Annonces de Barbara Pompili en faveur du bien-être de la faune sauvage captive

Le Mardi 29 septembre 2020

Seul le prononcé fait foi

Chère Bérangère Abba,
Chers députés,
Mesdames et messieurs,
Bonjour à toutes et à tous,

Je suis ici pour vous annoncer que le Gouvernement engage aujourd’hui un tournant  majeur  pour les animaux sauvages dans notre société.
Fauves, éléphants, singes, dauphins ou encore visons : il est temps d’ouvrir une nouvelle ère dans notre rapport à ces animaux.
Il est temps que notre fascination ancestrale pour ces êtres sauvages ne se traduise plus par des situations où l’on favorise leur captivité par rapport à leur bien-être.

D’ores et déjà, il existe un cadre précis en France pour la détention d’un animal sauvage.

Notre pays garantit le respect de règles strictes, régies par le code de l’environnement, concernant leur détention en captivité. Et ce ministère en est le garant.
Mais le droit et les règles sont toujours le reflet d’une époque. Et notre époque a changé.

Elle est celle d’un rapport nouveau à l’animal sauvage. Bien plus qu’une menace ou qu’une proie, il est désormais avant tout, et c’est ma conviction profonde, un être à préserver et à respecter dans son intégrité.

Cette évolution des perceptions, c’est la marque d’une société consciente de sa responsabilité vis-à-vis d’une nature fragile, de sa place et de sa dépendance à l’égard de l’environnement qui l’entoure.
Oui, c’est la marque d’une civilisation mature.

Le mouvement en faveur de la défense des animaux sauvages prend des formes de mobilisation très diverses : au Parlement, au sein du monde associatif ou tout simplement au sein de la société française.  

Il nous appartient de lui donner corps, comme l’ont fait d’autres pays avant nous, en Europe et dans le monde. Et de le faire en accompagnant  vers un nouveau modèle les structures qui accueillent aujourd'hui des animaux sauvages captifs.
Aujourd’hui, je vous annonce :

  • la fin progressive de la présence de faune sauvage dans les cirques itinérants ;
  • la fin de la présence d’orques et de dauphins dans des delphinariums inadaptés à leurs besoins de mammifères marins ;
  • la fin des élevages de visons pour leur fourrure en France.
  • Et le  soutien aux actions collectives des parcs zoologiques pour l’amélioration des conditions de détention des animaux ;

C’est une transformation progressive de ces secteurs que nous engageons.

Une transformation qui ne doit pas être pensée contre les professionnels concernés, mais bien avec eux.

Cette transition devra s’étaler sur plusieurs années, parce qu’elle va changer la vie de nombreuses personnes. Nous devons les respecter et les accompagner, et c’est ce que le Gouvernement s’engage à faire.

Je sais combien les annonces que je fais aujourd’hui sont difficiles pour certaines et certains.

Mais ma responsabilité, c’est de ne pas leur mentir, de leur indiquer le chemin que notre pays souhaite prendre et de les aider dans cette transition à venir.

J’ai rencontré la semaine dernière les représentants des cirques. Nous avons échangé, débattu de la place des animaux issus d’espèces sauvages dans leurs spectacles itinérants.

Car l’itinérance, le déplacement d’animaux puis leur installation de villes en villes, est la question centrale concernant le bien être de certaines espèces…

Je sais combien les circassiens aiment leurs animaux. Je les ai écoutés avec attention l’autre jour encore.

Je veux leur dire que nos décisions ne sont en rien une remise en cause de l’existence des cirques, qui font partie de notre patrimoine commun et de notre histoire.

Ces décisions, je les prends pour le bien-être des animaux qu’ils côtoient et dont ils s’occupent au quotidien. Il n’est plus raisonnable de transporter des hippopotames ou des fauves de communes en communes.  
 
Alors nous allons avancer progressivement vers la fin des animaux issus d’espèces sauvages dans les cirques itinérants, en nous fondant sur l’incompatibilité des espèces concernées à vivre dans ces conditions itinérantes.

Et, dans ce changement majeur, nous allons accompagner les circassiens, les montreurs d’ours et les dresseurs de loups.

Nous allons travailler avec eux au devenir des animaux concernés. Nous allons soutenir la reconversion des cirques traditionnels vers d’autres spectacles, sans animaux issus d’espèces sauvages, comme certains l’ont déjà fait.

Les femmes et les hommes qui s’occupent aujourd’hui de ces animaux sont riches de savoir-faire, de compétences. Nous allons donc déployer pleinement les mécanismes de formation continue et de reconversion professionnelle pour les aider à se diriger vers d’autres métiers s’ils le souhaitent.

Le gouvernement a déjà fortement soutenu les cirques pendant cette période de crise sanitaire. Comme ils ont pu nous trouver à leurs côtés pendant cette période difficile, ils le pourront encore dans les années qui viennent.

Accompagner ces évolutions, c’est la responsabilité de l’Etat, mais pas uniquement !

Je le dis avec solennité parce que c’est important : il faut que les cirques puissent continuer de s’installer, travailler, accueillir leur public. Dès maintenant. Nous allons donc avancer avec les collectivités pour que cette installation soit possible et que nous puissions toutes et tous profiter des cirques et de leurs spectacles.

Oui, demain comme hier, il faut que les enfants aient envie et trouvent du plaisir à aller au cirque. Et je crois qu’ils seront d’autant plus heureux que le rêve et la magie seront toujours au rendez-vous, même sans animaux sauvages.

Concernant les orques et les dauphins, des études récentes montrent combien ces mammifères ont conscience de leur captivité.

Ces études montrent à quel point leur comportement naturel, rien que nager par exemple, est impossible à reproduire dans un delphinarium malgré tous les efforts que nous pourrions imaginer.

J’entends bien les remarques des responsables de delphinariums, qui considèrent qu’ils font de leur mieux pour que ces animaux soient dans les meilleures conditions possibles, qui recherchent toujours leur bien-être.
Je les sais sincères.

Mais ces espèces de cétacés à l’intelligence si vive sont si particulières dans leur comportement, leur compréhension de ce qui les entoure, les liens sociaux qui les unissent, que je crois profondément que leur place n’est pas dans un delphinarium.

Dès à présent, nous n’autoriserons donc plus l’ouverture de nouveaux delphinariums. Et pour les 3 delphinariums qui existent dans notre pays, nous cessons l’introduction de nouveaux animaux et la reproduction en captivité.

Nous allons aussi, dès maintenant, travailler avec leurs responsables, ensemble, pour mettre progressivement un terme à la détention à fin de spectacle des cétacés en France.

Ce sera plus rapide pour les 4 orques qui restent en captivité en France que pour les dauphins, pour lesquels il nous faudra probablement 7 à 10 ans pour préparer la suite, et notamment identifier des solutions d’avenir pour les animaux restants. Mais aujourd'hui nous fixons ce cap clair !

Et je sais que, comme dans les cirques, les femmes et les hommes qui travaillent avec ces animaux les aiment et aiment leur métier.

Alors, nous allons être à leurs côtés pour accompagner la reconversion de ces salariés, des soigneurs, des dresseurs.

Nous allons aussi travailler tout de suite au devenir des animaux actuellement en delphinariums. L’une des pistes, ambitieuse mais enthousiasmante, c’est celle d’un refuge, d’un sanctuaire.
La France doit étudier la création d’un tel lieu, à la fois pour accueillir les animaux, mais aussi pour l’éducation ou la recherche.
Et c’est aussi pour cette raison que nous voulons prendre le temps d’une transition réussie : il faut travailler sérieusement à accueillir dans les meilleures conditions possibles les animaux actuellement en delphinariums. Et cela ne se fait pas en quelques jours ou semaines...

Concernant l’élevage des visons pour leur fourrure, notre époque accepte de moins en moins que des animaux sauvages soient élevés dans le seul but d’être abattus uniquement pour être portés en vêtement.

Le vison d’Amérique, puisqu’il s’agit de cette espèce dans les 4 élevages français concernés, est une espèce introduite dans notre pays il y a moins d’une centaine d’années, potentiellement envahissante quand elle est dans nos milieux naturels et pouvant nuire au vison d’Europe, qui est une espèce en danger critique d’extinction au niveau mondial.

Nous engageons donc aujourd’hui la mise en extinction des élevages de vison d’Amérique pour leur fourrure sous 5 ans.

J’ai échangé avec les représentants de la filière de la fourrure française et j’ai entendu leurs craintes sur l’impact économique d’une telle mesure.

Nous allons, là aussi, être aux côtés des 4 éleveurs français concernés, afin d’accompagner ce mouvement qui s’inscrit dans une tendance forte à la réduction de ces élevages depuis plusieurs décennies.

En parallèle de ces sorties progressives, notre second axe d’action, concerne les parcs zoologiques.

Ces parcs et ceux qui y travaillent ont évolué ces dernières années. Les parcs zoologiques d’aujourd’hui ne ressemblent plus à ceux d’autrefois. Ils sont devenus des lieux de conservation d’espèces menacées ou en voie d’extinction. Des lieux pour la recherche scientifique et la sensibilisation des citoyens au devenir d’espèces parfois fragiles.

Je salue ces évolutions, et je veux que le gouvernement soutienne mieux les exigences collectives des professionnels du secteur.

Nous allons donc soutenir les travaux des parcs zoologiques sur l’encadrement des spectacles, sur l’instauration de nouvelles normes pour certaines espèces aux besoins particuliers.

Et nous allons également faire mieux appliquer, partout en France, les règles et mesures qui s’imposent. Tout en mettant en valeur et en soutenant les parcs zoologiques exemplaires.

C’est d’ailleurs à ce titre que je me rendrai dans quelques minutes au Parc Zoologique de Paris, que le Muséum national d’histoire naturelle utilise comme lieu de sensibilisation, évidemment, mais également pour des travaux scientifiques et de conservation d’espèces.

Alors, vous le voyez, Mesdames et Messieurs : notre pays prend ce matin un tournant.

Un tournant progressif, au cours duquel nous ne laissons personne au bord du chemin. Mais un tournant à l’issue claire. Et je suis fière de l’engager aujourd’hui.

J’ai bien conscience des conséquences de telles décisions.
J’ai bien conscience qu’elles vont provoquer chez certains un sentiment d’injustice ou d’incompréhension.
Mais je sais que l’objectif que nous donnons ce matin à notre pays est juste..
Juste, pour le bien-être de ces animaux.
Juste, pour la dignité de notre société et pour inventer d’autres modèles de coexistence avec les animaux, compatibles avec ce qu’attendent nos concitoyens.
Ce matin, ce n’est pas seulement la fin d’une période que j’annonce. C’est également et surtout le début d’une nouvelle ère.

Et je tends la main à toutes et tous, en espérant que nous pourrons travailler ensemble à ce changement de modèle

Le gouvernement prend ses responsabilités avec ces décisions. Il les prendra également en accompagnant celles et ceux qu’elles vont le plus toucher et pour préparer l’avenir de ces professions.

Je vous remercie et je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.

Seul le prononcé fait foi

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