Les mesures en faveur des insectes pollinisateurs sauvage sur le réseau routier national

Le Lundi 28 mai 2018

L’État se veut exemplaire dans la préservation des pollinisateurs sauvages : il appliquera progressivement sur les 12 000 kilomètres du réseau routier national non concédé le fauchage tardif et les jachères fleuries sur les dépendances vertes. Après une expérimentation longue de trois ans, ces « bonnes pratiques » ont en effet montré une augmentation de 30% de la diversité des insectes pollinisateurs.

Cette expérimentation a donc été généralisée. Les autres gestionnaires (Réseau Ferré de France, SNCF, Voies Navigables de France, Conseils généraux etc.) ont été sollicités pour appliquer ces bonnes pratiques à partir du guide « les accotements routiers au service de la biodiversité ».

Ces actions sont intégrées dans le plan national d’actions « France, terre de pollinisateurs » présenté lors du Conseil des ministres du mercredi 20 mai 2015.

Le plan d’actions de la Direction des Infrastructures de Transport en faveur des insectes pollinisateurs, accompagné de la diminution de l’utilisation de produits phytosanitaires (plan Ecophyto 2018) et de la lutte contre les espèces exotiques envahissantes, participe à une démarche globale de préservation de la biodiversité le long des infrastructures de transport.

L’expérimentation de fauchage tardif en faveur des pollinisateurs

L’expérimentation de fauchage tardif en faveur des pollinisateurs sur les dépendances vertes du réseau routier national met en lumière son intérêt pour les pollinisateurs sauvages.

Depuis de nombreuses années, un phénomène de surmortalité des colonies d’abeilles a pu être constaté. La raréfaction dans certains paysages de leurs ressources alimentaires, pollen et nectar produits par les fleurs, contribue au déclin des insectes pollinisateurs. Sous certaines conditions, les dépendances vertes pourraient constituer un espace favorable aux pollinisateurs et par conséquent participer à leur sauvegarde.

Dans ce contexte d’affaiblissement et de surmortalité des colonies d’abeilles, dus en partie à un manque de ressources alimentaires, le ministère en charge de l’Environnement s’est engagé en 2010 dans la mise en place d’une démarche expérimentale visant à examiner les différents modes de gestion des dépendances vertes afin d’améliorer l’attractivité des accotements routiers pour les insectes pollinisateurs.

Lancée par la Direction des Infrastructures de Transport, cette expérimentation a été menée durant trois ans sur plus de 250 kilomètres de réseau routier national non concédé, réparties sur six Directions Interdépartementales des Routes. Il s’agissait d’une part d’adapter les modalités d’entretien des parcelles afin de favoriser la floraison des plantes propices aux pollinisateurs, d’autre part de procéder au semis d’espèces mellifères.

L’analyse des résultats de l’expérimentation de 3 ans effectuée sur plusieurs tronçons du réseau routier national non concédé a montré un réel intérêt d’une gestion par fauche tardive. En effet, à défaut d’être plus diversifiée, la production florale est beaucoup plus abondante lors d’un fauchage tardif que lors d’une gestion témoin, tout particulièrement entre les mois de mai et de juillet. Il en résulte une plus grande attraction des insectes pollinisateurs par ces zones fauchées tardivement qui leur offrent davantage de ressources alimentaires.

Dans le cadre du plan national d’actions « France, terre de pollinisateurs »,présenté lors du Conseil des ministres du mercredi 20 mai 2015, plusieurs mesures phares ont été présentées au grand public dont notamment une action concernant les pratiques de la fauche tardive menées par certaines DIR suite à l’expérimentation. Les autres opérateurs d’infrastructures (VNF, SNCF réseau, gestionnaires du réseau routier concédé, conseils départementaux) sont invités à développer également ces pratiques favorables aux insectes.

Les actions de la Direction des Infrastructures de Transport en faveur des pollinisateurs sur le réseau routier national non concédé

Suite à cette expérimentation, la DIT a mis en place un plan d’actions visant à instaurer une politique de gestion des dépendances vertes qui soit favorable au développement des insectes pollinisateurs grâce à :

  • un abandon, sauf dans les zones de sécurité, de la pratique de la fauche classique comprenant plusieurs interventions annuelles ;
  • une généralisation de la fauche tardive, une fois par an, à des moments propices au maintien du service écosystémique de la pollinisation ;
  • un encouragement à la mise en place d’implantations de semis de mélanges fleuris et d’arbustes mellifères lors de réaménagements ou d’aménagements de nouvelles dépendances vertes.

Généralisation de la pratique de la fauche tardive sur le réseau routier national non concédé

Les Directions Interdépartementales des Routes ont progressivement déployé des pratiques de fauche tardive sur les dépendances vertes du réseau routier national non concédé dont elles ont la gestion, lorsque les conditions le permettent. Pour des raisons de sécurité, certaines zones continuent de faire l’objet d’une fauche classique (plusieurs interventions annuelles). En effet, les zones proches de la chaussée ainsi que les zones intermédiaires sur les carrefours, les virages et les emplacements des panneaux de signalisation doivent faire l’objet d’un fauchage autant que nécessaire (généralement 2 à 3 fois par an) afin que les dégagements de visibilité au bord des routes soient respectés. C’est le cas également des zones soumises à hauts risques d’incendie (bassin méditerranéen), des accotements très étroits (zones montagneuses) mais aussi celles présentant des espèces exotiques envahissantes ou autres espèces nuisibles à la santé ou la biodiversité, qui resteront également soumises à une gestion plus intensive.

Dans les zones présentant moins d’enjeux vis-à-vis de la sécurité des usagers et des agents de la route, la pratique de la fauche tardive remplace progressivement la pratique de la fauche classique pour prendre en compte le cycle de vie des insectes pollinisateurs. Pour que l’impact de ces pratiques sur les pollinisateurs soit optimal, il est recommandé de réaliser cet entretien annuel en fin de saison, entre mi-août et début novembre.

Afin de valoriser et sensibiliser les agents à cette pratique, une communication proactive a été mise en place au sein des différentes Directions Interdépartementales des Routes. Des documents de communication pédagogiques à destination des DIR ont d’ores-et-déjà été produits et diffusé afin de vulgariser les résultats de l’expérimentation et d’expliciter la démarche entreprise par la Direction des Infrastructures de Transport.

La Direction Générale des Infrastructures, des Transports et de la Mer a également établi une collaboration avec l’association Noé afin de développer le programme « les prairies de Noé » en faveur des pollinisateurs sauvages sur les accotements du réseau routier national non concédé. Des formations auprès de formateurs identifiés au sein des différentes DIR seront également mises en place par cette association. Les formations seront accompagnées d’une mallette pédagogique regroupant des documents opérationnels permettant la bonne conduite des campagnes de fauche en faveur des insectes pollinisateurs.

Les gestionnaires d’infrastructures sont contraints par des problématiques extérieures (conditions climatiques, présence d’espèces exotiques envahissantes), matérielles (matériel de fauche à disposition, budget d’entretien) ou humaines (enjeux de sécurité des usagers et des agents, effectifs). La formation prendra alors en compte ces diverses contraintes.

Par ailleurs, afin de sensibiliser cette pratique au grand public, une vingtaine de panneaux ont déjà été posés sur le réseau routier national mettant en avant les effets bénéfiques de la fauche tardive en faveur des insectes pollinisateurs. De nouveaux panneaux seront posés en 2017.

Utilisation de semis de mélanges fleuris et d’arbustes mellifères lors de réaménagements ou d’aménagements de nouvelles dépendances vertes

Certaines dispositions favorables aux pollinisateurs sauvages seront incluses dans la conception de nouveaux projets ou des chantiers comportant des aménagements des dépendances vertes.

À ce titre, l’association Noé a été missionnée afin d’élaborer un guide de recommandations ainsi qu’un cahier des charges sur les grands principes de végétalisation des accotements routiers intégrant une liste de semis de mélanges fleuris et d’arbustes mellifères à l’attention des services en charge des opérations d’investissements sur le réseau routier national non concédé.

Cette liste des mélanges prendra en considération les différentes contraintes des Directions Interdépartementales des Routes, à la fois en termes de coûts d’investissement (prix des espèces et de la mise en œuvre) et de coûts indirects liés à l’entretien (moyens humains, matériels et financiers).

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