Intervention de Barbara Pompili au Conseil National de l’hydrogène

Le Jeudi 25 février 2021

Seul le prononcé fait foi

Monsieur le ministre, cher Bruno,
Madame la présidente du Conseil régional, chère Carole Delga,
Messieurs les présidents, cher Benoit Potier, cher Patrick Koller,
Mesdames et messieurs,
Bonjour à toutes et à tous,

 

 

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Je suis ravie d’être avec vous aujourd’hui pour cette réunion du Conseil national de l’hydrogène, à Albi, au sein de l’entreprise SAFRA.  

Une entreprise, née il y a plus de 65 ans, qui illustre le savoir-faire et le talent de notre tissu industriel, qui innove et qui, malgré les difficultés liées au contexte que nous connaissons actuellement, se transforme pour saisir le virage de la transition écologique…
… pour prendre le tournant de l’hydrogène qui sera sans doute une des grandes révolutions énergétique et industrielle de notre siècle…

… et un des leviers majeurs pour décarboner l’industrie et les transports, stocker la production d’énergies renouvelables ou encore offrir de la flexibilité aux réseaux. Autrement dit, une condition essentielle pour atteindre notre objectif de neutralité carbone en 2050.

Vous le savez, en septembre dernier, avec Bruno Le Maire, nous nous sommes donné une stratégie, dotée de 7 milliards d’euros, pour faire de cette « révolution de l’hydrogène » un atout pour notre industrie, pour notre compétitivité, pour notre souveraineté… en nous positionnant en leaders sur les technologies de l’hydrogène. 

 

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Alors où en sommes-nous ?
Nous nous étions fixé 3 priorités :

La première, c’est de décarboner l’industrie en faisant émerger une filière française de l’électrolyse.
Plusieurs appels à manifestations d’intérêt et appels à projets ont été organisés, et on peut dire que les industriels ont été au rendez-vous !

  • Nous avons ainsi 4 projets de production d’électrolyseurs en France, dont plusieurs « gigafactories »
  • Et nous avons des projets d’électrolyseurs, chez les industriels utilisateurs d’hydrogène, à hauteur de 3 GW, dans la sidérurgie, le ciment, le raffinage ou encore la chimie.  

3GW… soit la moitié de la cible que nous nous étions fixée pour 2030. Si ces projets voient le jour, c’est donc un pas très significatif, grâce à votre mobilisation. 

Alors nous devons maintenant continuer à bâtir ensemble le modèle économique de ces projets, dans le cadre de l’IPCEI (Bruno y reviendra sans doute) ou avec les dispositifs nationaux. 

A cet égard, j’ai le plaisir de vous annoncer que nous allons renforcer la part de subvention accordée aux entreprises dans le cadre de l’appel à projet « Briques technologiques et démonstrateurs »,  pour la porter à 60%, voire 75 % de l’aide dans certains cas.

Et naturellement le mécanisme de soutien à l’hydrogène décarboné introduit par l’ordonnance que j’ai présentée la semaine dernière en Conseil des ministres pourra être mobilisé.
Les modalités  de cette aide au fonctionnement à destination de sites industriels consommateurs d’hydrogène ou d’usages mobilités pour un lancement des premiers appels d’offres en 2022 sont en cours de concertation et des premiers échanges ont eu lien avec la Commission.

La deuxième priorité que nous nous étions fixée, c’est de développer une offre de mobilité lourde à l’hydrogène :
Dans le secteur ferroviaire, tout d’abord. Nous lançons, en partenariat avec 4 régions, dont la région Occitanie, des expérimentations de trains régionaux à traction hydrogène, en remplacement des motorisations diesel. 14  rames seront équipées pour commencer, et le soutien de l’Etat sera porté à 47 millions d’euros. La production débutera dès l’an prochain pour une mise en service commercial prévue en 2025. 

Plus largement, nous voulons encourager l’émergence de projets territoriaux d’envergure, en incitant à mutualiser les usages.
Nous sommes ici dans une région leader en matière de développement de l’hydrogène, qui a engagé le déploiement de sites de production d’hydrogène vert, de stations d’avitaillement, et qui anticipe, notamment sur les aéroports de Toulouse et Tarbes, le développement de l’hydrogène dans l’aéronautique. Une région qui a fait le choix d’investir dans la conversion de ses TER à l’hydrogène (on l’a dit !) et qui compte sur son territoire le site de production de systèmes de traction hydrogène d’Alstom à Tarbes. 

Avec l’appel à projets « écosystèmes territoriaux » de l’ADEME, nous nous donnons les moyens d’accélérer le développement de démonstrateurs territoriaux. Et les projets sont au rendez-vous ! 
Je suis heureuse de vous annoncer dès aujourd’hui que 7 projets d’écosystèmes territoriaux ont d’ores et déjà été présélectionnés, pour un montant d’aides de 40 millions d’euros et de près de 120 M€ d’investissements.
7 projets qui constituent autant de marchés potentiels pour des industriels comme SAFRA qui nous héberge aujourd’hui. 
C’est bien la preuve que cette révolution de l’hydrogène rencontre le dynamisme, l’intelligence, l’innovation des territoires… et je m’en réjouis.

Je ne reviens pas sur le secteur aéronautique, sur les 376M€ investis par l’Etat en 2020 en soutien à la R&D du secteur, qui pour une grande part vont contribuer à la décarbonation de ce secteur, dont l’avion à hydrogène.  

Vous le voyez, nous avons bien avancé, grâce à vous. 
C’est finalement dans le secteur du transport de marchandises que nous avons le plus de mal à initier le développement de l’offre et de la demande, ce sera un axe à investiguer pour 2021. 

Enfin, sur la troisième priorité, « soutenir la recherche, l’innovation, le développement des compétences », nous avons lancé un programme prioritaire de recherche, et je crois que France Hydrogène travaille à un référentiel des compétences, je n’y reviens pas plus longuement. 

J’ajoute que des projets innovants utilisant les technologies de l’hydrogène sont également en développement dans les systèmes électriques des zones non interconnectées en outre-mer, tel que le projet CEOG  de centrale photovoltaïque à puissance garantie avec stockage hydrogène. Les modalités de son soutien sont en cours d’étude.

Enfin, je me réjouis de la nomination de M. Hoang Bui, présent parmi nous, en tant que coordination de la stratégie nationale hydrogène.

 

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Si nous pouvons donc tirer un bilan encourageant du lancement de la stratégie, nous savons que rien n’est pas acquis. Dans ce contexte, mon ministère sera un partenaire attentif et bienveillant. 
Nous serons à l’écoute des remontées du terrain. Des difficultés rencontrées. 
Des freins qui peuvent survenir et que nous aurions anticipés. C’est d’ailleurs bien une des raisons d’être du conseil national de l’hydrogène.
Ainsi, nous avons entendu la demande des industriels… pour faire évoluer certains appels à projets… les rendre plus incitatifs… plus attractifs… Je l’ai dit tout à l’heure.

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Mesdames et messieurs, lever les freins au développement de l’hydrogène décarboné, c’est aussi définir des règles claires.

C’est établir un cadre juridique adapté.
Adapté : pour la production, le transport, le stockage et l’utilisation de ce vecteur énergétique. 
 
Et c’est tout le sens de l’ordonnance que j’ai présentée en Conseil des ministres la semaine dernière.

Concrètement, ce texte, largement concerté, nous permet d’avancer sur tous les sujets.

D’abord, en définissant 3 catégories d’hydrogène, renouvelable, bas carbone et carboné, en fonction de la source d'énergie utilisée pour sa production.

Ensuite, en précisant les règles applicables à la production, au transport, au stockage et la traçabilité de l'hydrogène ; 

Enfin, en posant un cadre de soutien applicable à l'hydrogène produit à partir d'énergie renouvelable ou par électrolyse de l'eau à l'aide d'électricité bas-carbone.

 

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Lever les freins au développement de l’hydrogène décarboné, c’est enfin apporter des réponses aux questions réglementaires, notamment en matière de sécurité, qui ne manqueront pas de se poser. C’est pourquoi mon ministère met en place plusieurs groupes de travail, avec les industriels, afin de traiter ces questions au fur et à mesure qu’elles se présentent et éviter que l’incertitude réglementaire constitue un frein au développement de l’hydrogène.

 

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Mesdames et messieurs, je crois qu’au-delà de la stratégie qui nous rassemble : la montée en puissance de la filière est indissociable de ce dialogue permanent dont nous posons les bases aujourd’hui. 

C’est sans doute la condition la plus importante pour notre succès collectif. Pour assurer l’adéquation des règles aux évolutions, aux nombres croissants de projets.

Et c’est bien pour cela que nous avons créé ce Conseil national de l’hydrogène, dont je me réjouis de co-présider cette réunion.

Pour vous réunir vous : toutes les parties prenantes. Industriels bien sûr,  organisations professionnelles, centres de recherche, mais aussi Régions, représentées aujourd’hui par Carole DELGA, et services de l’Etat.

Pour aborder les enjeux à 360 degrés. Avec lucidité, honnêteté et ambition.

 

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Alors, vous le voyez, nous sommes sur le pont. Avec vous.

Et au fond, ce qui nous rassemble, c’est la volonté farouche de relever un triple défi : écologique, technologique et économique.

Nous avons déjà fait un bout du chemin. Le cadre est posé. Des moyens sont mobilisés. Des projets concrets commencent à voir le jour.

Et je sais que nous allons continuer sur cette voie. 
Pour faire de la France un leader mondial de l’hydrogène, de la transition écologique.

Je vous remercie.

 

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