Face au risque de sécheresse, de nouveaux outils pour préparer l’été

Le Mardi 18 mai 2021


Crédits : Laurent Mignaux / Terra

Le Comité d'anticipation et de suivi hydrologique (CASH), chargé par le Comité national de l’eau de mieux anticiper et gérer les épisodes de sécheresse, s’est réuni lundi 17 mai. Malgré le printemps pluvieux que nous connaissons actuellement, la cartographie d’anticipation de la sécheresse publiée à l'occasion du comité révèle que l’été 2021 pourrait être sec. Elle constitue une projection de la situation d’ici à la fin de l’été et identifie les territoires les plus à risques. Afin de renforcer le dispositif de gestion de crise en période de sécheresse, une modernisation des outils a été menée par le Gouvernement.

Si les grandes causes de la sécheresse sont le manque de pluie et les prélèvements excessifs, de nombreux facteurs peuvent contribuer à l’aggraver : des précipitations insuffisantes ou inefficaces, car ne survenant pas à une période qui permet à l’eau d’atteindre les nappes souterraines, ou encore des températures élevées qui entraînent une augmentation de l’évaporation naturelle.

La ressource en eau est donc particulièrement vulnérable aux conséquences du réchauffement climatique, qui entraîne des sécheresses de plus en plus récurrentes. La hausse des températures fait augmenter l’évaporation, ce qui renforce l’intensité et la durée des épisodes de sécheresse. Canicules, hausse du risque d’incendies de forêts lié à la sécheresse de la végétation, fragmentation des milieux de vie aquatiques liée à la baisse des cours d’eau, augmentation de la température de l’eau altérant le milieu de vie d’espèces aquatiques ou encore la prolifération d’algues... les effets du réchauffement climatique sont déjà visibles. 

En France, si globalement les ressources en eau sont suffisantes au plan national, des situations de manque d’eau surviennent à certaines périodes de l’année. 

Ces quatre dernières années ont ainsi été marquées par des périodes de sécheresse préoccupantes sur l'ensemble du territoire national. L’été dernier, au plus fort de la crise, 88 départements ont ainsi fait l'objet de restrictions d’eau. 
 

Cartographie des territoires : l’été 2021 s’annonce sec

Publiée aujourd’hui pour anticiper la situation estivale, la cartographie est une projection d’ici à la fin de l’été des territoires avec risques de sécheresse. Elle montre que l’été 2021 pourrait être sec sur l’ensemble du territoire.

 Il convient toutefois de rester vigilant quant à l’utilisation de ces résultats. Ils donnent des indications par rapport aux situations habituellement rencontrées et, en fonction des précipitations à venir dans les prochaines semaines, la situation pourrait encore évoluer.
 

La cartographie indique les risques de sécheresse très probable, probable ou possible. À l’exception de l’Ile de France et des Hauts de France, l’ensemble du territoire pourrait être concerné. Seize départements sont en rouge.
Crédits : DGALN/SAGP/SDP/BCSI

Certains départements métropolitains pourraient plus particulièrement connaître des pénuries d’eau, notamment la région Auvergne-Rhône-Alpes, le pourtour méditerranéen mais aussi l’ouest du pays.

Les épisodes de sécheresse et de canicule accentuent la sensibilité de la végétation au feu. En 2019, 15 000 hectares de forêt ont été détruits par les flammes, soit l’équivalent de 21 000 terrains de football. Ce sont nos activités et nos actions qui sont le plus souvent la cause de ces incendies : 9 feux sur 10 sont d’origine humaine et un feu sur deux est dû à une imprudence. En période de sécheresse, il faut donc redoubler de vigilance. 

Alors, adoptons dès aujourd’hui les bons comportements pour ne pas être à l’origine d’un départ de feu de forêt ou de végétation.

Les feux de forêt et de végétation : http://feux-foret.gouv.fr/

Comment est surveillée et gérée la sécheresse en France ?

Une surveillance accrue pendant la période estivale

De nombreux acteurs sont impliqués dans la surveillance des ressources en eau : le ministère de la Transition écologique, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l’Office français de la biodiversité (OFB) mais aussi VNF (Voies navigables de France). Les niveaux des eaux souterraines et les débits des cours d’eau sont mesurés en permanence. Tous les mois, un bulletin de situation hydrologique est publié dans chaque région ou bassin par les directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL). 
 

Chaque année, on observe une période de niveau bas ou de faibles débits, l’étiage. Entre juin et octobre, l’Observatoire national des étiages de l’OFB assure un suivi renforcé qui permet de contrôler l’état des ressources et de s’adapter à la situation, grâce à plus de 3 200 stations supplémentaires activées.

Des mesures de restriction et de contrôle 

En cas d’insuffisance de la ressource en eau, et selon 4 niveaux de gravité (vigilance, alerte, alerte renforcée, et crise), les préfets peuvent prendre des mesures de limitation ou de suspension des usages de l’eau. Ces restrictions concernent tous les usagers : agriculteurs, collectivités, entreprises et particuliers.
 


Crédits : PROPLUVIA

De nouveaux outils pour renforcer le dispositif de gestion de crise en période de sécheresse

Depuis mars 2020, une nouvelle stratégie nationale renforce le contrôle des mesures de restriction des usages de l’eau, notamment : 

  • les contrôles sur les ouvrages de prélèvements, pour vérifier le respect des volumes d’eau attribués à chaque préleveur ;
  • les contrôles en période de sécheresse du respect des mesures de restrictions arrêtées sur les zones d’alerte, par la police de l’eau.

Un décret pourrait également être signé en juin, modernisant la gestion quantitative de la ressource en eau et la gestion des situations de crise liées à la sécheresse. Il devrait permettre des mesures de restriction harmonisées au niveau national, par usage et type d'activités, et de possibles adaptations selon des conditions environnementales et économiques des territoires. Ce projet a été soumis à consultation publique et il est actuellement examiné au Conseil d’État.

Un guide technique pour aider les collectivités à mieux gérer le risque de sécheresse

Pour accompagner ce projet de réforme, un guide national sur la gestion de la sécheresse est mis à la disposition des services en charge de la mise en œuvre des mesures de restriction des usages de l’eau en période de sécheresse. 

Il a pour objectif d’améliorer le dispositif de gestion de la sécheresse et de faire évoluer les arrêtés-cadres afin de renforcer l’anticipation, d’améliorer la lisibilité des décisions pour les acteurs et le grand public, permettant de gagner en efficacité.
 

En juin, le site Propluvia fait peau neuve

Le site Propluvia, qui recense les arrêtés sécheresse en France, va évoluer dès le mois de juin pour simplifier la lisibilité des usagers. À terme, il permettra à chacun de se localiser précisément sur la carte, pour connaître les mesures de restrictions en vigueur sur son territoire.
 

Plus de 33 millions d’euros engagés pour lutter contre les pénuries d’eau potable

Ces dernières années, l’intensité des sécheresses a amené à des ruptures d’approvisionnement en eau potable dans certains secteurs. En 2019, 74 communes ont ainsi été concernées par des tensions sur la ressource en eau ou des ruptures. En 2020, plusieurs communes ont été également été touchées, notamment Montbéliard, Belfort, Besançon, 3 communes de Corse ainsi que la région Grand Est. 

Pour remédier à ces difficultés d’alimentation en eau potable liées à la sécheresse, notamment suite à l’importante sécheresse de 2019, de nombreux chantiers ont été lancés par le Gouvernement : interconnexions de réseaux d'eau potable et lutte contre les fuites dans les réseaux d’alimentation. Près de 200 opérations ont été soutenues en 2019-2020 par les agences de l’eau, pour un montant de 33 millions d’euros et 88 millions de travaux. Les territoires ultra-marins particulièrement touchés en 2020 par des pénuries d’eau, notamment la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane, ont également reçu des aides spécifiques. 

Dans le cadre du projet de loi climat et résilience, des dispositions visant à protéger les ressources stratégiques pour l’alimentation en eau potable et des mesures visant une meilleure connaissance des risques pesant sur les réseaux d’eau potable ont été votées. 

Tous concernés : adoptons les bons gestes pour économiser l’eau ! 

25 % de la consommation d’eau en France est domestique

146 litres c’est la consommation moyenne d’eau potable d’un Français chaque jour

En période de sécheresse, que l’on soit soumis ou non à des mesures de restriction, chacun doit agir, à son échelle, pour réduire sa consommation et économiser l’eau ! 

Particuliers, pour réduire votre consommation, adoptez ces gestes simples : prendre une douche plutôt qu’un bain, faire la chasse aux fuites, installer des équipements sanitaires économes en eau, faire fonctionner les appareils de lavage à plein ou encore réutiliser l’eau de pluie pour le jardinage.

Les agriculteurs et les industriels, qui représentent respectivement 50 % et 25 % de la consommation d’eau, sont également encouragés à réduire leurs prélèvements et leur consommation en adoptant de nouvelles pratiques, comme le recyclage des eaux de nettoyage.

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