La COP23 en questions

Le Vendredi 10 novembre 2017


Crédits : Ministère

Présidée par les îles Fidji, la 23e Conférence des Parties sur les changements climatiques se tient à Bonn, en Allemagne (siège de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques – CCNUCC), du 6 au 17 novembre 2017.

COP23, quels objectifs ?

La présidence fidjienne a pour priorité de progresser dans les négociations des règles d’application de l’Accord de Paris, d’organiser le dialogue « Talanoa » de 2018 (1er bilan mondial des actions d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre), mais aussi de progresser sur les questions d’adaptation.

Voir l'infographie sur la 23e conférence des Nations unies sur les changements climatiques organisée par les îles Fidji (COP23)

Vous avez dit adaptation ?

L’adaptation est une démarche d’ajustement au climat présent ou attendu. Il s’agit à la fois d’atténuer ou d’éviter les effets négatifs du changement climatique sur la biodiversité et de protéger les citoyens et les acteurs économiques face aux désordres du climat.

La France s’est dotée, depuis 2011, d’un plan national d’adaptation au changement climatique. Les mesures préconisées concernent tous les secteurs d’activité autour de quatre objectifs :

  • protéger les personnes et les biens ;
  • éviter les inégalités devant les risques ;
  • limiter les coûts et tirer parti des avantages ;
  • préserver le patrimoine naturel.

Les stratégies d’adaptation sont complémentaires des stratégies d’atténuation, qui s’attaquent aux causes du changement climatique, et visent à maîtriser les émissions nettes de gaz à effet de serre.

Longueur des infrastructures submergées une ou plusieurs fois pas siècle si le niveau de la mer monte d’un mètre (France métropolitaine)

Longueur des infrastructures submergées une ou plusieurs fois pas siècle si le niveau de la mer monte d’un mètre (France métropolitaine)

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Si le niveau de la mer monte d’un mètre, les longueurs d'infrastructures suivantes seront submergées par les eaux une ou plusieurs fois par siècle :

  • 198 kilomètres de routes nationales
  • 355 kilomètres d'autoroutes
  • 1967 kilomètres de voies ferrées
  • 4338 kilomètres de routes départementales
  • 15522 kilomètres de routes communales

Comment la France manifeste-t-elle sa solidarité avec les petits États insulaires ?

La France porte notamment l’initiative CREWS (Climate Risk and Early Warning System). Annoncée à la conférence de Sendai en mars 2015, l’initiative a pour objectif d’accroître la capacité des systèmes d’alerte précoce aux événements hydro-météorologiques et climatiques dangereux dans les pays les moins avancés et les petits États insulaires.

10 M de dollars c’est le montant de la participation française au fonds CREWS pour 2016 et 2017

CREWS : systèmes d'alerte précoce aux catastrophes du climat

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Présentation de l'initiative CREWS qui permet de déclencher des systèmes d’alerte précoce aux événements hydro-météorologiques et climatiques dangereux dans les pays les moins avancés et les petits États insulaires.

Les îles sont-elles toutes vulnérables ?

Virginie Duvat, enseignante-chercheuse au laboratoire littoral, environnement et sociétés (LIENSs, université de La Rochelle/CNRS), spécialiste de la géographie des littoraux tropicaux, répond avec l’exemple des îles Tuamotou.

Comment se portent les Tuamotu ?

Situées dans le Pacifique central, en Polynésie française, les Tuamotu, sont des îles coralliennes basses, d’une altitude maximale de 4 mètres environ. Ces atolls, qui accueillent 17 000 habitants, font partie de ceux dont on annonce régulièrement la prochaine disparition ! Or, les résultats des recherches que j’y mène sont positifs : 84 % des 111 îles étudiées ont conservé leur surface ou se sont étendues au cours des 4 à 5 dernières décennies. Seulement 16 % ont connu une diminution de surface et, dans la grande majorité des cas, il s’agit de tout petits îlots, très récents et instables. Les Tuamotu continuent donc à bien se porter dans un contexte pourtant marqué par l’élévation du niveau de la mer et la survenue d’événements extrêmes majeurs (cyclones et grosses houles).

Comment l'expliquer ?

Première explication, les récifs coralliens sont en bonne santé dans cette région et ce sont eux qui alimentent les côtes en matériel sédimentaire (sable et corail). Les îles naturelles ont, dans ces conditions, la capacité de s’élever petit à petit.

Seconde explication, dans les îles habitées, les aménagements (remblaiements, digues…) réalisés par l’homme ont contribué à agrandir leur surface. Mais, ces interventions ont aussi eu pour effet de dégrader le récif corallien et d’artificialiser les côtes, faisant obstacle aux apports de sédiments. Aujourd’hui, ces aménagements condamnent la capacité de résilience des atolls.

Et dans l'avenir ?

L‘avenir des Tuamotu va être conditionné par trois facteurs : la vitesse de la hausse du niveau marin, l’état de santé du récif corallien (menacé par la hausse des températures océaniques de surface et l’acidification des océans) et l’obstruction – ou non – faite par l’homme à l’approvisionnement naturel des îles en matériel sédimentaire. La bonne nouvelle, c’est qu’il nous reste encore une marge de manoeuvre pour conserver ces systèmes insulaires habités dans les décennies qui viennent.

« Tant que l’usine à produire du corail, qu’est le récif, fonctionne, les îles peuvent être alimentées en matériel sédimentaire et suivre l’élévation du niveau de la mer. Elles ne sont pas nécessairement condamnées, sauf si cette hausse venait à être extrêmement rapide, mais on n’en est pas là. »

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