Intervention de Mme Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique lors de la conférence de presse sur l’éolien en mer

Le Lundi 10 mai 2021

Seul le prononcé fait foi

 

Bonjour à toutes et à tous,

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Aujourd’hui, démarre une nouvelle étape, décisive, de la transition énergétique de notre pays. 

Après des mois d’un débat public riche, qui a rassemblé plusieurs milliers de contributions, nous sommes prêts à confirmer notre ambition pour ce qui deviendra bientôt le 7ème parc éolien en mer de notre pays. 

Ce débat public il faut le saluer puisqu’il permet à nos concitoyens d’exprimer leurs points de vue, de s’impliquer dans la construction de l’avenir de leur territoire et de leur pays et de faire part de préoccupations qui sont prises en compte dans la poursuite du projet. 
    
Je crois qu’à l’heure où l’image de notre pays est trop souvent synonyme de blocages, voire de protestations violentes, on doit tous se réjouir de ce dialogue. 
Ce nouveau parc éolien en mer va produire de l’électricité renouvelable pour près d’un million de françaises et de français.  
Ce sera aussi une vitrine de l’excellence industrielle française…

Mais c’est d’abord et avant tout la marque d’un changement d’époque.

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Un changement d’époque, qui marque l’accélération de la bataille pour le climat et pour notre résilience.

Car l’éolien en mer, en France, c’est déjà une longue histoire. 

Il y a plus de 9 ans, nous désignions les premiers lauréats. 

Et pourtant… alors que plus de 5 000 éoliennes en mer sont raccordées en Europe : il n’y a simplement pas une seule éolienne commerciale en mer qui tourne en  France ! Alors même que nous avons le deuxième gisement de vent d’Europe.

Nous n’avons simplement plus le temps de nous satisfaire de grands objectifs sur le papier sans jamais les incarner sur le terrain. 

Je suis déterminée à ce que nous accélérions enfin le déploiement de cette technologie d’avenir.  
Je souhaite que ce soit durant mon passage comme ministre de l’énergie que les premiers parcs d’éoliens en mer s’installent notre pays. 
Parce que cette technologie nous est bénéfique. A bien des égards.

Oui, l’éolien offshore est vital pour la massification des énergies renouvelables dans notre pays. 
Et nous devons en tirer parti dans une logique de décarbonation et d’équilibre de notre mix énergétique entre différentes sources de production ! Comme le font les Anglais, les Danois, les Allemands, les Suédois ou les Belges.

En France, on a souvent du mal à comprendre cette notion de mix énergétique. 
Or tous les grands pays du monde s’appuient sur plusieurs sources d’énergie pour des raisons évidentes de diversification et de réduction des risques. 

La montée en puissance des énergies renouvelables, et en particulier de l’éolien en mer qui a un très bon rendement, contribue à réduire nos émissions de CO2 en nous permettant par exemple de fermer nos dernières centrales à charbon. 
Mais elle nous permet aussi de réduire notre dépendance à une seule technologie qui assure plus de 70 % de la production d’électricité.  Ce qui  nous rend vulnérable, la crise sanitaire l’a montré.

Et n’en déplaise à ceux qui pensent que cela ne marche pas : l’année dernière, avec le solaire, l’éolien a permis d’éviter l’équivalent des émissions annuelles de gaz à effet de serre de la ville de Paris.

De surcroit, l’éolien en mer est une énergie compétitive dont le coût a drastiquement baissé. Le tarif auquel a été attribué ce parc le confirme : 45 euros par MWh. Peu de moyens de production électriques peuvent s’aligner. 

Je le rappelle, la programmation pluriannuelle de l’énergie prévoit 6 gigawatts d’éolien en mer en 2030. 
Cette source d’énergie est donc un des piliers de notre stratégie de développement des énergies renouvelables. C’est une technologie incontournable pour atteindre notre objectif de 40% d’énergies renouvelables dans notre mix électrique en 2030. 
Les parcs éoliens en mer seront donc de nouveaux cœurs électriques pour le pays. 
Bref, ce que nous faisons aujourd’hui, simplement, c’est poser les briques fondamentales du système énergétique de demain.
Un système qui participe à la lutte contre le réchauffement climatique.
Un système compétitif, qui fournit de l’énergie durable à un coût abordable.
Un système qui profite aux territoires et à leurs habitants. 
Parce que, on ne le dit jamais assez, l’éolien offshore dans notre pays c’est déjà plus de 3 000 emplois. 

C’est une chance, une opportunité pour les entreprises françaises, en particulier les entreprises locales. 
Une filière industrielle se structure : on compte déjà en France une usine de production de pales à Cherbourg, une usine de production de nacelles à Montoir de Bretagne et bientôt une usine de construction de pales et nacelles au Havre. 
Sans parler des emplois liés au développement, à l’installation ou à la maintenance qui offrent des perspectives importantes pour les ports français, comme ici à Dunkerque. 

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Mesdames et Messieurs, cette révolution de l’énergie dont je vous parle, on ne la fera qu’en mettant tout le monde autour de la table.

Je sais que le changement ne doit pas se décréter depuis un bureau parisien… 
Non, les grands projets qui font date, ceux qui structurent l’avenir du pays et du territoire, ils se façonnent sur le terrain. 
Avec les riverains.
Avec tous les usagers de la mer.

Pour le dire simplement : l’éolien en mer ce n’est pas qu’une question de volonté étatique et de prouesse industrielle.

C’est aussi une affaire de débat. D’écoute. De prise en compte de l’ensemble d’enjeux très concrets.
    
Oui, la démocratie environnementale ce n’est pas qu’un mot qu’on agite pour se donner bonne conscience.
    
C’est une réalité. C’est l’exigence de la transition écologique que je porte.
Et je serai très attentive au suivi des recommandations de la Commission du débat public.

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Et je sais bien que ce type de décision suscite des interrogations, des inquiétudes même sur le terrain.
Le débat public a été l’occasion pour chacune et chacun de les exprimer… Et c’est ma responsabilité de ministre d’y répondre, toujours, en tout temps et en tout lieu.

Et je pense d’abord aux pêcheurs. 
Je sais que les parcs éoliens les inquiètent… et cela d’autant plus dans le contexte du Brexit.
Les zones les plus nécessaires aux pêcheurs pour la poursuite de leur activité ont été exclues. 

En évoquant la question des pêcheurs, je dois dire un mot du parc éolien en mer de Saint Brieuc en Bretagne. 
Ces dernières semaines des actions violentes de certains pêcheurs se sont multipliées. 
Je veux dire ici avec force que je les condamne !
La vie d’un vigile a été délibérément mise en danger et c’est tout simplement inacceptable. 
J’agis toujours dans un esprit d’ouverture et de dialogue... 
 
Mais je le répète : le gouvernement est déterminé à conduire tous ces projets à leur terme. 

Pour revenir à Dunkerque, je pense aussi bien sûr à tous les défenseurs de la nature, soucieux comme moi des conséquences d’un parc sur l’écosystème aquatique comme sur l’avifaune. 
Nous sommes ici sur un important couloir de migration et il est crucial de préserver les zones Natura 2000 et les oiseaux. 

Avec le retour d’expérience des autres pays, nous savons, de plus en plus précisément, quels sont les principaux impacts des parcs éoliens en mer, dont beaucoup concernent d’ailleurs la phase de construction.

Et c’est une des convictions qui guide mon action : on ne gagnera pas la bataille du climat en perdant celle de la biodiversité.
Les deux sont intrinsèquement liées.

Alors, là aussi je me tourne vers les maitres d’ouvrages. 
J’attends d’eux un projet exemplaire en matière de respect de la biodiversité. 
Et je vais être très claire : que ce soit en phase de construction ou d’exploitation, nous exercerons, avec les services de l’Etat, une vigilance de chaque instant. 

Enfin, je pense aussi aux Dunkerquoises et aux Dunkerquois, qui sont pétris de culture industrielle et qui approuvent dans leur grande majorité ce projet. 

Mais je veux aussi rassurer les amoureux des paysages comme les passionnés d’Histoire qui s’inquiètent de voir des éoliennes au bord de la plage de la mythique opération « dynamo ».

La zone d’implantation retenue est le plus possible éloignée des côtes au regard des contraintes de sécurité du trafic maritime. 

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Ce sont tous ces enjeux, toutes ces préoccupations, que nous avons pris en compte depuis le départ.
    
Et prendre en compte tous les enjeux, c’est aussi faire des choix en responsabilité pour permettre au port de Dunkerque d’assurer la liberté de navigation en toute sécurité et de poursuivre son développement. 

Je le rappelle, l’Etat, à travers le plan de relance, va fortement appuyer l’augmentation de la capacité de conteneurs et la connexion ferroviaire pour soutenir la compétitivité du port dans un contexte de forte concurrence. 
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Alors, bien sûr, comme vous l’avez lu et entendu, nos voisins et amis belges expriment eux aussi leurs préoccupations.

J’ai rencontré le vice Premier ministre, Monsieur Van Quickenborne. 
Le président de la République a rencontré la semaine dernière, le Premier ministre Belge, Monsieur De Croo. 

Nous leurs avons rappelé que, comme eux, nous sommes très attachés au développement des énergies renouvelables, dont l’éolien offshore. 

Nous allons bien sûr continuer à dialoguer et nous serons à l’écoute de nos amis belges pour tenir compte de leurs difficultés, qu’il s’agisse par exemple d’envisager la création d’une zone tampon ou de veiller au passage des ferries. 

Mais le fait est que le parc de Dunkerque est stratégique pour la mise en œuvre de notre programmation énergétique et que nous ne devons plus perdre de temps. 

J’en profite pour dire, puisque nos deux pays sont très attachés au développement des énergies renouvelables, et en particulier à l’éolien offshore, que nous sommes tout à fait ouverts pour réfléchir à l’avenir à un nouveau projet en Mer du Nord qui serait cette fois-ci conjoint !

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Alors, avant de laisser la parole au maître d’ouvrage qui va vous présenter ses observations sur les conclusions du débat public…
Je veux redire ma fierté de voir avancer un grand projet, taillé sur mesure pour les défis de notre siècle.
Un projet pour le climat, pour la résilience et pour l’emploi.
Un projet préparé avec le territoire et le public.
Un projet qui concilie et réconcilie les usages, la biodiversité et les usagers de la mer.

Notre pays a de quoi être fier… Les Hauts-de-France aussi.

Je vous remercie.

 

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