Le Lundi 11 septembre 2023

Décryptage des pluies et inondations en France, des actions menées pour y faire face et des bons réflexes pour s'en protéger.
Prévention des pluies et inondations
Le risque pluie inondation
L’inondation est une submersion, rapide ou lente, d’une zone habituellement hors de l’eau.
Elle peut être due à différents aléas :
- au débordement d’un cours d’eau : une crue (ou montée du niveau de l’eau), lorsqu’elle est importante, peut amener le cours d’eau à sortir de son lit et à inonder les terres alentours. C’est le cas d’inondation le plus fréquent ;
- à du ruissellement urbain : lors de précipitations très intenses en ville, l’eau ne s’infiltre pas dans le sol, car ceux-ci sont imperméables. Les réseaux d’évacuation d’eaux pluviales peuvent rapidement être saturés. Les eaux de pluies empruntent alors les rues, avec des courants parfois dangereux, jusqu’à rejoindre une rivière ou un autre réseau d’évacuation ;
- à une remontée de nappe : en cas de précipitations de longue durée, le niveau de la nappe phréatique, remonte, entraînant une inondation des zones alentours.
- à une submersion marine : sur le littoral, des conditions météorologiques et océaniques défavorables (souvent accompagnées d’une forte houle et d’un vent fort venant du large) peuvent entraîner une hausse du niveau marin et alors inonder les zones côtières.
On parle de risque d’inondation en cas de confrontation en un même lieu géographique d’un aléa (ex : le débordement d’un cours d’eau) avec des enjeux (humains, économiques, environnementaux) susceptibles de subir des dommages ou des préjudices.
En France, le risque d’inondation est le premier risque naturel par l’importance des dommages qu’il provoque, le nombre de communes concernées, l’étendue des zones inondables et les populations résidant dans ces zones. Ce risque concerne plus de 17 millions de personnes soit près d’un Français sur quatre. La zone la plus exposée en métropole est la zone méditerranéenne, concernée par un phénomène de pluies intenses pouvant provoquer des inondations soudaines d’août à décembre. Sur le pourtour méditerranéen, plus de 9 millions d’habitants sont exposés à ce risque.
Les phénomènes hydrométéorologiques méditerranéens sont liés à des remontées d’air chaud, humide et instable en provenance de la Méditerranée. Ces remontées d’air peuvent générer des orages violents et parfois stationnaires, se produisant le plus fréquemment en automne, lorsque la mer est la plus chaude, ce qui induit une forte évaporation. Souvent appelés "cévenols", historiquement ces phénomènes provoquent des pluies intenses sur le massif des Cévennes, mais également dans tout l'arc méditerranéen.
Les épisodes méditerranéens peuvent apporter des précipitations intenses dépassant les 200 mm d’eau en une journée, soit 200 litres par m². Dans certaines situations, les hauteurs d’eau alors atteintes en quelques minutes peuvent être particulièrement importantes, augmentant de plus d’un mètre.
Les régions de France les plus exposées à ces phénomènes se situent principalement en bordure de la mer Méditerranée, mais ces phénomènes ont déjà été observés dans d’autres départements de la moitié sud de la France.
Plus de 100 mm de pluie peuvent s’abattre en une heure ou deux. C’est environ 15 % du total des pluies sur une année dans le Gard. Avant que l’eau de parvienne aux cours d’eau, des phénomènes brutaux de ruissellement peuvent survenir. En octobre 2020, le Var, à Nice, passait ainsi de moins de 50 cm de hauteur d’eau à près de 5 m en l’espace de 2 heures 15, le débit passant de 400 à près de 2 900 m³/s.
L’année 2022 n’a pas été marquée par des épisodes méditerranéens notables. Toutefois, quelques situations ont conduit à des cumuls de précipitation importants :
- en mars, un épisode méditerranéen durable et atypique pour la saison a engendré des cumuls très importants notamment sur l’Aude et l’Hérault (vigilance orange aux crues et pour pluie-inondation) ;
- en septembre dans l’Hérault et le Gard (vigilance rouge pour pluie-inondation).
En milieu urbain, lors de pluies intenses, les débits d’eau de ruissellement très importants peuvent saturer les réseaux d’évacuation des eaux pluviales et les ouvrages hydrauliques. Ainsi, les débordements occasionnés empruntent généralement les rues avec des vitesses importantes combinés à des hauteur d’eau variables, pouvant provoquer des dégâts humains et matériels importants.
En milieu rural, l’érosion des sols entraînedes dépôts de boues dans les ouvrages de transport et stockage des eaux pluviales et dans les espaces inondés. Le ruissellement en milieu rural peut aussi, dans certains cas, se transformer en coulée de boue et provoquer des dégâts plus importants.
Ces inondations par ruissellement peuvent entraîner une pollution des eaux de surface et souterraines, ainsi que des sols. En effet, les eaux de ruissellement lessivent les sols et charrient avec elles des additifs agricoles (pesticides, engrais) en sortie de zone agricole, et des hydrocarbures et métaux lourds en sortie de zones urbaines.
Le pourtour méditerranéen fait partie des régions les plus touchées dans l’Hexagone en nombre de reconnaissances de l’état de catastrophe naturelle par commune. Les régions de France les plus exposées à ces phénomènes sont donc la Provence et une partie de l’Occitanie, mais ces phénomènes ont déjà été observés dans d’autres départements de la moitié sud de la France.
De septembre à mi-décembre, 15 départements du pourtour méditerranéen sont davantage exposés à des phénomènes méditerranéens dangereux : épisodes de pluie intense qui peuvent conduire à des ruissellements importants et des débordements de cours d’eau soudains. Il s’agit des départements suivants : Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Ardèche, Aveyron, Aude, Bouches-du-Rhône, Corse-du-Sud, Haute-Corse, Drôme, Gard, Hérault, Lozère, Pyrénées-Orientales, Var et Vaucluse.
Le Gard, l’Ardèche, l’Hérault et la Lozère figurent en tête des départements où l’on observe le plus souvent des épisodes apportant plus de 200 mm de pluie en 24 heures.
Le pourtour méditerranéen a été touché dans le passé par des épisodes de pluies très intenses et d’inondations rapides avec des décès et des dégâts matériels considérables. On observe sur les dernières décennies une tendance à l’augmentation de ces phénomènes de pluies intenses, vraisemblablement liée au réchauffement climatique. Toutefois, les modèles ne permettent actuellement pas de qualifier précisément / ou avec précision l’évolution de ces phénomènes de pluies intenses. Des études sont en cours pour améliorer la connaissance de ce type de phénomène.
Les actions pour se préparer
Plusieurs leviers contribuent à cette politique publique en cherchant à mieux connaître l’aléa, à faire connaître les risques et se préparer à la catastrophe avec des bons comportements.
L’État s’appuie sur un large réseau d’opérateurs scientifiques et techniques, en particulier Météo-France, pour améliorer la connaissance des risques naturels et des phénomènes générateurs et permettre la prévision des phénomènes extrêmes.
Dans les départements, les préfets élaborent des plans de prévention des risques d’inondations (PPRI) pour éviter l’installation de nouvelles constructions dans des zones exposées. Sur le pourtour méditerranéen, environ 50% des communes sont dotées d’un PPRI en vigueur.
Les collectivités territoriales élaborent des programmes d’actions de prévention des inondations (PAPI), traitant des différents aspects de la prévention des inondations (connaissances phénomènes, formation préventive des populations exposées, réalisation d’études et travaux de protection des biens et personnes). Avec plus de 60 PAPI labellisés par l’État (ouvrant droit au fonds Barnier) pour un total de 1,3 Md d’euros depuis 2011, les régions PACA, Occitanie et Corse, ainsi que la Drôme et l’Ardèche font partie des territoires les mieux protégés par les actions issues de ces programmes. L’État a ainsi cofinancé ces programmes à hauteur de 529 millions d’euros, soit environ 40 % du total labellisé.
Cette stratégie repose sur une politique partenariale entre l’État et les collectivités territoriales permettant la mobilisation de l’ensemble des acteurs. Plusieurs associations sont également mobilisées pour participer à des actions de développement de la culture du risque par exemple.
Mise en place en octobre 2001 par Météo-France, la vigilance météorologique est conçue pour informer les citoyens et les pouvoirs publics en cas de phénomène dangereux pour la journée en cours et le lendemain. En traduisant le niveau de danger estimé pour un territoire donné, l’information de vigilance complète les prévisions météorologiques. Initialement conçue pour traiter cinq phénomènes, dont les fortes précipitations, elle s’est progressivement élargie.
Désormais, la carte de vigilance publiée par Météo-France inclut la vigilance sur les crues élaborée par le réseau Vigicrues pour les principaux cours d’eau du territoire et la vigilance pluie-inondation élaborée par Météo-France. Cette dernière concerne les fortes pluies et délivre un premier niveau d’information sur le danger d’inondation en dehors des principaux cours d’eau faisant l’objet de la vigilance crues. Actualisée au moins deux fois par jour, la carte de vigilance signale le niveau de danger maximal pour chaque département à l’aide d’un code couleur (rouge, orange, jaune ou vert). Des conseils pour se protéger adaptés aux phénomènes sont également diffusés, en vigilances orange et rouge. En complément, les prévisions de phénomènes dangereux informent sur la probabilité des phénomènes à compter du surlendemain jusqu’à 7 jours.
L’information de vigilance sur les crues relayée par Météo-France est produite par le réseau Vigicrues du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Cette vigilance, ainsi que les éléments détaillés de prévision sur les crues sont également disponibles sur le site www.vigicrues.gouv.fr, ou l’application mobiles Vigicrues. La vigilance crues est publiée deux fois par jour à 10 h et 16 h et davantage lorsque la situation le nécessite. Elle s’accompagne de prévisions chiffrées sur la hauteur et le débit attendus sur les cours d’eau et, sur certains secteurs, de cartes d’inondation potentielle.
Depuis 2022, il est possible de créer son compte sur le site vigicrues.gouv.fr, de façon à recevoir des avertissements personnalisés sur le ou les cours d’eau de son choix. L’application pour mobiles Vigicrues permet de recevoir ces avertissements personnalisés sur son téléphone portable sous forme de notifications et de retrouver toutes les informations de surveillance des cours d’eau.
Météo-France et le réseau Vigicrues du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires offrent deux services d’avertissement automatique complémentaires à la vigilance météorologique et crues :
• APIC (avertissement pluies intenses à l’échelle des communes) de Météo-France : disponible sur l’ensemble des communes de métropole, APIC permet de suivre en temps réel l’évolution et la localisation de l’épisode pluvieux en cours et de connaître le nombre de communes touchées.
• Vigicrues Flash : service d’avertissement automatique sur les risques de crues soudaines proposé par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Il informe d’un risque de crue soudaine, qualifiée de forte ou très forte, dans les prochaines heures, avec une synthèse effectuée par commune.
La vigilance de Météo-France est un dispositif qui permet d’anticiper de manière appropriée le niveau de danger maximal attendu pour la journée en cours et le lendemain. La vigilance vise à susciter l’attention de tous sur les dangers potentiels d’une situation météorologique, à faire connaître les conseils pour se protéger et à s’informer. Dans le même temps, les autorités peuvent prendre des mesures de sécurité civile, comme le pré positionnement des secours.
L’alerte n’est déclenchée par les autorités ayant pouvoir de police (préfet, maire) que lorsque le danger est avéré, par exemple lorsque l’importance de la crue justifie le déclenchement des mesures de mise en sûreté des personnes et des biens et la mobilisation des moyens de secours. Les maires alertent la population et peuvent mettre en œuvre le plan communal de sauvegarde (PCS).
FR-Alert, le dispositif d’alerte et d’information des populations, développé par le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer est opérationnel depuis juin 2022. Il permet d’envoyer des notifications sur le téléphone mobile des personnes présentes dans une zone confrontée à un grave danger (catastrophe naturelle, accident biologique, chimique ou industriel, acte terroriste...) afin de les informer sur la nature du risque, sa localisation et sur les comportements à adopter pour se protéger. Ce dispositif peut être notamment mobilisé en cas d’épisodes méditerranéens pour alerter les populations concernées équipées d’un mobile sans qu’il soit nécessaire d’être abonné à un service ou d’avoir chargé une application.
Ce dispositif complète le système d’alerte et d’informations des populations (SAIP) qui comprend plus de 2 000 sirènes raccordées à un logiciel de déclenchement à distance, la mobilisation des télévisions et radios pour la diffusion des messages d’alerte et celle des comptes institutionnels sur les réseaux sociaux.
Face au choc des événements les plus graves, la politique publique de prévention des inondations met en œuvre un ensemble d’actions opérationnelles qui s’inscrivent dans la durée.
Pour sensibiliser les populations aux bons réflexes à adopter durant les épisodes de pluies intenses et d’inondations soudaines, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, en lien avec le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, a lancé mercredi 30 août 2023, et jusqu’au 30 novembre 2023, la 8e édition de sa campagne de prévention pluie-inondation. Cette campagne se déploie sur 15 départements de l’arc méditerranéen, sous forme de visuels diffusés dans la presse locale, de spots radio et vidéo, et via les réseaux sociaux.
Plus tôt dans l’année, le Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires a lancé en avril la campagne de prévention « pluies intenses – inondations » aux Antilles afin de sensibiliser la population aux risques induits par les épisodes de fortes pluies.
L’information sur ces réflexes pragmatiques vise à montrer que les risques liés aux fortes pluies peuvent être importants y compris en dehors des épisodes cycloniques.
Pensée en relation étroite avec les services de l’État présents localement, la campagne décline les bons gestes adaptés aux situations spécifiques des différents territoires d’outre-mer : la saisonnalité, le type de phénomènes considérés, ainsi que les langues locales.
Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, a également créé, l’an dernier à l'occasion de la journée nationale « Tous résilients face aux risques – S’informer, réagir, se protéger » (13 octobre), un dispositif ludique et pédagogique intitulé « La boîte à risques » pour aborder le sujet des risques naturels de manière pédagogique à destination d’un jeune public. Par le jeu et la pédagogie, les messages de prévention permettent de faire prendre conscience que chacun peut être acteur de sa propre sécurité.
Chaque citoyen peut être acteur de sa propre sécurité et de la sécurité collective par l’adoption de bons réflexes tout au long de l’année. S’il est important de bien s’informer, il apparaît primordial de bien se préparer en notant les numéros utiles, en appliquant les 9 bons gestes de la campagne ou encore en préparant son kit d’urgence 72h.
Chacun peut prendre connaissance du risque auquel est exposé son bassin de vie grâce au site www.georisques.gouv.fr.
Le site www.vigicrues.gouv.fr informe quant à lui sur le niveau de vigilance approprié pour les prochaines 24 heures et sur les prévisions de crues. L’application pour mobiles associée permet de paramétrer des alertes personnalisées. Gratuite, elle se télécharge très facilement sur les téléphones portables.
Face aux risques de pluie intense et d’inondation soudaine, la campagne de prévention diffusée sur l’arc méditerranéen rappelle les bons gestes à adopter pour s’en protéger :
- Reportez tous vos déplacements, que ce soit à pied ou en voiture.
- Ne prenez pas votre voiture ou ne restez pas dedans ; quelques centimètres d’eau suffisent à l’emporter.
- Laissez vos enfants à l’école ou à la crèche : ils y sont en sécurité.
- Restez ou rentrez dans un bâtiment et réfugiez-vous à l’étage.
- Coupez, si possible et sans vous mettre en danger, les réseaux de gaz, d’électricité et de chauffage.
- Ne descendez pas dans les sous-sols ou les parkings souterrains.
- Éloignez-vous des cours d’eau, des berges et des ponts.
- Restez informé et à l’écoute des consignes des secours et de votre mairie.
- Contactez les personnes vulnérables et isolées en privilégiant les SMS afin de laisser les réseaux disponibles pour les secours.
Il s’agit d’un kit qui permettra de vivre de manière autonome durant 3 jours en cas de coupure d’électricité, de gaz ou de routes impraticables. Il est recommandé de le préparer à l’avance et de le placer dans un endroit facile d’accès, tout en étant hors de portée de l’eau, pour pouvoir le prendre le plus rapidement possible en cas d’alerte.
Le kit d’urgence est composé de :
- eau potable en quantité (6l par personne en récipient scellé)
- nourriture non périssable et ne nécessitant pas de cuisson
- lampe de poche avec piles ou à dynamo
- couteau de poche ou ouvre-boîte
- bougies avec allumettes ou briquet
- radio avec piles, avec piles de rechange
- trousse médicale de premiers secours
- double des clés
- photocopies des papiers d’identité
- médicaments
- argent liquide
- vêtements chauds…
Une fois par an, le contenu du kit doit être vérifié, en particulier la date de péremption des médicaments et des denrées. Une fois utilisé, le kit d’urgence doit être reconstitué.