodiversité, pour renforcer les moyens des offices spécialisés, de la biodiversité ou des forêts… Bref : pour être à la hauteur du moment, de cette sixième extinction de masse dans l’histoire de notre planète, et relever le défi.

 

*

 

Cette transition écologique que je porte, ce changement de modèle touche tous les aspects de nos existences.

Logement, consommation, production… et bien sûr, la manière dont nous nous déplaçons.

           

Jean-Baptiste Djebbari vous présentera le budget des transports. Mais, je tiens à souligner ici devant vous qu’il s’agit là d’un budget taillé sur mesure pour relever les défis de notre époque.

Et je ne vais prendre qu’un seul exemple : le développement du fret.

 

Aujourd’hui, 90 % du trafic de marchandises se fait par camion. Le fret, c’est 9 fois moins de CO2 pour chaque tonne transportée. Alors, l’écologie en a besoin et c’est pour cela qu’avec ce budget nous allons réduire les péages ferroviaires, renforcer les autoroutes du train… Bref : conduire et amplifier cette transformation.

 

*

 

Mesdames et Messieurs les députés, cet effort budgétaire pour l’écologie, il va au-delà du budget de mon ministère.

Et je pense bien sûr au plan de relance que le Gouvernement a présenté.

 

Avec le confinement, de nombreux secteurs économiques sont en souffrance.

Ce sont les emplois de femmes et d’hommes. Parfois toute leur vie.

Et c’est le rôle de l’Etat d’être à leurs côtés.

           

Avec ce plan inédit, massif, nous faisons le pari de l’écologie comme sortie de crise.

Nous choisissons de redémarrer le pays en préparant l’avenir. De reconstruire en changeant l’ADN de notre économie.

 

Avec les 30 milliards d’euros dédiés à la transition que je porte, ce plan place enfin notre pays sur la trajectoire de la neutralité carbone.

Il nous permet d’agir pour décarboner encore plus vite l’industrie, les transports, le bâtiment, l’agriculture.

D’agir pour faire grandir encore plus vite les filières de demain, de l’hydrogène comme de l’économie circulaire.

D’agir pour répondre à l’appel de la convention citoyenne pour le climat, en luttant contre l’artificialisation par exemple.

D’agir pour inventer et déployer les solutions qui marchent, avec et dans les territoires, en Métropole comme en Outre Mer.

 

Et c’est cela l’écologie à laquelle je crois. Une écologie de l’action, du concret. Une écologie qui ne s’excuse pas d’exister mais au contraire, qui transforme la vie de nos concitoyens et le pays tout entier. Qui nous tire vers le haut en répondant à toutes les urgences de notre temps. Une écologie des territoires et du progrès, qui crée de l’emploi en inventant l’avenir.

 

***

 

 

Mesdames et messieurs les députés, je veux conclure en vous disant que le temps du cloisonnement des sujets est révolu.

 

Oui, il n’y a pas d’un côté notre économie, nos emplois, notre santé et de l’autre le climat et la biodiversité.

Pas plus qu’il n’y a d’un côté le budget de la France et de l’autre l’action écologique du Gouvernement.

 

Alors, ce budget 2021 place l’écologie au cœur. Il nous donne les moyens de nos ambitions.

Les moyens d’agir, partout et tous le temps, pour relever le plus grand défi de notre temps. Pour décider de l’avenir que nous voulons en tant que société.

Pour protéger ce bien commun qu’est notre planète, notre air, notre eau.

 

Comme l’écrivait Paul Valéry, le moment que nous vivons nous rappelle à quel point « nous autres civilisations sommes mortelles ».

 

Je crois que plus que jamais, nous avons le devoir, la responsabilité, politique, morale, et humaine, d’agir en conscience et en conséquence.

 

J’y suis déterminée. Et ce budget m’en donne les moyens.

 

Je vous remercie.

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