Discours de Barbara Pompili à l'occasion des deux ans du Plan « Vélo et mobilités actives » - lundi 14 septembre 2020

Le Lundi 14 septembre 2020

Seul le prononcé fait foi

Je suis très heureuse d’être avec vous aujourd’hui.

Quelques jours après la présentation du plan de relance, nous avons tenu à venir ici avec Jean-Baptiste Djebbari, à vélo, chez un réparateur, pour passer un message clair : le pays est en train de vivre un « moment vélo ».

Oui, le regard sur le vélo change.

Au cours des dernières décennies, l’espace du vélo s’était peu à peu rétréci. Il était principalement réservé aux sportifs, aux balades du dimanche.

Aujourd’hui, alors que nous fêtons les 2 ans du « plan vélo », les pistes cyclables sont partout, la culture du cyclisme s’est diffusée largement, les Français sont en selle.
Bref : notre pays est en passe de devenir une nation du vélo. Et je m’en réjouis.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon l’association Vélo & Territoires dont je salue la présidente qui a fait le trajet avec nous jusqu’ici, la fréquentation des pistes cyclables en France a progressé de 29 % depuis la fin du confinement par rapport à la même période l'an dernier. Et cette augmentation est visible sur tous les territoires : + 34 % en milieu urbain, + 20 % de fréquentation dans les zones périurbaines et + 18 % en milieu rural.

Alors oui : l’aventure vélo commence !
Elle est partie pour durer.
C’est ce que nous sommes venus confirmer aujourd’hui.

1. Pour que ce mouvement dure, notre première responsabilité, c’est d’abord de déployer les infrastructures dont les cyclistes ont besoin pour rouler en sécurité.

Avec le déconfinement, environ 1 000 kilomètres de pistes cyclables provisoires – les fameuses coronapistes – ont vu le jour.

Aujourd’hui, avec France Relance, nous mettons sur la table 200 millions d’euros sur deux ans pour pérenniser et amplifier cette dynamique.

La moitié de cette enveloppe ira au « fonds mobilités actives », ce fonds que nous avons créé il y a deux ans jour pour jour au moment du lancement du Plan vélo.

Avec ces crédits supplémentaires, ce fonds va financer encore plus d’infrastructures cyclables. Je pense aux pistes bien sûr, mais aussi aux passerelles.

Parce que trop souvent encore, on ne peut pas faire un trajet complet à vélo. Il y a toujours un bout de route en travers du chemin, un carrefour dangereux, une piste mal protégée.

Ces « discontinuités cyclables » sont un frein majeur pour des milliers de Français qui attendent de se mettre ou de se remettre à pédaler.

Cette enveloppe supplémentaire dont je vous parle, elle va permettre de financer des projets pour faciliter le vélo au quotidien, aux côtés des collectivités, sur le terrain, là où ça marche et où c’est le plus utile.

Je laisserai Jean-Baptiste Djebbari vous présenter dans quelques instants le détail des nouveaux lauréats de cette année.
J’insisterai simplement sur notre volonté commune : ce fonds est destiné à tous les territoires parce que le vélo doit bénéficier à toutes et à tous, que l’on soit en zone périurbaine, rurale ou urbaine, en Outre-Mer ou en métropole.
Sans ces projets qui font vivre une vraie culture vélo du quotidien, sans infrastructures adaptées : ça ne marche simplement pas.

En parallèle, l’autre partie de l’enveloppe du plan de relance dédiée au vélo, soit 100 millions d’euros, permettra d’accompagner les régions dans leurs politiques en faveur du vélo.
Ce sont elles qui peuvent améliorer le quotidien des cyclistes ceux qui vont au travail à vélo, ceux qui pédalent jusqu’à leur gare et prennent ensuite le train. Ce qu’on appelle dans le jargon « l’intermodalité », le changement de mode de transports. Le manque de stationnement sécurisé pour les vélos est aujourd’hui encore un frein trop important au « vélotaf ». Nous allons le lever.

Pour développer le vélo sur le terrain, les Préfets peuvent aussi mobiliser la « dotation de soutien à l’investissement local », la DSIL, en soutien aux investissements des collectivités.
Nous avons augmenté cette dotation.
Et nous avons donné des instructions aux Préfets pour que les projets cyclables y soient éligibles.
Alors je dis aux maires, aux départements, aux régions : mettez un grand coup de pédale et foncez ! L’Etat est à vos côtés.

Soutenir le développement de pistes cyclables, ce n’est pas seulement les construire, c’est aussi les cartographier avec précision, pour mieux informer le grand public et faciliter leur utilisation. Je veux à ce titre saluer l’association Vélo et Territoires, représentée aujourd’hui par Chrystelle Beurrier, qui met à jour depuis 1998 un schéma national des véloroutes. Ce schéma, ce sont des milliers de kilomètres de pistes cartographiées à travers tout le pays, qui ont désormais un caractère officiel depuis le vote de la Loi d’orientation des mobilités et que vous pouvez retrouver en ligne.

Voilà donc pour les infrastructures.

Mais, évidemment, à côté des pistes et des stationnements sécurisés, il faut des vélos et des cyclistes !

2. Alors nous mettons le paquet pour aider nos concitoyens à se remettre en selle.

Avec le déconfinement, les ventes ont fait un bond sans précédent. Et beaucoup de Français, souvent ceux qui sont le plus éloignés du vélo, se sont tournés vers l’électrique.

Mais, se remettre en selle c’est aussi souvent ressortir son vieux vélo du garage, et le réparer.
Au moment du déconfinement, Elisabeth Borne, a lancé avec Jean-Baptiste Djebbari le coup de pouce vélo.
Ce coup de pouce : c’est une prise en charge des réparations jusqu’à 50 euros par vélo.
Et un mouvement totalement inattendu est né. A ce jour plus de 620 000 réparations ont déjà été réalisées à travers le pays. C’est énorme !

Je crois que rarement une politique publique a connu un tel succès aussi rapidement ! Cela montre bien que la demande est là.

Alors, pour continuer sur cette lancée, je peux vous annoncer que nous avons décidé d’ajouter 20 millions d’euros de coup de pouce pour prolonger le dispositif jusqu’à la fin de l’année.

En 8 mois, nous aurons donc mobilisé 80 millions d’euros pour donner une seconde vie à plus d’un million de vélos.

Ce succès incroyable, il est bien sûr dû aussi à la mobilisation de tous les acteurs impliqués.

Et je tiens à remercier la Fédération française des usagers de la bicyclette et son président Olivier Schneider pour son travail au quotidien. Et bien sûr aussi l’association Villes et territoires cyclables, dont je salue les présidents qui ont aidé à déployer les coronapistes.

Avec la FUB, nous avons lancé « l’académie des métiers du vélo ». Pour former les réparateurs dont nous avons besoin.
Pour soutenir beaucoup plus qu’un changement de pratique : une filière durable.

Alors, nous visons la formation de 250 réparateurs dans les mois à venir, puis 500 par an.
Et je suis très heureuse de pouvoir dire que les premières sessions vont débuter dès novembre !

3. Enfin, à côté des pistes et des vélos (neufs ou réparés), je crois que ce moment que nous vivons, c’est aussi le début d’une véritable « culture vélo ».

Et pour qu’elle voie le jour, nous devons rassurer ceux qui hésitent encore. Oui, trop souvent, certains Français hésitent, se disent « je ne vais pas acheter un vélo pour me le faire voler demain. »
Pour lutter contre les vols, l’Etat contribue déjà au financement de parcs stationnements installés par les collectivités.

Mais, il ne peut pas tout, tout seul. Les territoires également ont leur rôle à jouer pour relever le défi d’un cyclisme sans vol.

Une vraie culture vélo, c’est aussi aider celles et ceux qui ne se sentent plus assez à l’aise pour monter en selle.
C’est pour cela que le coup de pouce vélo comprend aussi des formations gratuites. Oui, le vélo ça ne s’oublie pas, et plus de 1 500 formations gratuites dans des vélo-écoles ont déjà eu lieu.

Une vraie culture vélo, c’est aussi une fête dédiée, chaque année. Avec tous les acteurs, nous avons lancé « Mai à vélo », une grande fête populaire dans tous les territoires dont la première édition aura lieu l’année prochaine.

Une fête pour réunir les acteurs locaux, nationaux. Pour montrer à toutes et à tous, lorsque le printemps revient, tout ce que le vélo peut faire.
Enfin, cette culture du vélo dont je vous parle, je crois qu’elle dessine aussi un autre rapport à l’espace.

Une manière de le partager, entre voitures, camions – et j’ai bien en tête la question des angles morts des poids lourds sur laquelle nous allons avancer -, piétons et cyclistes bien sûr. Au moment où les usages et modes de transports changent, apprenons à nous ré-organiser ensemble, pour tous profiter d’un espace public apaisé et sécurisé

Oui, le vélo, c’est un mode de transport écologique, bon pour la santé, bon pour le pouvoir d’achat. Et c’est aussi une belle école de citoyenneté.

***

Voilà mesdames et messieurs, chers amis, ce que je voulais vous dire aujourd’hui.

L’aventure vélo est lancée. A nous de faire que rien ne l’arrête plus.

Je vous remercie.

Seul le prononcé fait foi

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